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RÉPARTISSEZ LA CAGNOTTE PRIVÉE !

Publie le mercredi 23 février 2005 par Open-Publishing
6 commentaires

de Gérard Filoche

Jamais la France n’a été aussi riche ! Sortez la crise de votre tête, on n’est pas sur "le déclin", jamais on n’a tant produit... et jamais ils n’ont tant distribué à leurs actionnaires. Augmentez les salaires tout de suite ! Ah que n’avons-nous pas entendu en l’an 2000 contre la "cagnotte publique" du gouvernement de Lionel Jospin ! Pendant des jours et des jours, tous les médias s’en étaient emparés pour essayer de mettre en cause l’impôt républicain... Et voilà que des dizaines de milliers d’euros, des centaines de milliards de francs, sont révélés et apparaissent en ce début d’année 2005, dans les caisses des multinationales et grandes entreprises nationales françaises...

Une immense cagnotte privée sans précédent... une croissance mondiale à plus de 8 %... 85 % milliards de dollars pour les pétroliers, dont 9 Mds en 2003, 9,5 Mds en 2004 (15 Mds prévus en 2005) pour la seule entreprise Total (l’entreprise qui pollue, et qui licencie...). La sidérurgie avec Arcelor voit son bénéfice multiplié par neuf à 2,314 milliards d’euros, et annonce que 2005 sera "a priori meilleur". L’Oréal a battu le record de 3,6 milliards d’euros de bénéfices et attend mieux en 2005. Le groupe Schneider Electric (distribution électrique et systèmes d’automatisme et de contrôle), a une hausse de 30 % de ses profits, à 565 millions d’euros.

Snecma et Sagem : les activités du groupe montent de 5 à 6 % avec une rentabilité opérationnelle de l’ordre de 10 % ; ils tablent sur une poursuite de la croissance pour le nouvel ensemble : le bénéfice du premier a crû de 28,6 % à 234 millions d’euros et celui du deuxième de 27 % à 134,2 millions d’euros. L’équipementier automobile Faurecia (celui du plan social en 2000 qui a mis 185 salariés à la porte...) enregistre une forte hausse de son bénéfice net en 2004, à 83,7 millions d’euros contre 10,1 M en 2003. Dassault Aviation, bien que fortement affecté par l’appréciation de l’euro par rapport au dollar en 2004, a vu son bénéfice net croître de 4,4 % à 308 millions d’euros, et a réussi à livrer quelque 63 avions d’affaires l’an dernier contre 49 en 2003.

Du côté des services, la compagnie Air France-KLM a fait état d’une stabilité de ses bénéfices pour le 3e trimestre de son exercice 2004/2005, en raison du fort impact de la hausse des prix du pétrole. On peut énumérer des dizaines d’entreprises de la sorte...

Mais que font-ils de cette cagnotte privée ?

"On" (Christian de Boissieu, par exemple, économiste de J.-P. Raffarin) nous ressort une vieille lune : "Les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain et les emplois d’après-demain." Mais qui peut croire encore à une telle baliverne ? Cela fait plus de 25 ans que le socialiste allemand Schmidt avait proféré cet aphorisme qui a, ensuite, servi à former et à tromper des générations d’écoliers en économie : on a pourtant vu, vérifié, depuis ce temps que seul le premier membre de la phrase fonctionnait.... Mais on n’a vu venir ni les investissements, ni les emplois...

Ils se plaignent sur notre déclin, nous demandent de travailler plus en gagnant moins, mais jamais ils n’ont fait autant d’argent, depuis deux ans ! Ils ont osé attaquer nos retraites, notre Sécu, et maintenant nos 35 h, notre Code du travail, ils ont accru le chômage, alors que, chiffres de leur cagnotte en main, on démontre qu’on pouvait faire autrement, répartir autrement les richesses ! Avec 0,36 % de cotisations patronales entre 2006 et 2036 on revient à la retraite à 60 ans à taux plein, avec de meilleurs salaires, il n’y a plus de "trou" de la Sécu (rappelez-vous, en 2000, la Sécu était excédentaire), avec de vraies 35 h pour toutes et tous (en baissant la durée maxima du travail de 48 h à 44 h et en imposant 2 jours de repos consécutifs pour tous), il y a 1 million d’emplois créés, et répartis sans perte de salaire !

Que l’on arrête de laisser cette cagnotte en pure perte à des actionnaires qui spéculent et ne re-investissent pas ! Augmentons les salaires, cela relancera la croissance que la politique d’austérité de Chirac-Raffarin bloque en France depuis deux ans...

On notera que du temps de Lionel Jospin, la France faisait mieux en croissance et en social que ses voisins de même niveau, mais qu’aujourd’hui sous Chirac-Raffarin, la France fait moins bien en croissance et bien sûr, en social, que les pays comparables... On notera surtout que tout a reculé en deux ans de droite : sauf les profits géants des amis du gouvernement...

Gérard Filoche

PS : Et chez St-Yorre, le patronat organise ce jour le "lock out", prenant les devants sur l’adoption de la future constitution européenne (il faut savoir que celle-ci prévoit le droit de grève... pour les employeurs autant que pour les salariés...)

Messages

  • Vous êtes loin du compte. Il n’y a jamais eu de crise du capitalisme. La bulle fiancière est de plus en plus énorme. Pour s’approcher de la vérité quand on vous dit 1 euros de bénéficice il faut en réalité le multiplié par 1000. Si vous saviez on serait en révolution dans le monde entier.

  • Et le PS, qui baisse le taux de l’ISF, qui a privatisé à tour de bras, il te donne la permission d’écrire cela Gérard ?

    Heureusement que tu restes encarté chez eux...

    Tu es leur caution de gauche.

  • Il faut quand même reconnaitre que le travail des entreprises est de produire de la richesse. C’est donc normal qu’elles fassent des bénéfices.
    Ce qui l’est moins , c’est que les politiques de la planète ne font pas leur travail. Ils ont oublié la partie philosophique dans la politique pour ne retenir que la partie comptable.
    Leur travail, normalement, consiste à faire en sorte qu’il y ait un équilibre entre les intérêts individuels et naturellement égoïstes de chaque individu, et les intérêts de la communauté, nécessaire pour le développement des individus et de la société. C’est la sagesse.
    Regardons comment sont les choses et ce que nous propose par exemple la nouvelle constitution européenne qui n’est que la continuité de la situation actuelle (page 26-27 de la constitution, répartition des compétences entres union et pays) :
     Un axe technique, économique et financier à l’échelle de l’Europe (et du monde) avec une libre circulation de presque tout.
     Un axe « humain » et sociale à l’échelle des pays.
    Le politique nous impose un axe financier européen, voir mondiale et ne se décide pas à mettre en place une régulation et des règles à la même échelle. Sans rien faire, les inégalités continueront à se développer. Cela nous mènera obligatoirement à des mouvements forts de rééquilibrage, dans un sens (mise en place de règles internationales ou tout le monde se « bat » avec les mêmes « armes » économiques) ou dans l’autre (fermeture des frontières et retour au franc) afin de retrouver les mêmes dimensions.
    Heureusement les médias veillent à endormir les masses qui regardent TF1 en bouffant du MacDo, et l’éducation nationnal a en faire des anes de consommateur bien dans leurs peaux.
    Bien heureux les simples d’esprits qui ne voient rien. Pour les autres, le monde est insupportable.