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Discours de Pierre Laurent - Meeting de Die Linke

par PCF

Publie le lundi 10 septembre 2012 par PCF - Open-Publishing
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Discours de Pierre Laurent - Meeting de Die Linke « Contre le pouvoir des banques »

Chers Amis, Chers Camarades,

Il n’est pas trop tard pour vous souhaiter à toutes et tous une très bonne année 2012, qui, je l’espère sera l’année où les peuples récolteront les fruits des saines révoltes et des mouvements qu’ils ont construits tout au long de l’année 2011.

Avec toutes les contradictions humaines et face à des pouvoirs puissants, avec des avancées formidables et des conséquences parfois inquiétantes, l’année 2011 a été l’année du retour des peuples sur la scène politique.

Oui, ce sont les peuples qui font l’Histoire, et cette année ils ont pris conscience de leur puissance. Il y a un an, alors que personne ne s’y attendait, les tunisiens se soulevaient et faisaient tomber le régime de Ben Ali. En Europe, les indignés se révoltaient contre des conditions de vie scandaleuses et exigeaient la démocratie réelle. Mesurons l’impact de ces mouvements, quel espoir !

Pour 2012, faisons le vœu que de nouvelles étapes soient franchies dans cette marche pour l’émancipation humaine, pour la paix, pour la démocratie, les droits et les libertés de tous. Et comme il n’y a pas de miracle, nous, les forces de la gauche en Europe et dans le monde, devront travailler dur pour y contribuer. J’en suis sur, notre amitié et nos combats communs nous aideront beaucoup.

Les dangers sont réels dans cette crise inédite et gravissime. En particulier en Europe avec la réforme des traités que préparent Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, qu’ils veulent imposer dès le 1er mars sans aucune consultation des peuples !

Nous le voyons bien, les puissances de l’argent sont déchaînées depuis 3 ans pour faire payer leur crise aux peuples européens. Pour quel résultat ? Toujours plus de crise. Aujourd’hui, le couple « Merkozy » veut aller plus loin et plus vite, en plantant un couteau dans le dos des souverainetés populaires. C’est une honte !

Ils voudraient contrôler directement les choix politiques des Etats par des sanctions automatiques et un droit d’intrusion de l’Union européenne dans les budgets nationaux. Ils voudraient une centralisation autoritaire des décisions économiques et budgétaires. En vérité, ils sont en train d’asservir encore davantage la construction européenne aux marchés financiers, sans débat et sans vote.

Et bien nous, nous rejetons cet autoritarisme et nous voulons des référendums partout où les lois fondamentales le permettent.

L’avenir de l’Europe selon eux, c’est la domination des pays les plus puissants sur les autres.

L’avenir pour eux c’est le pouvoir pour les banquiers.

Ce n’est pas l’Europe que nous voulons !

Nous n’en voulons pas car nous défendons la démocratie et les choix librement consentis.

Nous n’en voulons pas car ce traité n’a qu’un seul objectif : imposer l’austérité pour de longues années à tous les peuples européens.

Nous n’en voulons pas parce que l’austérité, c’est la récession économique, la régression des droits sociaux pour les travailleurs, le chômage de masse et la précarité pour l’ensemble des citoyens européens, et surtout pour les femmes et les jeunes.

Et en plus, cela alourdit la dette contrairement à ce qu’ils prétendent. Sarkozy a imposé 2 plans d’austérité en France depuis le mois d’août et que ce passe-t-il ? La France a perdu vendredi son triple A. Cela ne sert à rien de rassurer les marchés. Ils ne sont jamais rassasiés. Ce qu’il faut, c’est leur couper l’appétit, servir enfin les peuples et non plus la finance.

Le seul moyen de sortir de la crise : c’est l’emploi, c’est la défense et le développement des services publics, c’est une protection sociale de haut niveau, des salaires dignes, le droit pour les salariés de maîtriser l’organisation de leur travail et les choix stratégiques de leurs entreprises.

A entendre les indignés, les syndicats et toutes les aspirations qui émanent des résistances populaires, je suis convaincu que ces propositions sont partagées bien au delà de nos seules organisations.

Vous avez raison d’avoir intitulé ce meeting « contre le pouvoir des banques ».

Reprendre le pouvoir sur les banques, changer les statuts et les missions de la banque centrale européenne, ce sont les premières actions à faire pour d’une part, solutionner le problème des dettes souveraines, et d’autre part, permettre une sortie de crise.

Dans les mois qui viennent, le Parti de la gauche européenne lancera une initiative inédite. Avec toutes les forces qui sont prêtes à se battre, il déposera une proposition d’initiative citoyenne européenne pour la création d’un fonds de développement social, solidaire et écologique, une sorte de banque publique dont le seul objectif serait de financer des services publics et des projets créateurs d’emplois et des projets industriels permettant à la fois de relancer les économies et d’assurer la nécessaire transition écologique.

C’est une lourde tâche. Il faudra rassembler en un an 1 million de signatures de citoyens.

Mais cette tâche est nécessaire, pour montrer que d’autres possibles existent et pour lancer un grand débat citoyen sur la manière dont doit être utilisé l’argent.

Car ce n’est pas à la finance de faire la loi. Non, ce ne sont pas les anciens banquiers, les anciens de Lehmann brothers, de Goldman Sachs, qui doivent gouverner !

Où est la démocratie quand des gouvernements sont mis en place sans élection ? Où est la souveraineté populaire quand les pays les plus en difficulté sont mis sous tutelle de la commission européenne, de la banque centrale européenne et du FMI ?

Vous connaissez peut-être la devise de l’Union européenne : “Unis dans la diversité”. Trouvez-vous qu’elle a un sens dans l’Europe à la sauce Merkozy ?

Non, elle n’en a pas.

Il n’ont qu’un seul modèle et leur seul projet est de diviser les peuples.

Merkel a souvent qualifié les grecs de fainéants. Et bien aujourd’hui, c’est au tour des Français. Depuis une semaine, une campagne médiatique a été lancée chez nous pour expliquer que si notre pays est en crise, c’est parce que les français travaillent moins que les allemands...

Ne nous laissons pas piéger par cette tentative de division. La vérité c’est que nous courrons les mêmes dangers, et que ce sont les mêmes que tous les autres peuples européens !

Alors, que Sarkozy et Merkel ne nous donnent pas de leçon. Ce sont eux le danger ! Eux qui favorisent, avec leurs campagnes racistes, la montée des droites populistes et extrêmes.

Nous savons où cela peut conduire, y compris à la guerre. Car n’oublions pas qu’en 2011, les guerres impérialistes se sont développées.

Il n’y a pas d’issue possible dans ces logiques guerrières ! La seule issue possible, c’est la solidarité des peuples !

A ce propos, puisque nous commémorons aujourd’hui l’assassinat de Rosa Luxemburg, je voudrais vous raconter une anecdote. En 1914, Kautsky expliqua dans son journal que l’organisation internationale n’avait de sens et d’efficacité qu’en temps de paix.

Autrement dit, en temps de guerre, chacune des sections de l’internationale devait trouver seule ses solutions...

Rosa Luxemburg lui rétorqua, d’un ton fabuleusement sarcastique, qu’en somme, il proposait d’ajouter une phrase dans la célèbre formule du Manifeste « Prolétaires de tous les pays unissez-vous...en temps de paix...et tranchez-vous la gorge en temps de guerre ! »

Rosa avait raison. La solution est dans la solidarité et dans l’union des forces qui résistent !

La solution n’est ni dans l’ « union nationale » derrière leurs intérêts, ni dans la concurrence exacerbée des pays européens. Ceux qui prônent cela disent aux peuples : « la crise, c’est la guerre, alors obeïssez aux marchés et tranchez-vous la gorge ! ».

Alors je veux ici dire l’amitié du PGE, du PCF et du Front de gauche avec Die Linke et l’ensemble des forces critiques allemandes.

Quand Merkel et Sarkozy organisent la division des peuples, les parlementaires du Front de gauche et de Die-Linke déposent dans leurs parlements respectifs une résolution rédigée ensemble pour la création du fonds européen de développement social, solidaire et écologique dont je vous parlais.

La semaine prochaine, quand Nicolas Sarkozy annoncera ses nouvelles attaques contre les syndicats et le monde du travail, Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche à l’élection présidentielle, et Oskar Lafontaine tiendront ensemble un meeting à Metz. La France et l’Allemagne, ce n’est pas Merkozy, c’est nous !

Et puis nous voulons aller plus loin. Nous voulons faire dialoguer toutes ces forces qui résistent dans tous les pays européens. Hier, le bureau exécutif du Parti de la gauche européenne a décidé d’organiser, avec l’ensemble des forces qui rejettent l’austérité et veulent la démocratie et le développement social en Europe, un sommet alternatif européen pour sortir de la crise. Nous voulons réunir des syndicalistes, des forces politiques, des associations pour les droits et libertés civiques, des chercheurs et des intellectuels pour donner à voir que d’autres choix sont possibles en Europe.

Dans les mois et les années à venir, nous allons travailler à dégager Sarkozy, dégager Merkel, dégager Monti, dégager Papadimos, dégager tous ceux qui servent les marchés au lieu de servir les femmes et les hommes de nos pays. Les dégager et porter une réelle alternative à gauche.

Chers amis, chers camarades, pour 2012, je vous souhaite, je nous souhaite de belles victoires !

http://www.pcf.fr/17349

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