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Elle avait quatre ans....

par SVPat

Publie le vendredi 8 février 2013 par SVPat - Open-Publishing
2 commentaires

Elle avait quatre ans lorsqu’elle fut grièvement blessée dans un attentat de l’OAS visant André Malraux. Le sort de l’enfant mutilée, aveuglée, souleva alors une grande émotion. C’est après cet attentat que fut organisée la manifestation sauvagement réprimée au Métro Charonne. Aujourd’hui psychanalyste, Delphine Renard entretient la mémoire des victimes de l’organisation criminelle. Elle demande que soit officiellement reconnue par l’État la brutale répression qui coûta la vie à neuf manifestants, communistes et syndicalistes, le 8 février 1962

UNE de l’Huma

Comment mesurez-vous la responsabilité de l’État français dans le massacre de militants anti-OAS le 8 février 1962 ?

Delphine Renard. Il est scandaleux que les recours intentés par les proches des victimes se soient toujours soldés par une non-reconnaissance de la responsabilité de l’État dans ce massacre. Comment comprendre que les victimes, écrasées sous les grilles d’arbre jetées par les policiers ou tabassés à coups de « bidules » n’aient pas reçu un franc d’indemnisation, alors que d’anciens terroristes aux mains pleines de sang se soient vus, après leur amnistie, attribuer de confortables pensions ?

Un demi-siècle après les faits, pourquoi ce massacre et celui des Algériens, le 17 octobre 1961 ne sont-ils toujours pas reconnus comme des crimes d’État ?

Delphine Renard. J’avais été très émue que le premier geste du candidat François Hollande ait été, le 17 octobre 2011, d’aller jeter des roses dans la Seine en hommage aux Algériens noyés par la police française, le 17 octobre 1961. En 2012, à l’occasion du 51e anniversaire de cette manifestation, le président Hollande a reconnu au nom de la République la « sanglante répression » au cours de laquelle ont été tués « des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ». Avec le Comité Vérité et Justice pour Charonne, j’attends, en confiance, un geste au moins équivalent pour les victimes de la tragédie du 8 février 1962.

Symbole de la barbarie de l’OAS, vous ne vous êtes exprimée publiquement qu’à l’occasion des cinquante ans du massacre de Charonne, l’an dernier. Pourquoi avez-vous choisi de sortir du silence ?

Delphine Renard. Je raconte ce cheminement dans un livre qui va sortir chez Grasset le mois prochain, et qui s’intitule « Tu choisiras la vie ». De par ce qui m’est arrivé, je porte une responsabilité à l’égard de tous ceux qui, atteints par le terrorisme de l’OAS, y ont perdu la vie et ne sont plus là pour en témoigner. Je me sens tout particulièrement redevable envers les neuf personnes massacrées par la police de Papon au métro Charonne, le 8 février 1962, alors qu’ils manifestaient pour la paix en Algérie et clamaient leur indignation contre les méthodes de l’OAS, au lendemain de l’attentat contre André Malraux dans lequel, enfant de quatre ans, j’avais été grièvement blessée.

Source : L’humanité.fr

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Messages

  • Merci Madame , j’ai hâte de lire votre livre , rien a ajouter

  • C’est vrai que "l’enfant de 4 ans" on l’avait un peu oublié après Charonne (enfin je parle pour moi).
    Je pense aussi qu’il est important de lire son livre et de faire connaître son action pour "la mémoire des victimes de l’organisation criminelle". Plus que jamais nécessaire quand on voit les tentatives de réhabilitation de l’OAS par l’extrême-droite et la compréhension dont la droite fait preuve à son égard aujourd’hui.