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Honte à ce gouvernement qui a peur de Geert Wilders

par Frans Weisglas

Publie le mercredi 15 février 2012 par Frans Weisglas - Open-Publishing

La dernière provocation du PVV, le parti d’extrême-droite de Geert Wilders, est un site destiné à recueillir des plaintes contre les immigrés d’Europe centrale et orientale. Le Premier ministre Mark Rutte, dont le gouvernement est soutenu par le PVV, n’a pas élevé la voix contre cet acte de discrimination notoire, déplore Frans Weisglas, un responsable politique du même parti que Rutte.

Le site destiné à recueillir les plaintes contre les désagréments causés par des ressortissants d’Europe centrale et de l’Est a suscité une réaction ludique sur internet : un autre site a été mis en place pour recueillir les plaintes concernant les pénibles Limbourgeois [le Limbourg est la région d’origine de Geert Wilders]. Mais on ne peut pas se contenter d’une protestation humoristique.

Un tel site est de la pure discrimination. Il contrevient à l’article 1 de notre Constitution [qui proclame l’égalité de tous ceux qui vivent sur le sol néerlandais et bannit toute discrimination]. L’Histoire regorge d’autres exemples où des citoyens ont pu dénoncer leurs concitoyens issus d’un groupe particulier, et ce anonymement, donc sans aucune possibilité de vérifier si la plainte repose sur un fond de vérité. Et même si des désagréments existent, ce n’est absolument pas la bonne façon de les dénoncer.

Un "petit jeu"

Pour le PVV [Parti pour la Liberté], il ne s’agit pas d’une tentative sérieuse de s’attaquer à d’éventuels problèmes, mais de stigmatiser et de discriminer un groupe d’individus. Après les musulmans et les Grecs, c’est au tour des Polonais. Qui seront les suivants ? "C’est le nouveau petit jeu du PVV", a justement fait remarquer Jolande Sap du parti Groene Links [Gauche Verte].

Un mouvement politique a la liberté de mettre en place ce genre de projets, ont répondu le Premier ministre Mark Rutte et le ministre des Affaires sociales Henk Kamp. Le gouvernement ne condamne donc pas le fait que ce mouvement (qui est par ailleurs son soutien au Parlement) discrimine ouvertement un groupe d’individus au sein de notre société.

Du côté de la Commission européenne, le site de plaintes est, à juste titre, vivement décrié. Il enfreint les principes européens de liberté et de non-discrimination, a indiqué la commissaire européenne Viviane Redding. La réaction de Wilders a été subtile, comme toujours : "Bruxelles peut aller se faire voir".

Mark Rutte - et les représentants du CDA et du VVD [L’Appel Démocrate Chrétien et le Parti Populaire pour la Liberté et la Démocratie forment la coalition gouvernementale, soutenue à la carte par le PVV] - devraient prendre exemple sur la Commission européenne (et les gouvernements de dix pays d’Europe de l’Est), et au minimum désapprouver haut et fort la mise en place de la Centrale de plaintes. Quand la peur du parti de soutien s’achèvera-t-elle enfin ? Ou bien faut-il au préalable une crise de gouvernement ?

Note : Frans Weisglas est membre du VVD ( dont est également issu le Premier ministre Rutte) et ancien président de la Chambre.

http://www.courrierinternational.com/article/2012/02/14/honte-a-ce-gouvernement-qui-a-peur-de-geert-wilders