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Confusion à la CGT autour de la marche contre l’austérité du 12 avril

par Michel Noblecourt, Le Monde

Publie le vendredi 4 avril 2014 par Michel Noblecourt, Le Monde - Open-Publishing
10 commentaires

La CGT ne participera pas à la "marche contre l’austérité" organisée par plusieurs formations de la gauche de la gauche – Front de gauche, Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), Ensemble, Alternative libertaire, etc. – le 12 avril à Paris. Dans une réaction aux élections municipales, diffusée mercredi 2 avril, où elle affirme que "les réponses apportées par le président de la République sont en total décalage avec les enjeux qui sont devant nous", elle appelle les salariés à "agir et manifester pour le progrès social le 4 avril et le 1er mai".

Le 4 avril, Thierry Lepaon, son secrétaire général, participera à Bruxelles à une "euro-manifestation" organisée par la Confédération européenne des syndicats (CES), à laquelle sont attendues 50 000 personnes. Le "patron" de la CGT défilera aux côtés de son homologue de la CFDT, Laurent Berger, et des représentants des organisations françaises membres de la CES – FO, CFTC, UNSA – ainsi que de la FSU. Les syndicats reconnaissent qu’il a été difficile de mobiliser pour cette initiative. "Il s’agit d’une mobilisation essentiellement militante", dit-on à la CGT.

Bien résolue à ne pas mélanger les genres depuis qu’en 2001, Bernard Thibault, alors secrétaire général de la CGT, avait rompu les derniers liens privilégiés avec le Parti communiste, la centrale cégétiste est fidèle à sa ligne. Elle avait déjà refusé, en 2013, de s’associer à la marche de Jean-Luc Mélenchon pour "une révolution fiscale". Mais il y a un gros cactus. Dans l’appel de 200 personnalités, publié par L’Humanité du 2 avril, en faveur de cette "marche contre l’austérité" figurent – aux côtés de nombreux syndicalistes de Solidaires et de la FSU et de deux militants de FO – 36 responsables cégétistes. Et non des moindres. On y retrouve deux anciens secrétaires généraux de la CGT, Georges Séguy et Bernard Thibault, des militants d’entreprises "en lutte" (Mory-Ducros, Fralib, Conti, Prestalis). Parmi les signataires – il va sans dire, à titre personnel – apparaissent surtout plusieurs secrétaires généraux de fédérations CGT – Équipement-environnement, Union générale des fédérations de fonctionnaires, industries chimiques, Fédération des travailleurs des industries du livre, du papier et de la communication, services publics – de quelques unions départementales (Ariège, Pas-de-Calais, Seine-Saint-Denis, Haute-Garonne) ou encore de l’union régionale d’Ile-de-France.

Des responsables de fédérations, comme les finances, l’agroalimentaire, les spectacles, qui sont souvent dans l’opposition à la direction confédérale, s’inscrivent dans cette démarche sur fond de sourde contestation de Thierry Lepaon. Le 6 mars, l’union départementale CGT de Paris s’est alarmée après des propos du "patron" de la CGT au Nouvel économiste où il assurait qu’"il n’existe à la CGT aucune opposition de principe face au patronat. L’entreprise est une communauté composée de dirigeants et de salariés. Ces deux populations doivent pouvoir réfléchir et agir ensemble dans l’intérêt de leur communauté".

Dans un texte, adopté à l’unanimité, l’UD de Paris estime que "ces déclarations remettent en cause les fondements mêmes de la CGT". Elle interpelle Thierry Lepaon sur "sa conception du mandat de secrétaire général confédéral". "Ce type de démarche peut-il perdurer ?", interroge-t-elle, en réaffirmant que "le salariat n’a aucun intérêt commun avec le capital" et en soulignant que "le pacte de responsabilité n’est ni amendable ni négociable, il doit être retiré".

Mardi 1er avril, lors de la réunion de la commission exécutive de la CGT, Thierry Lepaon, dans une intervention que Le Monde s’est procurée, est revenu sur le sujet. Il a d’abord estimé qu’il fallait prendre "un peu de temps et de recul" pour tirer les enseignements des élections municipales et de la nomination de Manuel Valls à Matignon. "Ne brûlons pas l’étape de l’analyse", a-t-il lancé, en mettant en avant "quatre mots clé" : l’abstention "populaire" ; la "sanction d’ampleur" contre François Hollande et la "droitisation" ; et, "quatrième phénomène" : "Il y avait un espace à gauche de la gauche pour essayer de faire mesurer qu’il était possible dans notre pays d’avoir une gauche différente que celle qui exerce le pouvoir. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle n’a pas recueilli des suffrages à la hauteur des espérances que l’on pouvait peut-être attendre ici ou là".

S’inquiétant de la "montée des positionnements individuels, au détriment d’un positionnement collectif", Thierry Lepaon a souligné que "les organisations ont besoin d’autonomie, de réflexion, d’action, de positionnement mais on a besoin aussi de responsabilité et de cohérence". Et le "patron" de la CGT a enchaîné à propos de la manifestation du 12 avril : "Je me mets à la place des gens qui vont regarder la télévision le soir du 12 avril, qui vont voir des banderoles et des drapeaux CGT dans le cortège et qui auront entendu Thierry Lepaon sur RTL ou vu sur France 2 [où il doit s’exprimer le 10 avril] dire : ’la CGT n’appelle pas à la manifestation’. Je pense qu’on ajoute à la confusion et que des camarades se réfugient derrière le syndicat, la CGT, pour ne pas s’engager politiquement."

"C’est plus facile sans doute, a poursuivi Thierry Lepaon, dans des périodes d’y aller avec un autocollant CGT qu’un autre. Mais la CGT, ce n’est pas le rempart pour se masquer, il faut assumer ses engagements. Il faut que chacun et chacune, en tant que citoyen, puisse dire ce qu’il pense, afficher tout ce qu’il a envie d’afficher, mais surtout, faisons attention à notre organisation qui peut se sentir ou être fragilisée. Notre rapport au politique, dans cette période, est un peu trouble dans la tête de certains camarades". Il y a en effet fort à craindre que ce trouble fragilise encore la CGT pendant quelque temps.

source : http://social.blog.lemonde.fr/2014/04/03/confusion-a-la-cgt-autour-de-la-marche-contre-lausterite-du-12-avril/

Messages

  • Je suis de plus en plus perplexe

    J’évoquais cette "bataille interne" dans mon commentaire du 3 avril 2014 à 18h17
    , concernant l’article
    Où va (encore) le NPA ? et… LO !

    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article140626

    Je comprends les militants CGT et les Orgas qui vont vouloir que"la rue se compte" et que les banderoles CGT soient de la marche..

    Je comprends aussi que cela permet à une"opposition" interne de défier le Paon et son pseudo apolitisme permanent, qui au nom de l’"indépendance" de son (de notre) ORGA...cherche à encore plus cé-éfdétiser la CGT..avec une visée :

     Faire à terme de la CGT ,la courroie de transmission du courant autrefois baptisé social démocrate..
     ..mais, tout en étant au sein du BC , le relais du FDG.....! dans le court terme !

    On pourrait donc , et certains le feront !- marcher le 12 contre Hollande -Gattaz, y compris pour "dérouter" les compagnons de"déroute" du PS que sont, OBJECTIVEMENT, le FDG..et la direction confédérale CGT, avec son petit bataillon d’apparatchiks d’une CES , en phase avec la bande de collabos d’une CES ..qui, commele PGE du front de Gauche..mange au ratelier des subventionseuropéistes. européistes..

    ..( Avec chèques pour les uns et les autres, signés en fait par ceux qui vont dicter à Hollande Valls le type de sauce Austérité à la française pour les années à venir !

    J’ai réglé l’affaire :

    vu que mon arthrose m’interdit de"marcher" longtemps ...et que je ne"marche pas" dans les "dessous" de cette marche..le 12 AVRIL..., j’efface demon "calendrier deLutte des Classes"ce 12 AVRIL...

    C’est PLUS avec nos têtes qu’avec nos pieds que nous construirons le rapport de forces.

    Or la marche -en soi- ne permet pas que la forêt de drapeaux rouges ne masque l’essentiel :

    SI c’est pour de nombreux camarades ici un "moindre mal" dans lequel il faut s’engouffrer, pour moi, ces dés pipés ne me conviennent pas , puisque je les estime FAUSSER le"jeu"...

    Dit avec le sentiment que je peux me gourrer totalement !

    Mais affirmé cependant avec franchise et après mure réflexion..

    Cordialement

    A.C

    • Les des ne sont pas pipes, il s agit de creer les conditions d une relance des luttes et d affirmer la presence d une opposition de notre classe au gouvernement.
      Certes il y a des arrieres penses , oui le fdg se la refait apres son refus de s opposer a H ollande des son election, oui cela masque les alliances pcf/ps a Paris et ailleurs, mais c est bien avec ce genre d initiative chimiquement non pure, qu on recreer une dynamique.
      L important c est de ne pas etre naif, savoir qu on fait une sorte de concession et en identifier les limites.
      Comment relancer la mobilisation de notre camp social sans partir de ce qui existe deja ?
      A nous d en sortir parr le haut , c est a dire redonner confiance et reconstruire une orga communiste c est a dire un refus des delegations et la prise en main par nous meme de nos luttes, de nos vies, cela passe aussi par le 12 , meme imparfait.

  • Le "patron" de la CGT défilera aux côtés de son homologue de la CFDT, Laurent Berger, et des représentants des organisations françaises membres de la CES – FO, CFTC, UNSA – ainsi que de la FSU. Les syndicats reconnaissent qu’il a été difficile de mobiliser pour cette initiative. "Il s’agit d’une mobilisation essentiellement militante", dit-on à la CGt
    Prout prout,hélas

  • Faut-il laisser la rue aux fascistes et au goupillon, aux idées les plus réac’ ?
    N’est-il pas temps de montrer les dents (avant qu’on nous supprime y compris nos dentiers !) ?
    Ce qui me navre c’est le Communiqué de la confédé suite aux élections qui appelle à a riposte le 4 avril..et le 1er Mai.
    Comment peut-on être pour la Lutte européenne, Internationale et rester le c..assis à Montreuil le 12 avril ?

    • Les "chefs" syndicaux français, dont celui de la CGT, manifestent ce jour 4 avril à Bruxelles dans le plus grand silence dans les lieux de production privé ou public . On sait à peine pourquoi dans les syndicats qui eux discutent du 12 avril !

      Grande perplexité !

    • ENFIN !!!

      c’est la première fois qu’un quotidient national relate les dissentions à l ’intérieur de la CGT , mieux vaut tard que jamais ,mais la contestation qui repose essentiellement contre la ligne réformiste de la direction confédérale avec en première ligne son secrétaire THIERRY Le PAON qui vient ouvertement de revendiquer que la CGT opte pour la collaboration de classe , existe depuis plusieurs mois et ne cesse de monter en puissance : contrairement à ce sue dit LE MONDE , il n’ ya pas que L UD de PARIS qui s ’est dressé contre les propos de T LE PAON au journal patronal " le nouvel economiste " ( les travailleurs , les patrons , les actionnaires , n ’ont pas d ’antagonisme car ils appartiennent à la même communauté !!!) des milliers de syndciqués des centaines de syndciats des dizaines d UL et D UD de FEDERATIONS et même des membres du CCN et du BC ont condamné les propos de LE PAON et demandent que ce dernier respectent le mandat pour lequel iml a été élu et les statuts de la CGT qui indiquent que celle-ci est une organisation anticapitaliste de masse ET DE CLASSE .

      Pour ce qui concerne la manif du 12 avril , LE PAON , comme il en a pris l’habitude se conduit comme un faux cul et adapte son discours aux circonstances ou à son auditoire . Selon lui la CGT ne peut pas manifester car cette manif serait politique , de plus il reproche aux militants CGT de se cacher derrière leur badge syndical après la défaite électorale pour ne pas apparaitre comme des militants du PCF ou du FDG , mais qui colle aux basques du FDG depuis sa création si ce n est la CGT et successivement THIBAULT ET LE PAON ( THIBAULT APPELLE D AILLEURS A LA MANIF ) la CGT n ’ a t’ elle jamais participé à des manifs à l’initiative ou en commun avec des partis politiques ?
      En verité LE PAON et ses acolytes sont englués dans la CES et dans le syndicalisme rassemblés avec les traitres de la CFDT et ne peuvent ni ne veulent déplaire aux uns et aux autres et également ne pas briser les liens avec le pouvoir socialiste .

      pour ma part je comprends que des syndicats CGT , surtout ceux des boites en lutte souhaitent participer à cette manif pour faire entendre leur voix et leur propre revendication même si elles sont en contradiction avec la politique europénne que le FDG et le PGE préconnisent , et je ne jetterais certainement ppas la pierre à ces camarades , mia en ce qui me concerne je n arrive pas à militer à manifester aux cotés de ceux qui votent PS le dimanche et qui appellent à manifester contre ce même PS le lundi .

      La date de cette manifestation n ’a pas été décidée au hasard , à proximité des européennes elle vise à redorer le blason de MELENCHON et de son FDG en perdition et à apporter un peu d ’oxygène au NPA au bord du collapsus , cette manifestation aurait dû être la suite logique de la manifestation syndicale du 18 mars ; mais la CGT préfère une manifestation confidentielle europénne , comme si les chomeurs les précaires les retraités et la majorité des travailleurs en souffrance pouvaient de payer le voyage jusqu’à BRUXELLES ....

      Alors je n’irais pas manifester aux cotés de LAURENT et de MELENCHON pour exiger que HOLLANDE fasse une "VRAIE " politique de gauche sous contrôle d ’une europe capitaliste avec la collaboration des pros-européens du PGE , chaque camarade est libre de faire ce qu’il veut mais je ne supporte pas la fumée et je les retrouverais dans d’autres combats .

    • Je n ’ai pas eu le temps de me relire , toutes mes excuses aux lecteurs de BC pour les fautes de frappe et d’orthographe .

  • Ce Lepaon est amusant !Il ne fait en fait plus rire personne .Il défile le 4 avec la droite, CFDT, FSU, etc.au grand complet, ceux qui signent tout alors qu’il ne faudrait rien signer !Les syndicats étaient peu pourvus, ils vont encore maigrir !

  • Ce n’est pas un paon, c’est carrément un baudet, ce mec.
    La chansonnette sur la différence parti/syndicat est tellement pipeau qu’elle ne fait plus rire personne.
    Pour la politique dans l’entreprise, pour des syndicalistes qui assument le fait d’être politiques ! Oui et comment ! le capital, c’est pas politique peut-être ?
    Je me fous totalement de Mélenchon, Laurent, Besancenot et cie.
    Le 12 avril sera sans doute une journée sans lendemain, hélas, je le crains, mais j’irai quand même.
    Comme toujours.
    Pour cent raisons différentes.
    Par exemple, ne pas donner l’impression aux travailleurs qui nous regarderont à travers les miroirs aux alouettes déformants, que nous sommes moins nombreux et moins motivés que ces raclures de bidets fascistes qui occupent la rue depuis des mois.
    Et je ne regretterai pas ma participation.
    C’est pas comme si on avait 10 occasions par jour.
    Bref.
    J’irai, même si l’appel est devenu au fil des moulinettes plus ou moins rosies de tel ou tel parti, largement insipide, inodore et sans saveur et même si ça sent très fort sa récupération en vue des européennes.
    Mais j’irai.

    LL

    • Le 12 avril sera sans doute une journée sans lendemain, hélas, je le crains, mais j’irai quand même.

      Comme toujours.
      Pour cent raisons différentes.
      Par exemple, ne pas donner l’impression aux travailleurs qui nous regarderont à travers les miroirs aux alouettes déformants, que nous sommes moins nombreux et moins motivés que ces raclures de bidets fascistes qui occupent la rue depuis des mois.
      Et je ne regretterai pas ma participation.
      C’est pas comme si on avait 10 occasions par jour.
      Bref.
      J’irai, même si l’appel est devenu au fil des moulinettes plus ou moins rosies de tel ou tel parti, largement insipide, inodore et sans saveur et même si ça sent très fort sa récupération en vue des européennes.
      Mais j’irai.

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