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Salaire du PDG de La Poste : Il FAUT UNE AUTRE POLITIQUE SALARIALE

par DUPIN Bernard Administrateur CGT Groupe La Poste

Publie le jeudi 26 juillet 2012 par DUPIN Bernard Administrateur CGT Groupe La Poste - Open-Publishing
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Je suis d’un naturel optimiste, mais je le suis d’autant plus aujourd’hui, parce que je pense qu’en matière de fonctionnement de la gouvernance, nous ne pouvons que nous améliorer.

D’abord sur la forme :

La proposition de salaire du PDG nous est présenté à l’instant, en séance et oralement par le Président du Comité des rémunérations alors qu’aucun document n’a été transmis aux administrateurs salariés.

Vous ne respectez donc même pas les règles de l’Agence de Participation de l’Etat qui dit que les propositions des rémunérations doivent être communiquées aux membres du Conseil d’Administration 5 jours ouvrables avant la délibération.

Cette situation ne permet pas d’avoir de réel débat sur le montant de la partie fixe, sur le pourcentage de la partie modulable et sur les critères qui permettent de définir cette partie modulable.

Nous considérons en effet que les critères de rémunération devraient inclure par exemple :
  des objectifs de qualité de service en ayant défini ce que l’on entend par qualité de service,
  sur l’évolution des effectifs et de l’environnement social en incluant la sous-traitance
  sur la qualité des emplois et les rémunérations dans l’entreprise,
  sur l’environnement et le développement durable, la sécurité et la santé au travail…

Voilà Monsieur le Président quelques propositions qui pourraient être débattues si les représentants des salariés n’étaient pas empêchés de siéger au Comité des rémunérations.

Ensuite sur le fond :

La rémunération des dirigeants d’entreprises a été un sujet de débat légitime pendant la période électorale que nous venons de vivre.

La controverse a été relancée ces derniers mois par la multiplication des annonces scandaleuses de rémunération, alors que la plupart des salariés en général et les postiers en particulier souffrent de la faiblesse de leur pouvoir d’achat.

Un consensus semble donc se développer à tous les échelons de la société pour enfin admettre que les montants et surtout les critères de la rémunération des dirigeants d’entreprises ont un lien direct avec les « choix de gestion des entreprises » et donc avec la crise systémique actuelle.

5 jours à peine après l’élection du nouveau Président de la République, l’ordre du jour du Conseil d’Administration de La Poste du 11 mai dernier devait aborder la rémunération du Président.

Malheureusement, le retrait de ce point de l’ordre du jour en début de séance ne permettait pas de donner une suite rapide à ce dossier.

L’engagement présidentiel sur la rémunération des PDG des entreprises publiques approuvé par une large majorité de français qui se sont exprimés massivement le 6 mai dernier se doit maintenant de commencer à être respecté par l’ensemble des dirigeants du Groupe La Poste concernés.

Non seulement le Président Directeur Général avec 635 974 euros de rémunération en 2011, mais aussi par Monsieur Philippe Wahl, Président du Directoire de La Banque Postale, avec 833 217 euros, Monsieur Philippe Bajou, membre du Directoire de La Banque Postale avec 465 607 euros versés au titre de l’exercice 2011 et le président de GeoPost, Paul- Marie Chavanne.

Même si ça n’a pas été le cas en 2011, le Directeur général du courrier Nicolas Routier est, quant à lui aussi, potentiellement concerné, car c’est l’importance de son bonus qui lui fait ou non dépasser le plafond.

Enfin, que dire de l’indemnité de départ de 1 303 144 euros accompagnée d’une voiture de fonction perçue par Monsieur Patrick Werner ancien Président du Directoire de La Banque Postale.

Au moment où l’entreprise La Poste connaît une situation difficile, ces situations individuelles ne s’inscrivaient pas dans le sens des règles de décence annoncées par le président François Hollande

Il est vrai d’autre part, que l’insatisfaction salariale est grande parmi les salariés du Groupe et ce, quelles que soient les catégories et qu’il ne peut y avoir de solution d’avenir par le maintien ou l’augmentation de la pauvreté et de la précarité pour l’ensemble des postiers.

Pour éviter la récession qui se profile, il faut en effet envisager une augmentation générale des salaires.

Le SMIC est aujourd’hui à peine au dessus du seuil de pauvreté et il est impossible pour les postiers de continuer à vivre dignement avec 1 000 euros par mois.

Au-delà de la rémunération des dirigeants, une réelle augmentation des salaires des postiers serait une mesure non seulement humaine, mais aussi économique qui permettrait une relance de la consommation.

Les administrateurs salariés CGT s’abstiendront sur la proposition de rémunération de 450 000 euros du Président de La Poste qui correspond aujourd’hui au plafond qui a été fixé sur la base de vingt fois la moyenne des 10% des salaires les plus bas, calculée sur un échantillon d’une quinzaine d’entreprises publiques.

Ce vote s’explique parce qu’il y a d’une part une rupture avec les rémunérations indécentes qui existaient jusqu’alors, mais aussi parce qu’il nous faut aller encore plus loin dans la réduction de l’échelle des salaires avec une augmentation rapide et conséquente du pouvoir d’achat des postiers dans le cadre d’une autre répartition des richesses.

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