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SERVICES ET PATRIMOINE COLLECTIFS

par ROBERT GIL

Publie le mardi 3 avril 2012 par ROBERT GIL - Open-Publishing

J’aimerais faire de cet article un plaidoyer en faveur du rôle de l’État que le capitalisme sauvage, complice des néolibéraux, voudrait réduire à sa portion congrue :

Dans une entreprise, les charges et salaires sont en concurrence, dans un chantage permanent, avec le profit. Diriez-vous que le profit est une charge ? Non, évidemment, puisque tel n’est pas le point de vue répandu par la pensée unique. Mais du point de vue des salariés, c’est le profit et les dividendes qui sont le boulet : chacun voit midi à sa porte, et l’heure officielle est celle des dirigeants.

Le coût d’un fonctionnaire n’est pas égal au budget de la fonction publique divisé par le nombre de fonctionnaires. L’État, c’est nous tous, et les prélèvements obligatoires ne servent pas uniquement, loin s’en faut, à payer les fonctionnaires, mais à assurer la maîtrise d’ouvrage de notre patrimoine commun et des services indispensables et non monétisables, ainsi que de garantir les investissements d’avenir.

Les fonctionnaires sont de deux sortes : d’une part, les agents chargés de gérer ce patrimoine collectif qu’on appelle la Nation, et d’autre part les agents chargés de produire des services.

Les premiers gèrent un budget considérable qui est dépensé principalement en appels d’offre, ce qui fait le bonheur des entreprises privées, notamment quand elles ont réussi à faire du lobbying (c’est un euphémisme) pour obtenir les marchés. Et quand elles se plaignent des dépenses de l’État, alors on peut dire qu’elles se prévalent de leurs propres turpitudes : le plus haïssable comportement qui soit. On classe ces dépenses de l’Etat dans la rubrique keynesianisme, la bête noire des libéraux qui se trouvent sur ce point en opposition avec les bénéficiaires de ces largesses.

Quant aux agents chargés de produire des services – la police, les enseignants, les soignants, etc. -, ils produisent les richesses qui les rémunèrent. A ce sujet, un agent de l’État est a priori aussi productif qu’un agent du privé. Ceux qui disent qu’un bon fonctionnaire est un fonctionnaire mort mériteraient d’être poursuivis en justice pour appel à la guerre civile.

De fait et par conséquent, la plus-value des salariés du service public appartient en partage aux salariés et à l’État, c’est-à-dire à la nation. Dès lors, le fonctionnaire ne « coûte » plus que son salaire brut, et comme ce salaire est, a priori la juste rémunération qui lui revient, s’il y a une plus-value, c’est tout bénéfice pour la collectivité. Donc le fonctionnaire ne coûte rien, puisqu’il travaille, au contraire du rentier qui lui ne produit rien.


Pourquoi les capitalistes râlent-ils ?
Parce que cette plus-value du travail des fonctionnaires appartenant de droit à la collectivité, est un cruel manque à gagner pour eux qui ont coutume d’avoir le beurre et l’argent du beurre : d’autant plus cruel qu’ils ont de l’argent à ne plus savoir qu’en faire et développent un stress considérable à l’idée que cet argent se dévalue, comme Harpagon qui ne vivait que pour sa cassette.

Au sujet du stress : une expérience réalisée dans un laboratoire de comportements a mis en évidence que, dans un groupe social, ce sont les individus les plus stressés qui deviennent dominants. Qu’on se le dise.


D’aprés des commentaires de JL1 sur Agoravox

http://2ccr.unblog.fr/2012/03/29/services-et-patrimoine-collectifs/