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L’ex-cerveau du Front national lillois soupçonné de fraudes financières en cascade

par LAKHDAR BELAÏD

Publie le samedi 16 novembre 2013 par LAKHDAR BELAÏD - Open-Publishing

Philippe Bernard, ancien patron de la fédération du Nord du Front national, deux de ses proches et un ancien trésorier du FN comparaissent pour des soupçons d’escroquerie. « Vous avez été le grand patron de la fédération du Nord », lance le président Jean-Marc Defossez. « Grand par la taille », riposte Bernard.

Après une plainte déposée en 2005 par Éric Portejoie, candidat FN aux élections cantonales de 2004, la justice se penche sur le FN du Nord. Cantonales de 2004, législatives de 2007, etc. Tout y passe. La police judiciaire relève alors une « épidémie » de comptes de campagne signés en blanc par les candidats. Elle soupçonne vite un bourrage avec des fausses factures afin de ponctionner de l’argent via les remboursements fournis par l’État aux candidats. Depuis, Philippe Bernard, Frédéric Butez et Sylvie Langlois ont été exclus du FN, partie civile dans cette affaire. Mais pas Guy Cannie, longtemps trésorier au Front, défendu par Éric Cattelin-Denu.

Comment nier tout en pointant le doigt sur ses anciens mentors ? Philippe Bernard n’admet rien. Les comptes bidonnés, les abus de biens sociaux (plus de 100 000 euros retracés en quatre ans), etc. En même temps, le Lillois se révèle expert en élections. D’où des joutes avec le président Defossez. D’où, aussi, un lapsus malheureux. L’ex-boss du FN du Nord évoque des « dépenses fictives » lors d’une campagne où il aurait finalement cédé la place à Éric Portejoie.

« La liberté du renard dans le poulailler »

Enfin, il y a Initiales BB (comme Butez et Bernard), société basée à Roubaix. Ou comment « optimiser » le travail des sympathisants. « C’était l’occasion de faire travailler des militants et des amis », décrit Philippe Bernard. Pour les motiver, des personnes « sont défrayées ». La justice, elle, veut savoir si Initiales BB n’a pas fourni des fausses factures ou servi de « pompe à fric » (abus de biens sociaux)… Devant les juges d’instruction, Jean-Marie Le Pen avait qualifié ce type de structure de « sociétés parasites ». Jurant vent debout son innocence, Bernard réplique à la barre par une description du système du FN lourde de sous-entendus : « Le FN est une organisation soviétique et pyramidale. L’autonomie est fictive. Nous avions la liberté du renard dans le poulailler. »

« L’enquête a duré des années, s’emporte aussi Éric Dassa, l’avocat du FN. Le siège du parti a été perquisitionné. S’il y avait eu quelque chose, nous serions sur le banc des prévenus. » Suite des débats aujourd’hui.

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