Accueil > Désobéissez ! un Hors série exceptionnel du Sarkophage, 32 pages en Kiosque

Désobéissez ! un Hors série exceptionnel du Sarkophage, 32 pages en Kiosque

par Paul Ariès, le sarkophage

Publie le dimanche 26 février 2012 par Paul Ariès, le sarkophage - Open-Publishing
1 commentaire

Le Sarkophage Hors série exceptionnel :
Désobéissez !
En kiosque : 32 pages, 5 euros

Edito

Désobéir sous la gauche ?
Paul Ariès, politiste
auteur du Socialisme Gourmand, La découverte, mars 2012

Nous désobéissons depuis 2007 pour que Nicolas Sarkozy ne puisse jamais être réélu. Nous avons désobéi sous la droite et nous continuerons au besoin mais
nous désobéirons aussi sous la gauche.

Nous désobéirons sous la gauche pour l’inciter à développer des politiques émancipatrices, nous désobéirons sous la
gauche pour qu’elle retrouve les chemins des milieux populaires, nous désobéirons sous la gauche car rien ne sera jamais possible sans que le peuple ne fasse
largement sécession par rapport au système économique et social dominant.

Nous désobéirons sous la gauche car nous devons expérimenter mille alternatives,
nous désobéirons sous la gauche pour qu’elle nous donne les moyens de changer la vie. Nous avons déjà des maires désobéissants, des parlementaires
désobéissants… Pourquoi pas demain des ministres désobéissants c’est-à-dire choisissant de se placer aux côtés de ceux qui rêvent un autre monde, de ceux
qui multiplient les pas de côté, l’un après l’autre, jusqu’à l’ivresse.

Nous sommes convaincus que rien de bon ne se fera sans l’intervention citoyenne, nous
attendons donc de la gauche qu’elle reconnaisse enfin aux individus et aux collectifs le droit d’expérimenter, de construire des alternatives en dehors des
chemins balisés et cloutés. Nous espérons donc que sous la gauche nous pourrons désobéir dans de bien meilleures conditions. La gauche doit renouer avec
son geste de 1981 qui avait permis, trop modestement certes, mais permis tout de même de développer la créativité populaire, l’expression démocratique (avec
les lois Auroux sur les droits des salariés, la décentralisation, les radios libres, etc.).

Nous désobéirons aussi sous la gauche car c’est la seule façon de rendre
à la politique sa dimension vivante, d’en finir avec les politiques hors-sol, bref de faire renaître le peuple : les chemins de la désobéissance sont non seulement
ceux de l’émancipation continue mais ceux d’un surcroit de démocratie et donc d’un retour au politique des exclus de la parole. Désobéir c’est rendre visible ce
que le système rend invisible, c’est rendre entendable ce que les médias rendent inentendable, c’est rendre sensible ce que le capitalisme insensibilise.

Nous
savons déjà que les logiques du système économique imposeront au gouvernement des politiques antipopulaires, nous savons aussi que les gouvernants
n’auront de cesse de vouloir faire rentrer les gens dans ce système, alors que ce n’est ni possible ni même souhaitable… Les exclus sont à leur place dans ce
système. Il nous revient de les laisser s’auto-émanciper.

Nous devons désobéir pour que la gauche soit capable de faire bouger les lignes, pour lui permettre de
redevenir une gauche maquisarde, buissonnière mais qui fasse cependant école. Nous devons désobéir pour prouver qu’il est possible de vivre mieux en
refusant ce qui nous tue. Nous attendons beaucoup de la gauche puisque nous espérons qu’elle aura l’intelligence de rouvrir le champ des possibles, de
permettre de nouvelles territorialisations du peuple.

Nous sommes optimistes, malgré les dérives droitières des gauches, car nous ne partons pas de rien mais
des multiples formes de désobéissance déjà développées sous la droite… et la gauche. Nous savons pouvoir compter sur des forces politiques, sociales,
culturelles aptes à entendre et pourquoi pas à susciter de nouvelles désobéissances et de libérer de nouveaux terrains. Nous en avons la preuve avec les
communes qui refusent déjà d’être absorbées par d’autres, avec les arrêtés anti-expulsion, avec les parrainages républicains d’enfants sans-papiers, avec le
refus du SMA (Service minimum d’accueil), avec la décision « illégale » de pavoiser des bâtiments publics avec le drapeau palestinien, avec l’instauration de la
gratuité, etc.

Nous en avons la preuve avec des formes de désobéissance qui sont en même temps des actes d’institutions comme l’inauguration de sa propre « 
chambre d’agriculture » par le collectif « démocratie pour le pays basque », comme l’exigence d’un statut de lanceurs d’alertes avec la fondation Sciences
Citoyennes, comme la volonté de réaliser des audits populaires des dettes publiques contre les injonctions des banques et des agences de notation. Poser des
actes de désobéissance, c’est dire que l’insurrection des consciences ne suffit pas, que nous devons œuvrer à l’insurrection des existences, que nous devons
frayer les chemins d’un socialisme à la fois antiproductiviste, anticapitaliste et amoureux du Bien-Vivre. Poser des actes de désobéissance c’est affirmer, face à
un monde toujours plus complexe, que l’expertise des usagers vaut bien celle des spécialistes, c’est pourquoi nous disons, avec le Comité des Démocrates
Déchaînes, qu’il nous faut désobéir pour davantage de démocratie. Nous devons entendre cette soif de démocratie dont ont témoigné le début des printemps
arabes et les mouvements des Indignés, renouant avec l’exigence d’une démocratie réelle. Ce combat contre la démocratie fantôme doit permettre de reprendre
la main politiquement mais aussi socialement, culturellement, anthropologiquement en nous mettant en situation d’entendre le peuple ; de percevoir toutes les
alternatives protoécosocialistes qui existent déjà, de voir que nous sommes déjà nombreux à vivre en dehors des contraintes du « toujours plus », en Objecteurs
de croissance, en amoureux du Bien-Vivre, en adeptes d’une société post-croissance, d’une société post-extractiviste, post-capitaliste.

Notre désobéissance
n’est donc pas le combat de la dernière chance. Ce n’est pas le choix désespéré de ceux qui se sauraient battus d’avance. Bien au contraire : la désobéissance,
c’est la confiance dans la puissance des millions de gens ordinaires. Dès 1906, Gandhi évoquait ce choix : « Une nation de 350 millions de personnes n’a pas
besoin du poignard de l’assassin, elle n’a pas besoin de la coupe de poison, elle n’a pas besoin de l’épée, de la lance ou de la balle de fusil. Elle a seulement
besoin de vouloir ce qu’elle veut et d’être capable de dire « Non », et cette nation apprend aujourd’hui à dire « Non ». ». Un des slogans du RIB (Riposte contre les
inégalités bancaires) n’est-il pas : « Ils ont le chiffre. Ayons le nombre » ?

Cette politique vivante est une façon de rompre avec certains schémas du passé qui
opposaient l’avant-garde et la masse, le sérieux et la fête, le combat et la joie. La désobéissance c’est refuser de remettre à plus tard ce qui peut être construit
dès maintenant, c’est chanter au présent plutôt que d’attendre des lendemains qui chantent, c’est vouloir plus de démocratie politique, mais c’est savoir aussi que
la démocratie réelle ne consiste pas seulement à mettre un bulletin de vote dans une urne.

Désobéir sous la gauche, ce sera agir pour constituer une masse
critique d’expériences, de petits bouts de socialisme gourmand, de socialisme de la décroissance, jusqu’à ce que notre révolution pacifique finisse par
cristalliser.

Sommaire
Le souffle de la désobéissance. RENÉ BALME 1
Résister sous le IIIe Reich. FRANÇOIS ROUX 2
Objecteurs de conscience ! JEAN-MARIE MULLER 4
Objecteur de croissance ! PAUL ARIÈS 5
Robin des bois de l’énergie : la passion du service public
DOMINIQUE LIOT, 6
Désobéir au nucléaire. LAURA HAMEAUX 7
Pauvreté, le retour du glanage. GILLES SAINATI 8
Ils nous carottent, carottons-les ! SIMON COTTIN-MARX 9
Grève, huelga, sciopero, strike. JEAN-PAUL DAMAGGIO 10
Désobéissance enseignante. BASTIEN CAZALS 11
Des déboulonneurs de pub passent à la désobéissance éthique.
FRANÇOIS VAILLANT 12
La dette, désobéir ? JACQUES COSSART 13
Grandes figures de la désobéissance. LAURENT PAILLARD 14
Le Boycott des produits israéliens. DOMINIQUE NOLY 16
Lettres de prison. Fragments d’ULRIKE MEINHOF,
RÉUNIS PAR VÉRONIQUE BERGEN 17
La désobéissance en campagne, XAVIER RENOU 18
De Lip aux Indignés : n’accepter aucune forme d’injustice !
ENTRETIEN AVEC CHARLES PIAGET 21
Couples mixtes, les liaisons dangereuses. MARIE ET CHARLOTTE 22
Un laboratoire de désobéissance. CÉCILE VAN ESPEN,
ENTRETIEN AVEC GERMAIN SARHY 24
Le breton, ou la jeunesse d’une vieille langue. YANN FIÉVET 25
Résistance à l’oppression linguistique. JAKES BORTAYROU 26
Une autre grammaire. NICOLE PRADALIER 26
Culture orale. BRUNO DE LA SALLE 28
Le refus ADN. FRANÇOIS VAILLANT 29
Apprendre la désobéissance institutionnelle.
YVES REMY ET LYSIANE ALEZARD 31 (dirigeants du CIDEFE)
Appel à l’insurrection des existences. PAUL ARIÈS 32

Messages