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Orange : le suicide n’était pas une "mode" ...

Publie le mercredi 19 mars 2014 par Open-Publishing
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Dix salariés d’Orange (ex-France Télécom) se sont suicidés depuis le début de l’année, soit "presque autant qu’au cours de toute l’année 2013", a annoncé mardi l’Observatoire du stress et des mobilités forcées, y voyant un motif de "grave alerte".

Selon cet organisme créé par des syndicats de France Télécom (CFE-CGC et SUD) peu avant le début de la vague de suicides qui avait frappé le groupe en 2008-2009 et qui y recense depuis les drames, la majorité de ces suicides "ont une relation explicite au travail".

Pour l’ensemble de l’année 2013, 11 suicides avaient été recensés au sein du groupe, a indiqué mardi un membre de l’observatoire à l’AFP, évoquant une accélération "tout à fait étonnante", même s’il y a souvent plus de suicides en début d’année et après les fêtes.

L’Observatoire, dont les données ont d’abord été publiées par Mediapart, rapporte que le climat social avait été "apaisé" au sein de l’entreprise qui emploie environ 100.000 personnes. Cet apaisement avait notamment été obtenu grâce au "contrat social" lancé après la crise en septembre 2010, qui prévoyait 10.000 recrutements.

Mais, dit l’observatoire, "on retrouve dans l’entreprise d’aujourd’hui les facteurs structurels de la crise 2007-2009, dont l’une des manifestations, la plus grave, est la remontée rapide des suicides".

Sollicitée par l’AFP, la direction d’Orange a reconnu avoir connu "depuis le début de l ?année plusieurs suicides".

"Chacun de ces actes est par nature singulier et renvoie à des contextes différents. Néanmoins, ces situations nous rappellent à la vigilance", a dit l’entreprise.

 Contexte très concurrentiel -

Elle souligne que le médiateur du groupe, Jean-François Colin, rencontrera vendredi les représentants du personnel au Comité national d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CNSHSCT) "pour échanger avec eux sur les dispositifs de prévention des conduites à risques", ce qui "permettra le cas échéant de renforcer ou compléter ces dispositifs".

Les syndicats du groupe avaient émis à l’unanimité un droit d’alerte le 18 février dans le cadre de cette instance, "concernant la mise en danger de la santé et la sécurité des salariés".

"En l ?espace d ?un an la situation s ?est dégradée", disaient-ils dans ce droit d’alerte, évoquant notamment les "suppressions d ?emplois programmées sur plusieurs années et l ?insuffisance de recrutements" et soulignant, sans les chiffrer, que "la recrudescence de suicides survenus depuis le 1er janvier 2014 nous interpellent tous".

Dans un contexte très concurrentiel pour l’ensemble du secteur télécom, Orange qui a des effectifs vieillissants, table sur 30.000 départs naturels d’ici à 2020, qui ne seront que partiellement remplacés. Pour l’observatoire du stress, "cette décrue de l’effectif n’a pas d’équivalent dans les grandes entreprises françaises depuis deux décennies" et accroît la charge de travail pour ceux qui restent.

Sollicité par l’AFP, Patrick Ackermann (SUD) a confirmé les chiffres de l’observatoire. Prudent sur les causes des drames qui dans certains cas étaient clairement liés à "des questions individuelles", il souligne toutefois : "ce qui nous interpelle, c’est qu’il y en ait eu dix en moins de trois mois contre environ un par mois les deux années précédentes".

Le syndicaliste évoque "un pic très problématique" et indique que son syndicat souhaite "une intervention externe pour enquêter sur l’ensemble de ces cas et en tirer des mesures d’urgence".

Christian Mathorel (CGT) a souligné de son côté que le premier syndicat chez Orange se refusait à comptabiliser les drames. Mais, a-t-il relevé, "oui, bien sûr, la situation est en train de dégénérer à nouveau".

Il a souligné que le dernier droit d’alerte lancé dans l’entreprise remontait à 2008, lançant : "on ne nous a pas écoutés. Un an plus tard, on était au fond du trou".

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