Accueil > Travail du dimanche : "Les bricoleurs du dimanche", financés et encadrés (...)
Travail du dimanche : "Les bricoleurs du dimanche", financés et encadrés par Leroy Merlin et Castorama
par Adrien Oster
Publie le jeudi 3 octobre 2013 par Adrien Oster - Open-Publishing5 commentaires
Un mouvement de salariés indépendant et spontané. C’est ainsi qu’apparaissent dans les médias les employés de Leroy Merlin et Castorama qui souhaitent continuer à travailler le dimanche. Un slogan accrocheur ("Yes week-end"), une identité visuelle aboutie, des porte-parole efficaces, des t-shirts, des banderoles, des affiches... vous y aurez difficilement échappé ces derniers jours alors que la polémique sur le travail dominical mobilise les plus hautes sphères de l’État.
Créé en décembre 2012, le collectif "Les bricoleurs du dimanche" regroupe des salariés de Castorama et de Leroy-Merlin "pour mobiliser l’opinion publique et faire bouger le gouvernement". Dans les médias ou dans leurs magasins, ces salariés-militants multiplient les interventions pour dire tout le mal qu’ils pensent de l’interdiction du travail dominical.
Cette communication est évidemment soutenue par les directions des deux enseignes. Mais au-delà du soutien moral, c’est une véritable assistance pratique et financière que les deux enseignes, main dans la main pour l’occasion, procurent à leurs salariés.
Photo publiée le 9 décembre 2012 sur la page Facebook des "bricoleurs du dimanche"
S’il se refuse à parler de media-training, Stéphane Attal, directeur associé de l’agence de communication Les Ateliers Corporate, admet sans détour avoir accompagné le collectif dans sa démarche. Un soutien dont n’ont d’ailleurs pas fait mystère certains salariés mobilisés.
Mandatée et rétribuée par les directions de Leroy Merlin et Castorama, l’agence a ainsi pu encadrer les salariés pour "organiser leur communication". "Les salariés sont allés voir leurs directions en disant ’on veut porter le combat mais on ne sait pas comment faire, aidez-nous’, raconte le communicant au HuffPost. Ensuite, ils ont trouvé eux-mêmes leur slogan, rédigent eux-mêmes leurs tracts et désignent leur représentants, nous ne faisons qu’ouvrir des portes. D’ailleurs, nous avons interdit les réunions aux directions".
Ni manipulés, ni instrumentalisés, c’est également le message que tiendra à faire passer Gérald Fillon, employé chez Leroy Merlin et porte-parole du collectif... que Stéphane Attal nous passe au téléphone durant notre entretien.
Des salariés engagés dans une démarche militante, dont la formation en communication est indirectement assurée par leur direction... l’approche est surprenante mais ne remet pas en cause l’honnêteté et la sincérité de l’engagement des salariés. "C’est une approche innovante" dans une situation où salariés et directions partagent le même objectif, avance Stéphane Attal.
"Tout a été financé de A à Z par les patrons (...), c’est tout sauf spontané"
Contacté par Le HuffPost, Sébastien (le prénom a été modifié) raconte la formation à laquelle il a participé. Sa version est somme toute assez différente de celle du communicant.
"C’était en décembre 2012, juste après l’assignation de magasins Leroy Merlin et Castorama par Bricorama (condamné fin octobre pour non-respect du repos dominical, Bricorama avait attaqué les deux enseignes pour "distorsion manifeste de concurrence", ndlr). Le directeur de mon magasin est venu me voir pour me demander de participer à une formation, il m’a bien dit que je n’étais pas obligé. J’ai accepté. Là, on a été réuni dans une salle en plein centre de Paris, il y avait deux ou trois salariés de chaque magasins Leroy Merlin ou Castorama concernés par les fermetures, soit environ une centaine de personnes. En préambule, des responsables des deux enseignes ont fait une présentation en disant qu’il s’agissait de notre projet, puis ils nous ont laissé avec les consultants.On a commencé par un cours sur la communication de crise, ils nous ont notamment dit ce qu’ils voulaient éviter, les actions violentes par exemple. Ils nous ont aussi parlé des Pigeons (un mouvement d’entrepreneurs contre des réformes fiscales, ndlr), citant notamment en exemple leur présence sur les réseaux sociaux. L’après-midi, on a été divisé en sous-groupes pour travailler sur différents thèmes, comme les moyens d’actions à mettre en place, le nom du collectif, etc... En présentant notre travail aux consultants, certains ont eu l’impression que le débat était orienté et qu’ils nous menaient là où ils le voulaient. Ils ont d’ailleurs éliminé pas mal de nos idées et au final les moyens d’action que nous avons arrêtés ressemblaient beaucoup à ceux qu’ils nous avaient présentés le matin."
La spontanéité, le mouvement des "Bricoleurs du dimanche" n’en a que l’apparence, selon le salarié de Leroy Merlin.
"Nous avons participé à cette réunion sur notre temps de travail, la direction a remboursé nos frais de déplacement et un buffet nous attendait. De la même manière, quand nous avons manifesté entre Montparnasse et le ministère du travail, la direction a loué un bus, nous a fourni des sandwichs et on s’est servi dans les rayons pour préparer le défilé. Tout a été financé de A à Z par les patrons.La démarche répond à une réelle demande, mais c’est tout sauf un mouvement spontané. Il y avait auparavant très peu de liens entre les magasins mais là les directions ont pu donner l’impression qu’un mouvement puissant était parti de la base.
Si je demande une augmentation de salaire, jamais mon patron ne m’autorisera à interpeller les clients dans l’enceinte du magasin. Même chose pour les syndicats, quand ils veulent protester, ils restent sous la pluie. Tout ça n’est pas très juste.
Lundi 30 septembre, le gouvernement a choisi de temporiser sur le dossier explosif du travail le dimanche, confiant une mission de concertation à l’ancien président de La Poste, Jean-Paul Bailly, dont les conclusions sont attendues pour fin novembre.
"Nous ne pouvons qu’exprimer notre désarroi face à l’incompréhension de notre gouvernement qui n’entend pas l’opinion publique", ont répondu "les bricoleurs du dimanche" sur leur page Facebook. "Faut-il se radicaliser, descendre dans la rue pour être considérés, entendus ?? Malheureusement, nous avons l’impression de ne pas avoir le choix...", conclut le communiqué.
Messages
1. Travail du dimanche : "Les bricoleurs du dimanche", financés et encadrés par Leroy Merlin et Castorama , 3 octobre 2013, 11:14
Et s’il n’y avait pas de gros CONSommateurs qui venaient en masse le dimanche chez Ikea et autres,les patrons fermeraient illico !!Comment font les Alsaciens,Lorrains,Allemands,Belges,Luxembourgeois,etc..dont tous les grands magasins sont fermés le dimanche ?Pas plus bêtes que les autres pour bricoler,que je sache !!!Et comment voulez-vous que les travailleurs interrogés,DANS LEUR MAGASIN,disent le contraire du patron face à la caméra ?
2. Travail du dimanche : "Les bricoleurs du dimanche", financés et encadrés par Leroy Merlin et Castorama , 3 octobre 2013, 11:37, par Manouche 67
1° j’achète plus un clou en France
2° j’achète tout en Allemagne
3° je suis content que le Dimanche soit préservé
4° Que ces boites commencent à analyser le succès des pendants allemands (qualité des produits, disponibilité et surtout grand choix malgré la fermeture le dimanche ) avant de se poser en briseurs du droit du travail et de suppôts de l’UMPS.
5° la précarisation des personnels de ces magasins n’est pas la solution, ni la pression sur les horaires de travail.
Un bricoleur éclairé d’Alsace qui aime bien aussi glander le dimanche.
RED’s NOT DEAD
3. Travail du dimanche : "Les bricoleurs du dimanche", financés et encadrés par Leroy Merlin et Castorama , 3 octobre 2013, 13:18
Notez au passage que les direction de Leroy-Merlin (= Auchan) et Castorama affichent ouvertement leur intention de s’opposer à une décision de justice !!!!!
C’est simplement la fin du prétendu "Etat de Droit" pour un retour à la jungle ultralibérale du far-west.
Quant à la solidarité des consommateurs avec les salariés, ce n’est même pas la peine d’y penser.
Seule la bourgeoisie a encore une conscience de classe. Et c’est ce qui lui permet d’écrabouiller les salariés.
1. Travail du dimanche : "Les bricoleurs du dimanche", financés et encadrés par Leroy Merlin et Castorama , 3 octobre 2013, 16:13
""Notez au passage que les direction de Leroy-Merlin (= Auchan) et Castorama affichent ouvertement leur intention de s’opposer à une décision de justice !!!!!
C’est simplement la fin du prétendu "Etat de Droit" pour un retour à la jungle ultralibérale du far-west. ""
Faisant ainsi la preuve que la lutte de classe est au delà de l’état de droit
Comme en firent la preuve les millions de grévistes en occupant illégalement les usines en 1936.
Que les patrons s’opposent à une décision de justice pour attaquer le droit au repos le dimanche en dit long sur ce qu’ils feront quand nous ferons la révolution.
alors plus d’état de droit ,ni pour eux,ni pour nous !!!
2. Travail du dimanche : "Les bricoleurs du dimanche", financés et encadrés par Leroy Merlin et Castorama , 3 octobre 2013, 20:39, par PrNIC
c’est quoi TA solidarité des consommateurs avec les salariés qui veulent bosser le dimanche ?
Très peu pour moi ! ....Par contre qu’ils comptent sur moi pour être mieux payés , s’ils respectent ce temps de repos familial