Accueil > ESPAGNE : Les indignés de Podemos, première force politique du pays ?

ESPAGNE : Les indignés de Podemos, première force politique du pays ?

par Luis Gómez

Publie le jeudi 4 décembre 2014 par Luis Gómez - Open-Publishing
11 commentaires

D’après un sondage publié par El País, si des élections avaient lieu aujourd’hui, la formation politique Podemos, issue du mouvement des indignés, serait en première place avec 27,7 % des votes. Portrait du leader d’une formation qui casse l’hégémonie des deux partis traditionnels espagnols.

A entendre sa mère María Luisa, Pablo Iglesias, 35 ans, était déjà de gauche avant sa naissance. “Mon fils a été élevé de la meilleure façon possible vis-à-vis de sa classe sociale, de son peuple, de son entourage et de sa patrie”, assure-t-elle. Ses parents l’ont prénommé Pablo en l’honneur d’un autre Iglesias, Pablo Iglesias Posse, père du socialisme espagnol.

Et s’il subsistait le moindre doute, María Luisa est capable de déployer l’arbre généalogique familial. On y trouve des députés, des condamnés à mort pour leurs idées politiques, des juges et des militaires républicains. “Dans notre famille, on lutte pour la classe ouvrière depuis le XIXe siècle”, souligne María Luisa. C’est dans cette ambiance à haut voltage politique qu’a grandi Pablo. “

Et en plus, il est né à Vallecas [ville de tradition contestataire de la région de Madrid]”, assène sa mère, avocate du travail. Son curriculum vitae dessine une biographie sans faille dans une seule direction, vers la gauche. Fils unique, bon élève, il s’inscrit aux Jeunesses communistes dès 14 ans, puis poursuit son action militante parallèlement à ses études à la faculté de sciences politiques, où il décroche master et doctorat. Un passage par l’Italie, la Suisse, le Mexique et les Etats-Unis l’amène à participer aux mouvements de résistance civile et de lutte contre la mondialisation.

Petit écran

Une version réduite de sa thèse de doctorat s’intitule “Désobéissants”. Il étudie le phénomène zapatiste, écrit sur le cinéma et la politique, fonde (ou participe à) des associations comme Jeunesse sans avenir, Promoteurs de pensée critique, Association contre le pouvoir… Avec un tel parcours, Pablo Iglesias aurait pu être un théoricien de la gauche, un professeur barbu à costume de velours côtelé, destiné à évoluer dans le milieu universitaire. Bref, un homme éloigné de la rue.

Mais il a fini par devenir un expert en communication politique, un personnage médiatique et, depuis le 25 mai, un homme politique à succès (1 240 000 voix et 5 députés pour le parti Podemos, [“Nous pouvons”], formé il y a quatre mois). Sans être un homme d’une sympathie irrésistible ou à l’accolade facile, il a su trouver un écho auprès d’une bonne partie de l’électorat. Mais ceux qui voient dans Iglesias un produit conventionnel de la télévision ont peut-être tort.

En effet, sa relation avec le petit écran n’est pas le fruit du hasard. Elle est intentionnelle et stratégique. “Nous expérimentons notre communication politique depuis le principal espace de communication politique qu’est la télévision, explique-t-il. Tout ce que nous avons appris à La Tuerka, nous l’appliquons sur les grandes chaînes.” La Tuerka est une émission de télévision que Pablo Iglesias et ses collaborateurs (professeurs et élèves de sciences politiques à l’université Complutense de Madrid) ont diffusée sur Internet et sur la TNT.

Pas de poing levé

Dans ces espaces aux audiences a priori marginales, Iglesias s’est formé comme présentateur, interviewer et homme de télévision. Certes, l’homme dénonce, mais il est entraîné à parler face au public. Et avec un message inflexible. D’entrée de jeu, son passage à la télévision généraliste a été un succès : il savait se contenir, il pouvait débattre, il était à l’aise devant les caméras, il pouvait participer à des émissions de l’autre bord idéologique, mais il ne perdait jamais contenance. Une main de fer idéologique dans un gant de velours.

La télévision et les réseaux sociaux ont fait le reste. Ils ont permis de mettre un visage et une queue-de-cheval sur cette voix de la gauche. Iglesias est un homme tranquille au message dur, adressé aux déshérités, aux victimes de la crise économique et aux classes moyennes appauvries. Il s’exprime sans détours, qualifie de castes les directions des grands partis, appelle “régime de 78” la transition démocratique, évoque ces grands-pères qui ont défendu la République il y a quatre-vingts ans et critique les “millionnaires aux bracelets rouge et jaune [drapeau de l’Espagne]”.

Et quand il s’adresse à son public dans la rue, il demande un applaudissement pour les policiers “qui aimeraient qu’on leur donne l’ordre de passer les menottes à un banquier corrompu”. Dans ses meetings, on scande “No Pasarán”, on entonne de vieilles chansons de la guerre civile. Tout cela fleure bon la gauche profonde, le communisme ressuscité, les vieilles proclamations et les poings levés. Mais Iglesias ne lève pas le poing, il applaudit son public.

http://www.courrierinternational.com/article/2014/11/04/les-indignes-de-podemos-premiere-force-politique-du-pays

Portfolio

Messages

  • Ouais, ben vu leur fond politique et leur programme, parfaitement poujadiste, qui ne remet pas un instant en cause la logique de l’économie mais veut la "nettoyer" (transparence financière, gouvernement judiciaire, petite entreprise), on se sent soudainement un regain de sympathie envers les vieux léninistes d’Izquierda Unida. Mais les néo-"gauches" (qu’elles se disent et sans doute se croient) en europe sont désormais bien sur la ligne du ressentiment politique et de la "société saine" qui commence par le pragmatisme (voir la pratique de Syryza là où ils sont déjà aux affaires) et risque de finir dans un nationalisme pas clair du tout, et on ne sait trop avec qui. Mais il faut bien se dire que c’est ça qui plaît ) nos concitoyens, qui n’ont aucune envie de changer de monde, mais de continuer à profiter du capitalisme, relooké, verdi et participatif. Sauf que ça, c’est le souhaité, mais rien ne garantit que ça marche - remember le vieux barbu les les contradictions internes à la valorisation...

    • Tout cela est à regarder à la lumière de l’Histoire de l’Espagne et le fantastique décervelage de la majorité d’un peuple d’ouvriers et employés soumis à 40 ans de dictature, qui a cru naïvement que l’Europe du Capital allait leur apporter ce que le Franquisme lui avait refusé dans un climat de peur et de féroce répression.
      Au début, tout allait bien, comme chez ceux qui ont voté OUI chez nous, ça marchait aussi pour le PSOE ( et un peu le PCE) complice de la campagne de "réconciliation" et d’oubli...
      "Podemos" est sur la même ligne d’oubli et de réconciliation qui peut faire ressurgir bien des choses jusqu’ici escamotées.

  • Et quand il s’adresse à son public dans la rue, il demande un applaudissement pour les policiers “qui aimeraient qu’on leur donne l’ordre de passer les menottes à un banquier corrompu”.

    Pffff... la peine, la peine, la peine...

    Son "public" ? La rockstar , c’est lui ? Nabilla, es-tu là ????

    Quelle MISÈRE ! Encore un mari volage pour un peuple cocu d’avance.

    Chimène, ils sont beaux, tes yeux (dommage que tes oreilles les cachent...)

    On n’en sortira pas de ce radicalisme républicain de m...... promu à l’échelle européenne par la GUE et la Gauche Européenne.

    On reste bien sagement dans le jeu institutionnel de l’Etat bourgeois hein. Couché, pas bougé, donner la papatte.

    Su-sucre ?

    Mais Iglesias ne lève pas le poing, il applaudit son public.

    Beh tu m’étonnes, John. Show must go on, non ?


    A ranger d’urgence avec les "masques" Mélenchon, Laurent, Vendola, Lafontaine, Tsipras etc etc "pia pia pia"