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Russie - Le procès des « Pussy Riot » s’ouvre lundi.

par lapresse.ca

Publie le dimanche 29 juillet 2012 par lapresse.ca - Open-Publishing

Libertés en péril en Russie

De Frédérick Lavoie

(Moscou) La récréation est terminée. Après les grandes manifestations de l’opposition qui ont ébranlé son régime de décembre à mai, le président Vladimir Poutine cherche à remettre au pas la société russe. Si les réformes annoncées par son prédécesseur Dmitri Medvedev au plus fort de la contestation ont bel et bien vu le jour, leurs effets ont rapidement été neutralisés par d’autres mesures liberticides. Notre collaborateur à Moscou fait le point.

La « prière punk » avait tout d’une provocation. Le 21 février dernier, cinq jeunes filles entrent dans la cathédrale du Christ-Sauveur, à Moscou, enfilent une cagoule et montent sur l’autel. Durant une trentaine de secondes, elles font une série de génuflexions et de simagrées en chantant « Sainte Vierge, chasse Poutine ! », sous la lentille de la caméra d’un complice.

Dans les jours qui suivent, trois d’entre elles sont arrêtées. Les deux autres fuient le pays. Détenues depuis maintenant cinq mois, Maria Aliokhina, Nadejda Tolokonnikova et Ekaterina Samoutsevitch font face à des accusations criminelles de « hooliganisme » et risquent jusqu’à sept ans de prison.

Le premier passage à la présidence de Vladimir Poutine (2000-2008) a été marqué par la condamnation à haute saveur politique de l’oligarque Mikhaïl Khodorkovski. Pour avoir osé financer l’opposition à Poutine, il a perdu son empire pétrolier et croupit derrière les barreaux depuis 2003.

Cette fois-ci, ce sont les trois punkettes du groupe féministe Pussy Riot qui pourraient devenir le symbole d’une liberté d’expression aux contours arbitraires dans la Russie poutinienne.

Selon l’acte d’accusation, elles auraient « insulté » et « infligé des blessures morales profondes à des chrétiens orthodoxes ». L’un des 10 plaignants, un gardien de sécurité, a fait savoir qu’il avait de la difficulté à dormir depuis leur concert-éclair.

Les membres de Pussy Riot n’avaient jamais imaginé une réaction aussi dure des autorités, assure Piotr Verzilov, mari de Tolokonnikova. « Ç’a été un choc de voir que le pouvoir pouvait aller jusque-là. » Par le passé, le couple avait organisé plusieurs autres gestes d’éclat et s’en était toujours sorti sans trop de soucis. Ce qui fait dire à l’artiste de performance qu’« une seule personne peut réellement décider du déroulement de cette affaire : Vladimir Vladimirovitch Poutine ».

Si le président n’est peut-être pas l’instigateur du procès, il n’a du moins jamais donné le signal pour que les accusations soient abandonnées, raisonne M. Verzilov qui, comme les autres opposants anti-Poutine, ne croit pas à l’indépendance du système judiciaire de son pays.

Plusieurs personnalités du monde de la culture, mais aussi des proches de Vladimir Poutine, ont appelé à la libération des membres de Pussy Riot. Le 20 juillet, la Cour a plutôt annoncé que les jeunes femmes resteraient en détention préventive jusqu’en janvier 2013. Leur procès commencera lundi.

Malgré l’utilisation d’un vocabulaire religieux dans les accusations officielles et les déclarations de l’avocat des plaignants - qui assure que les membres de Pussy Riot ont agi sous les ordres de nul autre que Satan -, Piotr Verzilov ne veut pas croire à une « inquisition ».

Certains opposants craignent tout de même que la puissante Église orthodoxe, qui a l’oreille du président, cherche à remettre en cause la laïcité de l’État et du système judiciaire, faisant de ce procès un cas d’espèce.

http://www.lapresse.ca/international/europe/201207/28/01-4560275-libertes-en-peril-en-russie.php

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