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Un manifestant d’Occupez Los Angeles inculpé de lynchage ?!

par Orphée

Publie le mercredi 25 janvier 2012 par Orphée - Open-Publishing
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Sergio Ballesteros le manifestant de Occupez Los Angeles arrêté pendant la marche de l’Art Artwalk du 12 janvier a été inculpé la semaine dernière par le procureur à la demande de la police pour présomption de lynchage. Le 23 janvier Robert Meeropol Rosenberg, fondateur et directeur de la Fondation Rosenberg pour les Enfants, dédié aux soins matériels et éducatifs pour les enfants des activistes américains dans des situations difficiles, a alerté par un email en France sur son article solidaire dans le blog de la Fondation, dénonçant la situation gravissime de cette inculpation qui réalise un retournement de la loi anti-lynchage de Californie contre son propre objet. Son article a été traduit dans La revue des ressources, avec les informations subséquentes. Voici la note qui situe le lynchage dans les USA modernes et le contexte expliquant l’attention particulière de Robert Meeropol sur ce qui se passe actuellement contre la démocratie de droit dans son propre pays. Pou mémoire : il est le plus jeune des deux fils de Ethel et Julius Rosenberg — abusivement accusés d’avoir transmis le secret de la bombe atomique aux soviétiques (les plans avaient été transmis d’autre part par des savants) et exécutés sur la chaise électrique pendant la Guerre froide :

« N.dLaRdR : Sur le lynchage des Noirs aux USA (jusque dans les années 1960 et même encore au début des années 70), se reporter dans La RdR au post-scriptum de la rédaction sous l’article de Robert Meeropol Pourquoi la Fondation Rosenberg pour les Enfants. Le père adoptif des deux enfants de Ethel et Julius Rosenberg est Abel Meeropol, qui leur donna son nom pour les protéger socialement. Il est l’auteur de la chanson contre le lynchage Strange Fruit, reprise par Bilie Holliday qui la rendit célèbre en la chantant rituellement à la fin de tous ses concerts, pour combattre ces meurtres atroces qui frappaient majoritairement les noirs. Plus rarement, le lynchage existait aussi contre des blancs dans d’autres États.

Ce genre de justice populaire était tellement ordinaire aux USA que lorsqu’après un bref séjour en France Fritz Lang arriva sur le continent américain, ayant fui l’Allemagne nazi après avoir conclu son film M. Le Maudit contre les tribunaux populaires et les manipulateurs d’opinion, il fut horrifié de découvrir les ravages de la justice populaire au pays de la démocratie, où trop souvent dans les villes de la campagne les habitants se livraient publiquement à trouver des boucs émissaires de la délinquance pour les torturer, battre, lacérer, castrer, brûler avant finalement de pendre aux branches des arbres, ou d’attacher des victimes encore vivantes en suspension contre des troncs, pour les brûler.

Son premier film hollywoodien est un réquisitoire contre le lynchage d’un blanc (il n’aurait pu le dédier au lynchage d’un noir à cause du racisme généralement en vigueur dans la société américaine), Fury, (1936). Ainsi ce qui vient de se produire à Los Angeles, le retournement de la loi contre un manifestant désarmé cherchant à secourir une compagne battue par la police, est à l’acte même de la justice (élue) un négationnisme historique des meurtres populaires publics commis aux États-Unis et en Californie, qui étaient censés être empêchés et/ou réprimés par une telle loi, quand elle existait — rarement.

Que celle-ci advienne soudain en lynchage judiciaire par la décision d’un procureur dénote plus qu’une infamie, une menace consommée contre la démocratie de droit. Les lynchages n’étaient pas toujours le fait d’émeutiers arrachant leurs victimes à la police, bien au contraire dans certaines conditions un lynchage pouvait être le résultat d’une capture à l’air libre et prendre l’aspect d’une foire publique avec des habitants endimanchés souriant en bonne société, en présence des femmes et des enfants — les documents photographiques en attestent, et parfois on y découvre un ou deux policiers parties prenantes dans l’assemblée ou parmi les protagonistes du lynchage.

Il est aussi utile de savoir que très peu d’États ont directement légiféré contre le lynchage, et que jamais le Congrès n’a pu se mettre d’accord pour édicter un interdit fédéral. C’est-à dire que de nos jours, il n’existe toujours pas de loi fédérale anti-lynchage aux USA.

C’est en comparant les tortures d’Abu Graïb aux lynchages historiques aux États-Unis que Susan Sontag écrivit son dernier réquisitoire politique à propos des images publiques de la cruauté, Regarding the Torture of Others, publié dans le New York Times du 23 mai 2004, article qui sera ensuite inclus dans son dernier livre Regarding the Pain of Others, publié juste avant sa mort en décembre 2004. (L.D.) »

Suivre la traduction de l’article de Robert Meeropol dans La RdR :

Un manifestant de Occupy Wall Street coupable de lynchage ?

La source en anglais.

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L’article du Huffington Post donnant les détails techniques le 20 janvier :
http://www.huffingtonpost.com/2012/01/16/sergio-ballesteros-occupy-la-arrest_n_1208985.html

Le rappel du lien du site qui fédère l’ensemble du mouvement :
OWS.
Occupy Los Angeles.

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