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Don Manuel le franquiste est mort (video)

par André Fadda

Publie le lundi 16 janvier 2012 par André Fadda - Open-Publishing
7 commentaires

Le franquiste Manuel Fraga Iribarne vient de rejoindre Franco.

Une formidable nouvelle mais qui me laisse un goût amer. Quelle impunité !

A 89 ans, Fraga a réussi à esquiver toute poursuite qui aurait pu, et dû, être lancée à son encontre pour complicité de génocide.

Dans sa jeunesse, il s’était illustré comme "tondeur" de femmes républicaines prisonnières. Bras droit de Arias Navarro, le ministre de Franco et surnommé le "boucher de Malaga", Fraga avait encouragé et signé de nombreuses condamnations à mort de militants. Il avait justifié l’assassinat de Julian Grimau, dirigeant communiste, torturé dans les geôles de la sinistre Direction Générale de la Sûreté de Puerta del Sol à Madrid et fusillé.

En 1975, à la mort de son maître Francisco Franco, Fraga devient ministre de l’Intérieur. Il poursuit sa sale besogne et fait surtout parler de lui lors du massacre du 3 mars 1976 à Gasteiz (Vitoria) au Pays Basque lorsqu’il donne à la police feu vert pour tirer à balles réelles sur des milliers d’ouvriers en grève qui manifestent. Cinq morts et une centaine de blessés. Encerclées dans une église où plus de 5.000 personnes s’étaient réfugiés pour échapper aux charges policières, la police n’hésitera pas à lancer des gaz lacrymogènes à l’intérieur et à tirer au pistolet-mitrailleur sur ceux qui cherchent à s’enfuir. Ce jour-là, Fraga dit haut et fort à la télé : "la calle es mia ! (la rue m’appartient) ". Quelques jours plus tôt, à Elda (Alicante), des grévistes sont pris en chasse par la garde civile. Un ouvrier est assassiné.

Avril 76 se caractérise par une féroce répression. Aux nombreuses manifestations de protestation pour les manifestants tués, Fraga ne cesse de fanfaronner à la télé. : "s’ils veulent la guerre, ils l’auront !". D’autres manifestants sont assassinés lors des manifs (Tarragone, Zarauz, Madrid, Eibar, Barcelone,...). Des militants révolutionnaires sont exécutés sur place lors de leur arrestation durant les mois et années suivantes.

D’autres crimes policiers et impunis se succèderont tout au long de son mandat de Ministre. Plusieurs militants de gauche tués par balle à Montejurra (Pays Basque) où la garde civile prête main forte aux hordes fascistes de Fuerza Nueva, Guérilleros de Cristo Rey, Réquétés,... contre les manifestants. Dans l’Espagne des années 70 et jusqu’au milieu des années 80, il était courant de voir les fascistes déambuler dans les rues, armés, et agissant en supplétifs de la police.

En août 76, à Almeria (Andalousie), Javier Requejo, militant de la Jeune Garde Rouge est abattu par un garde civil, d’une balle dans la tête, alors qu’il taguait sur un mur d’une ruelle "Pan, Trabajo y Libertad". Le poète Rafael Alberti lui dédiera quelques temps plus tard quelques vers en son hommage.

Fraga, ministre de la terreur, déchaînera aussi sa haine contre les chanteurs-compositeurs tels que le catalan Lluis Llach, interdisant de nombreux concerts.

Glorifié par les franquistes et par l’armée espagnole, Fraga sent qu’il faut bouger les lignes face à la forte puissance des mobilisations. Il faut donner, à l’extérieur, une image acceptable de la "jeune démocratie espagnole" et de la monarchie. Fraga jouera un rôle essentiel dans l’élaboration de la Constitution de 1978. Pour qu’elle soit le moins démocratique possible, il mettra tout son poids pour que les rôles de l’armée, la monarchie et l’église catholique soient bien inscrites dans le marbre, à jamais.

Il peut donc se retirer tranquille. Les jeunes fascistes sont nombreux et avides de revanche et de pouvoir. Fraga avait créé ALIANZA POPULAR, l’actuel Parti Populaire au pouvoir, où les vieux comme les jeunes nostalgiques du franquisme peuvent relancer "démocratiquement" la "reconquête de l’Espagne face au péril rouge et séparatiste". Avant de se retirer, Fraga passera la main de son parti à son dauphin le jeune phalangiste Jose Maria Aznar.

Comme Franco, Fraga meurt dans son lit. L’Espagne des puissants, celle de l’Eglise, des "socialistes" et des fascistes, a su le protéger pour qu’il évite de répondre devant un tribunal. Les crimes du franquisme ont encore de beaux jours devant eux.


Messages

  • Rappel utile pour tous ceux qui qualifient l’Espagne et son roi désigné par Franco lui-même, de "démocratie", du moins tant que tout va bien pour les banquiers, les financiers et les multinationales.

    • Fraga soutenu par la soi-disant démocratie espagnole, Franco soutenu par le gouvernement français depuis des lustres (Léon Blum refuse déjà de venir en aide à la jeune Républiue espagnole en 36). Mon père Alvarez Amador, militant antifasciste , résistant, déporté à Dachau écrit au général de Gaule en 1946 pour demander l’intervention de la France en Espagne afin de déloger le dernier dictateur européen, mais ce combat n’intéressait pas nos dirigeants, pire, ils expulsèrent mon père de France en 1948 .
      Les descendants des desaparecidos(dont je suis) attendent toujours une sépultures pour leurs abuelos.
      Attention où vous mettez les pieds lorsque vous vous balladez sur les monts aragonais, des milliers de corps gisent dans des fosses communes creusées dans les champs et les tallus de ce pays.

    • Les choses ne sont pas toujours simples...

      Par exemple, extrait de "Fidel Castro, biographie à 2 voix" (Ignacio Ramonet) :

      Ramonet : En Espagne vous entretenez de très bons rapports avec manuel Fraga, un homme de droite, ex-Président de la Xunta de Galicia.

      Fidel : Oui, c’est un Galicien très astucieux, très intelligent (...) Il a beaucoup transformé la Gallice, en bien ; il a bien travaillé pour l’Espagne, et a été un bon gestionnaire

      Parfois Fidel est...surprenant !

    • Pendant nos vacances à Madrid en 1979 nous avions été témoins des exactions de ces groupes de franquistes. Ils étaient entrés dans un bar en plein centre ville et obligé tout le monde à lever le bras à l’’hitlérienne". Ils étaient jeunes et vêtus d’une chemise bleu et armés de matraques et de chaînes de vélo mais il y avait aussi des hommes plus âgés. Quand ils ont vu que mon mari et moi nous étions français, ils nous ont fait sortir et se sont mis à cogner sur les clients qui étaient restés à l’intérieur. C’était horrible !

    • Aujourd’hui, en direct à la télé avec son ami du Parti Populaire espagnol-Premier ministre,

      Sarkozy a loué la démocratie en Espagne depuis 40 ans.

      40 ans ? ..... Pour ce qui concerne Franco,il est mort en 1975.

  • UN SALE FRANQUISTE DE MOINS, A L’EPOQUE DE LA GUERRE CIVILE IL A ECHAPPE AU PISTOLET MITRAILLEUR DE MON ABUELO HEROS REPUBLICAIN COMMUNISTE MAIS BON D’AUTRES SONT ALLES REJOINDRE L’ENFER DES ENFOIRES AVANT QU’IL NE PASSE LA FRONTIERE EN 1939.

    VIVA LA REPUBLICA !!! VIVA !!!!!!!