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"Tarnac, magasin général" : une autre enquête sur l’affaire

par A LIRE !

Publie le dimanche 25 mars 2012 par A LIRE ! - Open-Publishing

David Dufresne , journaliste indépendant, a passé trois ans au cœur de l’affaire de Tarnac. Il livre sa contre-enquête sur quelque 500 pages écrites à la première personne dans Tarnac, magasin général.

Votre livre aborde l’affaire d’une façon différente, moins passionnée…

Je n’ai pas voulu faire un livre choc car le choc de cette histoire est déjà passé. L’idée pour moi était de la détricoter, de sortir de la logique du scoop. Toute cette affaire a été montée comme un choc. J’ai voulu livrer une autre vision.

Vous a-t-on ouvert facilement les portes ?

Ça s’est très bien passé avec les gens du village. J’ai expliqué ma démarche. Elle semblait coïncider avec les besoins ou la curiosité des gens. Et puis, je suis arrivé avec des intentions différentes, j’ai accepté d’emblée que certaines portes ne s’ouvriraient pas.

Avez-vous senti une méfiance ?

150 policiers qui arrivent avec armes dans un village comme Tarnac, un 11 novembre, ça crée un traumatisme. Mais il faut sortir de l’affaire médiatique. Je crois que se méfier des journalistes, c’est tout à fait légitime. Ils ont participé peu ou prou à la médiatisation et finalement au montage de l’affaire. Il y a aussi l’esprit de corps du Plateau. Ce qui vient de Paris n’est pas forcément accueilli à bras ouverts.

Pour vous, Tarnac est une affaire d’État ?

C’est même un scandale d’État. Je raconte les surveillances du village, les caméras cachées dans les troncs d’arbres, le fait de voir des policiers se faire passer pour des touristes à vélo afin de surveiller. L’État a mis les gros moyens. Comme dans Minory Report, cela devient du préterrorisme. On s’aperçoit qu’avec cette idée de préterrorisme, on peut mettre des gens sur écoutes, surveiller, avant qu’un quelconque événement ne se passe.

Qu’est-ce qui vous a le plus frappé dans l’affaire ?

Je trouve ahurissant la capacité du sommet de l’État à s’autointoxiquer, à s’autoalimenter. Ça ne s’arrête pas. C’est un système où on orchestre, on fabrique des choses et pour ce faire on emploie des moyens démesurés. Est-ce que c’est du terrorisme ?? Et quand bien même ce serait du terrorisme, est-ce qu’on peut employer de tels moyens ?? Pour moi, c’est liberticide.

Aujourd’hui, l’instruction est toujours en cours, avec quelques rebondissements ça et là et un dossier qui n’en finit plus mais, selon les avocats de la défense, s’écroule comme un château de cartes. Qu’en pensez-vous ?

Je dirais plutôt que ça s’enlise comme un château de sable. Il y a encore des vérifications qui se font mais on voit bien que l’instruction peine de plus en plus.

Magali Roche

Tarnac, magasin général, Editions Calmann-Lévy (20 euros)

http://www.lamontagne.fr/limousin/actualite/departement/correze/ussel/2012/03/14/tarnac-magasin-general-une-autre-enquete-sur-l-affaire-1118651.html