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Le FdG au bord de l’implosion pour des fauteuils européens

par arnold

Publie le jeudi 3 avril 2014 par arnold - Open-Publishing
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Au lendemain des municipales, le torchon brûle entre le Parti de gauche et le PCF. Quelles conséquences pour les élections européennes  ?
Ils n’ont pas encore entamé de procédure de divorce, mais l’heure n’est plus à la lune de miel entre le Parti de gauche (PG) et le PCF.

Voici le papier de Michel Soudais (journaliste et membre du PG) publié dans Politis avec en pièce jointe la lettre du PG au PC. Suivi du papier d’Albertini de Libération.

Politis  :

Européennes : Le Front de gauche au bord de la rupture

À huit semaines du scrutin, la désignation des candidats du Front de gauche (FdG) aux élections européennes est toujours au point mort. « Le secrétariat national du Parti de gauche (PG), réuni [hier soir], n’a pu que constater l’échec, à ce stade des négociations permettant de se présenter ensemble aux élections européennes », déplore Éric Coquerel, secrétaire national aux relations unitaires du PG, dans un courrier public adressé au PCF. Le Parti communiste, qui réunissait hier son conseil national, a transmis à son issue à ses partenaires une répartition des candidatures qui a « stupéfié » le PG. Dans les sept circonscriptions de métropole, le PCF se réserve en effet 3 têtes de liste (Île-de-France, Nord, Centre), attribue celle du Sud-Est à la député européenne Marie-Christine Vergiat, une personnalité non encartée qu’il avait choisie en 2009 et qui est restée très liée au PCF, concède 2 têtes de liste au PG (Sud-Ouest et Est) et la dernière (Grand Ouest) à Ensemble.

Inacceptable pour le PG, qui juge le schéma de répartition du PCF « tellement déséquilibré qu’il constitue une négation du Front de gauche » :

« Vous revendiquez [...] choisir quatre têtes de liste dont les trois meilleures régions du pays [...]. Alors que le PG menait la campagne dans 3 régions en 2009, cette fois-ci ce ne serait plus le cas que dans 2, [dont] l’Est où tout le monde s’accorde à dire qu’il est le plus difficile pour le FdG d’obtenir un élu. Ainsi, dans votre actuelle proposition, l’élargissement du FdG ne peut se concevoir qu’à condition que le PCF maintienne toutes ses positions. En conséquence vous voulez obtenir du PG, à qui déjà en 2009 vous aviez demandé de se présenter dans les régions les plus difficiles et qui n’avait eu un élu dans le Sud-Ouest que par la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, de renoncer à avoir d’autres élus en cas de résultats au niveau des sondages actuels. »

Le Front de gauche « ne peut se concevoir comme une alliance autour d’un seul parti », avertit le PG, qui donne au PCF jusqu’au 5 avril, date à laquelle il réunit son bureau national, pour lui faire « une position plus équilibrée ». Le parti de Jean-Luc Mélenchon souhaite en effet que les « élections européennes soient l’occasion (...) du nécessaire rééquilibrage du FdG après des législatives où 80 % des candidats étaient communistes, des municipales où lorsque nous avons fait accord 90 % des têtes de listes étaient communistes et alors que nos groupes parlementaires à l’Assemblée nationale comme au Sénat sont à quasi totalité communistes et qui plus est totalement autonomes de nos instances de coordination du FdG. »

Lettre du PG au PCF : http://issuu.com/politis_/docs/lettre_au_pcf?e=10584633/7348075

Libération :

Le Parti de gauche et le PCF s’écharpent sur les européennes

A huit semaines du scrutin, les deux partis ne sont toujours pas d’accord sur la composition de leurs listes communes.

La fête continue au Front de gauche : après la dispute des municipales, place à la querelle des européennes. A moins de deux mois du scrutin, le Front de gauche est la seule grande force dont on attende encore les listes. Ses deux principales composantes, le Parti de gauche (PG) et le Parti communiste (PCF), ont pour l’instant échoué à s’entendre sur l’architecture de celles-ci. Le temps presse avant l’élection du 25 mai, et le ton monte : dans un courrier au PCF publié jeudi, le PG déplore « l’échec à ce stade » des négociations, jugeant la dernière proposition communiste « tellement déséquilibrée qu’elle constitue une négation du Front de gauche ».
Cette proposition, adoptée à l’unanimité par le conseil national du PCF, accorde trois têtes de liste à celui-ci (Ile-de-France, Nord, centre), deux au PG (Sud-Ouest et Est), une à la sortante Marie-Christine Vergiat, étiquetée « citoyenne » (Sud-Est) et la dernière à une autre composante du Front de gauche, le mouvement Ensemble (Ouest). « C’est une proposition équilibrée dans les premières places comme dans les places potentiellement éligibles », a jugé Pierre Laurent lors d’une conférence de presse, ce jeudi matin. Le secrétaire national du PCF souligne que, sur les 14 premières places au niveau national, 5 reviennent à son parti, 5 au PG, 2 à Ensemble, 1 à la Gauche unitaire et une à la candidate « citoyenne » Marie-Christine Vergiat.

« Inacceptable »

On ne l’entend pas du tout de cette oreille au Parti de gauche : « Vous revendiquez de choisir quatre têtes de liste, dont les trois meilleures régions du pays », s’indigne dans son courrier Eric Coquerel, secrétaire national du parti de Jean-Luc Mélenchon. Quatre, car le PG considère que Marie-Christine Vergiat relève du quota communiste, ce que réfute le PCF. « Comment dans ces conditions voulez-vous trouver un accord avec vos partenaires ?, poursuit la lettre. [Cela] nous conduit à nous demander si vous le voulez réellement tant cette proposition est inacceptable sur le fond comme sur la forme. »

« Nous nous étions entendus en janvier sur une répartition 3/3/1 », explique Éric Coquerel à Libération. Soit la reconduction du schéma de 2009, avec trois places pour le PCF, trois pour le PG et une pour une autre sensibilité – ici, Ensemble. Dans ces conditions, la variable d’ajustement la plus évidente semble être Marie-Christine Vergiat Le schéma privilégié par le PG verrait d’ailleurs le parti de Mélenchon obtenir la tête de liste du Sud-Est (où Vergiat figurerait en deuxième place) ainsi celle de l’Est et du Sud-Ouest. Selon le PCF, une réunion devrait avoir lieu vendredi entre les deux partis pour trouver un accord définitif. « L’entrée en lice du Front de gauche est indispensable et urgente », a souligné Pierre Laurent, disant son « souhait et [son] exigence » de voir les discussions aboutir cette semaine. « On a un bureau national samedi, la décision devra avoir été prise à ce moment-là », assure de son côté Éric Coquerel.

L’urgence donne du poids aux coups de pression réciproques des deux partis, laissant planer la menace d’une dissolution du Front de gauche. Cette tension témoigne d’un malaise profond entre deux forces dont les élections municipales ont révélé le désaccord stratégique – mais qui pourraient difficilement se passer l’une de l’autre. Une fois les listes validées, les deux forces devront bien collaborer sur le terrain pour soutenir leurs candidats communs. Mais cela ne sera peut-être pas évident dans les endroits, comme Paris, où les désaccords sur la campagne municipale ont laissé leurs traces les plus profondes.

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