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Israël déconnecte la citoyenneté et la nationalité.

par CD

Publie le samedi 16 juin 2012 par CD - Open-Publishing
2 commentaires

Israël déconnecte la citoyenneté et la nationalité.

Même si les médias parlent de la nationalité israélienne, elle n’existe pas dans les textes officiels israéliens :
http://blog.mondediplo.net/2010-09-17-Juifs-ou-Israeliens

Israël est la seule démocratie qui opère une distinction entre citoyenneté et nationalité : tous les titulaires de la citoyenneté (ezrahut) ont, en principe, des droits égaux, mais seuls certains, les juifs, bénéficient de la nationalité (le’um). En 1970, Shimon Agranat, président de la Cour suprême, a confirmé que l’on ne pouvait pas parler de « nationalité israélienne », car il n’existait pas de nation israélienne séparée de la nation juive et qu’Israël n’était même pas l’Etat de ses citoyens juifs, mais celui des juifs du monde. Uzi Ornan, professeur de linguistique, a intenté une action en 2000 pour inverser ce jugement, mais les chances d’aboutir sont faibles.

En clair, on est citoyen israélien de nationalité juive, arable, bédouine, druze, circassienne. Et certains sont plus égaux que d’autres :

http://www.medea.be/fr/pays/israel/citoyennete-israelienne/

Israël fait une distinction, sur les documents d’identité de ses citoyens, entre citoyenneté et nationalité.

Tous les ressortissants d’Israël sont de citoyenneté israélienne, mais de nationalité :

Juive
druze
circassienne
bédouine
arabe.

Ceci a de nombreuses implications, en matière d’obligations militaires, d’accès à l’instruction, au logement, etc.
Ainsi, pour ce qui concerne le service militaire, celui-ci est :
obligatoire pour les hommes et les femmes de nationalité juive,
obligatoire pour les hommes de nationalité druze ou circassienne,
permis sur base volontaire pour les hommes de nationalité bédouine
interdit pour toute personne de nationalité arabe. Toutefois, ces derniers, moyennant interrogatoire préalable, peuvent, s’ils le désirent, non pas faire leur service militaire, mais s’engager sur une base volontaire dans des unités professionnelles.
C’est cet accès au service militaire qui détermine la plupart des implications dans les autres domaines : par exemple, l’instruction supérieure étant gratuite pour ceux qui ont rempli leurs obligations militaires, est payante pour les citoyens israéliens de nationalité arabe.

Dans la réalité quotidienne, cette distinction aboutit à faire de ceux qui ont la « nationalité » juive des citoyens de première classe et de ceux qui ont la « nationalité » arabe des citoyens de dernière catégorie. Ceci s’est tragiquement vérifié lorsqu’en octobre 2000 l’armée israélienne – à qui il est strictement interdit de tirer contre des Juifs – ouvrit le feu à balles réelles sur des Arabes israéliens qui manifestaient contre la répression israélienne dans les territoires palestiniens et fit treize morts et plusieurs dizaines de blessés parmi ceux-ci.

CD

Messages

  • La distinction entre citoyenneté et nationalité (ou identité nationale) est parfaitement justifiée, elle est exigée par la démocratie. Mais, la nationalité, tout comme la religion, le genre, l’orientation sexuelle, etc, est subjective et d’ordre privé : l’Etat n’a pas à la connaître. Elle ne doit pas fonder des droits particuliers car la reconnaissance d’un droit ne doit reposer que sur des critères objectifs et publics.

    • Nation israélienne, sortir des archaïsmes identitaires, aller vers la modernité socialiste.

      Israel a un problème avec sa nation (1) : il ne la (re)connait pas et ce quelque soit la conception , droit du sang ou droit du sol ! Israel comme Etat ne reconnait ni celles et ceux nés sur son territoire (tous) ni celles et ceux durablement installés sur son territoire (tous ceux qui y sont depuis x années) . Il discrimine .

      Voilà en effet un Etat incapable de donner des droits citoyens égaux à tous ses résidents de longue durée sur son territoire national. Israel pose une nation juive au lieu d’une nation israélienne . Il racise positivement les juifs et jette tous les autres dans l’exclusion .

      Nous avons là une impasse identitaire et une discrimination structurelle (puisque les résidents non juifs ne sont pas reconnus). C’est quoi au juste une nation juive si ce n’est dans cet Etat nation la reconnaissance d’une seule identité, celle juive, au détriment des autres, celles arabe ou musulmane, mais aussi celles qui ne se coulent pas dans un moule identitaire ou communautaire précis .

      Il faut militer, nous semble-t-il, pour l’égalité et le recul des identités mortifères : nous défendons donc le "Ni nation juive, ni nation arabe, et pas plus nation musulmane mais plutôt Nation israélienne pour tous" (pour tous les résidents de plus 5 ans). Et ce peut être là une occasion pour y faire adopter des positions d’universalisme des droits, d’égalité des droits humains tant entre les sexes, qu’entre les religions dans la société civile, l’Etat étant neutre (laïcité).

      Les forces progressistes doivent refuser le campisme identitaire et communautaire actuel qui incite au durcissement des conflits partout, qui ruine tout projet de libération . Par dogmatisme, les intégristes de chaque religion - juive et musulmane - (qui sont dominants) accroissent l’intolérance identitaire les crispations et haines communautaires au lieu de les réduire. En ce sens, avec ces refus, il s’agit de défendre la construction d’un seul Etat laïque et pluriel au sens d’une triple mixité : à mixité de genre dans l’appareil d’Etat et dans la société (modernisation des moeurs encore trop patriarcales archaïques qui relèguent les femmes au foyer, lui impose l’hypertextile) , de langues (bilinguisme reconnu - hébreu et arabe - mais avec un usage anglophone reconnu ) et de religions (spécificité des lieux de culte et des cimetières reconnue mais avec sobriété et discrétion religieuse ailleurs pour facilité l’interculturel au lieu d’avoir des ghettos multiculturels bardés de miradors) .

      Cela suppose un parcours vers l’abandon des archaïsmes identitaires et des affichages religieux clivant constamment la société . Cela suppose des rapprochements entre juifs et musulmans (et autres), entre hommes et femmes à égalité de droits.

      Quid de la gauche et du socialisme ?

      Les forces de gauche doivent avoir un projet politique pro-socialiste laïque . Elles doivent vouloir aller vers le socialisme qui veut passer de l’égalité des droits à l’égalité réelle et donc réduire le capitalisme . La construction du socialisme suppose de combattre l’oligarchie et la classe économiquement dominante en s’appuyant sur un peuple-classe pluriel, arabe et juif et autre (relativisme identitaire). La construction du socialisme suppose de construire une hégémonie plurielle , refusant les dominations diverses dont le sexoséparatisme, ce qui suppose de reconnaître contre les intégrismes religieux la liberté des femmes, des homosexuels, l’égalité hommes-femmes.

      1) Une Nation ? Quelle Nation ? - Association France Palestine Solidarité

      http://www.france-palestine.org/Une-Nation-Quelle-Nation