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« Le mouvement 5 étoiles a défendu le système »

par Wu Ming

Publie le vendredi 1er mars 2013 par Wu Ming - Open-Publishing
7 commentaires

Maintenant que le Mouvement 5 Etoiles semble avoir « renversé la table », nous croyons qu’on ne peut plus renvoyer le fait de constater l’absence, le manque, que le mouvement de Grillo et de Casaleggio représente et administre. Le M5S (Movimenti Cinque Stelle) administre le manque de mouvements radicaux en Italie. Il y a un espace vide que le M5S occupe… pour le garder vide.

Malgré les apparences et les rhétoriques révolutionnaires, nous croyons que ces dernières années, le M5S a été un efficace défenseur de l’existant. Une force qui a servi de « bouchon » et a stabilisé le système. C’est une affirmation contre-intuitive, elle paraît absurde, si on ne considère que l’Italie et, surtout, si on s’arrête au premier coup d’œil. Mais comment ça ? Grillo stabilisateur ? Justement lui, qui veut « renvoyer à la maison la vieille politique » ? Justement lui qui, tout le monde le dit, s’apprête à être un facteur d’ingouvernabilité ?
Nous croyons que ces dernières années Grillo, bon gré mal gré, a garanti le maintien du système.

Ces trois dernières années, tandis que dans les autres pays euroméditerranéens et en occident en général s’étendaient et, dans certains cas, s’enracinaient, des mouvements clairement anti-austérité et anti-libéralisme, ici, chez nous (en Italie ndt), il n’en a rien été. Il y a eu des luttes importantes mais elles sont restées enfermées dans des territoires restreints ou bien n’ont pas duré longtemps. Beaucoup de feux de paille, mais pas d’étincelle qui ait mis le feu à la prairie, comme il est arrivé ailleurs. Pas d’indignados, chez nous ; pas d’#Occupy ; pas de « printemps » d’aucun genre, pas de « je lutte des classes (en français dans le texte, ndt) » contre la réforme des retraites.

Nous n’avons pas eu de place Tahir, nous n’avons pas eu de Puerta de Sol, nous n’avons pas de place Syntagma. Nous n’avons pas combattu comme il a été combattu – et dans certains cas comme on combat toujours – ailleurs. Pourquoi ?

Les motifs sont divers mais aujourd’hui, nous ne voulons en avancer qu’un. Peut-être n’est-ce pas le principal, mais nous croyons qu’il a une certaine importance.

Chez nous, une grosse partie de l’ « indignation » a été interceptée et organisée par Grillo et Casaleggio (le conseiller informatique de Grillo, ndt) – deux riches sexagénaires provenant de l’industrie du divertissement et du marketing – dans une franchise politico-entrepreneuriale avec tout ce qu’il faut de copyright et de trademark (rappelons-le : la marque M5S est propriété de Grillo, ndt), un « mouvement » rigidement contrôlé et mobilisé par un sommet qui ramasse et re-propose revendications et mots d’ordre des mouvements sociaux, mais les mélange à des apologies du capitalisme « sain » et à des discours superficiels centrés sur l’honnêteté de l’individu politique et/ou administrateur, dans un programme confusionniste où coexistent propositions néolibérales et anti-néolibérales, centralistes et fédéralistes, libertaires et sécuritaires. Un programme passe-partout et « attrape-tout » typique d’un mouvement de diversion.

Notez cela : le M5S sépare le monde entre un « nous » et un « eux » suivant une séparation complètement différente de celle que font les mouvements mentionnés plus haut.

Quand #Occupy a proposé la séparation entre 1% et 99% de la société, il se référait à la distribution des richesses, touchant directement à la question de l’inégalité : le 1%, ce sont les multimilionnaires. S’il l’avait connu, #Occupy y aurait aussi fait figurer Grillo. En Italie, Grillo fait partie des 1%.

Quand le mouvement espagnol reprend le cri des cacerolazos argentins « Que se vayan todos ! » (« Qu’ils s’en aillent tous » ndt), il ne se réfère pas à la « caste » (les politiciens, selon la critique poujadiste de Grillo), et il n’ajoute pas impicitement : « Mettons-nous, nous, à leur place ! »

Le mouvement espagnol revendique l’auto-organisation, l’autogestion sociale : essayons de faire le plus possible sans eux, inventons de nouvelles formes, dans les quartiers, sur les lieux de travail, dans les universités. Et ce ne sont pas des sottises technicistes grilliennes (…) : ce sont des pratiques radicales, se mettre ensemble pour défendre la communauté des exclus, empêcher physiquement les expulsions et les saisies, etc.

Parmi ceux qui « doivent s’en aller », les espagnols mettraient aussi Grillo et Casaleggio (pour eux, un mouvement mené par un millionnaire et une agence de publicité, c’est inconcevable !), et aussi ce Pizzarotti (maire M5S) qui à Parme, depuis des mois, gère l’austérité et ravale l’une après l’autres ses mirobolantes promesses électorales.

Maintenant que le grillisme entre au parlement, élu comme le moindre mal par des millions de personnes qui ont à juste titre trouvé dégoûtantes et en tout cas irrecevables les autres offres politiques, une phase s’achève, une autre commence. Le seul moyen de savoir lire la phase qui commence, c’est de comprendre quel a été le rôle de Grillo et de Casaleggio dans la phase qui s’achève. Pour beaucoup, ils se sont comportés en incendiaires. Pour nous, ils ont eu une fonction de pompiers.

Un mouvement né comme diversion peut-il devenir un mouvement radical qui s’attaque à des questions cruciales et décisives et sépare le « nous » et le « eux » suivant les justes lignes de fracture ?
Pour que cela arrive, il faut qu’autre chose arrive. Il faut que se vérifie un Evénement qui introduise une discontinuité, une cassure (ou plusieurs cassures) à l’intérieur du mouvement. Bref : le grillisme devrait échapper à sa « capture » par Grillo. Jusqu’à présent, il n’en a pas été ainsi et il est difficile qu’il en soit ainsi maintenant. Mais pas impossible. Nous, comme toujours, nous sommes des « supporters de la révolte ». Y compris dans le M5S.

(Cet article des Wu Ming a été publié pour la première fois en italien le 25 février 2013 sur le live blog de la revue Internazionale sur les élections politiques et traduit par Serge Quadruppani
http://quadruppani.blogspot.fr/2013/02/le-mouvement-5-etoiles-defendu-le.html)

Messages

  • Aujourd’hui je pense que le mieux c’est de renvoyer dos à dos, la critique de cette article avec celle que font les bourgeois de tout acabit, l’analyse de tous les bien-pensants est identique à celle-ci.

    Il y à 25% d’electeur qui ont lancé un message de ras le bol, non pas à la politique italiene, mais aux politiciens italiens, hèlas sans aucune exception, (on pourrait èventuellement sauver un ou deux partis qui arrivent à 4%....!).
    Une caste de voleurs, de magouilleurs, de personnes qui pratiquent le nepotisme de façon èhontée, le copinage on en parle meme pas, qui sont aussi pourris à gauche, qu’à droite, avec moins de "brio" à gauche.
    Je le vis au quotidien en Toscane, que l’on défini rouge.... qui l’est depuis 60 ans sans alternance.... MPS en est un très bon exemple ! un rouge tellement particulier que l’arc-en-ciel n’a plus que 6 couleurs !

    Donc 25% des electeurs ont senti la nècèssité de prendre le risque de donner un immense coup de pied dans la fourmillère, pire que l’existant difficile à l’immaginer dans le contexte politique actuel. Les dèrives ultras sont rapidement controlées par l’EU !!!! donc le risque est relatif.

    Donnons donc à ces inexpèrimentés, la possibilié de dèmontrer de quoi ils sont capables. Si ils tiennent les promesses, de soutenir les points indiqués dans leur programme, je ne vois pas en quoi la gauche pourrait se lamenter. A moins que la gauche ait peur d’etre obligée de faire une vraie politique de gauche.
    Certe etre obligé de voter sous la pression de 25% des electeurs de diviser votre salaire par 2 en tant que parlementaire ça doit faire grincer les dents à gauche.... ;o) rennoncer aux centaines de million d’euros que les partis prennent idem.... rendre l’eau pubblique, ce qui avait ètè voté, soit dit entre parenthèse par tout le peuple il y a 2 ans mais jamais mis en pratique... etc etc

    Si certaines analyses politiciennes pouvaient avoir un interet il y a 6 jours, elles me semble particulèrement surranées aujourd’hui ce qui est interessant c’est qu’elles ont toutes la meme partition, sans variation, c’est quand meme un signe de l’enracinement politique de la magouille !

    • Je adore les geeks de l’informatique que prétend de donner de leçon de politique... écoute Antoine reste dans ta "communauté Duchess" a trafiquer le code autour de Clojure ici on est pas des clowns comme ton guru ....

      Explique nous, voir essaie de te justifier a propos de ton Grillo...

       Grillo d’un cote attaque Israel pour ca politique de colonisation e prétende de défendre les Palestiniens et en même donne des conseils pour comme et ou tabasser les arabes en Italie, voir le foutre a la mer, "les arabes et les étrangers sont bien... mais chez eux"...

       Grillo embrasse et serre la main tous content au fasciste de "Casapound" équivalent de "nôtres" identitaires, les "grillini" les elus du M5S dans certaines conseil municipal vote pour financier cet mouvement naziste...

       Grillo propose que les enfant née de parent etranger sur le sol italien soit nie la nationalité italienne et remise a la frontière...

       Grillo propose le salaire minimum garanti, dans le même temps veux abolir les syndicat et veux que pendant que chaque salarie individuellement négocie ses conditions de travaille propose des aides financièrement les patrons

      Tiens ici en France on connais qui a cet type de programme ou choix, Alain Soral ou les identitaires.......

       Inutile de demander qui finance Grillo tous les italien sont au courent, la société capitaliste "Casaleggio Associati " société spécialisé en communication sur internet, (peut être tu fait parti ???) très intéressant de voir qui est derrière cet "société spécialisé en communication numérique" et qui est son patron Gianroberto Casaleggio, tiens tiens on découvre des sociétés américaine avec des cooperation avec les mouvement nationaliste (les milices) anti-fédérales sécessionniste américaine...

      Bref le discours de Grillo c’est vrai que défende le système mais en réalité va bien plus loin reprend les discours et les idée d’un certaine Benito Mussolini que dans les ans 20’ prononcé les même phrases a les "chemises noires" "on n’est pas ni de droite ni de gauche on est contre la caste des politique corrompu, du travail pour les italien dehors les étranger, le travaille rendre libre on doit aide l’industrie et le commerce italian............" on a bien vu ou nous a conduit cet discours....

    • Ben voilà une diffèrence fondamentale, Tiens ici en France tu dis, haa je n’ai aucun doute que tu aies des oncles, cousins et autres colporteurs du plaisir de construction des clichès, ma qui siamo in Italia, plaie nationale de l’excuse bidon !
      Mais bon, pour commencer, moi j’ai voté vendola, mais en democratie il faut aussi etre pragmatique et construire les solutions, en prenant en compte la realité, facile d’etre toujours et de façon perenne pour une vie en tière à la critique en ètant tellement minoritaire qu’on ne risque pas d’etre obligé de prendre des responsabilités !

       Faut non plus pas raconter de connerie sur ce que dit Grillo, à part le fait qu’il communique en faisant du spectacle, personellement les histoires de racisme je ne les ais pas lues mais entendues dire, en cherchant où il aurait eu des propos contre les arabes on trouve des conneries mais plutot antiamèricaine sur le sujet. Il est certain qu’avec sa mèthode de communication parler d’Israel et des palestiniens crée des risques de manque de distinguos à n’en pas finir !!!!

       Casa Pound, là j’ai vu l’enregistrement et il dit au militant si vous signer tous les points de notre manifeste je ne vois pas pourquoi je vous refuserais, il me semble que c’est plutot une position dèmocratique.

       Ius Solis, il n’en reste pas moins que le mouvement a choisi d’adhèrer à la propostion de la gauche.

       Salaire minimum, il semble que le projet de qui a des noms diffèrent dans tous les pays de l’EU RSA en France, Chomage en Allemagne etc n’existe pas en Italie.
      Et oui les syndicats sont une plaies de l’Italie, non pas tant dans leur essence que dans leur actions, ils maintiennet le status quo de la sociètè basée sur le capitalisme financier, ils ne dèfendent que la grosse industrie, en faisant payer le salaire de tous ceux qui sont en "cassa integrazione" pendant des années par la population entière, ceci pour maintenir la richesse des actionnaires des grosse boites qui peuvent mettre leur main-d’oeuvre en cassa integrazione, toutes les petites entreprises, ne peuvent pas le faire, et c’est depuis toujours l’èpine dorsale de l’Italie.
      Les syndicats se font un plaisir d’accueuillir toutes les normes qui font que leur sociètèsè dérivées sont des prestataires de services, qui organisent toute une infinies sèries de cours obligatoires, pompiers, premiers secours, conduites d’engins (meme pour ceux qui le font dèjà depuis 40 ans) .... des vrais parasites du système, alors oui il ya des mècanismes a changé aussi dans les syndicats.

      Si la gauche a des problèmes c’est bien parcequ’elle n’a pas su rèsoudre toute une sèrie de problèmes de ce qu’on appel le peuple, les syndicats en font partie, et surtout il font partie des choix politique fait par ceux qui gouverne depuis 60 ans.

      Ceux-ci ont dèjà fait la preuve par 9 de ce qu’ils ètaient capable.
      Je donne une chance au m5s de faire une preuve par 9 de ce qu’ils proposent.

      Tu as mieux à proposer dans la realité ???

      Non !

      Tu utilise les mots comme fascisme, qui ne sont qu’un vil moyen d’essayer de clore un dèbat, c’est un manque d’arguments notoire !
      Ce qui caractèrise le fascisme ce n’est pas tant les idées que les actes, c’est la volonté dèclarée d’èliminer physiquement ceux qui ne pensent pas comme toi. Tant qu’une idée est proposée dans un dèbat dèmocratique je ne crois pas qu’il soit utile d’utiliser cette fermeture.
      Mais surtout je ne crois pas que ce soit dans les idées des élus du m5s.

    • Et oui les syndicats sont une plaies de l’Italie, non pas tant dans leur essence que dans leur actions, ils maintiennet le status quo de la sociètè basée sur le capitalisme financier, ils ne dèfendent que la grosse industrie, en faisant payer le salaire de tous ceux qui sont en "cassa integrazione" pendant des années par la population entière, ceci pour maintenir la richesse des actionnaires des grosse boites qui peuvent mettre leur main-d’oeuvre en cassa integrazione, toutes les petites entreprises, ne peuvent pas le faire, et c’est depuis toujours l’èpine dorsale de l’Italie.
      Les syndicats se font un plaisir d’accueuillir toutes les normes qui font que leur sociètèsè dérivées sont des prestataires de services, qui organisent toute une infinies sèries de cours obligatoires, pompiers, premiers secours, conduites d’engins (meme pour ceux qui le font dèjà depuis 40 ans) .... des vrais parasites du système, alors oui il ya des mècanismes a changé aussi dans les syndicats.

      Visions caricaturales des syndicats ouvriers, visions construites sur leurs seules directions profondément nomenclaturisées et liées à la bourgeoisie, jusqu’à un certain point.

      Sur l’automobile par exemple, où la bourgeoisie a attaqué la CGIL, bureaucratie comprise, pour la liquider.

      Confondre les syndicats et leurs directions, faire croire que c’est cela, par des privilèges octroyés aux couches de la classe ouvrière travaillant dans les grandes boites industrielles que la crise vient , que c’est cela qui est injuste est insupportable.
      Les cortèges de licenciements dans l’industrie en Italie procèdent de la même démarche qu’en France et les protections sociales obtenues au combat n’ont jamais visé à ôter des droits aux autres travailleurs.

      Ce n’est pas ça qui fait réembaucher des travailleurs de l’Alfa et de la Fiat.

      Enfin existent des syndicats de travailleurs coordonnées en fédérations de syndicats de base (usb, cobas, etc) dont on pense ce qu’on veut, et plein de contradictions mais qui sont aussi dans la bataille contre la bourgeoisie.

    • Tu oublie, bien sur et très opportunément, de parler de ta présidente du groupe.

      Roberta Lombardi, présidente du groupe M5S a peine élue, pour prendre la défense de Grillo, qui avait tendu les bras à un militant du groupuscule d’extrême droite, Casa Pound, elle a déclaré : "L’idéologie du fascisme, avant de dégénérer, avait une dimension de communauté nationale puisant dans le socialisme, avec un sens très aigu de l’État et de la protection de la famille".

  • Le vote comme les rassemblements de grande taille traduisent une rage sociale avec plusieurs futurs possibles.

    La question du mouvement de Beppe Grillo est distincte de ce cri de rage. Il est rentré en résonance avec cette rage sociale.
    Mais il n’y a pas d’illusion à se faire sur le parti lui-même.

    L’inexorable de la grande crise capitaliste triera tout ça

  • Le M5S (Movimenti Cinque Stelle) administre le manque de mouvements radicaux en Italie. Il y a un espace vide que le M5S occupe… pour le garder vide.

    Ne s’agit-il pas plutôt d’un manque total de crédibilité aux yeux du peuple de l’ensemble des mouvements de gauche ? Le camarade Ingroia n’ayant pas dépassé les 2,5% ne peut on en conclure que le M5S occupe en Italie, et à lui seul, la place occupée en France par le FdG, le NPA, L.O. et ....le FN. A cette nuance près qu’en france le Grillo à venir pourrait bien s’appeler Le Pen.

    Brutus