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Le PCF perd définitivement sa banlieue rouge

par Jack Dion

Publie le mardi 19 juin 2012 par Jack Dion - Open-Publishing
10 commentaires

A en croire le résultat de l’élection législative, force est de constater que la banlieue parisienne est de moins en moins rouge : sur 8 députés communistes sortants aux alentours du périphérique parisien, seuls trois ont retrouvé leur siège. Retour sur les raisons d’une déroute.

Au fil des élections, la banlieue rouge était déjà singulièrement devenue rose. Le grand lavage s’était accéléré en 2007. Cette fois, l’époque des bastions communistes –fussent-ils rebaptisés au nom du Front de Gauche FDG) - est bel et bien révolu, et il ne reste plus que quelque vagues tâches vermillon au-delà du périphérique. Sur huit députés sortants, seuls trois ont retrouvé leur siège : Jacqueline Fraysse dans les Hauts de Seine ; Marie-George Buffet, et François Asensi en Seine-Saint-Denis. Sur ces trois, seule Marie George Buffet se revendique de l’étiquette communiste. Patrick Braouzec qui s’était maintenu à Saint-Denis contre le candidat PS arrivé en tête a été battu. Au premier tour avaient déjà été éliminés Jean-Pierre Brard en Seine-Saint-Denis ; Roland Muzeaud et Marie Hélène Amiable dans les Hauts de Seine ; Pierre Gosnat dans le Val-de-Marne, à Ivry-Vitry, symbole historique qui a basculé.

Le phénomène est d’autant plus intéressant à analyser qu’il prend complètement à contre-pied les prévisions des dirigeants du PCF. Ces derniers, dopés par la percée de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle (avant le scrutin, personne n’aurait parié sur les 11% de l’arrivée), étaient persuadés de faire encore mieux aux législatives, raisonnant encore comme à l’époque où la présidentielle était le pire des scrutins pour le PCF. C’était oublier que Mélenchon, avec plus de quatre millions de voix, a réalisé un score que les communistes n’avaient plus atteint depuis les 15% de Georges Marchais en 1981 (époque à laquelle a commencé leur déclin, ininterrompu depuis). Autrement dit, il y a eu un effet Mélenchon qui ne s’est pas reproduit lors des législatives. Pourquoi ?

Primo parce que l’inversion du calendrier électoral à l’initiative de Lionel Jospin, en 2000, en renversant le présidentialisme des institutions, a fait des législatives un simple vote de confirmation. Les électeurs de gauche ont voté Hollande deux fois : la première lors de la présidentielle, la seconde à l’occasion des législatives. Sans doute peut-on y voir une anomalie démocratique, et la regretter, mais c’est comme çà. Combiné au scrutin majoritaire, le nouveau calendrier électoral pousse au bipartisme, qui est une forme de parti unique à deux têtes : l’un à gauche et l’autre à droite. La revanche de l’histoire fait que le Pcf, longtemps défenseur du régime du parti unique dans les pays du socialisme réel, est l’une des principales victimes d’un système inique.

Le Waterloo communiste en banlieue tient aussi à des raisons intrinsèques bien plus profondes. Malgré des coups de peinture successifs, le projet politique du PCF est soit rejeté soit incompris, surtout dans les couches moyennes qui commencent à s’implanter de l’autre côté du périphérique. Son lien avec la population s’est d’autant plus distendu que certaines de ses analyses (sur l’immigration ou la sécurité, par exemple) le rendent inaudible dans les milieux populaires Ses forces militantes, si elles demeurent importantes, ne sont plus que l’ombre de ce qu’elles ont été. Enfin ses élus sont souvent atteints par la limite d’âge faute de renouvellement. En ce domaine, le PCF a le choix entre une mort rapide (quand il présente de nouvelles têtes) ou la mort lente (quand il croit sauver les meubles en présentant des préretraités en puissance).

La déroute du PCF ne doit cependant pas faire oublier les résultats fort encourageants de Jean-Luc Mélenchon en banlieue, lors de la présidentielle. Il y a certes été largement dominé par François Hollande. Mais le candidat du FDG, s’il n’a pas atteint ses objectifs, a réalisé un score qui atteste de l’existence d’un courant plus radical à la gauche du PS dès lors qu’il n’est pas estampillé PC canal historique.

Or la dynamique de la présidentielle s’est éteinte dès lors que l’on est passé au stade de la législative. Chacun des partis composant le Front de Gauche est revenu à son esprit de boutique, et le Pcf se retrouve à la case départ. L’avenir d’un courant politique à la gauche du PS n’est donc pas forcément bouché, mais s’il veut en être le symbole politique, le FDG devra prendre une consistance qu’il n’a pas encore, et nul ne sait s’il l’aura un jour.

http://www.marianne2.fr/Le-PCF-perd-definitivement-sa-banlieue-rouge_a219857.html

Messages

  • il serait aussi honnête d’ajouter à cette analyse que ces banlieues rouges se sont au fil du temps nettement embourgeoisées du fait de la spéculation immobilière, allez voir les prix des petits pavillons à Montreuil-sous-Bois ou Fontenay-sous-Bois (où j’ai habité pendant près de 30 ans) et vous comprendrez...les classes moyennes s’y font de plus en plus rares et sont remplacées par les bobos de classe supérieure chassés de Paris, quand aux ouvriers seuls les plus âgés restent mais sans doute plus pour longtemps

  • je ne sais pas si JACK DION , ex PCF et ex journaliste de L HUMA , passé chez MARIANNE, hebdo pro-BAYROU est très crédible pour expliquer les raisons du déclin du PCF , surtout qu’à travers les lignes ont peut déviner qu’il soutient le ralliement au FDG , stratégie qui conduit à la disparition du PCF et surtout à la disparition de toute référence au communisme en FRANCE ...

  • 1-Tous les candidats sortants du PCF, parisiens ou provinciaux, ont augmenté sensiblement leurs scores de 2007, sauf que les candidats socialistes (pas les EElV) ont capitalisé sur la course au secours de la victoire du Président qu’est devenu ce scrutin, ultime cadeau de Jospin à la "gauche plurielle".

    2-Le PS, et ses bagages accompagnés, PRG, EElV, MUP (R Hue) a voulu faire payer aux élus PCF leur ralliemment au FdG. A la neutralité condescendante d’avant a succédé une hostilité organisée (2 adjoints, PS et EELV candidats contre leur maire à Ivry (30,3%) + 3% sur 2007).

    3-Pour ma part j’attendrais que les cures d’austérité qui s’annoncent aient produit leurs effets avant de décréter la fin de la "banlieue rouge" !

    • "3-Pour ma part j’attendrais que les cures d’austérité qui s’annoncent aient produit leurs effets avant de décréter la fin de la "banlieue rouge" !"

      ha parcequ’il n’y a pas environ 5 millions de chomeurs ?
      pas 9 millions de gens sous le seuil de pauvreté ?
      pas 20% de gens qui retardent des soins ?

      et ça a empéché le pcf de dégringoler ?
      de faire même pas 2% en 2007 ?
      pour ma part j’attends de voir le pcf renationnaliser tout ce qu’ila privatisé pour décreter qu’il est communiste .

    • Tous les candidats sortants du PCF, parisiens ou provinciaux, ont augmenté sensiblement leurs scores de 2007, sauf que les candidats socialistes (pas les EElV) ont capitalisé sur la course au secours de la victoire du Président qu’est devenu ce scrutin, ultime cadeau de Jospin à la "gauche plurielle".

      Et cela ne te pose pas "questions", cette explication de la direction, son oubli de rappeler que l’abstention pronée par HUE a permis ce passage à encore plus de"présidentialisation" encore moins demarge pour l’expression du suffrage universel ?

      Voilà un scrutin qui intervient alors que tous les commentateurs annoncent-et ce ne n’’est pas faux- que dans tous les pays européens, la CRISE a conduit les peuples à sanctionner les sortants ..mais avec comme seule perspective , sans Lutte des classes de violence inédite àconstruire-, la poursuite inévitable, par la relève politicienne élue, de la même politique (je prétends, moi, AGGRAVEE, partout !)

      Or le PC-FDG a bâti toute sa stratégie d’"existence" sur un argument qu’on pourrait résumer ainsi :

      "Donner nous les moyens de PESER sur les choix d’un PS qui ne veut pas rompre d’avec la gestion du Cpaitalisme , en s’opposant, comme nous, etc etc etc.."

      Or, c’est dans les endroits ou, historiquement,le P.C a le plus été reconnu comme"avocat des faibles" que le vote"utile" anti-droite...le met ..derrière ce PS,présenté-t- par les candidats Pc/FDG comme , certes un "moindre mal" mais pas comme une garantie de changement !

      Au lieu de se raconter des histoires , cher Camarade, ne penses tu pas que le courage
      dont Jaurès nous disait que "c’ était de chercher la Vérité et de la dire"", .consisterait à admettre qu’ entre les couches populaires, le monde du travail, la jeunesse,et ce PC... un DIVORCE définitif doit être acté.

      D’en rechercher les causes !

      Parmi celles ci, et s’agissant du titre de l’article, j’avance une raison que l’on n’aime pas aborder au sein d’un parti que je crois êtr eici, un de ceux qui le"connaissent" bien...

      Quand on ne marche pas sur ces deux jambes, on se casse la gueule

      "Parti de Luttes et de Gouvernement", affirmions nous..

      Parti de LUTTES ?

      Réfléchissons tranquillement :

      Longtemps, le PCF a été tout simplement appelé"LE PARTI"

      Pourquoi ?

      Dans X villes ouvrières , sa gestion sociale a été exemplaire, et aucun "vieux" de Drancy , Yvry St Denis , etc etc ne niera que pour des centaines de milliers de"prolos" avoir habité la"banlieue rouge" a permis que du nouveau né au vieillard , on profite de crêches, de colos, d’écoles, de centre de loisirs, de maisons de retraites , de services sociaux , de logements rendant la vie de l’exploité moins rude...

      Ce "communisme municipal" ne s’est pas accompagné - loin s’en faut- d’un militantisme local favorisant l’intervention "autogestionnaire", l’efficacité créatrice de la LUTTE pour vivre mieux

      De peur que des exigences,des revendications, voire des colères , des rassemblements deLUTTE ne mettent en difficulté le" PARTI-gestionnaire"..

      Du coup, -je caricature un peu pour pas trop développer, quand la CRISE du Capitalisme a détruit le tissu industriel, asséchant les finances locales, au moment ou le chômage , en conséquence directe de cette politique du K, , a atteint dans les "quartiers" , des taux intolérables...les populations ont eu le sentiment que "la mairie" aidait moins qu’avant" !!

      C’était exact et pour cause !

      Seulement le député Maire- surtout quand il accompagnait les mauvais coups comme entre 97-2002, les cellules devenues muettes, voire détruites sciemment par la Direction (cf celles d’entreprises !) pouvaient -ils , dans ces conditions, continuer à demander à bénéficier d’un soutien électoral,alors que"le PARTI" était devenu "un parti".aux yeux de ceux qu constituaient sa base électorale ?

      Avoir des décennies durant, oublié que c’est la Lutte des Classes le moteur del’Histoire, avoir ""enfumé" " les repères de classes -et cela n’enlève RIEN à ce qu’aura été et demeure encore le dévouement désintéressé de quelques milliers d’hommes et de femmes" encartés "en "banlieue" -avoir, pour certains , comme "les autres notables " , trempé dans le népotisme, le copinage , le clientélisme ,

      .... comment voulais- tu, Camarade, que ce PARTI reste la première"force politique" dela Ville , alors que son comportement politque constituait un aveu de faiblesse, un encouragement objectif à la résignation, une complicité à tout ce qui "travaille " la Société en terme de "délégation de pouvoirs"..!

      La banlieue ne pouvait pas rester ROUGE quand le PC rosissait, voyons !

      Quitte à être simplement "gérée" , laClasse ouvrière s’est éloigné des urnes, a pu même remplacer tel maire qui n’avait plus rien d’identifiable comme"communiste" par des Voynet et autres guignols roses ou verts...que le PCF copiait, imitait, avec lesquels il s’acoquinait..

      Surtout quand l’anticommunisme -notamment dans le 9-3- conduisait ensuitele PC à installer les flingueurs de"cocos" aux commandes du conseil général en élisant un Bartolone !

      Une partie de ces prolos déboussolés, aigris, furieux de ne jamais être entendus..ont hélas pris l’isoloir pour un dégueuloir, et tu as là une explication de certains scores du F.N..

      Remarque bie, ce que j’en dis, le PC a bien raison de s’en foutre autant en 2012que lorsque j’ai quitté cette Orga , lassé de débattre avec des sourds qui te prennent en plus pour un pov’con ,te font passer pour le gauchiste qui pète un cable....et donc qu’on peut salir,..!voilà quipeut fatiguer un militant communiste.., lui faire prendrela sage décision de voir comment on peut essayer de mourir en communiste, au lieu de servir d’"idiot utile" à des mannequins locaux d’une Orga sans attributs sexuels...

      Laurent n’a que faire de ce que je dis, de ce que pensent des centaines demilliers de cocos devenus des Ex..

      Il va obtenir un nouveau blanc seing pour poursuivre la liquidation totale..

      "Le FDG est une bonne"stratégie, nous progressons !
      Nous avons perdu la moitié de nos députés ? oui..mais c’est parce que le Ps est
      devant nous"
       :)

      Putain, c’est parce que"notre passé est loin ,très loin, DERRIERE nous, Camarade,... qu à force de"progresser" le mot d’ordre du prochain congrès va être

      " Nous sommes au bord du gouffre, Camarades..Encore un effort ! En avant"

       :)

      Selon les heures , j’en souris, tant c’est presque de la parodie des GUIGNOLs de Canal, d’onbserver un POLY de Hénin-B.,.figurant d’un triste feuilleton ou JLM a été la vedette d’un show..qui jette un froid !

      A d’autres moments, je serre les poings parce que c’est un combat de toute ma vie que Laurent piétine , que la mort qu’il a programmé de"son " Parti , nourrit aussi , hélas le désespoir de milliers de militants qui ne s’en remettent pas..!

      Qui donc , risquent manquer pour les LUTTES, la construction d’une Orga révolutionnaire, la Visée Communiste..

      Parfois, oui,j’avoue des idées de fronts .de"gôôche" prenant un coup de boule stalinien , girondin et chancognard , ça m’effleure l’esprit...

       :)

      Cordialement, avec mes sentiments COMMUNISTES...

      A.C

    • J’attendrai aussi que certains élus PC, comme le maire de St Martin d’Hères par ex., arrêtent la chasse aux Roms comme de vulgaires sarkoguéants. On assiste tout simplement à un glissement généralisé à droite où le PC occupe au mieux la place du PS de jadis.

    • Ne penseriez vous pas que le déclin à aussi été fabriqué par les médias à la solde du capital qui trompent et manipulent sans vergogne les prolos de tout bord. Que je sache, les mensonges et la caricature grotesque de l’idéal communiste que je subi par les médias et répété par les prolos et les idiots est telle une illusion ou une vérité ? A vous de trouver une réponse cohérente. Alain 04

    • @Alain 04 ;

      Tu as certainement raison camarade.

      Mais tu oublie de dire que les médias qui n’étaient pas "à la solde" du Capital, c’est à dire ceux du PCF, y ont été bradés par nos dirigeants d’alors à grand coup de recettes publicitaires, de sabotages internes, de non-dits scélérats, de Dirigeants médiatiques infiltré venus d’ailleurs au nom de la "Modernité"et imposés par le CC, et même de Concours de boules internationaux sous l’égide du Pastis Communiste français et de son patron ancien de l’OSS, et de la Radio/télé d’une entité princière moyennageuse qui s’engraisse comme une verrue cancéreuse sur la facade sud de la France.

      Tu oublies, ou tu ne sais pas si tu es assez jeune, que les Ecoles du parti, ou on formait des militants aguerris à l’analyse et à la communication de classe ont été cassées de l’intérieur dans les années 80/90 contre l’avis de la majorité des camarades de la base. Au nom de la chasse à l’"endoctrination". Comme si énoncer la réalité et apprendre à combattre face à l’endoctrination de nos ennemis était "endoctriner" nos camarades.

      Je tépargnerai les noms des coupables, t’as qu’à chercher qui était alors à la tête du nouveau "CN". Même là, le nom de "Comité Central" ça les faisait chier. Ils préfèraient "Comité National", comme à l’UMP.

      Ben ça y est. Il sont l’UMPS en moins bons. Sauf qu’en plus ils n’ont pas les médias pour eux. Et plus grand chose à gameler. Juste des miettes qu’on leur lâche pour les garder sous le coude ; à tout hasard.

      Contrairement aux ennemis fondamentaux, les traîtres ça finit rarement au firmament du Pouvoir.

      Tout au plus au firmament de la connerie crasse.

      G.L.

    • L’ennemi nous aurait-il encore trahi ?

      Damned, c’est affreux...

    • Moi ce que je pense c’est : la presse et les média bourgeois qui ont tous manipulés aidé de l’état socialiste "sous la mite" notamment et qui de fait n’a plus financé le pluralisme mais a laissé libre cour aux industriels de le faire par la publicité. Ne portent ils pas la marque d’une ignominie ? (Publicité = argent volé au peuple pour le redistribué à leurs bon vouloir aux organes de presses et ou audio visuel qui leurs sont favorables). voir les critique de Cuba par M et le Monde. Alain 04