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Trente ans après la fin de la guerre, la dioxine provoque la mort

Publie le mercredi 16 mars 2005 par Open-Publishing
3 commentaires

de Dominique Bari

Une conférence internationale s’est tenue à Paris sur les effets des épandages de défoliants durant la guerre au Vietnam.

Dans quelques semaines, le 30 avril, le Vietnam va célébrer le trentième anniversaire de la fin de la guerre américaine (1). Le pays réunifié avait gagné la paix après avoir arraché son indépendance au colonialisme français et sa réunification à l’agresseur américain.

Trois décennies plus tard, le pays fait toujours face à un lourd héritage. Pendant dix ans, de 1961 à 1971, l’armée américaine a déversé sur le Sud-Vietnam 80 millions de litres d’herbicides toxiques, dont la dioxine contenue dans l’agent orange.

Les effets de la guerre chimique meurtrissent encore aujourd’hui hommes, femmes et enfants et les sols vietnamiens. Vendredi et samedi une rencontre internationale rassemblant scientifiques, juristes, historiens et représentants d’organisations d’aide aux victimes de l’agent orange s’est tenue à Paris, au Sénat, en présence de Mme Ngyuen Thi Binh, à l’initiative de l’Association d’amitié franco-vietnamienne (AAFV), pour mobiliser l’opinion publique mondiale et l’informer de l’ampleur de la tragédie humanitaire et environnementale (2) qui se poursuit actuellement au Vietnam.

Une mobilisation d’autant plus actuelle et une information à large échelle d’autant plus nécessaire que les premières plaintes déposées par les trente victimes vietnamiennes de l’agent orange viennent d’être jugées irrecevables par un tribunal de New York.

Plus de 2,5 millions d’hectares - soit 10 % du territoire du Sud-Vietnam - furent arrosés par différents défoliants, afin de détruire à grande échelle la couverture végétale cachant les maquis vietnamiens, et les récoltes pour affamer la population civile et les combattants. Dès 1966, l’utilisation de ces armes chimiques a été dénoncée, mais les Américains ont poursuivi l’épandage jusqu’en 1971.

La multiplication des cancers chez les vétérans vietnamiens exposés à la dioxine dans les régions arrosées, ainsi que des naissances d’enfants malformés, ont conduit les autorités vietnamiennes dès la fin des années soixante-dix à mener des études épidémiologiques pour évaluer les liens entre les cancers et effets sur la reproduction et l’exposition à l’agent orange. Aussi non seulement une deuxième puis une troisième génération d’enfants naissent au Vietnam de parents ou grands-parents ayant été exposés directement à la dioxine, mais sa persistance dans les sols, notamment dans les zones où étaient établies les bases militaires américaines, reste source de grand danger.

Pour les scientifiques vietnamiens, les liens de cause à effet entre ce produit et le développement de pathologies chez l’adulte ou de malformations congénitales sont de plus en plus évidents, même s’il faut encore poursuivre et développer les recherches en vue de déterminer avec exactitude toutes les conséquences sanitaires, génétiques et environnementales.

Parce que ces liens de causalité ne sont pas encore scientifiquement et précisément établis, les États-Unis rejettent toute responsabilité. Pourtant, notent les juristes, les épandages d’agent orange avec l’intention de nuire massivement aux populations civiles furent de graves crimes de guerre restés jusqu’ici impunis du fait de la faiblesse du droit international.

À l’issue des deux jours de réflexion et d’échanges, la conférence a adopté un appel « à la mobilisation de la communauté mondiale pour une action de longue durée en faveur des victimes et de leurs familles ». Elle demande à la communauté scientifique internationale « de poursuivre et de développer ses recherches [...] et de trouver les moyens de lutter effica-cement contre les conséquences des agents chimi- ques ».

Elle « invite les organisations internationales à contribuer à l’action politique, juridique, humanitaire nécessaires pour aider les Vietnamiens touchés dans leur vie, leur santé, leur ter-ritoire ». Elle « exhorte le monde entier à s’opposer à toute utilisation des armes chimiques et à oeuvrer pour rendre universelle la réglementation conduisant à leur interdiction et à leur élimination ».

D. B.

(1) L’Humanité publiera

le 30 avril un numéro spécial pour cet anniversaire.

(2) Un ouvrage collectif conçu par l’AAFV, l’Agent orange au Vietnam, crime d’hier et tragédie d’aujourd’hui, est publié aux Éditions Tirésias.15 euros.

Messages

  • je ne sais pas si quelqu’un pourrait me répondre en toute sincérité à la question suivante : la photo est-elle réelle ou est-ce un montage ?
    Merci

  • ...réelle ou est-ce un montage ?...Bien sur la dioxine provoque pas de déformation et même pas la mort, se juste un bel couleur orange...

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  • Bonjour à tous,

    Il me semble évident que tous ce qui est mis en oeuvre pour détruire l’être humaine est condamnable.

    Malheureusement quelle type de "réparations" nos sociétés sont-elles capables d’apporter aux victimes de ces actes criminels appartenant au passé maintenant ?

    Et pour ce qui est du passé plus proche, ou du présent, quelles sont les contraintes qui permettraient d’éviter que de tels actes, lourds de conséquences pour les générations futures, ne puissent se reproduire ?

    Je ne peux que constater combien l’Histoire ne permet pas de changer durablement les "usages" lorsque je lis des articles traitants des munitions contenant de l’uranium appauvri, munitions utilisées au Kosovo, et peut-être bien sur d’autre théâtre d’opérations militaires actuelles !

    A quand des réponses, a quand l’espoir !?

    PéKa