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Un long chemin reste à parcourir pour la réconciliation Franco-Algérienne

par Le MRAP

Publie le vendredi 16 mars 2012 par Le MRAP - Open-Publishing

Cinquante ans après la signature des Accords d’Evian : un long chemin
reste à parcourir pour la réconciliation Franco-Algérienne

Les Accords d’Evian, signés le 18 mars 1962 et devenus effectifs le 19,
scellaient l’indépendance de l’Algérie après 8 ans d’un guerre
meurtrière et 132 ans de violence coloniale.

Le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA) y fit
reconnaître les revendications de la lutte déclenchée aux premières
heures de la « Toussaint » de 1954 pour l’indépendance nationale.

Peu après les milliers de morts faits par la répression coloniale à
Sétif et Guelma en 1945, le déclenchement de la lutte pour
l’indépendance du peuple algérien suit de près les premières
décolonisations et amplifie le mouvement. En 1954, les Britanniques
quittent l’Asie et les Hollandais, l’Indonésie. La France quitte
l’Indochine après Dien-Bien-Phu et les accords de Genève du 21 juillet
1954. La conférence de Bandoeng, en Indonésie, du 17 au 24 avril 1955,
réunit vingt-neuf délégués de pays d’Afrique et d’Asie, dont le FLN
algérien, pour affirmer leur volonté d’indépendance : c’est le point de
départ du Mouvement des non-alignés qui rejette les deux « 
super-puissances » que sont alors les Etats-Unis et l’Union Soviétique.
C’est aussi le moment d’accélération des indépendances qui brisent les « 
empires ». En 1956, la France reconnaît l’indépendance de la Tunisie et
du Maroc.

Parce que l’Algérie avait été une colonie de peuplement, le coût humain
de sa décolonisation fut d’autant plus exorbitant. Un quart de la
population rurale fut déplacé dans des “camps de regroupement” qui
n’étaient autres que des camps d’internement, dans lesquels 20 000
personnes, d’après les estimations les plus basses, moururent de faim,
d’épidémies, ou furent victimes d’ exécutions sommaires. La population
algérienne continue aujourd’hui de subir les conséquences des essais
nucléaires dans la région de Reggane, où des soldats français furent
utilisés comme cobayes humains.

Le travail des historiens, de part et d’autre de la Méditerranée,
restera très longtemps d’importance primordiale pour que soit compris et
dit le lourd tribut humain d’une guerre de huit ans , que la France a
longtemps appelé « évènements d’Algérie », et qui vit aussi le putsch
OAS d’avril 1961 et ses actions terroristes contre l’indépendance
algérienne au Sud et au Nord de la Méditerranée.

De ces tragiques années subsistent encore en France des mémoires
blessées, celles des algériens immigrés, des appelés, des « pied-noir »
et des « harkis ». Comme l’a souligné l’historien algérien Mohamed Harbi,
« aujourd’hui, la controverse porte, entre autres sujets, sur la
compréhension du fait colonial », transformé en « enjeu politique et
législatif par des associations de rapatriés et de défense de l’OAS ».
Ainsi en a-t-il été, en particulier, de la loi du 23 Février 2005
« portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur
des Français rapatriés », longtemps réclamée non seulement par les
associations de rapatriés mais aussi, tout particulièrement, par
l’ensemble des associations de Harkis qui avaient payé un lourd tribut à
cette sanglante guerre. A la suite d’une vaste controverse, portant sur
l’alinéa 2 de l’article 4 de la loi - affirmant « le rôle positif de la
présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord » - ce
dernier fut abrogé, parce que reconnu de nature « réglementaire » par le
Conseil constitutionnel.
Une nouvelle loi « relative aux formations supplétives des forces armées
 » votée discrètement le 7 mars 2012, dispose que « les formations
supplétives sont considérées comme faisant partie des forces armées. »
Une façon de répondre aux attentes enfants de harkis qui sont désormais
protégés en cas « de diffamation ou d’injure ».

Le MRAP condamne les hommages publics rendus dans certaines villes de
France aux membres de l’OAS. Il réclame de longue date la reconnaissance
comme « crime d’Etat » du 17 octobre 1961 et des journées meurtrières
qui l’ont suivi, où des manifestants algériens furent jetés à la Seine
par la police du préfet Maurice Papon.

Les séquelles des guerres coloniales sont l’une des causes du racisme
actuel. Il serait temps, 50 ans après la signature des accords d’Evian,
que la France reconnaisse les crimes dont l’Etat s’est rendu coupable
avant et pendant la guerre d’Algérie