Accueil > Giuliana Sgrena libre mais blessée, un agent italien tué

Giuliana Sgrena libre mais blessée, un agent italien tué

Publie le vendredi 4 mars 2005 par Open-Publishing

Après un mois de détention en Irak, la journaliste italienne Giuliana Sgrena a été relâchée par ses ravisseurs mais un blindé américain a tiré par erreur sur la voiture qui la conduisait à l’aéroport de Bagdad. La reporter et deux membres des services secrets italiens ont été blessés, un troisième agent a été tué.
Le président du Conseil italien Silvio Berlusconi a annoncé qu’il avait convoqué l’ambassadeur des Etats-Unis à Rome pour demander des « éclaircissements » sur cette bavure, survenue à un barrage routier.

« Etant donné que les tirs venaient d’une source américaine, j’ai décidé de convoquer immédiatement l’ambassadeur américain », a-t-il déclaré lors d’une brève conférence de presse au palais Chigi. « L’ambassadeur devra me donner des éclaircissements sur le comportement des militaires américains », a-t-il ajouté. « Quelqu’un aura à assumer la responsabilité d’un accident aussi grave ».

L’armée américaine à Bagdad a confirmé l’épisode. « Vers 20h55 (17h55 GMT), des forces de la coalition à la force multinationale Irak ont tiré sur un véhicule qui approchait à grande vitesse d’un barrage de la coalition à Bagdad », affirme un communiqué. « La journaliste italienne Giuliana Sgrena qui venait d’être libérée était l’un des occupants du véhicule et il semble qu’elle ait été blessée ».

« Il apparaît qu’une deuxième personne à bord de l’automobile a été tuée », ajoute le texte.

Le président de la République Carlo Azeglio Ciampi a fait part de sa « profonde douleur » après la mort de l’agent des services secrets Nicola Calipari.
Silvio Berlusconi a précisé que cet agent, marié et père de deux enfants, avait participé « aux précédentes tractations avec le monde du terrorisme irakien et à la libération d’autres otages ».

« Giuliana est blessée à une épaule et elle est hospitalisée à Bagdad », a déclaré Gabriele Polo, le directeur du « Manifesto ». « Giuliana va bien », a cependant assuré le directeur éditorial du quotidien de gauche, Francesco Paterno, en précisant que la journaliste était soignée à l’hôpital américain.

En revanche, l’un des deux agents blessés a été touché au poumon et il serait dans un état grave, rapporte l’agence italienne Apcom.

Le compagnon de Giuliana Sgrena, Pier Scolari, était en route vendredi soir pour la capitale irakienne à bord d’un avion de la présidence du Conseil italien.
Gabriele Polo a rendu hommage à l’agent Nicola Calipari. « Pour défendre Giuliana, il s’est jeté sur elle pour la protéger », a ajouté le directeur du « Manifesto ». « La personne qui a travaillé à la libération de Giuliana a été tuée par des balles américaines. Cela nous accable et confirme la folie de la guerre ».

D’après Gabriele Polo, à l’approche du véhicule qui transportait quatre personnes, trois agents des services secrets et la journaliste, le blindé américain a allumé ses phares et a ouvert le feu sans préavis. Nicola Calipari était au volant. L’éclat d’obus qui l’a tué est celui qui est ensuite venu se loger dans l’épaule gauche de Giuliana Sgrena. Un autre agent, blessé, a téléphoné au palais Chigi pour signaler ce qui se passait. Le directeur du « Manifesto » se trouvait justement au ministère des Affaires étrangères au moment de cet appel.

Peu avant l’annonce de la bavure au barrage routier, le gouvernement italien avait confirmé la libération de Giuliana Sgrena.

Le ministre des Affaires étrangères Gianfranco Fini avait exprimé sa « grande joie » et son « énorme satisfaction ». La secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères Margherita Boniver avait affirmé qu’un avion attendait la journaliste à Bagdad pour la ramener tout de suite à Rome.

Enlevée le 4 février devant l’université de Bagdad, Giuliana Sgrena était apparue le mois dernier sur une vidéo où elle suppliait d’avoir la vie sauve et demandait à toutes les troupes étrangères, y compris italiennes, de quitter l’Irak.

Le quai d’Orsay a salué vendredi soir sa libération et a lancé un nouvel appel à la libération de Florence Aubenas, journaliste au quotidien français « Libération », et de son guide-interprète Hussein Hanoun, enlevés en Irak le 5 janvier. AP

http://permanent.nouvelobs.com/europe/20050304.FAP8670e.html?2216