Accueil > Lettre ouverte au Camarade Himalove et à sa critique sur la Permaculture

Lettre ouverte au Camarade Himalove et à sa critique sur la Permaculture

par Daniel Vivas

Publie le mercredi 20 mars 2013 par Daniel Vivas - Open-Publishing
12 commentaires

Cher camarade Himalove,

Je suis tombé par hasard sur ton article « Permaculture : le ver est dans le label » qui se veut être une critique du dernier livre traduit en français de Bill Mollison, « Introduction à la Permaculture ». Moi-même permaculteur, il faut que je t’avoue d’emblée et sans ambages que je n’ai jamais rien lu d’aussi (con)fus et d’aussi aberrant à leur propos. Cher camarade, à nous vomir ta pitoyable et misérable diatribe (qui pue l’anarcho-prolo-vérité de bas étage à faire pâlir jusqu’à la nausée Stirner, Reclus, Morris, Proudhon et Bakounine réunis), ll semble évident que ton ignorance patentée sur la Permaculture et sur Mollison soit proportionnelle à tes délires fantasmés d’adepte de la « lutte de classes armée ». Cette ignorance s’avère en effet (à te lire et à te relire) bien authentique. Ce qui t’autorise finalement à affirmer tout et n’importe quoi. À travers une prose prolixe, imbécile et ironique, ta soit-disante critique transpire à chaque phrase la bêtise gratuite si spécifique des nigauds de ton espèce, camarade Himalov. Je ne vais pas reprendre ici une par une, l’ensemble de tes affirmations (le plus souvent bien crasses) sur le sujet. Seules quelques unes (parmi les plus croustillantes) suffiront à démontrer (en abondant dans ton sens) à quel point il est facile de déceler en toi le gros ignare bête et méchant qui s’ignore.

1 – « Inventorier les agricultures indigènes, de part le monde, qui respectent l’environnement est certes une entreprise louable ; mais les breveter en y apposant le sigle « Permaculture » est digne de la magie délétère d’une multinationale. ». Tu commences fort mais ton esprit nullement enclin « à la magie délétère », te donne sans doute raison, camarade. À l’instar de Monsanto et ses brevets sur le vivant (pour vendre ses biocides universels et s’engraisser), la « multinationale » Permaculture dirigée par papi Mollison en prend de la graine en inondant le marché agricole de brevets labellisés « Permaculture » : tracteur à poule, serre-poulailler, keylines, swales, mulch, jardins-forêts, etc. Le marché agricole mondial croule sous ces techniques brevetées « permaculture » et comme tu le dis si bien plus loin dans ton texte, de surcroit « empruntées pour ne pas dire volées aux paysans du Deccan ou du Niger », petits peuples de ces vallées fertiles que tu dois si bien connaître, toi à qui va si bien ce rôle improvisé d’anthropologiste des continents tiers-mondistes, pays que tu as eu tant l’occasion d’étudier derrière ton écran de petit scribouillard gaucho-acrimonieux. Effectivement, camarade, Bill Mollison nous a montrés la voie du pillage facile. Et comme tout bon permaculteur qui se respecte aujourd’hui, je courre moi-même après le brevet en spoliant le savoir-faire de mon terroir (le Quercy) qui fera de moi le « cador » du Business vert.

2 - « Pendant neuf ans, le futur stratège en jardinage prospecte , enquête, dans les coins les plus reculés du continent, sur les mille et une manières dont l’aborigène accommode l’opossum et comment le colon, descendant de bagnards, élève le mérinos, introduit le dromadaire, cuisine la viande de Kangourou et le dimanche, ratonne l’Aranda, le Murngin ou le Kariera ». Tu es encore dans le vrai camarade. Mollison s’est évertué, fort de ses expériences de terrain, à enseigner à tous ses élèves-permaculteurs le soin à la terre et le soin aux personnes, (deux des piliers éthiques et fondamentaux de la Permaculture), qui encouragent comme chacun le sait à aborder sans discernement les questions d’autonomie, de vie communautaire (en milieu rural et urbain) et à l’occasion de stratégies conscientes de survie qui prévoient de temps à autre une bonne « ratonnade » justifiée de quelques basanés échoués dans nos campagnes et menaçant l’éco-système si fragile de nos terroirs, histoire d’éviter une entropie déjà bien trop menaçante. Tu en profites par ailleurs pour étaler une fois de plus ta science d’anthropologue de bureau en nous rappelant le véritable nom des aborigènes (Aranda, Murngin ou Kariera), toi qui les as fréquentés si souvent pour partager avec eux leurs souffrances de peuple colonisé, spolié et assassiné. Ce qui te donne aujourd’hui cette légitimité à désigner les véritables coupables comme le vieux Bill (par leur indifférence ou leur silence), de ces actes abjectes et inhumains.

3 – Tu en profites pour écorcher au passage et « à vif » les préfaciers de l’édition française de son livre, les agro-biologistes des sols, Claude et Lydia Bourguignon, et de quelle manière ! Tu as raison, camarade Himalove. toi au moins, tu es généreux. Tu n’es pas comme ces écolos apocryphes de la trempe de Mollison. Le partage sans limites, ça te connait camarade. Tu distribues à tout va et dans le genre diffamant et crasseux, tu nous en fais profiter : « Au reste la culture intensive, les élevages de bétail, la mise en bouteille de l’eau, n’existent que pour sustenter et abreuver cet immense prolétariat [dont sans doute tu te réclames] que les industries des sous-sols continuent à déraciner... L’ingénieur agronome [Claude Bourguignon], l’oeil rivé à son microscope, et sa femme, œnologue piquant du nez [Lydia Bourguignon] dans la cave d’un vigneron ne semblent pas les apercevoir...Il a fallu attendre, en Europe le premier choc pétrolier en 1973, et la cascade de fermeture d’usines et de mines des quarante dernières années pour que le retour au village ancestral et à sa fontaine soit envisagé, chose que le docteur en microbiologie des sols, payés par les marchands de pinards, ne semble pas constater ». Quel portrait sans faille et sans concession tu nous dresses là camarade, de ces deux agrobiologistes : pochtrons et franchouillards de surcroit, avinés d’une conscience politique bien arrangeante, véritable fabrique à collusion avec les multinationales et les banques. Conscience calculée de scientifiques à la solde du Grand Capital qui leur a permis ainsi selon toi de financer comme d’aucun le sait, leur Laboratoire d’Analyse de Microbiologie des Sols (LAMS) en croulant sous les deniers de Monsanto, Rhône-Poulenc et du Crédit Agricole. C’est d’ailleurs sûrement, vas-tu sans doute me dire, cette même poule aux œufs d’or qui a fortement motivé la sortie de leur planque respective à L’INRA. Et comme la délation fantasmée et délirante ne fait pas de mal à personne camarade, tu serais capable d’affirmer que ces mêmes multinationales ont financé leurs travaux bien loin il est vrai de la fraicheur des caves « de marchands de pinards » de Bourgogne, au Brésil, en Amazonie, à Madagascar, à Haïti et ailleurs. Taire les agissements des multinationales minières et de l’agro-industrie dans leur entreprise sans fin de déforestation massive entrainant la mort des paysanneries locales et des sols qui les nourrissent, font partie de leurs habitudes. Par ailleurs, leurs conférences publiques (où ils annoncent sur un ton jovial que la France bétonne l’équivalent d’un département tous les sept ans et que c’est plutôt encourageant) ne désemplissent pas d’étudiants d’HEC, de Sup de Co et de Sup Agro qui ont choisi la filière « Permaculture » et qui sont avides de connaître leurs dernières recettes de cuisine entrepreneuriale et autres business plans pour réussir dans les niches du Green Business...si, si camarade Himalove, ce que je dis est vrai, je t’assure. J’ai moi-même assisté à une de leurs effroyables mascarades.

4 – Et puis il faut bien garder, dans le magma de ta logorrhée anti-bobo-capitaliste-écolo du Grand Capital « Verdisant », dont Mollison serait « l’agent du Survey » (tu as vraiment le sens de la formule, camarade), le meilleur pour la fin : «  Même si plongé dans la sylphe, le lecteur succombait à la béatitude, au pied d’un banian [te voilà botaniste-expert des figuiers d’Inde maintenant !], oubliant jusqu’à son propre rouleau de papier cul, les illustrations de ce livre sauraient lui rappeler les « motifs naturels archétypaux » de notre civilisation:toilettes sèches, robinet branché à la source et eaux des éviers récupérées pour nourrir petits pois et tomates, salle de bain en plein air surmontée d’une plante grimpante, acheté » en kit chez Ikaka ; mare ponctuée de nénuphars où baignent voluptueusement mare ponctuée de nénuphars où baignent voluptueusement grenouilles et tortues ; le tout entouré d’une palissade, construite en bois de faux-acacia, avec inscrit en grosse lettres rouges tirées d’un extrait de cochenille écrasée « PROPRIETE PRIVEE  ». ». Bien vu, camarade Himalove, c’est exactement ce à quoi la Permaculture aspire et exhorte, à reproduire le monde moderne et ses camelotes chimériques mais magnifiquement transposées à la campagne pour les sublimer, dont le bobo-permaculteur génétiquement et culturellement prédisposé, les aménage (ou les « designe » pour faire chic) avec une efficacité redoutable. En revanche, tu as commis une petite erreur. Dans cette nouvelle croisade aux « enclosures », ce n’est pas à l’encre naturelle de « cochenille écrasée » qu’il marque son territoire mais plutôt au pipi garanti sans anti-biotique et autres analgésiques. C’est un excellent répulsif contre les curieux.

Ah, camarade, avec ces portraits si réalistes et si probants de la Permaculture et de papi Hemingway-Mollison, tu dois bien les faire rêver et rire aux éclats nos prolo-banlieusards, croulant sous le béton et le crédit, nourris au Findus avec de vrais morceaux de canasson dedans, leur synapse maintenu comme un légume NPK sous prothèses câblées vendues entre autre par notre bétonneur national de service. Comme tu peux le voir, ton sens du cliché truffé de crasses faciles et gratuites sans copyright est assez facile à plagier et à reproduire. Tu devrais vite te précipiter pour aller le breveter.

Plus sérieusement, et pour hausser un petit peu le niveau de cet échange d’opinions (ce qui ne sera pas trop difficile au regard de la teneur de ce que tu es capable d’écrire et d’affirmer), ton gauchisme me fait penser à celui que décrivaient René Riesel et Jaime Semprun dans « Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable », « On se félicite souvent que, dans sa phase de mimétisme délirant avec l’imagerie guerrière de l’embrigadement bureaucratique, le gauchisme français ne soit pas allé jusqu’à la fuite en avant terroriste, comme cela devait se produire un peu plus tard en Italie ou en Allemagne. On peut cependant prendre la chose autrement et considérer que son sectarisme, sa démence idéologique, son militantisme sacrificiel, bref l’ensemble des pratiques et de la réalité effective de ces groupes a suffi, sans qu’il soit besoin de passer à l’acte, à produire les mêmes effets en cassant une génération révolutionnaire en formation, en l’infectant d’idéologie et la dégoûtant de la subversion par ses repoussantes contrefaçons. Telle fut la première contribution du gauchisme, négative mais décisive, à la poursuite de la modernisation... ». À te lire camarade, tu en es vraiment un digne héritier, de ce gauchisme pathétique. Ton papier (pour employer un terme journaleux) sur la Permaculture, une fois lu ne pourrait même pas servir à nettoyer les étrons (bien plus respectables que tes élucubrations diarrhéiques) sortie de la raie des fesses d’un bobo trônant sur des toilettes sèches. Car si c’est avec le même genre de fadaises et d’inepties « critiques » que tu comptes, toi et tes amis de la revue « Bella Ciao » renverser le Grand Capital, celui-ci a encore de beaux jours devant lui, camarade Himalove.

Daniel Vivas, Permaculteur (avec une conscience politique toujours aux aguets).

Messages

  • Tu en fais trop pour ce mec qui ne mérite que l’oubli , dans lequel il va tomber probablement .
    Dans son article il y a ça aussi ( parmi tant d’autres dégueulasseries ) :
    " Le chapeau à peau de prolétaire vissé sur le crâne, le doux réformateur de l’intérieur bourgeois a l’âme d’un promoteur, qui métamorphose n’importe quel terrain vague, coincé entre une centrale nucléaire et une usine désaffectée, en jardin d’Hespérides qui pourrait nourrir deux Restaurants du cœur. "
    J’ai l’impression que ce mec croit qu’il sait écrire .
    Bon ...
    Je relis sous ta plume la citation de L’Encyclopédie des Nuisances / ça date pourtant mais ça tire juste ! Semprun tu nous manques ...

  • toi et tes amis de la revue « Bella Ciao » renverser le Grand Capital, celui-ci a encore de beaux jours devant lui

    Notre cher "camarade" Daniel Vivas, très intéressant, mais avec une fin qui fait ressembler ton article a un "papier, une fois lu ne pourrait même pas servir à nettoyer les étrons sortie de la raie des fesses d’un bobo trônant sur des toilettes sèches"

    Et oui tu n’arrive pas a être meilleure de Himalove, vous reste tous les deux au même niveau des égout...

    Himalove des fois ecrir sur notre site... et pas mal de fois se fait virer... notre collectif n’a rient a voir avec lui... Camarade Daniel Vivas.

    • Bonjour,

      Je voulais m’excuser pour avoir, sur le coup de la colère, associé un peu trop hâtivement les vociférations haineuses d’Himalove avec le combat et le travail de Bellacio qui effectivement après vérification n’a pas vocation à tirer sur tout ce qui bouge concernant les alternatives possibles.

      En revanche, je me suis mis volontairement au niveau des arguments d’Himalove en guise de conclusion, au risque d’atteindre certes parfois le canniveau...peut-être aurais-je pu être plus modéré...mais c’était bien difficile et je l’assume totalement.

      Daniel

  • Lorsque je suis méchant avec quelqu’un, je ne l’appelle pas "camarade" et ne le tutoie pas.

    On reste malgré tout à Bellaciao entre gens d’un même monde, c’est-à-dire entre ceux qui survivent au bas de l’échelle sociale, mangeant, parfois, dans les poubelles de la bourgeoisie où nous croisons, parfois, une étiquette avec la mention bio...

    Je ne connais de la Permaculture que la traduction des cahiers de Bill Mollison dont j’ai assurés la révision ; j’ai été payé pour ça.

    Nos petits-pois, à moi et mon épouse, nous ne les regardons pas grandir, dans notre jardin (hélas ! nous n’en avons pas), nous les achetons en boîtes chez Lidol.

    La critique plutôt la philippique que j’ai écrite sur le livre ne s’en prend pas à l’agriculture naturelle chère à Manasobu Fukuoka, mais à la Permaculture, marque déposée, dont certains cherchent impitoyablement à faire une petite industrie avec école, diplôme et clientèle...

    J’aurais pu éviter la méchanceté à leur égard - en faisant un parallèle entre la philosophie du non agir du jardinier céleste et le positivisme affiché, dans ses cahiers, de Mollison - et faire oeuvre pour le coup de critique sérieux ; mais je ne l’ai pas voulu.

    Car depuis que j’ai travaillé comme ouvrier agricole pour les petits propriétaires de la filière bio, j’ai la haine du "paysan", surtout lorsqu’ils sont syndiqués chez Bové et vont aux journées de l’écologie à Die...

    Si tu le souhaites, je te fais une analyse comparative entre "La révolution d’un seul brin de paille" de Fukuoka et l’oeuvre de Mollison dont l’esprit productiviste saute aux yeux...

    • http://www.editions-tredaniel.com/la-revolution-dun-seul-brin-de-paille-p-195.html

      Je profite des cinq minutes de haine que l’on me consacre pour faire la pub pour ce livre de Manasobu Fukuoka...

    • Le monde de la production alimentaire doit aujourd’hui faire face à de trop nombreux problèmes. Il a tout intérêt à tirer profit d’un maximum de connaissances en terme de production intégrée à l’écosystème et d’autonomie car ce sont des piliers pour garantir un bon compromis entre production et diversification, un fonctionnement qui pourrait peu à peu se rapprocher vers ce qu’on appelle "vivre en harmonie" avec la nature.

      Mais comme la production alimentaire a un potentiel énorme pour faire évoluer l’être humain (relations sociales et relations à la nature), de création activités voir d’emplois (question de volonté politique), je pense qu’il ne faut pas la limiter à certains type de personnes : celles qui s’intéressent aux questions "comment produire plus, mieux,..." Mais au contraire l’ouvrir à d’autres personnes qui s’intéressent d’avantage au social, psycologique, à la santé,...

      C’est la que la permaculture a un rôle important car elle insiste sur le fait d’avoir des communautés humaines robustes, ou encore une bonne entente entre les gens. C’est je pense un levier d’action énorme mais toujours très difficile à valoriser.

      Pour avoir lu le bouquin "Permaculture 2" de Bill Mollison, j’approuve totalement les conseils qu’il préconise pour être indépendant des industries.
      La Permaculture peut comme tout autre modèle de développement, être reprise à mauvais escient, mais on ne peut pas critiquer si facilement et injustement ses créateurs qui eux n’avaient aucune volonté de faire du green washing, mais plutôt l’inverse.

      Finalement, je trouve très dommage et plutôt dangereux (dans ce monde où tant de gens ne savent plus à qui faire confiance) de dénigrer de la sorte les bases de la permaculture car ceux qui luttent contre le pouvoir de l’argent, les inégalités et le brevetage du vivant sont du même côté !!

      Conseiller l’approche de Fukuoka c’est bien mais cela se passe en Asie donc toutes ses expériences ne sont pas transposables.
      Au bout de plusieurs année de fort intérêt et de pratiques en agro-écologie, je constate comme tout le monde que face à la diversité des conditions (climat, sols, semences, voisinage et autres perturbations,...) il est nécessaire de s’inspirer d’un MAXIMUM DE SOURCES pour avoir, ne serait-ce que juste assez de bases, pour élaborer des systèmes de culture durables et ingénieux assez satisfaisants.

      « Créons l’abondance en petit groupe plutôt que le désert en sociétés monoculturales » (proverbe indien).

    • Le rêveur et le jardinier

      Modeste comparaison entre l’oeuvre de Manasobu Fukoaka et celle de Bill Mollison.

      La Permaculture serait-elle une philosophie ou la somme de toutes les astuces pour mieux exploiter votre terrain ?

      Pour l’auteur de « La Révolution d’un seul brin de paille », le retour à l’agriculture sauvage est le fruit d’une prise de conscience qui oublie tout son savoir-faire paysan pour écouter et regarder pousser le riz (paradoxalement la baisse de rendement, dans cette occurrence, serait à peine perceptible selon Manasobu Fukuoka) ; le point de vue est quelque peu différent chez Bill Mollison, le gourou de la Permaculture, marque déposée...

      Pour ce dernier, la main ou pour le moins l’esprit ingénieux est omniprésent dans l’aménagement des sols.

      Même si le Tasmanien met en synergie les plantes et les animaux, dans un bel ensemble naturel comme « le tracteur à poules » – technique empruntée aux indigènes hawaiiens – et que le tableau final donne l’impression d’une absence complète de jardinier, Mollison ne laisse aucune place au hasard lors de l’élaboration du « site ».

      La terre, l’eau, l’animal, plantes, arbres et clôtures (omniprésentes dans le manuel) sont minutieusement choisis, répertoriés et assemblés comme un jeu de Lego par l’auteur d’ Introduction à la Permaculture.

      Le tout forme le « design », une sorte de ferme modèle autosuffisante en énergie et en culture vivrière.

      Aussi bien dans les méthodes que dans l’intention, l’univers mental de Bill Mollison est à l’opposé de celui de Manasobu Fukuoka qui, dans une démarche inverse, est allé de la microbiologie des sols vers une mystique, proche du bouddhisme zen.

      Il s’agit pour celui qui quitta l’uniforme d’ingénieur, avant guerre, de limiter au maximum l’intervention humaine dans la geste du paysan.

      Par exemple, les semences de riz, de seigle et d’orge sont lancées à la volée en même temps.

      La chasse, la cueillette font partie intégrale de son économie paysanne ; il n’y a pas de clôture ni séparation entre vergers, forêts et espaces habités ou cultivés.

      Au reste, les termes « agriculture », « labour » et « production » sont presque des gros mots chez le jardinier céleste, Manasobu Fukuoka.

      Bref, l’un reste un hippie incontinent, remettant en question la notion même de science ; l’autre, un autodidacte austral, expert en stress des vertébrés, ayant beaucoup étudié les techniques primitives d’agriculture, qui cherche à breveter ses découvertes...

      HIMALOVE

    • Salut

      Ton article est intéressant. Il met en lumière certaines choses.

      Tu écris : La critique plutôt la philippique que j’ai écrite sur le livre ne s’en prend pas à l’agriculture naturelle chère à Manasobu Fukuoka, mais à la Permaculture, marque déposée, dont certains cherchent impitoyablement à faire une petite industrie avec école, diplôme et clientèle...
      Il semblerait que tu ne sois pas d’accord avec le fait que des personnes cherchent à en faire un business.
      Sincèrement, où est le problème ? en quoi cela peu-il gêner quelqu’un ?

      C’est Mollison lui-même qui a instauré le contenu du stage certifiant officiel.
      Pour enseigner moi-même ce stage, je sais que son contenu n’est pas un truc qu’y s’apprend à l’école, mais que c’est pourtant un truc qu’on se devrait tous d’apprendre, car cela permet de faire les choses par soi-même, de comprendre ce que l’on fait, et de pouvoir le faire sans porter préjudice à notre environnement (donc à nous).
      Il y a des personnes qui se disent formateur en permaculture, il y a aussi des personnes qui demandent à suivre ces stages.
      Il y a des personnes qui n’en ont rien à faire. ça tombe bien, personne oblige personne à faire ou pas faire de la permaculture ou un stage...

      En quoi cela est un problème que des gens essaient de gagner de l’argent pour vivre ?
      Que ce soit avec la permaculture ou avec autre chose, c’est du pareil au même... la finalité reste la même.
      Enfin bon, c’est vrai que dans le mouvement permaculturel français (les gens qui se disent "permaculteurs") y’a comme un dogme qui plane au sujet de l’argent..."faire de l"argent",c’est "mal"...

      Je trouve que ta conclusion La permaculture, marque déposée, serait-elle un anthropocentrisme qui utilise opportunément toutes les espèces pour mieux élégamment les exploiter ? était pertinente.
      Je regrette qu’elle soit posée sous forme de question affichant un parti pris.
      Pour épiloguer sur ce sujet, je dirai :
       oui la permaculture est un anthropocentrisme (mais d’ailleurs, tout ce que fait l’homme est par essence anthropocentrique, vu que c’est lui qui fait, qui impulse, etc.) Le terme anthropocentrisme est souvent perçu avec une consonance négative, genre "égoïste"... il y a certaines choses que les français ont du mal à admettre, comme par exemple : respirer est égoïste (on ne respire que pour soi), manger est égoïste (ce qu’on met dans son estomac, c’est que pour soi)... en fin de compte, il n’y a rien d’égoïste à répondre à ses besoins primaires, ou alors tout est égoïsme... disons que ce mot est mal utilisé...
      La permaculture permet aux hommes de répondre à leur besoins essentiels en aménageant leur environnement. C’est donc anthropocentrique et égoïste, mais tout à fait louable à mes yeux. (et faire les choses pur répondre à ses besoins n’empâche pas de respecter les autres)
       qui utilise opportunément : tout à fait ! Saisir les opportunités, c’est la garantie de se faire le moins chier possible. Tous les êtres vivants sont opportunistes. Ils prélèvent les nutriments et l’énergie qui est à leur disposition, directement, ils font au plus court, au plus simple. Là encore, en France on considère l’opportunisme comme un trait de caractère négatif... je trouve ça plutôt intelligent de profiter de ce qui est là plutôt que de chercher à profiter de ce qui n’est pas là...
       mieux élégamment les exploiter : faire mieux, oui, c’est tout l’intérêt de la permaculture. C’est de faire les choses avec un maximum de cohérence et de bon sens. Mais faire mieux implique des objectifs, ils peuvent être : mieux pour répondre à ses besoins, pour travailler moins, pour gaspiller moins, pour polluer moins, pour produire plus, pour partager plus, pour arrêter les dégradations de l’environnement, pour recycler plus plutôt que de jeter et entretenir ainsi le cycle épuisant d’extraction de nutriments techniques (minerai, énergie fossile), de raffinage et d’usinage (concept que j’empreinte au Cradle To Cradle).
      Elégamment, oui, qui pourrait soutenir que cela puisse être néfaste ?
      Exploiter, oui. Il faut se rendre à l’évidence, quand on sème délibérément des graines de légumes pour en récolter de la nourriture, il s’agit là d’une forme d’exploitation. Il faut bien entendu prendre la mesure de la façon d’exploiter. La permaculture, à l’instar d’un écosystème naturel, exploite de manière durable, elle n’use pas, ne gaspille pas, ne dévalorise pas. L’agriculture conventionnelle de son côté a la triste faculté de favoriser l’érosion et la dégradation de l’environnement...

      A titre personnel, je suis entièrement d’accord avec ta proposition : La permaculture, marque déposée, serait-elle un anthropocentrisme qui utilise opportunément toutes les espèces pour mieux élégamment les exploiter ?
      Et je la reformulerai ainsi : la permaculture permet d’aménager avec bon sens son environnement, pour y cultiver en harmonie avec la nature, tout ce qui permettra de répondre aux besoins essentiels des êtres humains.

      a+

    • Un peu léger comme billet...
      Agriculture naturelle de Fukuoka et permaculture se rejoigne au niveau de la philosophie. Ces deux trucs annoncent la même : faire avec la nature et non contre elle.
      Par contre dans la manière de mettre en œuvre cette philosophie, Agriculture naturelle et permaculture vont dans des directions différentes.

      Pour Fukuoka, c’est le non-agir qui est prôné. L’idée est que chaque intervention humaine est susceptible de créer un déséquilibre dans l’ordre naturel. Et si déséquilibre il y a, alors il y a aussi de l’énergie qui doit être utilisé pour rétablir l’équilibre. Fukuoka dit ainsi : moins on en fait, et plus la nature peut faire ce qu’elle sait faire de mieux : faire pousser des plantes.

      Pour Mollison, c’est la planification qui est mise en avant. Faire de la permaculture c’est faire une planification. À commencer par observer le terrain, lister toutes les ressources disponibles, lister ses besoins, puis ensuite à l’aide de toutes ces infos, concevoir un système qui permettra à ses usagers de pouvoir vivre, sans nuire à la nature (faire avec et pas contre)

      Il y a donc opposition entre la méthode Fukuoka et la méthode Permaculture. Chacun peut ainsi y trouver son compte.
      L’agri-nat affiche résolument un esprit de décroissance, de simplification.
      La permaculture pas forcément, car il peut s’agir simplement de réorganiser ou d’utiliser de bonne manière des technologies sophistiquées existantes.
      La permaculture considère qu’il est possible de bénéficier et d’utiliser une technologie de pointe sans ruiner, appauvrir, dégrader l’environnement.

      L’agri-nat de Fukuoka se pose même pas la question, la recherche va dans le sens d’une agriculture sauvage, donc sans mécanisation.

      a+

  • Visiblement le sujet n’est qu’un prétexte pour le plaisir que himalove trouve à vider une grosse réserve de haine et d’aigreur. J’imagine qu’il pourrait, avec la même élégance, faire de même sur n’importe quel sujet, prétexte à une truculente ratonade ou à un savoureux lynchage. Il y a des cibles qui le méritent.
    Je n’ai pas trouvé le livre sur Amazon ou ailleurs mais sur le site des éditeurs http://www.passerelleco.info/article.php?id_article=1708

    • Ayant connu de très près les cours d’assises, j’ai une sainte horreur des tribunaux la plupart du temps réservés aux pauvres.

      Un peu de lecture pour vous calmer, messieurs :

      "Les êtres humains sont les seuls animaux qui doivent travailler, et je pense que c’est la chose la plus ridicule au monde. D’autres animaux gagnent leur vie en vivant, mais les gens travaillent comme des fous, pensant qu’ils le doivent pour rester en vie. Plus le travail est gros, plus le défi est grand, plus ils pensent qu’il est merveilleux. Il serait bon d’abandonner cette façon de penser et de vivre une vie simple, aisée avec beaucoup de temps libre. Je pense que la façon dont les animaux vivent dans les tropiques, sortant le matin et le soir pour voir si il y a quelque chose à manger, et faisant une longue sieste l’après-midi, doit être une vie merveilleuse. Pour les êtres humains, une vie d’une telle simplicité serait possible si l’on travaillait pour produire directement ses nécessités quotidiennes. Dans une telle vie, le travail n’est pas un travail de la façon dont les gens y pensent généralement, mais simplement faire ce qui doit être fait."

       Masanobu Fukuoka auteur de "La révolution d’un seul brin de paille"