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La France n’a pas dit la vérité sur la mort d’Arafat

par Aspaar

Publie le mardi 11 novembre 2014 par Aspaar - Open-Publishing
2 commentaires

Ilya dix ans les assassins tuent Yasser Arafat.

Apres dix ans on s’aperçoit que c’était un meurtre.

Dix ans après ce meurtre, les medias & la justice n’en ont rien à faire !

C’est vraiment excellente cette démocratie , cette justice bourgeoise !


Thomas Liabot - leJDD.fr

INTERVIEW - Dix ans après la mort du leader palestinien, les zones d’ombre entourant les dernières heures de Yasser Arafat restent nombreuses. Le journaliste Emmanuel Faux, ancien correspondant d’Europe 1 à Jérusalem, publie L’affaire Arafat, l’étrange mort du leader palestinien. Il défend dans cet ouvrage la thèse de l’assassinat de l’ancien raïs et pointe du doigt le silence de la France, où l’homme d’Etat a rendu son dernier souffle.

Il a fallu attendre près de sept ans pour que de véritables investigations débutent à la suite du décès de Yasser Arafat. Pourquoi ?

On le doit beaucoup à la crédulité de l’Autorité palestinienne et de la famille de Yasser Arafat vis-à-vis des conclusions des médecins français, mais aussi de la volonté de ne pas provoquer un scandale diplomatique. La veuve du raïs, Souha Arafat, a expliqué qu’elle n’avait pas été encouragée à demander l’autopsie et n’a pas eu ce réflexe (aucune autopsie n’a donc été réalisée, Ndlr). D’autre part, elle a raconté que leur fille unique, Zahwa, qui avait à l’époque 8 ans, devait être protégée d’un deuxième choc qui aurait suivi celui de la mort de son père. C’est finalement l’initiative du journaliste d’Al-Jazeera, Clayton Swisher, qui a convaincu Souha Arafat. En décembre 2011, il lui a en effet conseillé de rouvrir le dossier et de faire expertiser les affaires et les objets que portaient son mari durant les derniers jours de sa vie.

Sans l’implication d’Al-Jazeera, parlerait-on aujourd’hui de l’affaire Arafat ?

Il faut reconnaître à Al-Jazeera son rôle déclencheur, notamment en ce qui concerne la première expertise des vêtements et objets appartenant à Yasser Arafat. Celle-ci va révéler des taux de polonium 210 - une substance radioactive - très importants et pousser Souha Arafat à finalement déposer plainte contre X pour empoisonnement, à Nanterre. C’est cette procédure qui a conduit à l’exhumation du corps de son mari en novembre 2012.

La commission d’enquête palestinienne, qui s’est empressée d’accuser Israël, semble être gênée aux entournures, quatre ans après sa création...

Après la mort d’Arafat, il était évident en Palestine qu’Israël était derrière tout ça. L’Autorité palestinienne a mis un certain temps à créer une commission d’enquête (près de six ans, Ndlr). Celle-ci travaille de façon assez secrète et quatre ans après, n’est pas en mesure de donner le moindre élément de preuve de l’empoisonnement de Yasser Arafat. Cet embarras s’explique par le fait qu’une nouvelle piste a été trouvée depuis. En mars 2014, le président Abbas l’a même évoquée, accusant ouvertement Mohammed Dahlan, qui a été un homme clé de son entourage proche (et a aujourd’hui quitté la Palestine, Ndlr), d’avoir participé à l’élimination du raïs à l’automne 2004.

Ces déclarations accréditent la thèse d’un empoisonnement venu de "l’intérieur"...

Évidemment, cela conforte l’hypothèse du crime fratricide, ou en tout cas d’une main intérieure qui aurait pu véhiculer le produit létal. Pour arriver dans la pièce de vie ou la chambre de Yasser Arafat à la Mouqata’a (son quartier général, Ndlr), il fallait forcément avoir des complicités. La position de Mohammed Dahlan, qui était encore un homme clé de l’appareil palestinien en 2004, rend cette hypothèse crédible.

Le silence français intrigue dans cette affaire, et agace depuis longtemps les Palestiniens. Comment l’interpretez-vous ?

Je considère que les autorités françaises n’ont pas dit la vérité sur la mort de Yasser Arafat. J’en ai maintenant la conviction à l’issue de cette enquête. Pour ne pas faire de vagues, la France a choisi la thèse qui était la plus correcte sur le plan diplomatique, c’est-à-dire la mort naturelle, qui ne met en cause la responsabilité de personnes. Mais cette thèse ne résiste pas aux examens scientifiques que je réunis dans mon livre. Le tableau clinique du leader palestinien n’est pas celui d’un homme qui est mort de sa belle mort.

Confiné dans son quartier général, Yasser Arafat avait déjà perdu beaucoup de son influence politique. Son élimination physique n’était-elle pas inutile ?

Pas totalement, car il restait le leader de l’Autorité palestinienne au moment de sa mort, même confiné à Ramallah. Vis-à-vis des chancelleries occidentales, de l’ONU, et des Etats-Unis, il était le représentant du peuple palestinien. Il avait perdu en influence et en liberté, mais il restait le symbole de son peuple. Dans le contexte géopolitique de fin 2004, Arafat avait probablement autant d’ennemis à l’intérieur de l’Autorité palestinienne - et notamment du côté des islamistes ou des agents doubles - que de l’Etat hébreu, pour qui l’élimination physique du raïs n’était plus une urgence.

Votre livre exclut la thèse de la mort naturelle, et plaide en faveur de la vérité historique. L’enquête française peut-elle, selon vous, lever le voile sur cette affaire ?

Au regard de ce qui est en train de se préparer dans l’instruction des juges de Nanterre, j’ai l’impression que les Français ne vont pas revenir sur leur position. Le rapport des experts datant de fin 2013, portant sur les prélèvements de l’exhumation de 2012, avait conclu à la mort naturelle, précisant que la présence de polonium 210 ne permettait pas de conclure à un empoisonnement. Le juge a demandé aux experts de clarifier ce rapport, de le rendre plus accessible, mais ne varie pas d’un iota sur le fond. Il s’apprête donc à conclure définitivement à la mort naturelle, début 2015. La France reste sur sa position et ne veut pas faire de cette affaire un casus belli, avec toutes les conséquences géopolitiques que cela pourrait avoir au Proche-Orient.

http://www.lejdd.fr/International/Moyen-Orient/La-France-n-a-pas-dit-la-verite-sur-la-mort-de-Yasser-Arafat-699850

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