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"Bienveillance" avec les élèves mais flicage avec les enseignant(e)s

par Sud Education

Publie le lundi 30 juin 2014 par Sud Education - Open-Publishing
3 commentaires

Dans le premier degré, la formation continue fait partie du temps de service des enseignants à hauteur de 18
heures par an. C’est ce qu’on appelle les « animations pédagogiques », qui parfois ne sont ni animées, ni
pédagogiques, mais ça c’est un autre débat ! Depuis la rentrée 2013 et la « réforme » des rythmes scolaires,
cette formation continue a changé de forme : 9 heures restent dévolues aux animations pédagogiques et 9
heures à la formation individuelle par internet, via la plateforme M vPk gistère .Véritable révolution de la
formation pour le ministère, ce dispositif se révèle dangereux et particulièrement inquiétant sur l’évolution de
notre métier.

M vPk gistère nous impose des formations dont le contenu comme le thème sont exclusivement décidés par les
IEN à partir d’un catalogue proposé par le ministère ! Qu’en est-il des véritables besoins des équipes
enseignantes ? Comme si, plus on est éloigné du terrain, plus on serait apte à identifier les besoins des
praticiens qui sont, eux, chaque jour avec leurs élèves ?

Les premiers retours d’expérience du déploiement de M vPk gistère sont effrayants : chaque enseignant serait en
permanence évalué (pourcentage de réussite à l’appui), comparé aux autres (le meilleur score de réussite étant
visible par tous) et littéralement pisté (le temps passé sur les différents modules étant lui aussi affiché).
En un clic de souris, nous serons faits comme des rats ! Et vive le flicage généralisé !

Déjà, ceux qui se sont inscrits mais pas encore connectés se font relancer par les conseillers pédagogiques,
avec vagues menaces de la possibilité d’un retrait de salaire. Mais nous sommes aussi plusieurs à avoir refusé
de nous inscrire à M vPk gistère à cause du manque d’ordinateurs à l’école, ou à la maison, de connections
défaillantes, du peu de maîtrise de l’outil informatique et du manque d’envie de s’y mettre, de la peur de
devoir y passer trop de temps au détriment des préparations de classe, peur de la non confidentialités des
données personnelles, refus de mettre le doigt dans un engrenage....

Notre formation continue est non seulement un droit que nous entendons défendre, mais elle est aussi la
condition nécessaire à l’exercice de notre métier. Avec ce nouvel épisode, on voit un ministre régulièrement
désavoué par Matignon, sans autre vision pour l’éducation que celle tracée par l’OCDE, la Commission
Européenne et le Medef, sans ambition, aux projets minimalistes, bridés par l’austérité.

Nous voulons du changement ? Il va falloir retrousser nos manches et par nos luttes obtenir
satisfaction, pour une école égalitaire et émancipatrice. A Sud Education, nous nous opposons
vigoureusement à l’application de ce dispositif rétrograde, mortifère pour notre métier , contradictoire
avec tous les travaux de chercheurs sur la question de la formation et bien éloigné des possibilités
offertes par une utilisation coopérative du numérique.

Nous plaidons pour une formation différente, appuyée sur les besoins exprimés par les enseignants et sur leur
expertise professionnelle, favorisant la construction coopérative. Nous affirmons que toute action de formation
doit faire du stagiaire un acteur et un auteur de sa formation, le plaçant en situation de pouvoir construire
son savoir à partir notamment d’une analyse réflexive sur ces activités de celle de ses pairs.

SUD Education 59/62, Union syndicale Solidaires,
Bourse du travail, 174 Boulevard de l’Usine, 59000 LILLE
Tél/Fax : 03/20/55/99/29 Portable 06/73/35/87/67
email : sudeduc5962 vPk wanadoo.fr - Site : www.sudeduc5962.lautre.net

Messages

  • La bienveillance, comme la vigilance, ne sont possibles et applicables que parce que les professeurs, des écoles et du second degré, le veulent bien, comment pourrait-il en être autrement ?!
    Dit autrement, les textes y incitant sont co-écrits par ministères et représentants syndicaux, qui s evantent souvent de ces "avancées". Mais qui avance, le pouvoir qui reprend les thèses syndicales ou le pouvoir (du capital) qui intègre et dirige tous ces "partenaires sociaux" ?

    • Ce qui est décrit ici par SUD n’a rien à voir avec de la formation continue.
      Bien sûr que de plus en plus le "paritarisme" tourne à la collaboration.
      Avec le rôle particulièrement infect des bureaucrates de la FSU.
      Dans le Secondaire, elle a vendu les obligations de service des fonctionnaires, le 27 mars 2014 au Comité Technique Ministériel, en laissant passer un projet de décret qui, s’il est appliqué, va faire très mal, une fois que les enseignants, de plus en plus dépolitisés, et à ce stade, on peut dire de plus en plus stupides, ou serviles, au choix, vont comprendre ce qui va leur arriver. Est en effet programmé une multiplication du temps de présence par l’explosion de la réunionite la plus imbécile...
      Pauvre, pauvre profession...