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Qui est donc Pierre Fraidenraich ?

par Les salariés de « LIBÉRATION »

Publie le jeudi 3 avril 2014 par Les salariés de « LIBÉRATION » - Open-Publishing
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Pierre Fraidenraich, ancien d’i-Télé, est le nouveau « directeur opérationnel » du journal.

A 20 h 09 vendredi, les téléphones des salariés de Libération se sont mis à tinter. Non, la nomination de Pierre Fraidenraich à la « direction opérationnelle » du journal n’a pas été annoncée à l’équipe en priorité via un communiqué interne, comme c’est l’usage ; cette nomination, c’est l’AFP qui en a eu la primeur. Ce qui a fait tinter les portables, ce sont des messages de compassion adressés par des confrères qui ont eu affaire à lui : « Il n’a rien à voir avec le journalisme », « Oh mes pauvres… », « C’est la fin pour vous », « Il n’a pas laissé de bons souvenirs », « autoritaire », « réseauteur »

« Casserole ». Pierre Fraidenraich, 49 ans en mai prochain, apparaît dans les radars médiatiques en 1985, en tant que journaliste à La Cinq où il restera jusqu’à la fermeture de la chaîne en 1992. On le retrouve ensuite sur France 3. Au Soir 3 d’abord, puis à la présentation des éditions du week-end et de la semaine ensuite. En 1997, il quitte la chaîne publique pour s’en aller fonder… ah mais on va trop vite. En mars 1997, selon de nombreux anciens collègues, il est impliqué dans une sale affaire qui explose à la tronche de France 3 : les décors, le générique, le logo du 19/20 de la chaîne ont été utilisés pour le tournage de faux JT publicitaires à la gloire, notamment, du laboratoire médical Pfizer. Un réalisateur de la Trois est aux manettes et, devant les caméras, la présentatrice Laurence Piquet. L’affaire a fait vaciller sévèrement la chaîne. Si son nom n’est jamais cité dans les articles évoquant l’histoire, il suffit de prononcer le nom de Fraidenraich pour que, de France 3 à Canal +, on vous réponde du tac au tac : « Ah oui, les faux JT. » Pierre Fraidenraich « se traîne cette casserole depuis des années », résume un journaliste.

En 1998, Pierre Fraidenraich refait parler de lui, mais c’est pour le lancement d’Infosport : une chaîne d’info et de sport, minimaliste. Au site En pleine lucarne en 2013, il raconte sa politique de recrutement de l’époque : « Plutôt des très jolies filles, si vous vous souvenez, et, par ailleurs, des journalistes à très hauts potentiels. » Le modèle de la chaîne, lui, est plus simpliste encore. « J’ai avant tout imaginé une structure de production concentrée en une unité, c’est-à-dire une seule personne qui allait à la fois pouvoir dérusher, monter, écrire, commenter et même tourner des images, habiller et diffuser, là où ailleurs il en fallait quatre ou cinq ! » explique-t-il encore.

« Rasé, coiffé ». C’est cette formule de journalisme low-cost qui, en 2008, va séduire les dirigeants de Canal+ à la recherche d’un patron pour faire tourner i-Télé pour pas cher. En 2008, le voilà donc directeur général de la chaîne info avec pour mission de rattraper le retard sur BFM TV. Lors de sa première conférence de rentrée, il va même jusqu’à faire le fanfaron et promettre qu’il va dépasser sa rivale en un an. A son arrivée, BFM TV vient de passer devant i-Télé : 0,4% contre 0,3%. Pierre Fraidenraich ne comblera jamais l’écart qui, au contraire, continue de se creuser. En janvier 2012, quand il quitte i-Télé, la chaîne est à 0,8% quand BFM caracole à 1,5%. Si les audiences d’i-Télé, comme celles de BFM TV, ont grimpé, c’est mécanique et dû à l’initialisation progressive de la TNT dans les foyers français. Sous son règne, arrivent sur i-Télé Nicolas Demorand puis Jean-Marc Sylvestre - un proche - et Robert Ménard - déjà pas très fréquentable. Du journalisme, Fraidenraich a une idée très précise : « C’est une règle élémentaire de bienséance d’être convenablement coiffé, rasé, habillé », déclare-t-il en 2008. Au sein de la chaîne, on se rappelle encore, pas très émus, ses blagues « lourdes » et sa ligne éditoriale d’airain quant à la coiffure et au décolleté des jeunes femmes journalistes. « Il n’a pas dû ouvrir beaucoup de livres, son truc c’est le foot et les belles gonzesses », témoigne-t-on à i-Télé où on se souvient qu’il a mis à l’antenne un JT décalé, compil d’images du Net présentées par de jeunes dames pas exactement recrutées pour leur diplôme, dont l’ex-compagne de Patrick Bruel. « Il n’est pas piqué d’éthique, rigole un ancien, il a ce côté à vouloir faire du buzz à tout prix, un côté pyromane. »

En juin 2011, Canal + décide d’arrêter les frais, après l’affaire DSK qui a vu le téléspectateur prendre le réflexe systématique de zapper sur BFM TV. Mais alors que tout le monde dit Fraidenraich dehors, volte-face : il reste en place, flanqué de Cécile Ragueneau en tant que directrice adjointe. Bizarre. Il ne quittera la chaîne qu’en janvier 2012 pour rejoindre la direction des acquisitions de droits sportifs à Canal +. En fait, une bonne fée s’est penchée sur son sort : Nicolas Sarkozy, en personne. Les deux sont proches, se voient régulièrement, boivent des cafés. C’est par le biais de Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance de Vivendi, maison-mère de Canal + et aussi fondateur du « groupe Fourtou » qui œuvre avec quelques joyeux drilles (Alain Carignon, Michel Pébereau, Gérard Carreyrou, Charles Villeneuve et Etienne Mougeotte) à la réélection de Sarkozy en 2012, que la pression s’exerce sur les patrons de Canal +.

« Pierre & Vacances ». Car Pierre Fraidenraich, par ailleurs membre du Siècle (comme Laurent Joffrin et Nicolas Demorand avant lui), est un homme de réseaux : Stéphane Courbit - un autre sarkozyste avec lequel, il a créé Usual Productions en 1997 -, Arthur, Christine Ockrent, Guy Lagache Patrick Bruel. « Il a un petit côté Jour de France des années 2010 », sourit-on du côté d’i-Télé. Son acharnement au travail lui a valu là-bas un surnom : « Pierre & Vacances ». Certains le défendent. Un peu : « C’est un mec au contact facile, très affable, pas hautain, pas froid. Un très bon communicant. » Mais les mêmes sont formels : « Ce n’est pas un journaliste mais un entrepreneur. » Et d’enfoncer le clou : « Je l’aurais bien vu à Men’s health, ou à L’Equipe, mais pas Libé. Non, pas Libé. »

http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2014/04/01/qui-est-donc-pierre-fraidenraich_992436

Messages

  • On ne comprend pas la nature de votre article, si Pierre Fraidenraich est un problème pour Libération, expliquez-nous le futur divorce avec la ligne rédactionnelle ! Dans quel danger plongez-vous ? De toute façon, le débat de fond est : qu’est-ce que la presse en France aujourd’hui ? Le gouvernement nous disait ces dernières années qu’il était dans l’opposition à la droite et aujourd’hui il prouve le contraire et ce, depuis deux ans. Il n’y avait pas d’opposition à Sarko dans la classe politique élue au sein du Parti Socialiste hormis dans une fraction de la population française ; indignés, anonymous, la gauche de la gauche, des individus ou des groupements informels. Quel a été le rôle réel de la presse sous l’ère Chirac et Sarko ? Lili-oto artiste plasticien