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"Les cimenteries, une zone de non-droit"

Publie le dimanche 17 avril 2005 par Open-Publishing

Conférence de presse :
"Les cimenteries, une zone de non-droit"
lundi 18 avril 2005 de 10h30 à 12h
Bio à Croquer - 41 rue d’Amsterdam - 75008 Paris - Métro Liège

Paris, le 14 avril 2005. Le CNIID, Pour La Terre et les comités de riverains de la CCB organisent un cycle de conférences - voir fichiers joints - en présence du Docteur Neil Carman [1]. Nous voulons dénoncer le laxisme législatif envers les cimenteries et les risques sanitaires et environnementaux qui découlent de telles pratiques.

En 2001 la consommation d’énergie dans l’industrie du ciment s’est élevé à 1,7 Mtep (Millions de tonnes équivalent pétrole), plaçant cette activité dans les cinq premières les plus consommatrices d’énergie [2]. Pour diminuer ces coûts énergétiques, l’industrie du ciment utilisent des combustibles de substitution dont, entre autres, des déchets industriels banals (DIB) et des déchets industriels spéciaux (DIS). D’après le Syndicat Français de l’Industrie du Ciment (SFIC), la consommation de combustibles de substitution a été de 33,5 % réparti à 15,4 % pour les DIB (pneus usagés, boues d’épuration, farines animales, etc.) et à 18,1% pour les DIS (solvants, peintures, etc.) [3].

Selon l’arrêté du 20 septembre 2002 les cimenteries qui brûlent des déchets industriels devront respecter à partir du 28 décembre 2005, les mêmes limites d’émission de polluants que celles imposées aux incinérateurs de déchets ménagers. Ces mêmes normes qui sont exprimées en m3 de fumée sans prendre en compte les rejets totaux de substances toxiques dans l’environnement. Et si on intègre le fait qu’une cimenterie disperse entre 6 et 10 fois plus de fumées qu’un incinérateur classique, nous nous rendons bien compte qu’à concentrations égales les volumes d’émissions seront bien plus importants.

Mais la substitution ne s’arrête pas là : des mâchefers toxiques sont également mélangés à la matière crue avec les risques de contamination du ciment. Quand ils ne sont pas incinérés sans autorisation sous prétexte que la valorisation des mâchefers n’est pas explicitement autoriséŠ ni interdite [4].
Et si ce procédé n’est pas dangereux, pourquoi la société Lafarge a-t-elle arrêté d’incinérer de tels déchets dans 2 de ses usines aux Etats-Unis [5] ? Tout simplement car il y a des risques de libération de substances toxiques via les canalisations d’eau potable construites avec du ciment contaminé.

Pour Jocelyn Peyret, directeur du CNIID, "L’incinération en cimenterie se propose ni plus ni moins de diluer les substances toxiques dans l’atmosphère et dans le ciment, ce qui fait le jeux des producteurs de déchets toxiques."

Pour le CNIID, plutôt que d’agir en amont en développant la Production Propre, les industriels et le gouvernement continuent de s’occuper de déchets que nous pourrions éviter de produire. L’exemple du Massachusetts, où depuis 1989 le tonnage de déchets toxiques produits à diminuer de 62 % et a rendu caduc les besoins en incinérateurs, devrait nous inciter à développer ce type de politique.

Pour plus d’informations, contacter : Jocelyn Peyret - 01 55 78 28 64


[1Biologiste, inspecteur de fours d’incinérateurs ou de co-incinérateurs durant 14 ans et conseiller à l’Agence américaine pour la Protection de l’Environnement (EPA)

[2Energies et Matières Premières ; Direction Générale de l’Energie et des Matières Premières, Ministère de l’Economie des finances et de l’industrie ; mars 2003

[4En Isère, la cimenterie Vicat a en 2004 incinérée 1823 tonnes de mâchefers sans en informé la DRIRE.

[5Témoignage du Docteur Neil Carman.