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Le 14 février, les chômeurs passent à l’action

par Jean-Pierre Anselme

Publie le lundi 13 février 2012 par Jean-Pierre Anselme - Open-Publishing
4 commentaires

Alors que Nicolas Sarkozy inaugure sa énième campagne de stigmatisation des « assistés », le collectif Occupons pôle emploi annonce une journée d’action des chômeurs et précaires le 14 février.

Ce début d’année 2012 voit éclore un nouveau mouvement de chômeurs et de précaires en France (1). À Bordeaux, Lyon, Nancy, Strasbourg, Clermont Ferrand, Pontivy, Quimper, Brest, Redon, Rennes, Montpellier, Nice, Marseille, Montauban, Aubenas, Toulouse, Lille, Dunkerque, Paris… plus d’une quinzaine d’agences ainsi que deux CAF ont été occupées par des collectifs de chômeurs et de précaires, soutenus par des syndicats et des formations politiques de gauche, lors de la journée d’action du 17 janvier lancée par Occupons pôle emploi.

Le mardi 14 février, Occupons pôle emploi veut amplifier une mobilisation bien entamée, un « bout d’essai » selon ses promoteurs, tenter aussi de fissurer l’omerta médiatique, en appelant à nouveau à envahir et occuper les agences de Pôle emploi et toute autre « cible » significative.

Occupons pôle emploi (http://occupons-pole-emploi.blogspot.com/])est une nouvelle galaxie militante large et protéiforme, organisée en réseaux à la manière des Indignés, via Facebook et des blogs pour les collectifs de chaque ville.

Un mouvement social en marche où se retrouvent les principales associations nationales de chômeurs et précaires (AC !, l’APEIS, la CGT-Chômeurs, le MNCP, le MCPL, la CIP IDF, L’Appel et la Pioche, Recours-Radiation, Génération Précaire), des collectifs locaux, mais aussi les Indignés, Anonymous, les Désobéissants, Attac..., des syndicats ( la CNT, SUD-Emploi, la CGT-Pôle Emploi, le SNU, FO Intérim...) et des partis (le Front de gauche, le NPA, EELV...).

Dans son appel pour la journée d’action du 14 février, Occupons pôle emploi précise ses revendications et ses objectifs (extraits) :

« Le gouvernement se refuse à écouter les mouvements des chômeurs et précaires qui demandent, en vertu des alinéas 5 et 11 du Préambule de notre Constitution, qu’on les respecte : si « Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi », alors « Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler, a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence ».

STOP aux diminutions d’indemnisation, aux suppressions et aux refus d’allocations ;
STOP aux retards de traitement des dossiers ;
STOP aux radiations/sanctions injustifiées et intempestives ;
STOP aux contrôles abusifs et aux convocations multiples ;
STOP à la dématérialisation des courriers qui dématérialise les chômeurs ;
STOP au travail gratuit via les EMTPR (Évaluation en milieu de travail préalable au recrutement) ;
STOP au travail obligatoire pour les allocataires du RSA ;
STOP aux contrats précaires CDD, CUI (Contrat unique d’insertion), CAE (Contrat d’accompagnement dans l’emploi) CIE (Contrat initiative emploi)...
STOP à la stigmatisation des sans emploi et aux discriminations sociales ! »

Dans la nuit du 18 au 19 janvier, l’entrée du pôle emploi de Rennes Albert 1er (sic) était murée et taguée, « Marre de parler à un mur », par un collectif de chômeurs. Dans son tract signé « Des chômeurs en colère », le collectif explique son action : « Si nous avons fait cela, c’est pour protester contre tous les murs que le pôle emploi dresse devant les chômeurs et qu’ils se prennent dans la gueule : radiations, rupture d’indemnisations, infantilisation, pression pour accepter n’importe quel boulot, mépris des droits les plus élémentaires, etc. »

Et de conclure avec humour : « Un secteur qui recrute : la lutte contre pôle emploi et toutes les politiques scélérates du gouvernement. CV et lettres de motivation superflus. Tous profils bienvenus. Embauche immédiate. »•

(1) Le mouvement des chômeurs de l’hiver 1997-1998 a commencé à Marseille le 11 décembre 1997 pour exiger le reversement du reliquat du fonds social des Assedic envers ses allocataires (13 milliards d’excédents). Très vite, le mouvement se répand rapidement dans toutes les grandes villes. Très médiatisées, les occupations d’Assedic, d’ANPE et de bâtiments publiques se multiplient, des salariés de toutes conditions rejoignent durablement les chômeurs dans des comités autonomes, les revendications se précisent et vont au-delà de celles concernant les seuls chômeurs : représentation active dans les instances sociales, relèvement important de l’ensemble des allocations, réduction significative du temps de travail sans diminution des droits, établissement d’un revenu décent pour tous les plus démunis...
Pierre Bourdieu, lors de l’occupation par le mouvement des chômeurs de l’École normale supérieure, le 17 janvier 1998 : « Ce mouvement des chômeurs est un événement unique, extraordinaire. (…) La première conquête de ce mouvement est le mouvement lui-même, son existence même : il arrache les chômeurs et avec eux tous les travailleurs précaires, dont le nombre s’accroît chaque jour à l’invisibilité, à l’isolement, au silence, bref à l’inexistence. »

Article paru sur Mediapart, le 10 février 2012.
http://blogs.mediapart.fr/blog/jean...

Messages

  • les vrais assistés,qui sont-ils ?remettons les choses à leur juste place dans nos esprits manipulés:les assistés sont tous ceux qui vivent de l’argent public,tels les sénateurs,les députés,les ministres et les chefs d’état ainsi que toutes les équipes gravitant autour !ça en fait des deniers....Et c’est gens là ne produisent rien...et font mal leur boulot,vu l’état du pays et de ses habitants ! Un employé aussi peu efficace au sein d’une entreprise se ferait virer....Mais voilà,cela fait des siècles que l’on nous fait croire que le petit peuple se doit d’entretenir rois et reines ,quitte à laisser ses propres enfants mourir de faim...priorité aux riches ,qui ne sont riches que parce-qu’ils se servent du fruit du travail d’autrui !Aujourd’hui nous n’avons plus peur de les appeler des prédateurs !Les chomeurs ne sont que les victimes de la mauvaise gestion du pays !!!!

  • Je rappelle que les Organisations de Chômeurs avaient il y a déjà quelques années, saisit la justice sur le non-respect de la Constitution qui prévoit le Droit au travail. Elles en ont été débouté au fait qu’il était impossible de cibler les responsables ! Partant, les décideurs ciblent les travailleurs ! A revoir donc la Constitution pour clarifier et préciser ! Par referendum ce ne serait pas inintéressant ? On parlerait enfin des vrais responsables , les nantis et privilégiés, tous ceux qui font le tour du monde avec leurs milliards et qui veulent nous faire avaler qu’ils y ont mis le feu !!!

  • Ce n’est pas un fonctionnaire sur deux qu’il faut supprimer mais toutes ces associations de formations bidons qui se sucrent sur le dos des demandeurs. Des milliards à se partager entre copains et copines.
    Les agences ne sont bonnes que pour se refiler des adresses entre-eux.
    Des demandeurs derrière le comptoir et au contact des entreprises feraient aussi bien sinon mieux.
    Au moins ils sauraient de quoi il s’agit et n’auraient pas cet air con-descendant.
    Une honte et un constat pour ce Ministère du non-emploi.
    Solidarité avec les Seniors, les Travailleurs handicapés, les jeunes qui sortent des écoles et toutes celles et ceux que l’on voudrait culpabiliser à les faisant passer pour des fainéants.
    Les fainéants se ramassent à la pelle à l’agence ou l’asso qui les emploient.