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Mali. Quand Villepin double Mélenchon ... sur sa gauche

par Antoine (Montpellier)

Publie le dimanche 13 janvier 2013 par Antoine (Montpellier) - Open-Publishing
5 commentaires

Faut-il invoquer la France devant une intervention militaire en Françafrique ?

C’est la question qui vient à l’esprit quand nous lisons les prises de position de Hollande, Villepin et Mélenchon. Le premier, dans la pleine logique de soumission du social-libéralisme au système, fonce sur les mêmes autoroutes militaristes que sonprédécesseur à l’Elyséeet reçoit l’appui de la droite ! Pour la forme, une nouvelle fois, dans un cas d’intervention militaire à l’étranger, le Parlement sera invité à déployer les effets de tribune accréditant que la démocratie ça fonctionne en France, mais après que l’armée adéclenché l’offensive !

Le second adopte, dans la lignée de sa célèbre prise de position à l’ONU du temps de la guerre d’Irak, la pose du démocrate qui n’a pas un cheveu sur la langue et énonce au fouet de quoi bousculer, mais juste ce qu’il faut, le consensus droite-gauche sur les grandes questions d’Etat, comme disent les démocrates-technocrates qui conseillent les politiques... En faisant référence à la nécessaire reconstruction de l’Etat malien, il confirme bien qu’il est un homme de droite mais il a recours à des formules telles que "Comment le virus néoconservateur a-t-il pu gagner ainsi tous les esprits ? Non, la guerre ce n’est pas la France. Il est temps d’en finir avec une décennie de guerres perdues." et une envolée sur "les aspirations des peuples".

Cette rhétorique antibelliciste ne clignote médiatiquement que parce qu’à gauche tout le monde la joue profil bas, en bémol : au Parti Communiste tout n’est qu’"inquiétude", crainte des "risques de guerre et d’enlisement", "angoisse", " périls dramatiques et limites de ces opérations militaires" et une référence à la nécessité d’un parapluie de l’ONU qui veut oublier que cette institution internationale est, avec l’OTAN, un des vecteurs des interventions impérialistes contre les peuples derrière le rideau de fumée du respect du droit international et de l’opposition à des dictateurs soutenus jusque là.

Mélenchon, quant à lui, n’hésite pas à invoquer des "intérêts de la France", certes pour dire qu’ils ne sont pas en jeu et que donc il était "discutable" (sic) d’intervenir comme il a été procédé. On retiendra pourtant que la défense des intérêts de la France, cette belle entité homogène transcendant une lutte des classes, dont, à ses moments médiatiques perdus, notre homme se dit un fervent partisan, est un des critères de son positionnement sur la scène internationale ! Ce qui expose notre promoteur intransigeant de l’alternative de gauche a être pris de court, sur sa droite, par le bien plus cinglant slogan villepinesque "Non, la guerre ce n’est pas la France" ! Cette désertion du terrain de l’internationalisme et du refus offensif qu’il induit des militarismes d’Etat défenseurs de l’ordre mondial capitaliste, favorise les brouillages politiciens d’un Villepin, donnent de la marge guerrière à Hollande, cultivent l’idéologie bourgeoise de la France grande nation porteuse d’universalité - par là appelée à apporter ses "valeurs" révolutionnaires (!) aux peuples du monde - et contribue à fractionner encore plus le monde du travail sur les questions clé du nationalisme, du chauvinisme, des droits des étrangers et des peuples. En faisant oublier, last but not least, que les intérêts fondamentaux de la France, c’est-à-dire ceux du capital français (en concurrence ou en lien avec les multinationales internationales), sont bien impliqués dans l’intervention de "notre" armée au Mali. Et que c’est une raison de poids supplémentaire de faire plus que trouver "discutable" une action de guerre comme celle qui est lancée en ce moment :

RESSOURCES MINIERES AU MALI : Un potentiel non négligeable Ouestaf News| Mercredi 19 Novembre 2008

Les Echos (Mali)- Le sous-sol malien fait partie des plus riches du continent noir. Selon la direction nationale de la géologie et des mines (DNGM), notre sous-sol regorge d’une importante variété de pierres précieuses et de matières fossiles.

Selon le projet d’assistance technique au secteur minier du Mali, la dernière carte des gîtes et indices minéraux du Mali est celle préparée par Traoré, Méloux et Bassot dans le cadre du Plan minéral en 1978. Aussi le sous-sol malien fait-il partie des plus riches du continent noir. Un jeu de dépliants publié récemment par la DNGM confirme que notre sous-sol regorge d’une importante variété de pierres précieuses et de matières fossiles.

Dans la carte géologique de notre pays, il apparaît que les cercles de Nioro et Bafoulabé (1re région) sont riches en grenats et en minéraux de métamorphisme de contact. Dans le cercle de Bougouni et le bassin de la Falémé, il y a les minéraux liés aux pegmatites. On retrouve les fossiles dans le Tilemsi à Bourem (région de Gao), les grenats et corindons dans le Gourma (Nord du Mali). L’Adrar des Iforas et ses environs sont riches en bois silicifiés et en minéraux liés aux pegmatites et aux métamorphismes. Dans la zone de Hombori-Douentza, il y a le quartz, les carbonates.

Parmi ces pierres et fossiles, les grenats ont fait l’objet d’un projet d’exploitation industrielle par la DNGM ; les fossiles du Tilemsi ont été exploités par l’Usine de phosphate de Bourem qui n’est plus fonctionnelle depuis plus d’une décennie. « L’exploitation des autres matières est encore au stade artisanal. Certains ne sont même pas exploités », témoigne Waly Diawara, directeur adjoint de la géologie et des mines. Quatre autres régions minières sont répertoriées dans la carte établie par la DNGM. Dans la région de Kayes, il y a le Guidimaka au nord, les environs de Nioro au nord-est, Kéniéba au sud et Bafoulabé au sud-est. « Les investigations dans le Guidimaka ont permis de mettre en évidence des indices d’or qui sont actuellement en cours d’études par différentes sociétés minières étrangères », souligne le document.

En plus de l’or, qui est exploité, des indices de pétrole sont localisés dans le bassin de Nara (région de Koulikoro). Ils se prolongent jusqu’à Gao, la bauxite dans la région de Kayes, les phosphates identifiés dans la vallée du Tillant. Selon le département des Mines, de l’Energie et de l’Eau « le seul qui a été suffisamment étudié, le gisement de Tamaguilelt, dispose de réserves d’environ 20 millions de tonnes. Il est exploité de façon semi-industrielle depuis 1986 et a produit en moyenne 15 000 tonnes par an. Ses activités ont été interrompues pendant la rébellion et actuellement sont arrêtées depuis 1996 ». En ce qui concerne le calcaire, on trouve des gisements à Goundam (Bad el Héré) et à Bafoulabé (Gangontéry Diamou). Ils sont exploités pour la production de carreaux et de ciment. « Les réserves sont évaluées à plus de 122 millions de tonnes reparties dans plusieurs zones. Les potentialités existent, mais les difficultés sont liées au développement des infrastructures et aux besoins du Mali dans le secteur du bâtiment et des travaux publics ».

Le marbre (plus de 11 millions de tonnes), le granit et la dolérite sont exploités par deux entreprises européennes et quelques artisans maliens. « Il y a d’autres minéraux importants tels que le kaolin, l’argile réfractaire, le gypse, le sel gemme, le manganèse, le lithium, le fer, les schistes bitumeux, le lignite, le nickel, l’étain, le zinc, le plomb et l’uranium ». Les perspectives actuelles pour le développement d’une industrie minière basée sur l’exploitation de l’or sont très prometteuses comme le témoignent les accords conclus pour l’exploitation des mines d’or de Syama-II, Loulo et Sadiola. Le secteur des mines est l’un des moteurs de la stratégie actuelle de développement du Mali.

Conformément aux orientations du programme gouvernemental, la politique minière s’articulera autour des principaux axes suivants : la poursuite et l’intensification des travaux de prospection et d’évaluation des indices (notamment l’or) et leur mise en exploitation, la mobilisation des moyens matériels et financiers et leur utilisation à travers des structures adaptées, l’élaboration d’un cadre législatif, réglementaire et institutionnel adéquat définissant, entre autres, le rôle de l’Etat, ses formes d’intervention, la place du secteur privé et ses relations avec l’Etat, le développement d’infrastructures de base adéquates (énergie et voies de transport).

(Dossier réalisé par Idrissa Sako)

Tiré de La France au Mali pour : l’ OR, le Quartz, les Carbonates, le bois silicifié, les minéraux et le Pétrole

La visite des sites de forage sur la commune de Falea est édifiante. La société française Foraco, basée à Marseille et cotée en bourse à Toronto, qui effectue les forages pour le compte de Rockgate, travaille dans un mépris total des populations et de l’environnement : absence d’information donnée aux riverains, forages faits à quelques mètres des habitations ou dans les champs des agriculteurs, pollution de puits par les boues issues du forage, rejets de carottes de forage dans le lit de la rivière... [...]

Pour l’ARACF, il ne fait nul doute que Rockgate ne sera pas la société exploitante le cas échéant : cette société créée en 2004 n’a ni expérience ni expertise dans l’extraction et la production de l’uranium, toutes ses activités concernent l’exploration, et, fait étonnant, elle enregistre, année après année, des comptes déficitaires à tel point qu’elle aurait perdu 80% de sa cotation en bourse mais parvient pourtant à être recapitalisée. Aussi, l’ARACF ne s’est pas étonnée que l’ambassadeur de France en poste en 2011 au Mali, déclare à mesdames Joly et Rivasi qu’Areva serait le futur exploitant de la mine d’uranium à Falea.

Tiré de Falea ou la colonisation minière au Mali - 9 mai 2012 (Survie France)

Voir aussi La France au Mali

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La position du NPA : Communiqué du NPA

NON à l’intervention militaire française au Mali

Qui a dit que la Françafrique c’était fini ? Hollande n’avait pas de mots assez durs lors de sa campagne pour dénoncer la politique de domination de l’Afrique par la France.

A lire aussi

Le bulletin Afrique du NPA (numéro de décembre)

Cliquer ici

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Mali. Quand Villepin double Mélenchon ... sur sa gauche

www.npa34.org

Messages

  • [international] : communiqué Contre l’intervention militaire de l’État français au Mali
    Publié le 12 janvier 2013 par philaud
    Pour info, le communiqué de pavillon noir (FA 86)

    http://fa86.noblogs.org/?p=7717

    Contre l’’intervention militaire de l’’État français au Mali
    Posted on 12/01/2013 by Pavillon Noir
    Le président Hollande a décidé hier d’une intervention militaire au Mali, sur l’invitation de cet “État ami”, contre “le terrorisme”.

    La droite et l’’extrême-droite se sont évidemment empressées d’’approuver cette option, rejetée par Mélenchon. Les États-Unis et le Royaume-Uni, grands défenseurs des guerres désintéressées, soutiennent le gouvernement français dans cette décision.

    Or, au Mali, la situation est bien plus complexe qu’’il n’’y paraît, fait souligné par de nombreux observateurs spécialistes de la région, affirmant depuis de nombreux mois qu’’il est plutôt ”urgent d’’attendre”. Les proches des otages retenus désapprouvent quant à eux cette intervention, craignant pour la vie de leurs proches captifs.

    Le “Nord” du Mali est en effet désigné, dans un amalgame délibérément confus, comme occupé par des “terroristes”. Alors que des Touaregs autonomes, notamment ceux du MNLA, laïc et divergent des islamistes d’Ansar Dine, y luttent à la fois contre les islamistes et l’’État malien, en remportant des victoires. L’’indépendance de l’’Azawad a été condamnée par de nombreux gouvernements d’’États africains, craignant eux aussi pour leur pouvoir. Et par la France.

    Au passage, rappelons que l’’État malien a aussi perpétré son lot d’exactions et de massacres dans la région. Cette intervention de l’’État malien consiste surtout pour lui à rétablir une souveraineté militaire sur les populations du Nord du Mali, dont nous n’’avons rien à attendre de bon.

    Quant à la France, les objectifs réels sont multiples. Une “bonne guerre” peut ressouder l’’opinion autour d’’un gouvernement PS qui déçoit, et favoriser le lobby de l’’armement. Bien entendu, il s’’agit aussi de maintenir des liens de “coopération”, militaire et économique. La Françafrique a la vie dure.

    C’’est aux habitant-e-s du nord-Mali qu’il revient de se libérer et se gérer eux-mêmes, et avec eux que nous sommes solidaires contre cette intervention militaire multi-étatiste. L’’islamisme (qu’’on ne peut par ailleurs réduire à une seule forme cette zone de l’’Afrique) peut le mieux être combattu… par les populations locales, qui l’’ont assez démontré ! Or l’’attitude de la France quant aux islamistes est plus qu’’ambiguë jusqu’à aujourd’hui, certains observateurs affirmant même que la France a pu creuser le lit de l’’islamisme par certains choix stratégiques dans la région. Le discours de l’’État français contre les populations touarègues est en revanche clairement répressif, depuis le début.

    Solidarité avec les populations prises entre l’’étau de la répression étatique et les exactions d’’islamistes mafieux ! à bas toutes les guerres impérialistes !

    Pavillon Noir, 12 janvier 2013