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Coût du travail : Valls répond aux revendications du Medef

par Jean-Baptiste Chastand

Publie le jeudi 10 avril 2014 par Jean-Baptiste Chastand - Open-Publishing

A l’occasion de son discours de politique générale, Manuel Valls a présenté, mardi 8 avril, une baisse du coût du travail conforme aux attentes du patronat. En confirmant le maintien des vingt milliards du crédit d’impôt compétitivité-emploi (CICE) et l’ajout de dix milliards d’euros de baisses de charges aussi bien sur les bas salaires que sur les salaires plus éléves, il répond aux revendications du Medef.

L’organisation patronale plaidait en effet depuis plusieurs semaines pour que les nouveaux allègements ne concernent pas uniquement les bas salaires, qui créent davantage d’emplois mais bénéficient aussi aux entreprises exportatrices, où les salaires sont souvent plus élevés. « Je refuse d’opposer l’effort pour les emplois les moins qualifiés – dont nous avons besoin – et celui pour les emplois qualifiés qui font notre compétitivité – notamment dans l’industrie », a expliqué le premier ministre.

POUR LES BAS SALAIRES

Il a donc décidé de couper la poire en deux. 4,5 milliards permettront dès 2015 de renforcer les allègements Fillon, qui concernent tous les salariés payés entre 1 et 1,6 smic et qui coûtent déjà 20,7 milliards d’euros par an. « Au niveau du smic, les cotisations patronales à l’URSSAF seront entièrement supprimées au 1er janvier 2015 », a annoncé M. Valls. Les exonérations de charge qui atteignent, au niveau du smic, 28,1 % pour les entreprises de moins de 20 salariés et 26 % pour les autres, vont être portés à environ 30 %, selon une source gouvernementale, soit une baisse de près de 58 euros pour un smicard.

Les dernières cotisations restantes pour la sécurité sociale, celles pour le 1 % logement, la contribution solidarité autonomie et la partie fixe des cotisations accident du travail vont ainsi être supprimées. Les employeurs de salariés aux smic resteront en revanche soumis aux cotisations Unedic et à celles pour les retraites complémentaires.

POUR LES HAUTS SALAIRES

En 2016, 4,5 milliards permettront de l’autre côté de baisser le coût du travail pour tous les salariés payés jusqu’à 3,5 fois le SMIC, soit 5 059 euros bruts. Les cotisations patronales pour la branche famille, fixées actuellement à 5,25 %, vont diminuer de 1,8 point pour ces salaires.

Un milliard sera enfin consacré dès 2015 à baisser de trois points les cotisations des artisans et des travailleurs indépendants. Ce geste est destiné à satisfaire l’Union professionnelle des artisans (UPA) qui s’inquiétait que le crédit d’impôt compétitivite-emploi (CICE) ne concerne que les patrons employant des salariés.

QUELLES CRÉATIONS D’EMPLOIS EN CONTREPARTIE ?

En échange, de cette baisse du coût du travail, M. Valls a rappelé qu’il attendait que des négociations débutent dans les branches « dans les prochaines semaines » autour de la « création d’emplois » et de leur « qualité ».

« La grande conférence sociale qui se réunira à l’été permettra de mesurer ensemble la dynamique ainsi créée », a-t-il défendu.

Le Medef a jusqu’ici toujours refusé de s’engager sur des objectifs chiffrés contraignants de créations d’emploi, mais les économistes sont presque tous d’accord pour affirmer que les allègements Fillon permettent de sauver des centaines de milliers emplois. Ils ne s’entendent pas en revanche sur leur nombre précis, les estimations allant de 400 000 à plus d’un million d’emplois « sauvegardés ».

http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/04/08/la-baisse-du-cout-du-travail-annoncee-par-valls-beneficiera-aussi-aux-hauts-salaires_4397878_823448.html