Accueil > Comment faire monter le niveau scolaire en économisant 2 milliards

Comment faire monter le niveau scolaire en économisant 2 milliards

par Aline URBAIN

Publie le samedi 4 octobre 2014 par Aline URBAIN - Open-Publishing
3 commentaires

Enseignement : pour supprimer la maladie, supprimons le malade

Dans sa « lutte » contre l’échec scolaire, le ministère de l’Éducation nationale sort de sa besace une nouvelle botte secrète : la fin du redoublement qui ne devra plus être que l’exception !

Cette idée, loin d’être nouvelle est, selon le ministère, une panacée à l’échec scolaire. La France serait championne d’Europe en matière de redoublement et celui-ci conduirait à l’échec. En matière d’études sur le sujet, on en trouve une sur le site officiel du ministère de l’Éducation dont le préambule est beaucoup plus nuancé puisqu’il affirme que « le redoublement en 3e ou en lycée est, en général, bénéfique puisqu’il permet à l’élève de combler ses lacunes et de suivre l’orientation de son choix. » Ainsi ces études ne remettent pas en cause tous les redoublements mais uniquement certains.

Que des enfants aient besoin d’aide supplémentaire et de plus de temps que d’autres pour assimiler certaines connaissances, cela semble de bon sens. Faut-il les faire redoubler ? Pas forcément mais encore faut-il se donner les moyens de suivre les élèves en difficulté, de les faire progresser et c’est là que le bât blesse. Le vrai problème est que le redoublement coûte cher, près de deux milliards d’euros selon le gouvernement. Mais trouver des solutions de remplacement comme accompagner les élèves en difficulté a lui aussi un coût que le gouvernement n’est pas prêt à assumer. Il préfère donc faire la morale aux enseignants, qui devraient trouver les moyens pédagogiques, avec l’aide d’une baguette magique, pour résoudre la quadrature du cercle, en leur enjoignant de s’occuper de deux élèves en particulier dans une classe en comptant plus de 30.

Aussi des jeunes passeront dans la classe supérieure, sans jamais décrocher aucun diplôme. Ils rejoindront la cohorte des 150 000 élèves qui sortent chaque année du système scolaire sans avoir réussi leur scolarité.

http://www.lutte-ouvriere-journal.org/?act=artl&num=2409&id=21

Messages

  • Bonjour

    J’avoue que la dimension sociale de cet article m’échappe... ce qui est inhabituel de la part de LO dont de nombreux militants enseignent dans les quartiers ouvriers. Est-ce la défense du redoublement qui résoudra la situation scolaire et son rôle de tri social et de légitimation des inégalités ? Longtemps le redoublement - toujours abordé de façon différente quand il s’agissait d’enfants de la bourgeoisie ou d’enfants d’ouvriers - a été un des instruments de cette sélection "par le mérite" comme ils disent. Observer les statistiques de redoublement en fonction de l’origine sociale suffit à rappeler, comme il y a quelques jours dans Libé que "tous les enfants de pauvres sont des fainéants"... déclaration ironique bien entendu.

    A la différence de ce qui est écrit plus haut je ne crois pas que le redoublement soit à défendre, les "classes" non plus d’ailleurs... Au cas par cas on peut lui trouver un intérêt (une longue maladie par ex.) mais faire croire que c’est en multipliant les redoublements que nous lutterons contre les inégalités c’est certainement faire fausse route

    • Je n’ai pas l’impression que cet article défende le redoublement.

      Cet extrait (qui à mon sens cerne parfaitement le problème) me semble le montrer :

      Que des enfants aient besoin d’aide supplémentaire et de plus de temps que d’autres pour assimiler certaines connaissances, cela semble de bon sens. Faut-il les faire redoubler ? Pas forcément mais encore faut-il se donner les moyens de suivre les élèves en difficulté, de les faire progresser et c’est là que le bât blesse.

      Si certains enseignants défendent le redoublement, je crois que c’est en grande partie parce que l’absence de redoublements augmente l’hétérogénéité des classes, hétérogénéité très difficilement gérable dans le contexte et les moyens actuels (ou passés) : beaucoup trop d’élèves par classe, trop peu de possibilités de remédiation ponctuelle etc.

  • Il faut tout simplement doubler les moyens en primaire. La moitié des gamins en banlieue sont déjà en difficulté scolaire tout au long du primaire et en échec scolaire dès la 6ème. Suppression du samedi matin en 2008 égale une matinée d’enseignement de perdu. Les profs n’ont plus le temps de prendre le temps, les gamins suivent ou décrochent ou mettent le bazar. On sacrifie sciemment les enfants des classes populaires, la réforme des rythmes scolaires c’est bidon. Le but de nos classes dirigeantes c’est de garder, ou plutôt de faire du gardiennage, les gamins à l’école jusqu’à 16 ans et ensuite la sélection naturelle de "classe" commence...