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La crise ukrainienne point par point

par Bernard Frederick

Publie le lundi 17 mars 2014 par Bernard Frederick - Open-Publishing
11 commentaires

1) Les origines de la crise en Ukraine ?

On a fait en Occident des manifestations qui ont débuté à Kiev, en novembre 2013, une riposte à l’annonce par le président Ianoukovitch de son refus de signer l’Accord d’association proposé par l’Union européenne. En fait, comme l’indique l’économiste et spécialiste du monde russe Jacques Sapir, la base du mouvement de contestation « était une révolte contre la corruption bien plus qu’une volonté d’adhésion à l’Union européenne » [1]. Révolte qui court depuis l’indépendance de l’Ukraine en 1991.

Aucun des gouvernements qui se sont succédé depuis – que ce soit celui des pro-européens, Ioulia Timochenko en tête, de 2005 à 2010, que ce soit celui de Ianoukovitch – n’a réussi à juguler la crise sociale et économique. Tout au contraire, chacun s’est évertué à suivre les « recommandations » du FMI, de la Banque mondiale et de la Commission européenne : privatisations, déréglementations, liquidation des services publics, austérité. L’Ukraine est d’ailleurs à ce jour le second débiteur du FMI dans le monde.

De 1991 à 2012, la production d’électricité a chuté de 35 %, celle de certains produits sidérurgiques de plus de moitié. En 2012, la production de tracteurs ne représentait qu’environ 5 % de ce qu’elle était en 1990, dans un pays où un tiers de la population vit en milieu rural et détient 20 % des sols de terre noire de la planète. L’Ukraine comptait 16 grandes usines de machines-outils qui produisaient 37 000 unités en 1990, seuls trois d’entre elles tentent, aujourd’hui, de fonctionner tant bien que mal, produisant à peine 40 machines par an. Les privatisations ont touché plus de 50 000 entreprises et 45 % d’entre elles sont depuis fermées.

L’économiste Natalia Vitrenko, présidente du Parti progressiste socialiste d’Ukraine, était de passage à Paris, il y a quelques jours. Lors d’une conférence, elle affirmait : « L’Ukraine était auparavant l’un des premiers pays en matière de PIB par habitant, nous étions 11 % au-dessus du PIB mondial moyen par tête. Mais notre PIB a chuté d’un tiers et dès 2012 il n’était plus que de deux tiers de ce qu’il était en 1989. Nous sommes aujourd’hui 40 % en dessous du PIB mondial moyen par tête, en dessous de la Namibie ». Pour Natalia Vitrenko, « Ce que l’Ukraine a gagné au cours de ces années, c’est de la dette extérieure. Nous avons maintenant une dette extérieure qui équivaut au double de nos réserves monétaires en or. Notre dette extérieure brute s’approche des 80 % du PIB. La pire des choses est que cet effondrement a appauvri la population. Le salaire minimum en Ukraine est de 118 euros par mois ; la retraite minimum est de 86 euros par mois ».

Cette situation touche presque autant l’Ouest du pays, plutôt agraire, que l’Est industriel. La détresse sociale est d’autant mal vécue que tous les gouvernements ont usé des recettes néolibérales et tous ont été marqués par une gigantesque et scandaleuse corruption.

Dans ces conditions, l’association à l’Union européenne pouvait apparaître à beaucoup, tant à l’Est qu’à l’Ouest, comme un espoir. Aussi les ukrainiens sont-ils descendus en nombre manifester à Kiev comme à Kharkov, à Lviv comme à Donetsk.

Cependant, dans la nuit du 29 au 30 novembre 2013, les forces de l’ordre donnèrent l’assaut à la place de l’Indépendance à Kiev – le Maïdan – où les manifestants s’étaient rassemblés. La répression fut violente et disproportionnée. Parallèlement, des groupes néonazis, pour l’essentiel venus de l’Ouest du pays, notamment de Galicie, s’installèrent à Kiev et constituèrent un soi-disant « service d’ordre » sur le Maïdan. Ils agressèrent la police. Ce fut l’escalade. La propagande de ces groupes, dont ceux affiliés au parti d’extrême droite Svoboda (Liberté) qui dispose, au plan national, d’une assise électorale de 10 % mais de plus de 30 % à l’Ouest, ou celle des fascistes de Pravy Sektor (Secteur droit), encore plus violents, domine depuis tous les discours. Social et éthique à l’origine, le mouvement a ainsi pris un caractère nationaliste, antirusse, voire antisémite. Ainsi, Dmitri Iaroch, le chef de Pravy Sektor, ne cesse-t-il pas de dénoncer « la mafia judéo moscovite ».

2) Ce que proposait l’Union européenne

Le « partenariat oriental » proposé par l’UE avait été initié en décembre 2008 par Carl Bildt et Radek Sikorski, les ministres des Affaires étrangères suédois et polonais, à la veille de l’affrontement militaire géorgien avec la Russie en Ossétie du sud. Cette initiative concerne six anciennes républiques soviétiques : trois dans le Caucase (Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie) et trois dans la partie orientale de l’Europe centrale (Biélorussie, Moldavie et Ukraine). L’idée n’est pas d’en faire des membres à part entière de l’UE, mais de les attirer dans son giron par de prétendus Accords d’association (AA), fondés sur un libre-échange complet et approfondi (Deep and comprehensive Free Trade Agreement). À cause de son importance géopolitique, l’Ukraine est la cible privilégiée.

Le projet d’Accord d’association avec l’UE envisageait donc de placer Kiev sous la tutelle d’agences supranationales (le Conseil d’association et le Comité sur le commerce) se plaçant au-dessus de la Constitution et des lois du pays, en tant qu’autorités décisionnelles. Selon Natalia Vitrenko, comme selon plusieurs spécialistes, « La mise en œuvre de l’Accord d’association avec l’UE aurait conduit indiscutablement à la destruction de l’économie du pays, de son industrie, de son agriculture, de ses services et de son secteur scientifique ». De plus, l’UE exigeait de l’Ukraine qu’elle s’inscrive dans la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC), ce qui signifiait une rupture totale avec la Russie que Bruxelles voulait voir symbolisée par l’expulsion de la flotte russe de ses bases de Crimée et, sans doute, leur mise à disposition de l’OTAN dans un futur proche.
L’UE et les États-unis se sont installés en Ukraine dès 1991, par le biais de dizaines d’ONG. Les cercles de l’immigration ukrainienne au Canada et aux USA (souvent les héritiers d’anciens combattants des troupes nationalistes alliées à l’Allemagne nazie, récupérés par les services occidentaux en 1945 et recyclés comme agents antisoviétiques) ont été mis à contribution pour envoyer sur place des « instructeurs ». La « révolution orange » (204-2005) - elle-même produit de « l’aide » occidentale - s’étant enlisée dans le marais néolibéral et ses protagonistes ayant perdu les élections de 2010 et 2012, les occidentaux sont repartis à la charge. Objectif : pour les Américains, affaiblir la Russie, empêcher Vladimir Poutine de réaliser son projet d’association eurasiatique d’anciennes républiques de l’URSS et continuer l’encerclement du pays par l’OTAN. Pour les Européens, essentiellement pour les Allemands qui ont toujours rêvé de ces confins, il s’agit d’organiser le pillage de l’Ukraine et de s’y ouvrir des marchés sans concurrence intérieure.

Les principaux partis libéraux - Batkivshchyna (Patrie) de Ioulia Timochenko et du nouveau Premier ministre, Arseni Iatseniouk, et l’UdAR (Coup de poing – sic !) de Vitali Klitschko – ont pu être créés grâce aux Américains (Timochenko) ou aux Allemands (Klitchko). Quant à Svoboda (Liberté), son chef néofasciste Oleg Tianybok a non seulement été, lui aussi, généreusement arrosé par les Occidentaux, mais il a eu le droit, comme les autres, à de solides poignées de mains de la part de Catherine Ashton, haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de l’UE, du sénateur John Mc Cain, de bien d’autres, y compris … Laurent Fabius. Celui-ci, qui a tant souffert par le passé d’allusions antisémites, ne sait-il pas qui est ce Tianybok ? Il est vrai que notre ministre des Affaires étrangères s’est empressé, comme ses collègues allemands ou polonais, de saluer le nouveau gouvernement « démocratique » de Kiev que les ministres de la Défense des pays de l’OTAN ont qualifié de « clé pour la sécurité euro-atlantique »... Là encore, Laurent Fabius en connaît-il la composition ?
Outre les libéraux connus, font partie de ce gouvernement : Oleksandr Sich (Svoboda), vice-premier ministre ; Ihor Chvaika et Andriy Mokhnik, respectivement ministres de l’Agriculture et de l’Ecologie (Svoboda) ; Serhiy Kvit, ministre de l’Education (ancien membre du groupe néonazi Trizub ) ; Andriy Parubiy, chef du Conseil national de défense et de sécurité (commandant du contingent d’« autodéfense » du Maïdan) ; Dmitro Iarosh, adjoint de Parubiy (Pravy Sektor, milice néonazie) ; le nouveau Procureur général, Oleg Makhnitsky (Svoboda).

Ce que le dirigeant de l’extrême droite autrichienne, Heider, n’avait pu obtenir à l’entrée au gouvernement de son parti en 2000, les néonazis ukrainiens l’ont obtenu : être reconnus par l’Europe. Pour Heider, la Waffen-SS était une « partie de l’armée allemande à laquelle il faut rendre honneur ». À l’ouest de l’Ukraine, les nationalistes élèvent des monuments à la gloire de la division SS « Galicie ». Avec le fric des européens et des américains ?

3) Quel a été le rôle des ultra-nationalistes ?

Depuis 1991, avec le soutien ou le silence des autorités qui se sont succédées à Kiev et avec l’aide des Occidentaux, on assiste à la réhabilitation de ceux qui ont collaboré avec les nazis : l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) et sa branche armée (UPA – Armée insurrectionnelle ukrainienne). Des monuments leur sont dédiés, des cérémonies commémoratives ont lieu, avec drapeaux d’époque, uniformes nazis, etc. Stepan Bandera, le principal chef de l’OUN a été fait « héros » national par les amis de Ioulia Timochenko (future candidate à la présidentielle ?) avant que Ianoukovitch revienne sur cette décision. Depuis novembre, on a vu partout fleurir des portraits de ce Bandera (condamné par contumace en 1944 et exécuté à la fin des années cinquante en RFA par un officier du KGB). Armées, grâce au pillage de postes de police et de casernes, constituées en groupes de choc, les troupes nationalistes venues de l’Ouest du pays, ont réussi à faire basculer des manifestations pacifiques de « pro-européens », et surtout de gens déboussolés, en émeutes sanglantes, ouvrant ainsi un cycle provocations-répressions dont l’aboutissement provisoire a été le coup d’État des 22 et 23 février.

Ces mêmes groupes ont commis à l’Ouest toutes sortes d’exactions contre des églises orthodoxes et des synagogues. Les intimidations et humiliations à l’égard de fonctionnaires ou de dirigeants politiques (le Premier secrétaire du Comité de la ville de Lviv du Parti communiste d’Ukraine, Rostislav Vasilko, a été torturé et se trouve hospitalisé) n’ont cessé, et ne cessent encore, de se multiplier.

La situation est telle que la presse israélienne s’est fait écho de l’appel d’un des grands rabbins d’Ukraine, Moshe Reuven Asman, dans lequel il exhorte les Juifs à quitter la capitale Kiev, à la suite de l’agression sur deux étudiants de la Yeshiva Chabad dans la ville le mois dernier : « J’ai dit à ma communauté de sortir de la ville et si possible de l’Etat … il y a beaucoup de mises en garde sur des attaques prévues contre des institutions juives » [2].

La collaboration avec les nazis des nationalistes ukrainiens, dont se réclament aujourd’hui Svoboda et les autres, a commencé dans les années trente. L’ouest du pays était alors sous administration polonaise depuis 1920, après avoir fait partie intégrante de l’Empire austro-hongrois jusqu’en 1918. Les membres de l’OUN et de l’UPA étaient formés par les SA d’Ernst Röhm en Allemagne. En 1938, au lac de Chiem, près de Berlin-Tegel, et à Quenzgut au bord du lac Quenz, près de Brandebourg, sont créés, par l’Abwehr, le service de renseignement de la Wehrmacht, des centres d’entraînement, en vue de la création d’une cinquième colonne en Pologne et en Union soviétique. Des émigrants politiques ukrainiens y sont instruits.

En mars 1940, avec l’aide de l’Abwehr, la direction de l’OUN organise des groupes de sabotage et d’intoxication des populations à Lviv et en Volhynie soviétiques. D’autres groupes de saboteurs opèrent en Biélorussie et Ukraine. En 1941, l’OUN et son dirigeant, Stepan Bandera, sont fin prêts à participer à l’agression du Reich contre l’URSS. En uniforme de l’Armée rouge, ils commettent nombre d’assassinats ciblés contre les officiers du NKVD [3], cherchent à désorganiser la circulation et à dynamiter des objectifs stratégiques.

En juin – juillet et août 1941, quelque fois avant même l’arrivée des Allemands, comme à Lviv, les nationalistes de l’OUN massacrent sauvagement les Juifs à tel point que les nazis eux-mêmes, effrayés par le côté anarchique de ce début de génocide, interdisent les opérations séparées des nationalistes et en font des supplétifs des Einsatzgruppen.
La police ukrainienne alliée des nazis comptera jusqu’à 250 000 hommes. Des milliers d’autres serviront comme gardiens dans les camps d’Auschwitz, Treblinka et Belzec. L’OUN participe activement à l’exécution de prisonniers de guerre soviétiques, notamment des commissaires politiques, à la chasse aux communistes. Elle sera un précieux secours pour les nazis dans la guerre contre les partisans.

Mais pressé de proclamer un État ukrainien indépendant, Bandera déçoit les Allemands qui l’envoient en résidence surveillée en Allemagne, d’où il continue cependant à diriger ses troupes. Il reviendra en grâce en 1943, après le désastre de Stalingrad.

En mars de cette même année, est constituée la division SS « Galicie ». Elle comptera 26 000 hommes mais 80 000 se portèrent volontaires ! Les SS ukrainiens, non contents de se battre contre leurs frères qui servaient dans l’Armée rouge, appuyèrent en 1944 la garde fasciste slovaque contre les partisans après l’échec du soulèvement du 29 août 1942.

A la fin de la guerre, l’OUN et l’UPA, dans laquelle seront reversé les effectifs rescapés de la SS « Galicie » continuèrent de semer la terreur, jusque dans les années cinquante à l’ouest de l’Ukraine désormais soviétique. Bandera, pour sa part, fut recruté par les Services secrets britanniques [4]. Puis, en 1956, Bandera intégra les services de renseignements de RFA, la BND, alors dirigée par le général Reinhardt Gehlen, le chef des services de renseignement militaire pour le front oriental pendant la Deuxième Guerre mondiale. Des retrouvailles en somme. Un rapport du MI-6 de 1954 fait l’éloge de Bandera en tant qu’« agent professionnel muni d’une expérience terroriste et de notions impitoyables concernant les règles du jeu ».

Après ça, Svoboda peut dormir tranquille !

Les Occidentaux savent tout cela. Ils n’en ont cure. Et les médias ? Rien chez nous ou presque. C’est un peu mieux en Grande-Bretagne : sous le titre : « Des nervis d’extrême-droite détournent l’insurrection pour la liberté en Ukraine », le Time Magazine du 28 janvier faisait un gros plan sur le groupuscule Spilna Sprava (« Cause commune », dont les initiales en ukrainien sont « SS »),qui fait partie de la nébuleuse du Maïdan. Le lendemain, le Guardian titrait : « En Ukraine, les fascistes, les oligarques et l’élargissement occidental sont au cœur de la crise », avec en sous-titre : « L’histoire qu’on nous raconte sur les manifestations paralysant Kiev n’a qu’un lointain rapport avec la réalité »… Seumas Milne, un des journalistes du titre, précisait : « Vous n’auriez jamais pu apprendre par la grande presse que des nationalistes d’extrême-droite et des fascistes sont au cœur des protestations et des attaques contre les bâtiments officiels. Un des trois principaux partis d’opposition menant la campagne est le parti antisémite de la droite dure, Svoboda, dont le dirigeant Oleh Tyahnybok affirme que l’Ukraine est contrôlée par une "mafia judéo-moscovite". Svoboda, actuellement au pouvoir dans la ville de Lviv, a dirigé au début du mois une marche aux flambeaux de 15 000 personnes à la mémoire du dirigeant fasciste ukrainien Stepan Bandera, dont les troupes ont combattu avec les nazis pendant la Deuxième Guerre mondiale et ont participé au massacre des Juifs ».

Alors, en France, on s’y met ?

4) Il n’y aura pas de guerre entre la Russie et l’Ukraine

L’Ukraine est le berceau de la Rus’ auquel appartiennent les deux peuples ainsi que les Biélorusses. Russie et Ukraine sont « mariées » depuis plus de 3 siècles. Tous ces peuples ont traversé les pires épreuves ensemble, qu’il s’agisse de la guerre civile, de la « Grande guerre patriotique » - dont les monuments aux morts sont saccagés aujourd’hui même à Kiev – ou encore des effets du stalinisme. Les armées russe et ukrainienne n’en faisait qu’une il y a vingt ans et la Marine de la mer Noire n’a été partagée qu’il y a 17 ans.

Mis à part les nationalistes de l’Ukraine occidentale, personne ni en Ukraine ni en Russie ne souhaite, ni n’acceptera, une guerre fratricide. La « menace » russe n’existe pas. En revanche, en se donnant le droit de protéger ses ressortissants et la population russophone de l’Est en cas d’agression, Moscou ne fait que ce que ferait n’importe quel Etat confronté à une même situation. La France ne protège pas ses ressortissants en Afrique, par exemple ? Et l’Amérique !?

Alors pourquoi tous ces bruits de bottes ?

La « menace » d’intervention russe fournit l’occasion aux groupes fascistes armés de renforcer numériquement et matériellement leurs troupes et d’accroître leur pression sur la coalition au pouvoir. Celle-ci profite de la situation pour accroître ses exigences vis-à-vis de l’UE et des États-unis, forcer son entrée dans l’OTAN, obtenir un soutien financier conséquent.
Les Russes, de leur côté, se présentent comme maîtres du jeu après avoir essuyé un échec avec la destitution de Ianoukovitch. Ils profitent du danger – qui peut être réel – qui plane sur les russophones d’Ukraine pour développer une politique de force qui reçoit en retour le soutien des populations russophones à l’Est et au Sud du pays. Ils constituent un rapport de forces en vue des négociations à venir avec les Occidentaux.

Ceux-ci cherchaient non pas à « libérer » l’Ukraine, mais à déstabiliser la Russie. Manquant totalement de discernement et de connaissance du terrain et bien que prévenus (par des journalistes et des spécialistes) des risques d’implosion de l’Ukraine, ils sont allés jusqu’au bout et ont fait chuter Ianoukovitch, se retrouvent de fait devant une partition du pays (ce qui ne gêne pas les Américains mais est inacceptable par les Européens). Du coup, ils ont offert à Vladimir Poutine l’occasion primo de reprendre la main, secundo de s’installer sans doute définitivement en Crimée, tertio d’accroître l’influence russe à l’Est et au Sud de l’Ukraine.

5) La Crimée

La Crimée, conquise sur les Ottomans, était russe depuis 180 ans quand Khrouchtchev l’a « donnée », en 1954, à la République socialiste soviétique d’Ukraine, dont il était originaire et longtemps le principal dirigeant. Ce changement de cadre administratif ne changeait pas grand-chose, à l’époque puisqu’il avait lieu au sein de l’Union soviétique qui assurait la continuité territoriale. À titre de comparaison, cette même année 1954, la Corse n’était française que depuis 185 ans et la Savoie d’aujourd’hui ne l’est que depuis 154 ans quand la Crimée est « ukrainienne » depuis 60 ans.

Sa population est russe et russophone à près de 90%. Elle n’a jamais vraiment accepté son rattachement à l’Ukraine.

La principale base militaire et navale russe sur la mer Noire se trouve à Sébastopol en Crimée. Un accord prévoit que le bail concédé par l’Ukraine doit se poursuivre jusqu’en 2042. La coalition libérale-fasciste n’a pas caché sa volonté d’abroger cet accord. Le projet d’Accord d’Association entre l’Europe et l’Ukraine présenté par Bruxelles fait de l’évacuation de la marine russe de Crimée un point nodal.

On peut considérer – c’est l’avis de plusieurs spécialistes et même, en privé, celui de diplomates occidentaux – que la Russie demeurera en Crimée quelque soit le statut qu’adoptera celle-ci. Le 6 mars, le parlement de la région a demandé à une écrasante majorité le rattachement de celle-ci à la Fédération de Russie en tant que « sujet ». Un référendum doit avoir lieu le 16 mars. Son issue ne fait guère de doute.
Les Occidentaux vont crier au scandale, à l’annexion, à l’Anschluss. Pourtant, il y a une jurisprudence européenne : le Kosovo. Ils ont bombardé la Serbie pour que ce morceau de son territoire, berceau de son histoire, accède à l’indépendance, sous prétexte qu’il était peuplé en majorité par des Albanais.

6) Y a –t-il un risque de démembrement de l’Ukraine ?

Les élections présidentielle (2010) et législatives (2012) ont permis de mesurer « combien la politique ukrainienne était marquée par une division entre des populations russes (et russophones) regroupées à l’Est du pays et des population ukrainnophones, dont une partie habite les régions qui, avant 1914, étaient soit dans l’empire Austro-Hongrois soit étaient en Pologne. L’Ukraine est un pays neuf, dont l’existence est fragilisée par ces divisions » (Jacques Sapir, article cité plus haut).

En effet, c’était bien la réalité, avant le coup d’État des 22 et 23 février. Au lendemain de celui-ci, cependant, les nouvelles autorités, dont la légalité est pour le moins contestable, ont abrogé la loi sur les langues qui donnait au russe le statut de langue régionale là où il était parlé par au moins 10% de la population.

Après les slogans antirusses, la démolition des monuments aux morts de la guerre de 41-45, le renversement de statues de Lénine, les appels à une sorte d’épuration ethnique, c’en était trop. À l’Est et au Sud (Odessa), des manifestations, parfois violentes, se multiplient. Le drapeau russe est hissé sur des bâtiments publics et ici et là, les gouverneurs nommés par Kiev sont conspués voire remplacés.

C’est la même chose à l’Ouest, mais là, ce sont les nationalistes qui sont à la manœuvre. Le résultat est cependant le même : le pouvoir central – existe-t-il autrement que pour les Occidentaux, - n’a plus les moyens d’intervenir, de se faire respecter et de faire respecter la loi. À cela près que les nationalistes, comme on l’a vu, siègent au gouvernement. Sans déposer les armes ! Sans renoncer à leur « prise de guerre » à l’Ouest à Lviv, en Galicie ; en Volhynie ; à Revné (Rovno), à Ternopil…On voit mal ces groupes lâcher prise.

Reste le centre du pays et Kiev. La capitale est sous le contrôle des groupes armés dont le chef, on l’a vu, est, aujourd’hui, responsable des forces de sécurité. C’est un peu comme si, en 1968, de Gaulle avait nommé Cohn-Bendit ministre de l’Intérieur ou préfet de police. La population russophone vit dans l’angoisse et s’abstient de tout mouvement – au moins pour le moment. Mais au-delà de Maïdan et du périmètre des ministères et du parlement, que pense-t-on ? Qu’espère-t-on ?
La coalition libérale-fasciste peut s’estimer majoritaire, mais elle ne contrôle presque rien. Les groupes armés la tiennent en otage.

Conclusion : on parlait avant les événements de deux Ukraine – ukrainisante et russophone -, grâce aux Occidentaux, il y a au moins quatre aujourd’hui : l’Ouest nationaliste ; l’Est pro-russe ; la Crimée ; les régions centrales, indécises qui basculeront d’un côté ou de l’autre en fonction de la politique économique et sociale qui sera suivie comme ce fut le cas en 2004-2005, avec « la révolution orange » et en 2010-2012 avec l’élection de Ianoukovitch et le succès de son parti aux législatives.

7) Quelles solutions pour sortir de la crise ?

Compte tenu de la situation, des négociations directes entre Moscou et Kiev semblent impossibles. Néanmoins, il se peut que des rencontres aient lieu entre certaines personnalités ukrainiennes et le gouvernement russe. Avec Ioulia Timochenko, par exemple, que les Russes connaissent bien et qui sait, quand il le faut, « faire de la politique ». C’est cependant très incertain.

L’issue dépend surtout de négociations entre Occidentaux et Russes. Celles-ci auront une dimension économique essentielle tant il y a aujourd’hui d’interdépendances entre la Russie, l’Ukraine, l’Europe et les États-Unis. C’est également pourquoi la menace de « sanctions » brandie par les Occidentaux est parfaitement ridicule : suppression des visas ? Tout un pan de l’économie française en ferait les frais, à commencer par le secteur du luxe, suivi du tourisme (40 000 Russes cet hiver à Courchevel !), celui de l’immobilier, notamment sur la Côte d’Azur.

L’Union russe de l’industrie touristique (RST) a fait ses comptes. Elle rappelle qu’en 2013, « les pays de l’UE ont accueilli près de 19 millions de Russes, dont 7,7 millions de touristes. En Espagne [dont le chef du gouvernement suggère de refuser les visas aux Russes NDLR], l’afflux de touristes russes se développe à un rythme beaucoup plus rapide que l’afflux de touristes en provenance de tout autre pays » [5]. Selon la Direction des statistiques de Russie, plus d’un million de Russes y ont passé leurs vacances l’année dernière. « Si en 2013, l’ensemble des flux touristiques en Espagne a augmenté de 5,6 %, le flux de touristes russes a accusé une hausse de près de 32 % ». Selon la même source, en Grèce, le nombre de Russes a augmenté de 70 % en 2013, dépassant un million de personnes. Ce pays n’aurait-il pas besoin de touristes ?

Selon le ministère espagnol du Tourisme, cité par l’agence de presse russe RIA-Novosti, les Russes laissent dans ce pays des sommes de 47 % plus importantes que les touristes des autres pays. « Un touriste russe dépense en moyenne en Espagne 159 euros par jour contre 108 euros dépensés en moyenne par les touristes des autres pays. En 2012, les touristes russes ont rapporté à l’économie espagnole 1,8 milliard d’euros de bénéfices » [6].Il en va de même de l’Italie où ils ont dépensé 1,2 milliard d’euros en 2013.

Quant à la France, la société spécialisée Atout France estime à un million le nombre de touristes russes qui sont attendus cette année. « Une clientèle stratégique », explique-t-elle en rappelant que « le nombre de touristes russes voyageant à l’étranger devrait augmenter de 7 % à 16 % par an dans les prochaines années » [7].

Tout cela n’a pas un petit côté « pacte de compétitivité » ?

Alors sanctions ou pas sanctions ? Si les Européens décident de sanctions, ils risquent fort l’effet boomerang. La Russie détient quelques clés du point de vue économique et, surtout, énergétique et cela pourrait bien faire du dégât. D’autant que, comme le dit le dicton populaire, « qui va à la chasse perd sa place ». Dans le cadre de la mondialisation, ça ne pardonne pas.

Il y a, pour sortir de la crise, selon nous, au minimum 4 points incontournables.

La Russie, Vladimir Poutine l’a déclaré le 4 mars, ne croit pas en l’avenir de Ianoukovitch. Elle n’exigera donc pas son retour, mais, en revanche, elle tient à l’application de l’accord signé le 21 février entre le président et l’opposition, en présence des ministres des Affaires étrangères français, allemand et polonais et du représentant russe : élection présidentielle anticipée, amendement de la Constitution, gouvernement d’unité nationale. Même si Kiev a déjà pris certaines dispositions en ce sens, elles restent illégales, la lettre de la Constitution actuelle n’ayant pas été suivie. Ce point est peut-être négociable.

La mise à l’écart des fascistes de Svoboda et autres groupes factieux et leur désarmement. Celui-ci pourrait s’accompagner du désarmement parallèle des milices pro-russes à l’Est et au Sud. Ce point ne devrait logiquement pas poser de problèmes ni côté russe ni côté occidental, à moins que le soutien aux fascistes ne soit définitivement acté par l’Occident !

Quelle que soit la forme que cela prendra, la question de la Crimée est, on l’a vu, tranchée. Le référendum du 16 mars pourrait représenter, pour l’Occident s’il fait preuve de bonne volonté, un cadre acceptable, démocratique, pour reconnaître le nouveau statut de la Crimée. Des facilités pourraient être laissées à la Marine ukrainienne en échange de la continuité des approvisionnements d’énergie. Sinon, il se passera pour la Crimée ce qui s’est passé pour l’Ossétie du sud et l’Abkhazie : on oubliera. De toute façon les Occidentaux n’y peuvent rien. Quant aux Russes, encore une fois, ils n’ont pas digéré l’affaire du Kosovo…

Compte tenu de la partition de facto du pays, l’Ukraine devrait évoluer vers un statut de Fédération, reconnaissant une autonomie, notamment culturelle, linguistique et religieuse, aux différentes régions. De même, un retour à la reconnaissance du russe comme langue régionale (mais aussi du roumain au sud-ouest, du hongrois et du polonais) s’impose.

Contrairement à ce que l’on laisse accroire en Europe, la balle n’est pas du côté russe, dans cette affaire, mais bien du côté occidental. Que le Kremlin ne reconnaisse pas un gouvernement issu d’un putsch reste son affaire – les Européens n’avaient pas, fort justement, reconnu les putschistes de Moscou en 1991. Les relations entre l’Ukraine et la Russie demeurent de leur ressort. Le peuple de la Crimée a, comme tous les peuples, droit à l’autodétermination.

La « realpolitik » voudrait qu’une fois pour toutes, on accepte le fait que la Fédération de Russie ait hérité de l’Empire Tsariste et de l’URSS des relations particulières avec de nouveaux États qui, il y a 23 ans, faisaient encore parti du même espace commun, dont les économies demeurent agrégées et où la communauté des peuples a souvent débouché sur une communauté de vie pour des millions d’hommes et de femmes.

Bernard Frederick est journaliste, ancien correspondant permanent de l’Humanité à Moscou.

Notes :

[1] Mediapart 2 mars 2014.

[2] Ma’ariv du 21 février 2014.

[3] Service de renseignements soviétiques ancêtre du KGB.

[4] Cf Stephen Dorrill, M16 : Inside the Covert World of Her Majesty’s Secret Intelligence Service, Simon and Schuster, 2002.

[5] Ria-Novosti, le 6 mars 2014.

[6] Idem

[7] http://www.tourhebdo.com/ 14 janvier 2013.

http://www.lafauteadiderot.net/La-crise-ukrainienne-point-par

Messages

  • Selon Jacques SAPIR, le referendum en Crimée ne peut être qualifié d’illégal. Le coup d’Etat du 21 février présenté comme une "Révolution" par les pays occidentaux, met à bas les accords de 1991. A situation révolutionnaire, décision révolutionnaire. Pour que les accords de 1991 continuent d’être valables, il aurait fallu conserver l’ancien gouvernement.

    • Pas une goutte de sang pour la « nation » ! Déclaration anarchiste contre la guerre en Ukraine

      La lutte de pouvoir entre les clans de l’oligarchie en Ukraine menace de se transformer en conflit international armé. Le capitalisme russe tente d’utiliser la redistribution du pouvoir au sein de l’État ukrainien pour mettre en œuvre ses vieilles aspirations impériales et expansionnistes en Crimée et en Ukraine orientale, régions où il a d’importants intérêts économiques, financiers et politiques.
      Dans le contexte de la prochaine crise imminente en Russie, le régime tente d’attiser le nationalisme russe afin de détourner l’attention de l’aggravation des problèmes socio-économiques des travailleurs : salaires et pensions de misère, démantèlement des soins accessibles, de l’éducation et d’autres services sociaux. Dans la tempête d’une rhétorique nationaliste et agressive, il est plus facile d’instaurer un État autoritaire et corporatiste fondé sur des valeurs réactionnaires et des politiques répressives.
      En Ukraine, la crise politique et économique aiguë a conduit à exaspérer la confrontation entre les « nouveaux » et « vieux » clans oligarchiques, et a pour la première fois utilisé des formations ultranationalistes et ultradroitières pour réaliser un coup d’État à Kiev. L’élite politique de Crimée et d’Ukraine orientale n’a pas l’intention de partager son pouvoir et ses propriétés avec les nouveaux dirigeants de Kiev et se tourne vers le gouvernement russe pour avoir de l’aide. Des deux côtés, on a recours à l’hystérie nationaliste, respectivement ukrainienne et russe. Il y a des affrontements armés et effusion de sang. Les puissances occidentales ont leurs propres intérêts et leurs propres aspirations, et leur intervention dans le conflit pourrait mener à une troisième guerre mondiale.
      Ces messieurs des différentes cliques belligérantes nous poussent, comme d’habitude, nous les gens ordinaires, les travailleurs salariés, les chômeurs, les étudiants, les retraités…, à nous battre pour leurs intérêts. Ils veulent nous saouler avec leur drogue nationaliste, nous pousser les uns contre les autres, nous faire oublier nos réels besoins et intérêts. Nous n’avons que faire de leurs « nations », alors que nous avons à régler d’autres problèmes urgents et vitaux : comment joindre les deux bouts dans ce système qu’ils ont instauré pour nous opprimer et nous réduire en esclavage.
      Nous ne succomberons pas à l’intoxication nationaliste ! Qu’ils aillent en enfer avec leurs États et « nations », leurs drapeaux et leurs discours ! Ce n’est pas notre guerre et nous ne devons pas y participer et payer avec notre sang leurs palais, leurs comptes en banque et leur plaisir de s’asseoir dans les confortables fauteuils du pouvoir. Et, si les messieurs de Moscou, Kiev, Lvov, Kharkov, Donetsk et Simferopol commencent cette guerre, notre devoir est d’y résister par tous les moyens ! Pas de guerre entre les « nations » ! Pas de paix entre les classes !

      KRAS-AIT
      (Confédération révolutionnaire anarcho-syndicaliste, Russie), Fédération anarchiste de Moldavie (Moldavie), Fraction socialiste révolutionnaire (Ukraine), Internationalistes d’Ukraine, de Russie de Lituanie, d’Israël et de Moldavie

    • il mesemble que L.L avait demandé de préciser -puisque nous avons droit à la relecture des thèses fumeuses deprétendus "anarchistes"- ce que signifait cette nouvelle classification permettant de sortir laconnerie d’un "capitalisme russe" ?

      Personnellement, tu excuseras mon côté certainement post-Kgébiste..et bien entendu national communiste, qui suinte de"trahison de classe".


      je conchie le poutinisme

      Mais la tête d’Obama , Grand Chef de l’impérialisme, qui fait couler des fleuves d esang partout ou" l’intégrité , la souveraineté des"nations" ordonne que l’on se partage les zones d’influence à laide des misssiles et des tanks,
       ;.’l’indignation de ceux qui ont "inventé" une indépendance du KOSOVO,comme ce clown de Kouchner, les propos philosophiquemnt virils d’un BHL se prenat pourMalraux à Teruel ,
      ..........ça m’amuse , cematin

      Ce vote de la CRIMEE, je me le repasse en boucle !
       :)

      Ce qui me détend aussi, c’est que parmi les protestations dites d’"extrème gauche" (?) je vois des "révolutionnaires" qui m’expliquent les vertus de la cause d’ETA nationaliste ou le bien fondé"de classe" du "catalanisme" , qui frappe y compris de très bons copains à moi...!

      Tant pis, j’AVOUE :

      Ce matin, je me réjouis CONNEMENT CERTES, des cacas nerveux des "nouveaux démocrates" de KIEV, aussi pourris que ceux qui ont pris dela distance-etqui vont revenir.. ;c’est "démocratique", et je me régale des insultes des fafs en treillis de la place Machin

      OUi, cen’est guère marxiste, mais qu’on m’excuse : ça soulage..
       :)

      A.C

      C’est tellement chiant de se farcir en boucle la VERITE du K..que j’en suis même rendu , pardon de ce réflexe nullissime, , à "bander" quand on m’apprend que les "FTP" d’AL QAIDAn’ont pas libéré DAMAS...

      Et sont même en train de se perendre une sacrée branlée..!

      Pendant qu’hélas des pauvres mômes de Toulouse oude Clichy...sont en recherche de "djihad"en prétendant..aller renforcer les "libérateurs" que soutient l’"Occident".!

      En passant , pour plus de facilité,....par la LYBIE..enfin aux mains libératrice..de ce "CNR" assez curieux que leFDg etle NPA voulaient voir davantage soutenu contre Khadafi....!

    • Merci à toi de nous donner des brevets de vrais ou de faux anarchistes,heureusement que tu es là.

      Sinon,tu as bien raison,il n’y a pas de capitalisme en Russie.S’il y avait des oligarques dans ce pays qui porte haut et fort les progrès sociaux du socialisme,ça se saurait.
      Et tant pis si les travailleurs russes ne sont pas tout à fait d’accord.Mais ça tu t’en branles,c’est toi qui délivre la Vérité.

    • Cette façon de travestir, caricaturer une opinion cela s’appelait l e stalinisme Mais "c’était avant.."

      Aujourd’hui un prétendu "anar"(??) parle de"capitalisme RUSSE, niant ainsi ce qu’est au niveau planétaire l’exploitation capitaliste

      Incapable de "théoriser" cette immense connerie, le courageux anonyme répond

      ,tu as bien raison,il n’y a pas de capitalisme en Russie.S’il y avait des oligarques dans ce pays qui porte haut et fort les progrès sociaux du socialisme,ça se saurait.

      je préfère discuter avec mon solex..Bonjour chez toi..

       :)

      AC

      qui s’excuse d’être un brin marxiste..!

  • Trouvé sur le site du NPA :

    Russie : «  Un décor fait d’institutions démocratiques, mais un système géré par en haut  »

    Entretien. Ilya Boudraitskis a été un des fondateurs de Vperiod («  en avant   »), section russe de la IVe Internationale. Ce groupe s’est élargi pour fonder le Mouvement socialiste de Russie (RSD) dont il est l’un des porte-parole. Dans un contexte de forte répression par le pouvoir de Poutine, il revient ici sur la politique russe en Ukraine et l’opposition rencontrée par celle-ci en Russie même.

    As-tu participé aux manifestations contre l’intervention russe en Ukraine, et quelle a été la réaction des autorités  ?

    Oui, j’ai participé à la manifestation spontanée à Moscou contre la guerre le dimanche 2 mars. Cette manifestation était illégale car pour avoir l’autorisation de manifester à Moscou, il faut envoyer une lettre trois jours ouvrables à l’avance, sans aucune garantie que ce sera approuvé... Du coup, la manifestation a été organisée via les réseaux sociaux juste après qu’on ait su samedi soir que Poutine était prêt à commencer l’intervention et que le Conseil de la Fédération (la Chambre haute du Parlement russe) ait déclaré son soutien.
    Plusieurs centaines de personnes sont donc venues devant le ministère de la Défense au centre de Moscou le dimanche après-midi. Au niveau politique, c’était un mélange de militants de base de l’opposition libérale (sans leader de premier plan, comme Boris Nemtsov, etc.) et de la gauche radicale (trotskistes et anarchistes). Après quelques minutes, la police a commencé à arrêter les personnes les plus actives, surtout ceux qui avaient des affiches. Une heure après, la plupart des manifestants se sont déplacés vers la place Manejnaïa (très centrale, près du Kremlin, où les manifestations sont ordinairement interdites). À un moment, il y avait environ un millier de personnes sur la place. La police, y compris les Omon (la police spéciale anti-émeute), a agi de façon brutale, mais pas autant que d’habitude pour des manifestations illégales à Moscou. Au bout de deux heures les manifestants étaient vidés de la place, et environ 300 personnes ont été arrêtées. La plupart d’entre eux ont été libérés à la fin de la journée, et à présent, selon nos lois, ils doivent payer environ 200-300 euros.

    Dans quelle mesure penses-tu que la démocratie a été démantelée en Russie  ?

    Je pense que le terme «  démocratie dirigée  » est toujours à peu près pertinent pour la Russie de Poutine. Cela signifie que nous avons encore un décor fait d’institutions démocratiques au premier plan  : des élections, des partis, des médias libres (journaux et Internet, mais pas à la télévision bien sûr). Mais sans son noyau  : la démocratie «  dirigée  » n’est pas un système qui peut se réguler «  organiquement  », comme en Occident. C’est un système géré par en haut, par l’administration du président. C’est pourquoi ce système n’est pas vraiment stable et ne s’auto-reproduit pas bien. Il est très vulnérable aux interventions massives, par en bas. C’est pour cela qu’il a eu si peur des manifestations à Moscou en 2011-2012, et, bien sûr, du mouvement de Maïdan à Kiev.

    Quels sont d’après toi les objectifs de la Russie en Ukraine  ?

    Je pense que Poutine et son entourage ont vu dans les événements de Kiev un complot occidental anti-russe. En fait, je crois qu’il y a eu un certain nombre de complots différents, mais tous étaient seulement des éléments d’une situation très compliquée, dans laquelle ce sont les centaines de milliers de personnes en mouvement qui ont joué le rôle clé. Et les mesures de Poutine en Ukraine au cours des derniers jours étaient une sorte de réponse symétrique à ce complot. Son attitude, c’est en quelque sorte «  si vous appelez "manifestations pacifiques" les occupations de bâtiments publics et les milices armées et que vous les utilisez pour vos intérêts géostratégiques, alors je vais vous montrer mes "manifestants pacifiques", qui mettent des drapeaux russes sur les bâtiments publics d’Ukraine de l’Est et les "forces de Crimée de légitime défense" qui prennent le contrôle d’objectifs militaires stratégiques  »...

    Quel est le niveau d’approbation par la population russe des actions de Poutine en Ukraine, et en conséquence quelle est l’ampleur de l’opposition potentielle  ?

    Bien sûr, ces derniers jours, le soutien passif aux actions de Poutine en Ukraine a été massif. La plus grande partie de la population reçoit ses informations de la télévision, et la propagande de guerre y a déjà commencé. Vous ne pouvez même pas imaginer quel genre de programme d’actualités nous avons en ce moment sur les chaînes de télévision russes... L’idée principale qui y est défendue, c’est qu’il y a un coup d’État fasciste anti-russe en Ukraine, et les gagnants, des «  banderistes  » (1) armés, sont prêts à lancer la terreur de masse contre nos frères russophones. Bien sûr, le vieil argument selon lequel Sébastopol est «  notre ville  » et nous avons besoin d’une sorte de revanche après le traité honteux de 1991, est également populaire.
    Mais les gens ne sont pas prêts à un soutien actif et à long terme. Par exemple, le 2 mars au soir, je suis allé jeter un œil à la manifestation officielle de «  soutien à la Crimée  ». La plupart des gens étaient des travailleurs ou des employés du secteur public, obligés par leurs patrons à participer à la manifestation. Et puis bien sûr, les gens commencent tout juste à comprendre l’ampleur des difficultés économiques auxquels ils seront confrontés si la guerre éclate.

    Quelle position aimeriez-vous que les militants anti-guerre occidentaux prennent à propos des actions de Poutine  ?

    Je crois que les militants anti-guerre dans tous les pays devraient critiquer leur propre gouvernement en premier. Et rappelez-vous que l’attitude agressive «  symétrique  » de Poutine en Ukraine n’est qu’une continuation de la logique des États-Unis, du Royaume-Uni et d’autres pays occidentaux, de l’Irak à la Syrie. Il a juste eu de bons professeurs...
    En ce qui concerne l’Ukraine, je pense que son indépendance réelle ne peut être atteinte que lorsque ce pays cesse d’être l’objet de la répartition des intérêts de ses puissants voisins, de l’Est comme de l’Ouest.

    Propos recueillis par Georges Villetin

    Traduction par Sylvestre Jaffard

    • Curieux, sur A2, cette manif tournait (sans images) autour de 50 000 participants.....

    • Je pense qu’il ne s’agissait pas de la même manifestation. Celle annoncée à 50.000 est plus récente et a dû avoir lieu après l’interview, si j’ai bien compris...

    • Curieux, curieux, cet article du NPA relayant le’engagement "trostko-anar" de MOSCOU.

      Cette théorie des"bons" et des"méchants" est assez bizarre, j’aurais pensé que les coucheries anti Khadafi auraient appris à s’essayer à la dialectique.

      Mais non.

      Comme A2 avec seschiffres et ses envolées lyriques de soutien larmoyant pour tout ce qui est un soutien à Obama et l’impérialisme , voici venu le temps des émotions à la Kouchner-BHL, , au"romantisme révolutionnaire" dès lors q’on conspue MADURO ou qu’on trouve dans les nouveaux corrompus de Kiev , des vaillants alliés ..

      Il ya donc les"gentils"

      Oui, j’ai participé à la manifestation spontanée à Moscou contre la guerre le dimanche 2 mars.
      Plusieurs centaines de personnes sont donc venues devant le ministère de la Défense au centre de Moscou le dimanche après-midi. Au niveau politique, c’était un mélange de militants de base de l’opposition libérale (sans leader de premier plan, comme Boris Nemtsov, etc.) et de la gauche radicale (trotskistes et anarchistes).

      bref..c’est sympa, un genre ou s’estompent les clivages de classes.non ?

      .Une" manif pour tous.".ceux qui ont choisi le camp des travailleurs ukrainiens..!

      Du moins de ceux de la place Maidam..ou drapeau "national" et croix gammée cohabient..
      Il ya les "autres"

      Des russes manipulés, bref des cons..Fussent ils ouvriers..

      le 2 mars au soir, je suis allé jeter un œil à la manifestation officielle de «  soutien à la Crimée  ». La plupart des gens étaient des travailleurs ou des employés du secteur public, obligés par leurs patrons à participer à la manifestation.

      Des espèces de"bonnets rouges"de F.O .?

      A moscou..c’est presque normal, la couleur....

      Manichéens de tous les pays, UNISSEZ-VOUs

      SVP, KARL, Vladimir Illitch, Léon REVEILLEZ VOUS..ils sont devenus fous !

      Je ne voudrais pas en rajouter mais je me demande s’ils ne vont pas, ces cousins du NPA , nous inviter à constituer des Brigades Internationales pour libérer la CRIMEE..

      Ils ont eu des prédécesseurs..

      Notamment en 1918-1919

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Mutineries_de_la_mer_Noire

      Deux trois extraits :

      La défaite des Empires centraux pose de facto une nouvelle question : que faire de la Russie en pleine révolution ?

      Les puissances alliées considèrent aussitôt les Bolcheviques comme les nouveaux adversaires à abattre.

      Regardez bien le dates..
      On n’a pas encore mis un terme à la Grande BOUCHERIE que ..

      Dès le 27 octobre, donc quinze jours avant l’armistice, et jusqu’au 21 novembre 1918, Clemenceau donne une série d’ordres qui aboutissent à l’intervention directe de la France en Russie du sud1.

      oui..il faut en 1918...que l’"Occident civilisé" protège le monde libre..
      déjà..
      .

      Néanmoins, la volonté d’intervenir en Russie pour contenir ou anéantir la révolution bolchevique n’est pas spécifiquement française : la plupart des grandes puissances partagent cette politique

      Mais Clémenceau est un espèce de pré HOLLANDE..

      on se contente d’apporter un soutien aux armées blanches contre-révolutionnaires qui cernent de tous côtés les régions tenues par les Bolcheviques. Le « Tigre » veut aller plus loin, et conçoit une gigantesque opération de soutien indirect aux armées blanches. Le plan prévoit d’occuper les grands ports du Sud, puis de pénétrer à l’intérieur du pays avec mainmise sur le bassin charbonnier du Donetz

      La réconcilation franco-allemande ,n’aura pris que quelques jours pour se batir sur du solide" !

      Il est prévu aussi de s’appuyer sur les 500 000 soldats allemands qui stationnent en Ukraine depuis la paix de Brest-Litovsk pour maintenir l’ordre en attendant l’arrivée des troupes françaises1

      Hélas hélas, l’ukrainien, le criméen est un inculte, un pov’ con..!

      Clémenceau avait un objectif pourtant clair :

      .

      Celui-ci repose sur nombre d’a priori, les uns idéologiques (détruire le Bolchevisme), les autres dus au manque d’informations. Car la défaillance des services de renseignement français sur la Russie est à peu près totale1. On pense à Paris que la population locale va faire bon accueil aux forces français

      Attention, donc amis internationalistes..!

      C’est dans ces conditions que les Français, qui ne sont qu’une poignée, débarquent à Odessa le 18 décembre, puis à Sébastopol le 26

      Hélas , il ya les"masses" !!
      La"population ingrate", qui

      travaillée par une active propagande communiste, se révèle d’emblée hostile

      .

      Je vous laisse poursuivre le récit..

      Je m’en tiens à la chute..

      (Des ambitions desb ourgeoisies)

      C’est dans cette ambiance dramatique que, le 16 avril, l’armée Rouge se lance à l’assaut de Sébastopol.

      Les jeunes apprendront en continuant la lecture qu’il y eut alors les"MUTINS de la MER NOIRE.

      Mais tout ça, c’était"avant" !!

      maintenant, sachez le, la CRIMEE c’est sacré..

      Pas question qu’on touche à l’intégrité de l’UKRAINE. ;

      On n’est pas au KOSOVO, nom deDIEU !

      Faut il en rire ?

      Pourquoi pas ?

      A.C

      Inutile de me répondre en s’étranglant de colère parce que je compare deux situations totalement différentes.

      Je n’ai attendu personne pour comprendre que POUTINE n’est pas LENINE etque la RUSSIE de 2014 est assez élooignée de ce que fut l’URSS..DE 1917 ou brejnévienne..

      J’ai juste voulu dire que ceux qui "manifestent pour l’UKRAINE comparée àlaTchéco de 1939,.. sont aussi loin des réalités de la luttedes classes que ceux qui n’ont jamais compris pourquoi Jaurès fut assasiné...!

      Prétendre qu’on "manifeste contre laguerre" quand on défile en soutien d’un des camps du K pris dans ces contradictions, on n’est plus -si on prétend l’avoir été- , un communiste.

      On est l’IDIOT UTILE de l’adversairede classe..

      Qu’on se prétende anarchiste ou trotskyste n’y change rien.

    • Cette théorie des"bons" et des"méchants" est assez bizarre,

      On n’a pas lu le même article.

      Le manichéisme, que tu critiques mais de mon point de vue que tu manies énormément, je le vois dans ceux qui se sentent une proximité avec un camp juste parce que l’impérialisme occidental est dans le camp d’en face.

      Moi j’ai lu (fin de l’interview) :

      Je crois que les militants anti-guerre dans tous les pays devraient critiquer leur propre gouvernement en premier. Et rappelez-vous que l’attitude agressive «  symétrique  » de Poutine en Ukraine n’est qu’une continuation de la logique des États-Unis, du Royaume-Uni et d’autres pays occidentaux, de l’Irak à la Syrie. Il a juste eu de bons professeurs...

      En ce qui concerne l’Ukraine, je pense que son indépendance réelle ne peut être atteinte que lorsque ce pays cesse d’être l’objet de la répartition des intérêts de ses puissants voisins, de l’Est comme de l’Ouest.

      Manichéen ?
      Les bons et les mauvais ?
      Allons donc.
       :-)

      Ce qu’explique ce militant de classe, c’est justement que la frontière de classe ne passe pas entre les deux camps en présence, qui sont deux impérialismes concurrents.

      Et justement le manichéisme, l’illusion que ceux qui sont en face des "mauvais", l’impérialisme occidental, sont forcément peu ou prou des "bons", empêche à mon avis dramatiquement de développer une analyse de classe pouvant mener à un troisième camp, celui des travailleurs, à un autre front (le bon, cette fois, entre classes).

      Sans compter que cette vision, que je pense liée à une perception un peu affective, amène un peu plus de division dans le camp "lutte de classe", et on n’en a pas besoin, on est déjà au fond du trou...

    • Mais bien entendu..
       :)
      Le fameux "militant de classe" qu’on interviewe ne manifeste absolument aucun espèce de"choix" ..
      C’est pour cela qu’il nous raconte la version made in FREE EUROPA de la "révolution" ukrainienne..

      .

      En fait, je crois qu’il y a eu un certain nombre de complots différents, mais tous étaient seulement des éléments d’une situation très compliquée, dans laquelle ce sont les centaines de milliers de personnes en mouvement qui ont joué le rôle clé.

      Bien sûr, camarades de la 4° Internationale !!!
       :)

      Il faut vraiment avoir la nostalgie du génial Staline, comme moi, pour imaginer un seul instant je ne sais quelle possible intervention des POSSEDANTS, du KAPITAL,visant à s’assurer que l’UKRAINE deviendrait enfin une zone démocratique et de satisfaction des besoins essentiels des travailleurs, comme le reste du continent aujourd’hui libéré de l’enfer soviétique..

      Poutine ,petit fils caché deBREJNEV( selon une source de CLOSER) ,cet espèce de "Mazarin.." post soviétique, est aux abois..

      C’est pour cela qu’il a eu si peur des manifestations à Moscou en 2011-2012, et, bien sûr, du mouvement de Maïdan à Kiev

      Dans le 16° , hier au soir deux amies bavardaient

      Ah ce mouvement de Maïdam, ma chère Marie-Sophie, ce coup porté au"capitalisme RUSSE" comme nous l’explique les néo-anarchistes , quel moment fort de la REVOLUTION prolétarienne..., comme je l’expliquais hier à Charles -Henri , rentrant du golf..après une journée chargée pour cause de plan social à faire accepter par notre CFDT..

      Je me repasse en boucle cette intervention d’un homme dont personne ne niera combien il a toujours été le porte parole de l’humanisme, le philosophe engagé que le monde nous envie, qui, poitrail au vent,risquant sa vie pour la nièeme fois, malgré l’angoisse de cette douce et tendre Arielle Dombasle, modeste héros qui (presque) sous la mitraille , parlait en notre nom au peuple de Maïdam, en saluant la dame de fer de KIEV, cette gracieuse blonde si calomniée par ceux qui pont osé prétendre qu’elle avait fait de la corruption mafieuse, un de ces passe temps favoris...

      Entre deux révolutions..
      Permettez moi, ma Douce Amie, de vous déclamer quelques extraits de ce flamboyant discours au PEUPLE de Maïdam....

      .Peuple du Maïdan ! Il y a là, sur cette place, tous les peuples d’Ukraine rassemblés. Des Ukrainiens de l’Ouest et des Ukrainiens de l’Est. Des Ukrainiens de la ville et des Ukrainiens venus des campagnes. Des Tatars et des Polonais. Des Cosaques et des Juifs. Il y a là les petits-enfants des survivants de l’Holodomor, ce massacre par la faim orchestré par Staline, et ceux de Babi Yar, ce terrifiant symbole de la Shoah par balles.
      Nous avons, à Paris, la place de la Bastille où se constitua le peuple français. Vous avez cette place du Maïdan où s’institue le peuple ukrainien. Et c’est une grande émotion, pour un citoyen de la patrie des droits de l’homme, d’être le témoin, sur cette place, de cet exceptionnel moment d’histoire comme seuls en produisent les grands peuples.

      PAS L’EUROPE DES BUREAUCRATES, L’EUROPE DE L’ESPRIT

      Vous avez, peuple du Maïdan, un rêve qui vous unit – et votre rêve, c’est l’Europe. Pas l’Europe des comptables, l’Europe des valeurs. Pas l’Europe des bureaucrates, l’Europe de l’esprit. Pas l’Europe fatiguée d’elle-même, qui doute de sa vocation et de son sens, mais une Europe ardente, fervente, héroïque.

      Je suis citoyen français. Je suis un fédéraliste européen. Mais aujourd’hui, voyez-vous, sur ce Maïdan où l’on rappelle l’Europe à sa vocation première et à son génie, je suis aussi Ukrainien. J’ai tort, d’ailleurs, de dire rêve européen.

      Car rien n’est plus concret que l’Europe que m’ont dépeinte, chaque fois, les femmes et hommes que vous avez portés à la tête de votre mouvement – une Europe qui, pour toutes et tous, signifie liberté, juste gouvernance, lutte contre l’Etat-voyou des oligarques, citoyenneté.

      L’UKRAINE EST LE COEUR BATTANT DU CONTINENT

      Vous rendez chair au projet européen. Vous lui redonnez un contenu et un programme. Vous donnez un sens, non pas « plus pur » comme a dit un poète français, mais plus précis, et plus riche, au mot et à l’idée d’Europe.

      C’est pourquoi je pense que la vraie Europe est ici. C’est pourquoi les vrais Européens, c’est ici, sur le Maïdan, qu’ils se trouvent réunis. C’est pourquoi l’Ukraine n’est pas ce vassal de l’empire russe mendiant son rattachement à l’Europe : elle est, en tout cas à cette heure, le coeur battant du continent – et Kiev en est la capitale.

      Peuple du Maïdan, frères en Europe ! Je veux vous dire aussi que nous sommes nombreux, de Paris à Berlin et ailleurs, à avoir entendu votre message. Je sais que vous vous sentez seuls. Je sais que vous avez le sentiment d’être abandonnés par une Europe qui, en vous tournant le dos, tourne le dos à sa substance. C’est vrai.

      Mais il est vrai, aussi, que vous avez des amis dans les sociétés d’Europe. Mais il est vrai, aussi, que vous avez, ici même, dans les missions diplomatiques européennes, des amis de l’ombre dont je puis vous dire qu’ils sont de coeur avec vous et qu’ils oeuvrent en votre faveur.

      DES PEUPLES QUI AFFIRMENT LEUR SOUVERAINETÉ

      Nous sommes des millions à avoir compris que notre sort se joue ici, sur cette place de l’Indépendance que vous avez rebaptisée place de l’Europe. Et j’ai bien l’intention, à mon retour en France, de le dire haut et fort : pas de visas pour les brutes qui, tel Louis XIV faisant graver sur ses canons « ultima ratio Regis », menacent de donner l’assaut au Maïdan ; gel de leurs avoirs dans toutes les banques de l’Union européenne ainsi que dans ces paradis fiscaux dont nous savons, maintenant, forcer les portes ; il y a toute une gamme de sanctions dont les démocraties ont la clef – et il faut le rappeler sans se lasser.

      Le président de mon pays, François Hollande rencontrera dans les prochaines heures celui des Etats-Unis d’Amérique, Barack Obama : qui sait s’il ne le convaincra pas de s’associer, une nouvelle fois, à une opération de sauvetage de cette part de l’Europe qui demeure kidnappée ?

      P
      Civilisé, dans ma langue comme dans celle des fresquistes qui peignirent, au Xe siècle, la Vierge en prière, mains levées en signe de paix, de votre cathédrale Sainte-Sophie, est le nom commun de l’amant de la civitas et du porteur de civilisation.

      Et votre force, oui, c’est cette haute civilisation à laquelle vous êtes adossés – en même temps que vous hante, comme tous les peuples d’Europe, une part d’histoire tragique et criminelle. La Russie n’existait pas que l’Ukraine et Kiev rayonnaient déjà. Il y a en chaque citoyen du Maïdan plus d’histoire et de culture que dans le matamore de Sotchi – ce Tarzan qui n’est qu’un Popeye, ce faux fort qui est un vrai ennemi de sainte Sophie et de sa sagesse.

      C’est pour cela que vous vaincrez. C’est pour cela que, tôt ou tard, vous l’emporterez sur maître Vladimir Poutine et son valet Viktor Ianoukovitch.

      Je vous souhaite la bienvenue en Europe.

      Hummmmmm..que c’est bon....
      j’en ai les sens tout retournés..Chutt

      Marie Sophie , que j’aimerais être ukrainienne..

      Quelle différence entre ce PEUPLE héroîque que salue notre BHL et ces ouvriers, ces gueux, ces assistés refusant d’accomplir ce devoir national et européen de menus abandons de privilèges archaïques qui paralysent la compétitivité des entreprises que nos chers époux s’évertuent à faire prospérer pour le bonheur commun.

      .Ils vont encore polluer Paris demain avec leur manif...

      Heureusement, il ya des "foules" plus sympathiques.

      Comment , pour une fois, ne pas remercier des hommes courageux comme cet Ilya Boudraitskis un des fondateurs de Vperiod («  en avant   »), section russe de la IVe Internationale. qui soutient, à MOSCOU, nos frères de Maïdam....

       :)

      Comme avec mon ami anarchiste, avec toi, je pense que nous en resterons là...
      ADIEU, CAMARADE.

      A.C