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Pourquoi le Pays Basque doit soutenir les opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

par Aurore askatu !

Publie le mercredi 28 novembre 2012 par Aurore askatu ! - Open-Publishing

Pierre RECARTE / Association Nivelle Bidassoa

L’implantation d’un aéroport sur le site de Notre-Dame-des-Landes est envisagée depuis plus de 40 ans. Ce projet reconnu d’utilité publique est décrié par une partie de la population mais aussi par des experts.

Les données du problème

L’aéroport actuel (Nantes Atlantique) avec plus de 3 millions de passagers donne toute satisfaction. Que Nantes ait besoin d’un aéroport international, peu de personne le conteste. Officiellement, le futur aéroport a pour objectifs de doter Nantes “d’une infrastructure moderne et attractive adaptée au maillage aéroportuaire national et international” de “répondre aux besoins et perspectives de développement de l’offre aéroportuaire interrégionale favorisant ainsi le désenclavement de la façade Ouest Européenne”. Enfin bien sûr comme pour la LGV le nouvel aéroport permettra “le rapprochement des centres de décisions nationaux et internationaux, le développement des relations entre les villes avec un renforcement du dynamisme des ensembles métropolitains notamment ceux de Nantes/Saint-Nazaire et Rennes, et un accroissement de la compétitivité globale de ces territoires.” Les partisans du nouvel aéroport avancent une argumentation connue : l’aéroport approche de la saturation, ne peut accueillir les gros porteurs … Enfin, il est dangereux et son approche nécessite le survol de la ville.

L’opposition au projet

Ce projet est un anachronisme clament les opposants. Il date d’une époque où l’on croyait à une montée exponentielle du trafic aérien. En 1973, les experts évaluaient à 6 millions le nombre de passagers pour l’an 2000 et en 2011, on est à 3 millions…

Nantes Atlantique a été classé meilleur aéroport régional européen 2011, il est international, très loin d’être saturé. Il est même reconnu comme un des plus sûrs d’Europe par les responsables de l’aviation civile.

Quant au survol de la ville, il suffirait de modifier l’orientation de la piste, ce qui bien sûr impacterait d’autres populations du périmètre urbain mais pas plus que le nouveau projet. L’étude économique initiale a été falsifiée selon les opposants. Elle concluait à un bénéfice global pour les collectivités de plusieurs centaines de millions d’euros. Or, l’étude indépendante CE Delf, spécialiste de l’analyse des impacts de l’aviation estime à 600 millions d’euros le déficit pour la collectivité. Parmi les éléments pointés par CE Delft : l’ajout à tort de certains bénéfices, la non prise en compte de certains coûts, le grand optimisme des hypothèses, le pétrole à 60 dollars le baril, la non intégration de l’application des quotas d’émissions de CO2 à l’aviation, etc. 1 200 hectares de terres agricoles et de prairies humides sont menacés par ce projet, 40 exploitations agricoles seront détruites. Tout cela pour que Nantes rejoigne le club des mégapoles.

Bref comme le disait récemment Yves Crozet* dans une interview à l’Expansion : “c’est une opération urbaine pas aéroportuaire”.

Des similitudes avec le projet de la LGV Bordeaux-Espagne

Certes le projet de la LGV est différent mais on retrouve les mêmes faux impératifs : favoriser le désenclavement, rapprocher les centres de décisions, dynamiser les territoires et leur économie, développer l’emploi… Les infrastructures existantes ne suffiraient pas, elles seraient proches de la saturation, vétustes et non aménageables. Pour arriver à ses fins, on falsifie la réalité, on surestime les prévisions de trafic, on sous estime les coûts. Les études contradictoires ne sont pas prises en compte. L’opposition des populations est ignorée et méprisée. Pour implanter ces nouvelles infrastructures on n’hésite pas à se livrer à un saccage environnemental en jurant la main sur le cœur qu’elles respectent les directives du Grenelle de l’environnement et à détruire des terres agricoles fertiles aux portes des villes.

Il se trouvera peut-être à l’avenir un maire du BAB, un président du conseil général, un président de région voire un ministre pour nous expliquer que l’aéroport de Biarritz est devenu dangereux du fait de sa situation aux portes de l’agglomération, qu’il est saturé, doit accueillir des gros porteurs, devenir une plateforme internationale… En un mot qu’il faut en construire un second vers l’intérieur du Pays basque. Il se trouvera toujours des hommes politiques, sous influence de groupes de pression, pour dire que nous tournons le dos à l’avenir en refusant leurs grands projets inutiles. Dans le cadre de la 3e Journée européenne contre les Grands Projets Inutiles Imposés (GPII) le CADE en collaboration avec Bizi ! , Attac et le comité de soutien à Notre Dame des Landes organisent une soirée-débat autour du film "le fantôme de Mirabel" le vendredi 7 décembre à 20 h 45 au cinéma l’Atalante à Bayonne. Mirabel le nom d’un aéroport près de Montréal au Canada la future plaque tournante de l’aviation en Amérique du Nord ! Sa construction a commencé en 1970, il ne sera jamais achevé… L’aéroport qui devait être un symbole de la fierté canadienne, fut un cuisant échec !

*Yves Crozet est Professeur à l’Université de Lyon Institut d’études politiques (IEP), président du Laboratoire d’économie des transports (LET)

http://www.lejpb.com/paperezkoa/201...

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