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"Où est le Kärcher ?" : Marine Le Pen promet la "tolérance zéro"

par Abel Mestre

Publie le lundi 5 mars 2012 par Abel Mestre - Open-Publishing
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Quelque 3 500 personnes ont accueilli l’arrivée de Marine Le Pen dans une salle archicomble, au chant de la Marseillaise et aux cris de "On est chez nous !", dimanche 4 mars, dans la cité phocéenne. La présidente du Front national a répondu à ses partisans par un "Marseille, je t’aime !"

La prétendante à l’Elysée a martelé un message anti-immigration et très sécuritaire. Et bien que le thème ait été fixé depuis plusieurs jours, son propos visait évidemment le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, qui tente de refaire sa campagne de 2007 en allant braconner sur les terres du FN. "Tous les samedis, je prends une cure de rajeunissement de cinq ans. J’écoute Nicolas Sarkozy faire les mêmes promesses qu’en 2007. C’est efficace ! Mais pourquoi tiendrait-il dans les cinq ans qui viennent, les promesses qu’il n’a pas tenues au cours des cinq ans passés ?", a notamment demandé Marine Le Pen.

Dans ce duel à distance, François Hollande a été très peu cité – bien que très copieusement hué par la salle. Marine Le Pen l’a notamment qualifié de "brave radical de la IVe République". Se revendiquant "candidate de la défense de la République contre les grands féodaux de l’intérieur comme de l’extérieur", elle a appelé à une "union nationale" des "patriotes, de droite ou de gauche", à "une vaste alliance des Français de bonne volonté" pour "refonder l’autorité publique".

"LOI DES BANDES" ET "LOI DES BANQUES"

Durant son discours de plus d’une heure, sous les yeux de son père, Jean-Marie Le Pen, Mme Le Pen a fustigé à plusieurs reprises "l’idéologie de Mai 68", responsable, à ses yeux, de toutes les dérives morales du pays. Loin d’un propos "moderne", ce fut plutôt une profession de foi réactionnaire, sur l’air de "c’était mieux avant". Même sa façon d’aborder les thèmes du discours étaient très passéistes. Un peu comme si elle passait un grand oral, Marine Le Pen a manié l’étymologie comme les citations doctes de Platon, Jules Michelet ou Hannah Arendt.

Elle a fustigé la disparition de "l’ordre public" et l’avènement de "l’anarchie", dans une description de l’état de la France qui faisait penser à la chienlit gaulliste.

Mme Le Pen a ensuite renvoyé dos-à-dos "loi des bandes" et "loi des banques", "les uns comme les autres, sans foi ni loi et sans feu ni lieux". Le seul moyen de les combattre ? "L’ordre républicain." "J’entends être la candidate de l’ordre républicain contre l’anarchie, (...) la candidate de la République contre la barbarie", a-t-elle encore ajouté avant de pointer ces "puissances d’argent (...) qu’il faut mettre au pas".

"Vous n’en pouvez plus de l’insécurité qui règne, qui gangrène une ville, une région et un pays tout entier. Marseille est devenu le triste symbole du terrible échec de Nicolas Sarkozy sur l’insécurité !", a-t-elle lancé. Avant de fustiger ces "ministres et présidents qui préfèrent les mots à l’action", faisant référence à la fois à Nicolas Sarkozy et à Claude Guéant, qui sera lundi 5 mars en visite à Marseille. "Où est-il, le Kärcher ? Où est-elle, la lutte promise contre la violence ? Pourquoi tant de laxisme ?", s’est-elle interrogée sous les hourras d’un public très réactif.

"Nous avons le devoir de rétablir l’autorité de l’Etat dans tous les territoires perdus de la République. Ras-le-bol des zones de non-droit ou d’un autre droit, ces zones où la France n’est plus chez elle, (…) où les habitants sont pris en otages par des minorités violentes qui prospèrent tranquillement sur les trafics, sur la drogue, sur l’impunité quasi assurée", a continué la candidate à l’élection présidentielle.

A Marseille, qui vit une situation d’insécurité endémique, Marine Le Pen déclare aussi :"Je veux que la République reconquiert chaque mètre carré perdu. (…) Nous parlons peu, mais nous ferons beaucoup. (...) Nous ferons exactement l’inverse du quinquennat que nous venons de subir", a-t-elle promis.

"Partout en France, ce sera la tolérance zéro. (...) Partout où Nicolas Sarkozy a semé l’insécurité, je rétablirai l’autorité de l’Etat !", a assuré Marine Le Pen, rappelant quelques mesures phares de son projet sur le sujet comme l’établissement d’une injonction civile pour empêcher les délinquants "de pénétrer dans des territoires définis pendant une certaine période de temps après avoir purgé sa peine". Ou encore la suppression de toute "prestation sociale, aides au logement" aux délinquants récidivistes.

Marine Le Pen, le 4 mars à Marseille.

Marine Le Pen, le 4 mars à Marseille.AFP/MARTIN BUREAU

"UNE PEINE POUR LE DÉLIT COMMIS, UNE PEINE POUR LA TRAHISON"

La candidate du FN s’est aussi prononcée pour le retour de "la double peine" via un "accord avec les pays surreprésentés dans les prisons pour que les peines de leurs ressortissants soit purgées dans leur pays d’origine, sans espoir de retour." "Les délinquants étrangers n’ont aucun droit au retour ! Double peine ? Eh bien peut-être. Une peine pour le délit commis, une peine pour la trahison [envers le pays d’accueil]", a asséné Mme Le Pen.

Concernant l’immigration, Marine Le Pen s’est ensuite déclarée en faveur du retour à la politique d’assimilation. "Cette règle de l’assimilation sera une condition sine qua none pour quiconque demanderait la naturalisation, a-t-elle affirmé. En France, on se soumet à la culture française (...). Je veux que l’on impose aux migrants à s’imposer à nos codes et nos valeurs. Des cours de Français pour les parents qui maîtrisent mal notre langue seront obligatoires (...)". Il faudra en outre "un casier judiciaire vierge, une très bonne maîtrise de notre langue, un mode de vie conforme à nos coutumes et à nos valeurs républicaines, une éducation sans faille à ses enfants, un respect et un amour du pays qui vous a accueilli". Mme Le Pen a ensuite réitéré sa proposition d’interdire tout signe religieux ostentatoire pour les usagers des services publics administratifs.

Enfin, la présidente du FN a déroulé sa vision de l’école. Une école basée sur l’anti-Mai 68, de l’aveu même de la candidate, où régnerait donc "l’autorité du maître", où l’enseignement serait celui, "classique, des savoirs fondamentaux". Elle a vigoureusement condamné une "école dévoyée", où "l’enseignant [est] transformé en animateur quand il a la chance de ne pas avoir un rôle de gardien d’une bande de sauvages".

http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/03/04/ou-est-le-karcher-marine-le-pen-promet-la-tolerance-zero_1651711_823448.html

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