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LA GRANDE FOIRE DE LA DISTRIBUTION DU COURRIER

par DUPIN Bernard Administrateur CGT Groupe La Poste

Publie le mercredi 17 octobre 2012 par DUPIN Bernard Administrateur CGT Groupe La Poste - Open-Publishing

LIEN : http://dupin-bernard.over-blog.com/

L’Arcep a autorisé deux des filiales de La Poste à distribuer des lettres. La CGT craint de nouvelles suppressions d’emplois.

La Poste fait un pas de plus dans la libéralisation de son courrier. Cet été, en catimini, l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) a autorisé deux filiales de La Poste, Médiapost et Néopresse, à distribuer des lettres.

Ces deux entreprises, qui s’occupent respectivement de la distribution de prospectus et de la presse, pourraient à terme concurrencer la maison mère.

Bernard Dupin, administrateur CGT à La Poste, est inquiet. «  Nous avions déjà 29 entreprises privées qui ont demandé l’autorisation de faire la distribution.  »

La Poste poursuit sa mutation au pas de charge. Après son changement de statut, en société anonyme à capitaux publics le 1er mars 2010, qui avait indigné postiers et usagers, le 1er janvier 2011, c’est le courrier de moins de 50 grammes qui avait été livré au marché.

Pour le moment, La Poste aurait assuré aux syndicats qu’elle ne confierait pas une partie de la distribution à ses filiales. Difficile à croire pour Bernard Dupin, compte tenu de la stratégie de rentabilité du groupe  : «  La Poste fera des économies sur la masse salariale en transférant une partie du courrier sur ses filiales. Elle en profitera pour ne pas remplacer les départs des facteurs.  » L’année passée, près de 11 000 emplois ont disparu dans le groupe.

La commission, puis le rapport Kaspar, réalisé suite aux suicides de deux cadres au printemps 2012, avait rappelé la nécessité «  de desserrer temporairement la contrainte sur les effectifs  » pour résorber le malaise social dans le groupe. Mais aucune mesure d’ampleur n’a été prise par la direction. Pour Bernard Dupin, derrière «  les beaux discours de dialogue social  », La Poste veut aussi aligner ses conditions de travail sur celles de ses filiales.

Et ce n’est pas triste. Chez Médiapost, le temps partiel est la règle pour les distributeurs de courrier.

Comme le raconte Abdel Hélala, délégué syndical CGT, «  sur les 11 000 salariés de l’entreprise, la moitié est à temps partiel. Beaucoup ont des contrats de 10 heures par semaine  ». Ce sont souvent des retraités, des étudiants, des salariés à mi-temps, qui font leur tournée avec leurs véhicules personnels. Abdel Hélala poursuit  : «  Il y a tellement de travail que certains mettent huit heures à faire leur distribution au lieu de quatre  !

Qu’est-ce qui va se passer si on vide la sacoche du facteur pour nous donner une partie de son travail  ? Les salariés ne sont pas formés pour cela, certains ne savent pas lire.  » Mais la qualité du service public postal ne semble pas préoccuper La Poste.

De son côté, la CGT «  s’étonne  » du silence du ministre de tutelle. Cet été, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, déplorait que l’Arcep fasse «  des choix politiques, en lieu et place du politique  ». Il n’a pourtant pas réagi sur cette question cruciale pour l’avenir du groupe.

Cécile Rousseau
Source Humanité 16 oct 2012

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