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TVA sociale, récit d’un hold-up.

par Ian

Publie le mardi 21 février 2012 par Ian - Open-Publishing
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Les braquages les plus connus et les plus efficaces ne sont pas ceux menés le plus bruyamment à l’arme lourde. Comme l’ont démontré Spaggiari, les Pink Panthers ou le gang des postiches, le résultat est généralement impressionnant quand on s’y prend en douce, par la ruse.
C’est ce qu’à démontré Sarkozy avec la TVA sociale. En 2007, il y a eu l’éclaireur Borloo qui a repéré les lieux et la sensibilité du système de protection des travailleurs, le tollé en pleine période d’élections législatives, a poussé nos braqueurs à se replier prudemment.
Ils ont bien préparé leur coup, aménagé le terrain avec le lavage de cerveau sur les "nécessaires sacrifices" pour survivre à la crise. C’est une période ou beaucoup de leur collègues braqueurs (Roumanie, Grèce, Portugal...) travaillent à l’arme lourde, sortant le lance-roquette de la baisse du salaire direct (ce qu’on touche sur la fiche de paye). Là-bas, les travailleurs ont des défenses plus entamées qu’en France et on ne joue plus la stratégie. Ici, ce genre de coup pourrait encore conduire à la potence révolutionnaire (à ça ira, ça ira...).
Sarko et sont gangs (de barbares) met donc en œuvre son vieux plan pour passer plus discrètement. On remplace des "cotisations sociales" par de la CSG et de la TVA, qui plus est sociale. Bref à en croire la petite scène jouée par nos truands, on remplace un prélèvement par d’autres, ça ne peut pas être bien méchant, surtout que l’on met en place une taxe, certes, mais sociale, ça ne peut donc être que positif !
Sauf que ce n’est pas tout à fait ce qui se passe, c’est là un décor mis en place pour les caméras de sécurité. Derrière ce décor en carton pâte, le casse du siècle peut avoir lieu. Le tour de passe-passe est simple  : sans toucher au salaire net, réduire les
cotisations sociales, c’est réduire la part du salaire indirecte (ou socialisée), celle qui est mise en commun
et versée aux organismes de Sécurité
sociale. Cette part du salaire (400Mds par an, 1/5è du PIB, revient bien collectivement aux travailleurs, sous forme de retraites, de remboursement sécu, d’indemnités maladies ou chômage. L’instauration de la TVA «  sociale  » permettrait de remplacer
cette partie du salaire payée par les employeurs par un impôt indirect, payé avant tout par les salariés. 
Pour récapituler, nous avons :

  1.  Un gang de braqueurs, les Sarko, Fillon et consorts qui mettent en place cette TVA sociale.
  2. Des commanditaires, le patronat qui réclame depuis longtemps cette mesure et se félicite de sa future application par la voix du Medef. Patronat qui économisera suivant les projections, entre 30 et 80 Milliards d’Euros par an en salaire indirect, bref, qui engrangera chaque année 30 à 80 Milliards d’euros de profits en plus.
  3. Un alibi (mais non, on n’était pas entrain de voler les travailleurs, nous étions bravement entrain de sauver la compétitivité française en instaurant une taxe sociale donc plus juste).
  4. Des victimes : l’ensemble des travailleurs en activité ou non et leurs familles qui perdent cette somme en prestations sociales.

Mais là où le braquage tient du coup de maitre, c’est qu’il se double d’une belle arnaque, car c’est la victime qui va devoir payer ce qu’on lui a volé. En effet, non seulement en tant que travailleur, on se voit amputer notre salaires de dizaines de milliards d’euros, mais en plus, c’est nous qui allons en payer la majorité sous forme de TVA. Car sociale ou non, c’est avant tout sur les travailleurs et les ménages modestes que pèse la TVA. En effet, quand on a des revenus modestes, on dépense tout ce qu’on a pour vivre, l’ensemble de notre revenu est donc soumis à la TVA, alors que les plus riches bénéficient de plein de moyens d’échapper pour une partie à la TVA (tout ce qui est épargné, ce qui est investi dans des domaines protégés par des niches fiscales...). Ainsi, pour les 10% des revenus les plus hauts, la TVA correspond à seulement 5.2% de leurs revenus. Mais pour les 10% de revenus les plus bas, la ponction est en moyenne de 11.5% de leurs revenus, puisqu’on vous dit que c’est social !
C’est donc un sacré braquage qui est en route, puisque suivant les critères qui seront finalement définis, c’est entre 30 et 80 milliards de butin qui est prévu par an, un butin que les victimes paieront en grande partie 2 fois. Pour comparaison, le gouvernement lui même n’estime qu’à 5 milliards le butin 2012 de son dernier braquage bien plus spectaculaire et remarqué que fut la réforme des retraites. Mais cette fois-ci dans la quasi indifférence générale.
Certains membres du grand banditisme inspire peut-être de l’admiration, mais cette clique de crapules capitalistes au pouvoir n’appelle que le dégout, car ses victimes, ce ne sont pas une grande banque ou un bijoutier de luxe, mais les millions d’anonymes qui vivent de leur sueur.

http://red-and-rude.blogspot.com/2012/02/tva-sociale-recit-dun-hold-up.html


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