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« Et là, je me bourrerai » : réflexions sur une confidence de Sarkozy
par Daniel Schneidermann
Publie le vendredi 16 mars 2012 par Daniel Schneidermann - Open-Publishing4 commentaires
« Et là, je me bourrerai. » C’est Sarkozy qui parle. La conversation est relatée par l’ancien directeur du Monde, Eric Fottorino, qui vient de rédiger ses mémoires de directeur, sous le titre « Mon tour du Monde » (Gallimard). Sud-Ouest en publie les bonnes feuilles.
Fottorino raconte donc un déjeuner avec Sarkozy, situé en 2008. A l’époque, dit Fottorino, Sarkozy semble ne pas souhaiter se représenter en 2012.
« Mon prochain statut sera ancien Président, et celui-là durera très longtemps. Alors je ferai comme Bill (comprendre : Clinton) ou comme Tony (comprendre : Blair) : je ferai des conférences et là, je me bourrerai ! »
Pour ceux qui n’auraient pas compris : il se bourrera de fric, de pognon.
On peut évidemment regretter qu’une confidence si révélatrice ne fuite qu’en 2012, après quatre ans. Il est dommage que Fottorino, comme tant de ses confrères plus ou moins « embedded », ait gardé pour lui des confidences si révélatrices sur la psychologie de ce haut personnage.
Si Fottorino avait parlé plus tôt...
Imaginons (c’est la fin de semaine, on peut rêver) Fottorino rentrant au journal après le déjeuner, et publiant le lendemain le verbatim de la conversation. Que serait-il arrivé ? Certes, il aurait dû affronter une certaine bouderie, un courroux perceptible, peut-être même une légère irritation, de la part du futur bourré, et de son entourage. Peut-être, pour un temps non déterminé, aurait-il été exclu de ces délicieux et si enrichissants déjeuners. Peut-être même le pote de Tony et de Bill aurait-il tenté d’orchestrer contre le journal quelques représailles sonnantes et trébuchantes.
Mais les ventes du journal auraient doublé. Sa crédibilité instantanément retrouvée lui aurait permis de renouer avec de faramineux profits, du haut desquels il eût pu se gausser des représailles élyséennes. Peut-être même, subjuguée par l’exemple, emportée par la dynamique, la presse tout entière...
Peut-être, peut-être, peut-être. En tout état de cause, le soleil se serait tout de même levé le lendemain matin.
Presse et pouvoir : essayons autre chose
Vous m’objecterez, bande de rabat-joie, que je rêve tout haut, et que rien de tout cela n’est certain. C’est vrai. Mais si j’osais (allez, courage, c’est la fin de semaine) un parallèle audacieux, je dirais qu’il en va de cette affaire comme de la potion de la rigueur Merkozy, infligée à l’Europe.
On n’est pas sûr qu’une solution alternative (croissance, relance, protectionnisme, etc.) fonctionne vraiment. Mais on est sûr d’une chose : en matière de relations entre presse et pouvoirs, le système actuel ne fonctionne pas. Alors, pourquoi ne pas essayer autre chose ?
Messages
1. « Et là, je me bourrerai » : réflexions sur une confidence de Sarkozy, 16 mars 2012, 13:33
ils sont idiots à rue 89 ou quoi ?
fottorino a reçu ces confidences en 2008
sarkozy a été élu en 2007
alors "si’il avait parlé plus tôt" c’est juste ridicule
c’est à cause du "peuple" que sarkozy a été élu, et des complictés des partis "de gooche"
pas la peine de faire porter le chapeau à quelques boucs émissaires
1. « Et là, je me bourrerai » : réflexions sur une confidence de Sarkozy, 16 mars 2012, 14:11
plut tôt, entre 2008 et 2012...
mais il me semble que ca avait déjà fuité...
2. « Et là, je me bourrerai » : réflexions sur une confidence de Sarkozy, 17 mars 2012, 16:00, par Kipleft
ça avait déjà fuité, en effet !
J’ai lu l’anecdote du "bourrage" dans un article du monde diplo.....
Cela m’avait suffisamment frappée pour m’en souvenir.
En revanche, je ne me rappelle plus si c’était en 2008 ou 2009. On doit pouvoir le retrouver facilement (je crois que c’était un article en une de S.Halimi)
Mais à vrai dire, ce n’est pas d’une importance capitale .
2. « Et là, je me bourrerai » : réflexions sur une confidence de Sarkozy, 16 mars 2012, 18:14
Je cite le texte ci-dessus : "le systéme actuel ne fonctionne pas..alors pourquoi ne pas essayer autre chose.."... 1) le " système actuel" fonctionne très bien ; c’est un système d’exploitation, de vol des richesses au profit d’une minorité de dominants et au détriment d’une majorité de dominés... systéme basé sur les mensonges, la violence,etc.. 2) "essayer autre chose" ; si l’auteur du texte pense à Hollande ce sera la MEME chose : un systéme basé sur le populisme et toujours la même exploitation d’une majorité de dominés... avec un vernis de pseudo-social..mais en fait dès que Hollande sera élu on verra à l’oeuvre son populisme anti-social et son écrasement des forces sociales, véritablement sociales ;malheureusement.