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RedHack, un groupe qui embête les autorités turques

par Maxime Azadi

Publie le mercredi 19 septembre 2012 par Maxime Azadi - Open-Publishing

La résistance contre le régime répressif turc s’organise dans tous les domaines. Un groupe de hackers fait beaucoup parler de lui ces derniers temps.

Il s’agit de l’Union des Pirates Rouges (RedHack) qui lance des attaques « politiques » contre les sites officiels, s’infiltre dans les systèmes informatiques de la police, de l’armée et du ministère des affaires étrangères, publie des documents secrets pour protester contre la politique liberticide du gouvernement AKP.

Le groupe d’activistes a récemment paralysé plusieurs sites internet de sécurité et ceux des ministères de l’Intérieur et de l’Éducation Nationale, ainsi que le site officiel de la compagnie aérienne turque (THY) pour soutenir les grévistes.

Fondé en 1997, le groupe fait beaucoup d’échos malgré la censure imposée par les autorités, mais on ignore qui sont-ils, où sont-ils et combien sont-ils ? Les autorités auraient même déposé un avis de recherches auprès de l’Interpol contre ces activistes.

« Dire que nous habitons à l’étranger, ce n’est que de la désinformation et des spéculations » affirme au journal turc « Radikal » un membre du groupe qui se présente sous le nom de « Manyak » (fou).

« Nous sommes dans notre pays, et nous sommes plus nombreux qu’on le croit. Installé à des postes clés de la Turquie, nous avons beaucoup d’anciens membres, devenus amis. Aujourd’hui, Redhack devient une organisation à partir du groupe qu’il était » ajoute-il.

« Dans quelque temps, il sera possible de créer sa cellule ‘indépendante’ à partir du manifeste du Redhack que nous allons écrire. À partir des principes de Redhack, il sera donc possible de faire des actions indépendantes. Le nombre actuel de membres du noyau de groupe est passé à 12. »

Chaque membre du groupe est un expert dans sa propre branche et est cultivé, selon lui. « Ils se battent de manière ininterrompue avec nous, parce qu’ils aiment ce pays »

Les autorités turques ont déposé un avis de recherche auprès de l’Interpol contre les membres du groupe, affirme « Manyak », et poursuit : « Nous attendons les résultats. Supposons qu’ils nous ont trouvé, que vont-ils dire ? « Est-ce que c’est toi Manyak ? ». Quel que soit votre point de vue, l’angle dans laquelle vous regarderez, ce procès est tragicomique. Et après, que vont-ils faire ? À mon avis, le « manyak » doit être placé dans un hôpital psychiatrique. Au sujet d’une autre situation bizarre : les sites de l’Allemagne, la France, la Suisse et des Etats-Unis sont souvent victimes des attaques informatiques par des hackers nationalistes et intégristes. Ces derniers sont accueillis, défendus, encouragés par la police turque, sans aucune poursuite, et d’ailleurs, des associations ont été créées par ci par là. »

En mars 2012, 17 jeunes ont été arrêtés par la police turque sous l’accusation d’appartenance au groupe de RedHack, dans le cadre d’une enquête menée par le parquet d’Ankara. Sept d’entre eux ont été placés en détention et les dix autres ont été libérés lors de la première audience.

Mais ces jeunes font-ils vraiment parties du RedHack ? « A vrai dire, nous pensons que les personnes arrêtées ont été pris pour cible par le procureur doté de pouvoirs spéciaux pour des essais-et-erreurs. »

Les hackers opposants risquent de lourdes peines de prison en Turquie, tous comme les étudiants qui protestent contre le gouvernement et demandent l’enseignement gratuits, ou des enfants qui jettent des pierres sur des policiers. Il s’agit d’un pays où des objets comme des affiches, pancartes, livres, photos, keffieh, parapluies, citrons, œufs, confisqués lors des raids organisés au domicile d’un opposant à la suite d’écoutes téléphoniques et de poursuites techniques sont présentés comme des preuves « d’appartenance à une organisation terroriste ».

Comme la plupart des autres opposants, les activistes du RedHacks sont également accusés d’être au service du PKK, parti des travailleurs du Kurdistan, qui lutte contre Ankara depuis 30 ans pour les droits légitimes du peuple kurde.

L’activiste connu sous le pseudonyme de Manyak répond : « Nous n’avons aucun lien direct ou indirect avec une organisation. En utilisant l’hystérie de la population à l’égard du PKK, ils nous accusent d’être au service du PKK et ils disent que nous sommes des agents du PKK. Leur objectif est de couper le soutien que nous avons parce qu’ils ont plus peur de ce soutien à nos actions. En dépit de ces arrestations, des milliers personnes nous encouragent, et ce soutien ne cesse de croître.

Il souligne que les actions du groupe seront intensifiées de manière « proportionnée » face à la violence « disproportionné » contre les travailleurs. « Beaucoup d’autres Manyak ferrons surface... Cette lutte continuera jusqu’à ce ces exploitants trouvent refuge dans d’autre pays. Nous pensons que c’est au gouvernement d’avoir peur du peuple, et pas l’inverse. »

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