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« Maintenant prenez le pouvoir », l’avenir du Front de gauche selon Pierre Laurent

par Libération via A.C

Publie le jeudi 6 septembre 2012 par Libération via A.C - Open-Publishing
6 commentaires

Bunkeriser ? Veut me faire passer pour un Adolf, le Laurent ?

Info Libé

Le secrétaire national du PCF analyse la séquence électorale passée et les combats à venir dans un livre dont nous publions des extraits en exclusivité.
Par Libération.fr

Ce livre, il ne voulait pas l’écrire. Trop tôt, trop à chaud. Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, s’est pourtant laissé convaincre par son éditeur de réfléchir à haute voix dans l’immédiate foulée des élections législatives. Il en a tiré Maintenant prenez le pouvoir – éditions de l’Atelier, sortie le 20 septembre – sous-titré « Front de gauche, quel avenir ? ». La question se pose au terme d’une séquence électorale qui a vu le candidat de la formation, Jean-Luc Mélenchon, finir quatrième homme de la présidentielle (11,1%). Le PCF, dirigé par Laurent depuis 2010, est la principale composante du Front de gauche. Mais avec son verbe haut et fort et ses coups de canon médiatiques, Mélenchon monopolise sa parole. Comment s’en sortir ? Comment faire vivre un rassemblement héritier de la campagne du « non » au traité constitutionnel européen de 2005 ? Quel bilan tirer d’une expérience présidentielle convaincante – le PCF était tombé sous la barre des 10% à cette élection depuis 1988 – mais d’un échec aux législatives avec la perte de plusieurs députés ? Extraits (1).

L. A. et J. B.-P.

Sans le Front de gauche, pas de victoire de Hollande

« Pour battre la droite, la dynamique de campagne du Front de gauche aura été décisive et l’apport de 4 millions de voix réunies par Jean-Luc Mélenchon au premier tour indispensable à l’élection de François Hollande au second. Même avec un résultat aux élections législatives plus décevant que celui de la présidentielle, le Front de gauche s’est imposé dans ces élections comme la force d’alternative à gauche. Aujourd’hui, la fièvre électorale est retombée. Que reste-t-il donc de cet élan  ? Etait-ce un feu de paille d’autant plus rougeoyant qu’éphémère ? Un de ces coups de sang dont, disent les historiens, le peuple français est coutumier ? Un retour de flamme « populiste » comme aiment à nous qualifier des commentateurs pour mieux souligner qu’à leurs yeux le Front de gauche est sans avenir et sans projet crédibles ? Ou au contraire, cette campagne électorale est-elle l’expression d’un désir de s’emparer de la politique de manière nouvelle ? [...] La campagne électorale du Front de gauche a réveillé une envie d’intervention. Elle a donné la possibilité à des centaines de milliers de personnes d’investir leurs compétences, leurs engagements, leur volonté de retrouver prise sur leur travail, sur leur vie dans un nouvel espace politique. [...] Le Front de gauche a été fondé à l’initiative de militants socialistes et communistes qui entendent bien disputer la question du pouvoir, au gouvernement comme dans toutes les institutions démocratiques, à ceux qui, à gauche, se satisfont du jeu de l’alternance entre l’ultralibéralisme et le social-libéralisme. [...] Nous proposons à la gauche un chemin nouveau. Ne pas l’emprunter dans ce contexte de crise, c’est prendre un risque majeur. A l’inverse, nous sommes persuadés que la dynamique que nous avons enclenchée est celle qui a le plus d’avenir à gauche. »

La faute au « vote utile » et au mode de scrutin

« Un mot sur les résultats du Front de gauche pour que ne subsiste aucun non-dit, notamment sur le sentiment amer laissé par la perte de députés aux législatives. [...] Nous avons tous rencontré les hésitants de la dernière heure, séduits par le Front de gauche mais incapables de déposer le bulletin de notre candidat dans l’urne à cause du syndrome de 2002. J’ai moi-même rencontré un couple qui avait décidé de se répartir les votes, l’un votant Jean-Luc Mélenchon, l’autre François Hollande... C’est dire si la peur de voir revenir Sarkozy au pouvoir était forte. Dans ces conditions, les 11% rassemblés relèvent de la prouesse. [...] Avec 7% des voix aux élections législatives, les résultats ont été tout à la fois tirés vers le haut par la dynamique présidentielle dans la quasi-totalité des circonscriptions et amoindris par cette même présidentialisation des comportements électoraux. La déception est provenue du fait que même en progrès, les résultats ne nous permettent aucun gain, pas même la réélection de tous nos sortants. Avec 11% à la présidentielle et 7% aux législatives, le Front de gauche obtient 1,7% des sièges à l’Assemblée nationale. L’injustice criante du mode de scrutin et le laminoir présidentialiste sont passés par là. Nous avions anticipé ce danger en tentant de combiner les deux batailles afin de valoriser l’élection de députés du Front de gauche comme une des garanties du changement. Nous n’avons pas réussi. »

L’appel à une « nouvelle république »

« C’est une nouvelle république qu’il faut progressivement faire émerger, une république qui réinvente l’exercice plein et entier de la démocratie par les citoyens. [...] Le quinquennat qui s’ouvre doit marquer des ruptures avec la présidentialisation. La voix des citoyens et de la société ne peut pas être entendue seulement le temps d’une élection primaire et d’un scrutin à deux tours. Des évolutions profondes s’imposent si nous voulons réussir le changement et enrayer la progression de l’abstention ; ils concernent à la fois la constitution d’une VIe République et, pour le Front de gauche, le développement d’une démarche d’éducation et d’élaboration populaires rénovée et ambitieuse. »

Des « Etats généraux » européens

« Nous avançons trois autres propositions qui valent d’être connues plus largement.

La première consisterait à demander à la France de convoquer des Etats généraux de la refondation européenne. Ces Etats généraux ne fonctionneraient pas en vase clos. Ils feraient appel à toutes les forces politiques, mouvements sociaux, citoyens disponibles, toutes les énergies intellectuelles, les economistes atterrés, et beaucoup d’autres. Ils engageraient des débats publics, des élaborations de propositions pour un nouveau traité, des mobilisations multiformes pour inverser le cours des politiques en Europe »

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Pas besoin d’un nouveau parti

« L’interprétation habituelle des médias est assez simple : le PCF a créé le Front de gauche pour masquer son déclin historique. Le choix de la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle ne serait que les prémices de son effacement définitif. Depuis 2008, je récuse avec constance cette thèse. Pour ma part, je fais l’hypothèse exactement inverse. Si les communistes ont été capables de proposer la constitution d’un Front de gauche il y a quatre ans, c’est qu’ils ont repris confiance en eux et fait au même moment un nouveau pari sur leur avenir. »

Le Front de gauche ne doit pas se « bunkeriser »

« Nous ne spéculons pas sur l’échec, nous visons le changement. Et le plus tôt sera le mieux car le pays souffre. [...] Ainsi que nous l’avions analysé, la méthode gouvernementale a vite trouvé ses limites et surtout, face à elle, les forces de la réaction et de l’argent. [...] Nous pensons qu’il y a mieux et autre chose à faire. [...] Comment faire avancer des solutions de sorties de crise tout de suite, sans attendre, dans la situation politique concrète qu’ont dessinée les résultats des élections présidentielle et législatives ? Il y a deux manières de vivre cette situation. La première est de considérer que la campagne du Front de gauche a été une première étape formidable, mais qu’elle n’a pas permis la victoire, finalement remportée par le Parti socialiste. Il faut donc se préparer à des luttes difficiles et préparer la victoire pour plus tard, en veillant surtout à ne pas se compromettre avec le nouveau pouvoir.

La seconde est de considérer que les points marqués dans les campagnes de 2012 peuvent fructifier sans attendre, et que cet objectif doit entièrement nous mobiliser. Je choisis cette deuxième option, non pas que la préparation de futures victoires ne m’importe pas, mais parce que la seule manière de les préparer est de continuer à marquer des points avec notre peuple, dans son intérêt. [...] Je crois cette démarche plus féconde que celle qui consisterait à se bunkeriser pour mener une guerre de tranchées. Je la crois surtout plus profitable à l’intérêt populaire qui est au fond le seul qui doit nous importer. »

(1) Les intertitres et les coupes sont de « Libération »


photo ...pas trop ancienne...
 :)

Italiques et/ou"gras" d’A.C...en premier commentaire
 :)

Messages

  • Tout est possible si nous supprimons le capitalisme au plus vite. Mais encore faut-il le dire dans toutes les réunions du PCF et du FDG. Certains pourtant ont du mal à le dire comme si le mot capitaliste était un gros mot(ce qu’il est en réalité). Chercher à rendre plus social le capitalisme c’est une erreur majeure et sans avenir.Alors le débat est ouvert avec le titre du livre de Pierre Laurent "maintenant prenez le pouvoir",alors débattons sur ce sujet de prise du pouvoir par les salariés et les citoyens . N’oublions pas que 50% des votants votent à droite et à l’extrème-droite, que plus de 50% s’abstiennent, soit plus de 30 millions de citoyens sur 44 millions d’inscrits sur les listes électorales. La prise de pouvoir du peuple ne peut se faire sans convaincre une bonne partie des abstentionnistes et aussi détacher de l’influence de la droite UMP et du FN de nombreux citoyens réticents vis à vis de la gauche et encore plus du PCF et FDG. La crise du capitalisme qui s’aggrave chaque jour peut nous y aider.La bourgeoisie et ses valets se battront jusqu’au bout pour préserver leurs privilèges et ce combat sera terrible,il ne faut pas se le cacher. La victoire électorale ne suffira pas malgré les habitudes prises même si elle peut aider à la mobilisation du peuple.Mais nous voyons bien que dans chaque pays les divisions sont profondes (l’exemple des pays arabes en effervescence le démontre chaque jour). La gouvernance de tous les pays,sauf dans certains endroits de l’amérique latine, est dictatoriale ou autoritaire et ce phénomène normal de la gouvernance est la solution efficace de la haute bourgeoisie mondiale pour défendre ses intérêts cupides et nécessaires pour maintenir la société capîtaliste au sein de l’humanité .

    Le débat sur la stratégie de combat pour en finir avec le capitalisme est posé devant le peuple social-démocratisé par l’UMP-PS. Les luttes actuelles ne peuvent que s’orienter vers ce choix avec l’aide théorique et pratique de tous les révolutionnaires en actions quotidiennes pour saper l’idéologie et le pouvoir de la bourgeoisie et de ses alliés corrompus .

    Bernard SARTON,section d’Aubagne

    • La crise du capitalisme qui s’aggrave chaque jour peut nous y aider

      OUI..
      mais encore faudrait il que mes gosses le comprennent , bordel !

      Encore un peu plus de misère, de chômage, , de précarité,+.... un livre de Laurent et ça va nous aider !

      Mais ces cons de gamins sont en colère, pressés -de toutes parts- , pressés donc ...d’en finir !

      Et furax de voir un Laurent nous proposer des Etats Généraux d’Europe...

      Il sont même parfois plus durs que moi, eux qui savent que la Capitalisme entrainera la famine, de voir des"encartés" se nourrir de couleuvres qu’ils avalent de Congrès en Congrès..

      Bref, Bernard mes enfants sont communistes sans le savoir !

      Toi, tu es adhérent d’un PARTI dont tu sais très bien qu’il n’a de"communiste " que le nom....

      Cordialement

      A.C

    • "Le front de gauche ne doit pas se "bunkariser" . Est-ce une prise de distance avec les tirs au kalachnikof de Melenchon contre le gouvernement Hollande Ayrault et sa stratégie du recours ? Et le choix de maintenir le front de gauche dans sa structure actuelle : une coalition de partis dominée par le PCF ?

      Pierre Laurent revendique aussi pour le PCF la paternité du Front de gauche,cela ne doit pas faire plaisir à Melenchon. Et il reconnaît que dans le cadre du système électoral actuel, Le front de gauche en se bunkarisant à perdu la moitié de ses députés aux dernières législatives.

    • JLM a durci le ton contre Hollande, car il se faisait fesser les joues, lui et le FdG de ne pas s’opposer plus au gouvernement réactionnaire qui, dés la fin de Juin a préparé la destruction de plus de 340 000 emplois dans la santé et d’autres secteurs de l’état ou qui dépendent des financements de l’état.

      Le FdG est en pleine contradiction entre le fait qu’il n’arrive pas à s’opposer concretement à un gouvernement réactionnaire qui attaque plus fortement la classe populaire que celui de Sarko (mais avec un autre style) et son désir d’exister politiquement en période sans élections.

      Le choix de s’opposer au nouveau traité européen et d’en faire des tonnes sur ce terrain est la réponse qui permet au FdG de ne pas s’atteler au verrou de la résistance au gouvernement réactionnaire et aux offensives patronales concrètes et directes, tout en pouvant répondre en partie aux désirs d’en découdre qui s’expriment dans sa base et dans la société.

      Néanmoins, c’est toujours ça de pris, et s’opposer, mener campagne contre le nouveau traité, est très important dans les rapports de classe actuelle, important également pour faire propagande pour des solutions révolutionnaires à la crise capitaliste mais ne résout rien des problèmes de la résistance réelle sociale et des défis qu’elle rencontre, de son articulation avec la remise en cause du capitalisme.

      Une bataille du type de celle de 2005 est utile (avec ou sans référendum) mais elle doit s’articuler avec le dépassement de ce qui fit la bataille de 2005, et le fait que la situation de la crise du capitalisme et son agressivité pour la résoudre, rendent explosives les questions et les solutions.

      Pour dépasser utilement 2005 , il s’agit bien de mettre au centre les batailles sociales de résistance contre les offensives de Peugeot, Sanofi, la poste, le gouvernement Hollande, etc, contre les travailleurs et la classe populaire, agressions qui sont loin de se limiter à la question de l’emploi et de l’Union Européenne.

      Ce n’est que quand le fer sera porté contre la bourgeoisie ici, et pas son abstraction, qui applique, avec ou sans UE, sa politique de restauration violente des taux de profit, quand la classe populaire sera organisée par quartier et par entreprise sur des revendications précises et complètes au travers de processus que la classe populaire contrôle elle-même, que le combat social pourra se déployer efficacement.

      Sans le surgissement à grande échelle d’un mouvement populaire auto-organisé et centralisé, qui se saisit de ressources et occupe les lieux de production, d’échange, de commerce, de transport, les quartiers, réorganise dans son combat, le gouvernement réac, les patrons, leur appareil d’état, ne trembleront pas et ne reculeront pas.

      La feuille de route est claire : le centre est le mouvement populaire sur l’ensemble de ses revendications non digerables par le capitalisme de crise.

      Les batailles contre les agressions de la classe bourgeoise et son gouvernement, qu’elles émanent d’une démarche dans le cadre de l’UE ou pas, doivent être centrées et partir des batailles sociales réelles.

      Sans ce lien, il s’agit là d’une bataille hors sol.

      La bataille contre le nouveau traité est évidemment et par ailleurs, une bataille contre ce traité et non une bataille pour un référendum sur ce traité.

      Mais tout ça ne se fait pas sans travailler au lien avec le mouvement social et ses batailles contre l’augmentation des taux de profit, qui est une bataille bien plus vaste que celle du seul nouveau traité.

      L’offensive de "réduction" des couts des grands constructeurs automobiles est une offensive planétaire, et les questions là se posent avec ou sans l’UE.

      Le déploiement des résistances ne peut être sur le seul terrain du nouveau traité de l’UE.

      De la part des forces à gauche du PS et des directions syndicales, il y a un grand paradoxe entre le silence assourdissant sur la destruction programmée de 360 000 emplois par le gouvernement et la hourra bataille contre le nouveau traité de l’UE.

      Le désir d’en faire une bataille désincarnée même si relativement populaire est une mauvaise solution.

      Gagner contre les plans de la bourgeoisie et du gouvernement, comme cela se voit en Grèce et ailleurs, ne se centre pas au travers de réponses institutionnelles (même si elles peuvent servie de détonateur).

    • Lier la mobilisation contre la ratification du pacte budgétaire européen avec celles contre le budgets d’austérité dans les services publics, contre les plans sociaux et les délocalisation, c’était au centre des débats du NPA à sonl’Universite d’Ete de Leucate.
      L’idee d’une manifestation nationale unitaire à Paris contee cette ratification le WE du 9 au 30 septembre à été retenue le 4 septembre par le collectif national contre la dette.
      Son but n’est donc pas un référendum, contrairement. Aux espoirs du PG.

  • Puisque LIBE nous l’affirme :

    Pierre Laurent parle moins fort que Jean-Luc Mélenchon. A tort

    . Que ce soit sur l’appel à une « nouvelle république », le besoin d’une « refondation européenne » par des « états généraux » ou les transformations nécessaires des partis politique sur fond de montée de l’abstention et de l’extrême droite, le chef du Parti communiste français pose une réflexion de rentrée intelligente dans un deuxième essai : Maintenant, prenez le pouvoir. Le secrétaire national du PCF avance des idées solides, tentant de sortir les communistes de cette image vieillotte qu’ils traînent encore. Une image dont ils tentent de se débarrasser à chaque Fête de l’Humanité, leur grand rassemblement qui se déroule jusqu’à dimanche à La Courneuve (Seine-Saint-Denis)

     :))

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