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Une lettre d’une combattante kurde à sa mère

par Actukurde

Publie le jeudi 16 octobre 2014 par Actukurde - Open-Publishing
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La résistance historique de Kobanê est aussi celle des femmes kurdes qui sont en première ligne contre les barbares de Daesh. Le 5 octobre, la combattante kurde Dilar Gencxemis), identifiée par son mouvement sous le nom de guerre d’Arine Mirkane, a mené une attaque fédayin en provoquant celle de "dizaines" de barbares aux abords de Kobané. C’est une femme kurde, Mayssa Abdo, connue sous son nom de guerre de Narine Afrine, qui est aux commendes des YPG (Les Unités de défense du peuple) à Kobané. La lutte de la femme kurde qui occupe aujourd’hui une place importante dans les médias a en réalité une longue histoire...

Une lettre d’une combattante kurde à sa mère a été publiée par certains médias kurdes et partagée largement sur les réseaux sociaux.

« Tu me manques ! » dit cette combattante, identifiée par son nom de code Narine (qui signifie élégante). Elle est âgée de 19 ans, selon certains sites d’informations, mais on ignore si elle est toujours vivante.

« Je vais bien maman. Hier on a fêté mon 19ème anniversaire.

Mon ami Azad a chanté une chanson pour les mères. J’ai pensé à toi et j’ai pleuré. Azad a une belle voix. Et lors que j’ai chanté, lui aussi il a pleuré. Sa mère lui manquait autant que tu me manques, ça faisait un an qu’il ne la voyait plus.

Hier nous avons porté secours à un ami blessé. Il avait reçu deux balles. Lorsqu’il montrait la blessure de sa poitrine, il était inconscient de sa deuxième blessure.

On l’a soigné et je lui ai donné mon sang.

Nous sommes à l’est de Kobané, Maman. Nous sommes juste quelques kilomètres d’eux. On voit leur drapeau noir et on écoute leur radio. Parfois ils parlent en des langues étrangères qu’on ne comprend pas, mais on sent qu’ils ont peur.

Nous sommes neuf combattants dans notre groupe.

Le plus jeune, c’est Resho, il vient d’Afrin. Il a d’abord combattu à Tal Abyad, et ensuite a rejoint nos rangs.

Alan est de Qamishlo , de l’un de ses plus beaux quartiers. Et lui, il a combattu d’abord à Sêrékaniyé (Rass al-Ain) , avant de nous rejoindre. Il a quelques cicatrices de blessures sur son corps. Il nous dit que ses blessures sont pour Avin.

Le plus grand c’est Dersim, il vient du mont de Qandil. Sa femme est devenue martyre à Diyarbakir (Capitale du Kurdistan de Turquie), et l’a laissé seul avec ses deux enfants.

Nous sommes dans une maison au pied des montagnes de Kobané. On ne sait pas grande chose des propriétaires de la maison. Il y a des photos d’un vieil homme et aussi d’un jeune homme. Il y a un ruban noir sur la photo du jeune, je crois qu’il est devenu martyr… Il y a également les photos de Qazi Mohammad, Molla Moustapha Barzani et Apo (Abdullah Ocalan). Et une ancienne carte de l’Empire Ottoman mentionnant le Kurdistan.

Il y a bien longtemps que l’on n’a pas bu de café, mais la vie est belle, même sans café. De toute façon, je n’ai jamais bu un café aussi bon que le tien, maman.

Nous sommes ici pour défendre une ville qui veut la paix. On ne s’est pas souillé dans des massacres, et nous avons accueilli plusieurs blessés et nos frères refugiés syriens. Nous défendons une ville qui compte une dizaine de mosquées, nous défendons une ville musulmane contre des barbares.

Maman, je viendrai te voir dès que cette sale guerre contre nous se terminera. Nous allons rentrer avec Dersim à Diyarbakir pour rendre visite à ses enfants. Nos familles et nos maisons nous manquent à toutes et à tous, et nous voulons tous rentrer mais la guerre interdit la nostalgie.

Mais je ne pourrai peut-être pas rentrer, Maman. Si ce devait être le cas, sache que j’ai rêvé toujours de te revoir et que c’est cela qui me tenait debout.

Si je devais être tuée au combat, je sais qu’un jour tu viendras à Kobané et que tu verras la maison où j’aurai vécu mes derniers moments.

La maison est à l’est de Kobané. C’est une maison frappée de toutes parts. Elle a une porte verte criblée des balles d’un Sniper. Il y a trois fenêtres, dont l’une s’ouvre à l’est. J’y ai gravé mon nom en rouge. Les rayons de soleil entrent dans la chambre par les trous faits par les balles dans la chambre, Maman. Et c’est derrière cette fenêtre que j’aurai vécu mes derniers instants et attendu la mort. Cette même fenêtre derrière laquelle Azad a chanté sa dernière chanson, pour sa mère, avec sa belle voix. « Maman, tu me manques »

MAMAN, TU ME MANQUES !

Ta fille, Narine.

Lettre traduite par Nuray Ucar

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Portfolio

Messages

  • Le Front Populaire pour la Libération de la Palestine exprime sa solidarité avec la résistance kurde de Kobane qui lutte pour son auto-défense et celle de sa communauté contre le groupe armé réactionnaire, ISIS, dont l’entrée dans notre région a été facilité et soutenu par les puissances impérialistes et leurs laquais.

    Le camarade Khaled Barakat (écrivain et militant palestinien) a déclaré que « toutes les forces révolutionnaires palestiniennes et arabes devraient unir leurs efforts pour soutenir la lutte de la résistance kurde de Kobane contre ISIS et leurs partisans impérialistes. »

    Les peuples en Syrie, en Irak et partout dans la région ont été attaqués par l’impérialisme - une attaque qui ne vient pas seulement par des frappes aériennes et l’occupation, mais grâce à l’appui de puissances régionales réactionnaires, à travers la promotion du confessionnalisme, et par des groupes armés réactionnaires portant un programme de chaos confessionnel. Ils ont cherché à remplacer le conflit central dans la région : celle des peuples contre le sionisme et l’impérialisme, par le confessionnalisme et l’imposition d’une violence massive et réactionnaire contre les groupes minoritaires qui font partie intégrante de la région, alors que ces mêmes groupes armés réactionnaires laissent l’Etat sioniste et les forces impérialistes intactes. Ces attaques ont eu lieu en même temps que la dernière agression sioniste génocidaire contre le peuple palestinien dans la bande de Gaza. « Nous sommes avec le peuple de Syrie qui défend son unité contre toute tentative de partition du pays et le pillage de ses ressources au profit de l’impérialisme. C’est l’objectif d’ISIS et de ses alliés », a déclaré Barakat.

    « Aujourd’hui, les combattants kurdes, les femmes et les hommes, luttent pour leur liberté et leur vie contre ces groupes réactionnaires dont la présence dans la région a été fournie, armé et soutenu par l’impérialisme et ses alliés et agents dans la région. Ce n’est pas un accident et pas simplement symbolique que ISIS attaque aujourd’hui Kobane avec des armes américaines », a déclaré Barakat. « En particulier, le rôle des femmes combattantes dans la résistance kurde à tous les niveaux de la lutte et de la direction est un exemple héroïque de sacrifice. »
    .... suite sur : (3w) couppourcoup31.com/2014/10/le-fplp-appelle-a-un-front-uni-revolutionnaire-de-solidarite-avec-la-lutte-du-peuple-de-kobane-contre-isis.html