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BUREAUCRATIE, SCIENCE ET LUTTES SYNDICALES : ETAT ET FMN !

par C D

Publie le dimanche 23 mars 2014 par C D - Open-Publishing
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Bureaucratie, science administrative et luttes syndicales : Etat et FMN (Firmes multinationales) par Christian Delarue syndicaliste

Appréhendons la bureaucratie comme double discours, discours syndical d’une part et discours scientifique d’autre part ; le premier étant instruit du second mais engagé dans la lutte de classe.

I - Ce qu’en dit le syndicaliste (à la lecture de la science)

Il s’agit pour lui d’améliorer les conditions de travail, d’alléger le poids des contraintes dites « bureaucratiques » du public ou d’une FMN (firme multinationale) , pas forcément de les supprimer, certaines étant justifiées.

La bureaucratie n’est pas nécessairement un terme péjoratif, une sorte d’injure ; pas plus que le terme « appareil » (qui « respire » en France la pensée d’Althusser). Cependant celui d’organisation semble plus neutre mais aussi plus large et relativement banalisé bien qu’il y ait une science des organisations. Adopter le terme « bureaucratie » ne sous-entend pas qu’il faille croire (part de foi ici ou du moins d’utopie) au dépérissement de l’Etat.

 TAILLE « MEGA »

Le champ de la science administrative ne s’est d’ailleurs pas limité à l’appareil d’Etat sous couvert d’étude de la (ou des) bureaucratie(s) publique(s) comme les « trois fonctions publiques » en France. Il existe aussi des bureaucraties privées ; notamment dans les firmes multinationales et ce à la différence des petites entreprises privées (TPE) ou ce terme n’apparait pas de façon scientifique. Il y a aussi une « bureaucratie vaticane » qui fait l’objet d’études spécialisées : on sait (in La vie n 2863) que l’actuel pape a engagé une démarche de réforme de la curie romaine.

On évoque aussi, mais par extension du champs d’étude - ce qui ne signifie pas nécessairement idéologisation si cette extension est justifiée - des bureaucraties syndicales ou des bureaucratie de partis politiques (cumul des mandats verticaux et horizontaux, absence de tirage au sort, etc). Cela permet de pointer des logiques « conservatrices » inhérentes aux grandes organisations, y compris celles sensées vouloir changer le monde. Cette dérive bureaucratique est liée aux difficultés de promouvoir plus de démocratie dans les grandes organisations qui fonctionnent avec du personnel restant durablement en poste.

 DEMOCRATIE « REMPLACEE »

En principe, la démocratie est radicalement exclue, comme dans les administrations publiques, car - en quelque sorte - « remplacée » (si j’ose dire) par la « méritocratie » (fondée plus sur la qualification que sur la compétence) et la « rationalité légale » (existence d’une réglementation technique abondante d’application des lois générales ), le tout orienté dans la perspective de l’intérêt général (qui n’est pas la recherche du profit, objet des sociétés commerciales) et en observant une certaine déontologie . C’est alors du côté du « dialogue social » et des institutions socio-professionnelles relativement protectrices - « paternalisme bureaucratique » avec ses dispositifs - que l’on va porter le regard pour juger de la qualité des rapports sociaux tant en interne (intra-administration entre le personnel et l’encadrement) qu’en externe (rapports entre les agents et les usagers du service public).

Le sens strict de « bureaucratie » s’applique aux organisations qui sont sans trace de vie démocratique. La base n’a pas la parole ou sa parole ne vaut rien si , le cas échéant, elle vient s’opposer au discours de l’échelon de commandement (ceux au-dessus des cadres intermédiaires). L’autorité hiérarchique s’applique et l’obéissance est requise : « dura lex, sed lex » en quelque sorte ! Tout juste va-t-on prévoir des « tolérances », des « souplesses » pour éviter une trop grande rigueur. Mais c’est là juste une question d’opportunité. Rien de plus !

On ne saurait confondre un « laisser faire » relatif avec la règle ! Car les organisations subsumées (comprises) sous le terme de bureaucratie fonctionnent à l’efficacité et à l’efficience et donc au contrôle et à la hiérarchie ; ce qui signifie une part inévitable de répression, en plus de travailler sous de lourds dispositifs juridico-techniques surplombants, placés au-dessus de tous . La répression est latente ou circonscrite ou euphémisée car le principe managérial reste le fonctionnement « au consentement » mais le consentement n’est pas toujours acquis et l’on trouve deux sorties du champ de l’autorité : l’absentéisme ou l’action collective selon le profil et la rigueur des tâches prescrites (cf Patricia Téjas). Car les agents administratifs, de façon générale, acceptent la discipline imposée pourvue qu’elle ne soit pas trop lourde et que les manifestations de l’autorité soient mesurées, contenues, justifiées, bref sans apparaître comme trop discrétionnaires au sens ici de excessives.

La bureaucratie est un objet de recherche depuis Max Weber au moins ! Dire que la bureaucratie est l’objet de la science administrative sous-entend une perspective critique utilisant des méthodes scientifiques d’analyse qui ne sont pas homogènes. On pourra s’appuyer sur les meilleurs argumentaires pour desserrer les contraintes bureaucratiques d’un Etat ou d’une FMN sur les personnels de base et même sur l’encadrement intermédiaire.

XX

II - Ce qu’en disent les scientifiques

Voici ce qu’en disent Jacques CHEVALLIER er Danièle LOCHAK spécialistes de la question et notamment auteurs d’un Que sais-je ? sur « La science administrative » (PUF).

CHAMP - OBJET : La science administrative est écartelée entre deux orientations principales, selon qu’on la considère comme la science de la seule administration publique ou comme la science des organisations de toute nature qui quadrillent la société. Dans le premier cas, on affirme implicitement la spécificité irréductible des tâches d’administration étatique par rapport aux autres activités sociales ; dans le second, on est au contraire amené à insister sur les analogies entre les différentes formes sociales instituées par-delà la démarcation traditionnelle des sphères publiques et privées. Plutôt que de privilégier l’une ou l’autre de ces thèses, une démarche plus féconde consiste à extraire de chacune d’elles la part de vérité qu’elle contient, en assignant pour tâche à la science administrative non pas l’étude d’un objet brut et préconstruit – que ce soit l’administration publique ou l’organisation –, mais précisément la mise en lumière et l’analyse approfondie du double aspect contradictoire de l’administration, à la fois spécifique comme appareil d’État et néanmoins reliée à l’ensemble des autres formes instituées. Si l’on accepte ces prémisses, on pourra alors la considérer simultanément comme une institution investie, au sein de la société dont elle est le produit, d’une fonction spécifique, comme une organisation délibérément construite pour poursuivre des buts déterminés et présentant à ce titre des caractéristiques communes à toutes les organisations, enfin comme un élément du système d’action par lequel elle exerce son emprise sur la société tout en subissant les contraintes

http://www.universalis.fr/encyclopedie/administration-la-science-administrative/3-problemes-actuels-et-perspectives-de-developpement-de-la-science-administrative/

TROIS COURANTS : On peut, en dépit de la part d’arbitraire qui s’attache à toute classification de ce type, distinguer parmi elles trois courants : un courant juridico-politique dont le but essentiel est de parvenir à une meilleure connaissance des structures et du fonctionnement de l’administration étatique ; un courant axé sur la gestion, publique ou privée, et très proche par ses préoccupations du management moderne ; un courant sociologique regroupant l’ensemble des recherches qui ont en commun d’appréhender les phénomènes administratifs à l’aide des concepts et des méthodes de la sociologie.

http://www.universalis.fr/encyclopedie/administration-la-science-administrative/2-les-principaux-courants-de-la-science-administrative-contemporaine/

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