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Reçu des veines ouvertes ; et si c’est une femme

par Prima Levita

Publie le mardi 16 décembre 2014 par Prima Levita - Open-Publishing
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"La République du Salvador présente le plus haut taux de féminicides dans le monde, avec 2250 meurtres de femmes entre 2010 et 2013. Le Guatemala se retrouve en troisième position et le Honduras est le septième à présenter le taux le plus élevé. Au Guatemala, seulement 2% des cas de femmes assassinées ont été examinés en 2013 alors qu’au Honduras, moins de 2% des cas ont fait l’objet d’une enquête. Concernant les cas qui d’une manière ou d’une autre sont rendus au tribunal au Guatemala, 90% des prévenus ne sont pas condamnés. Il en est presque de même en République du Salvador. Entre janvier et octobre 2014, plus de 300 corps de jeunes femmes âgées entre 12 et 18 ans ont été trouvés dans des fosses communes anonymes.

Le féminicide se définit comme l’assassinat violent et délibéré d’une femme. Bien qu’il s’agisse d’un crime, de nombreux gouvernements nationaux ne considèrent pas spécifiquement ces meurtres comme un crime dans leur code pénal. De ce fait, il est difficile de poursuivre le féminicide à travers le système judiciaire de nombreux états. Les histoires de milliers de femmes et de filles assassinées et ensuite jetées comme des déchets dans les ruelles, autour de la ville et dans des bennes à ordures continuent à faire les gros titres de la presse. Les victimes de féminicide montrent souvent des signes de torture, de viol, ou encore de mutilations génitales et au niveau de la poitrine, ainsi que des parties du corps démembrées.

L’épidémie aiguë de féminicide en République du Salvador, au Honduras et au Guatemala est liée aux antécédents historiques de violence et d’abus en Amérique centrale, où les escadrons de la mort et les guerres civiles ont laissé en héritage une certaine violence, intimidation et impunité persistante. Mais cela relève également de l’histoire dominante des normes patriarcales présentes depuis des siècles dans presque toutes les sociétés à l’échelle mondiale. Ces normes supposent que les femmes sont la propriété des hommes, et sont vouées à être traitées et éliminées selon les caprices des hommes. En Amérique latine, ces normes patriarcales sont souvent qualifiées de machisme.

Il est difficile de mettre efficacement en œuvre des propositions ou des lois visant à éliminer la violence, l’exploitation et l’abus des filles, adolescentes et femmes. En République du Salvador, une loi sur le féminicide est entrée en vigueur en 2012. Les années de luttes et de mobilisations menées par des femmes ont ainsi conduit à une loi historique pour lutter contre la violence à l’égard des femmes. Cette loi fut adoptée par l’ancien président Mauricio Funes. Selon la loi de la République du Salvador, le féminicide est passible d’une peine de prison de 20 à 50 ans, et les juges doivent établir la preuve que la mort d’une femme ait pour motif la haine ou le mépris basé sur le genre. Mais beaucoup de juges ne prennent pas au sérieux le féminicide et ne veulent pas faire face à ce crime et appliquer la loi correctement.

Les campagnes de sensibilisation du public qui montrent l’évolution graduelle des violences verbales, émotionnelles et physiques auxquelles sont confrontées les femmes avant même que le féminicide ne se produise sont plus que nécessaires. De plus, il est essentiel d’implanter des actions pour exiger le respect des droits fondamentaux des femmes et la fin de l’impunité.

La Campagne Mondiale lancée par La Via Campesina pour mettre fin à toutes formes de violence envers les femmes vise à accroître la sensibilisation du public aux causes premières et à tous les types d’expressions de violence contre les femmes, et exige la fin de l’impunité.

Nous demandons à toutes nos organisations membres de prendre des mesures et d’écrire des pétitions, d’envoyer des lettres, d’organiser des manifestations pour faire pression sur les ministères de la Justice des gouvernements de nos pays en vue de mettre fin à l’impunité, d’envoyer les meurtriers en prison et de faire justice pour ces milliers de femmes.

Assez de violence contre les femmes ! Pas une mort de plus !

Nous luttons contre l’impunité et pour la vie des femmes"

source :http://viacampesina.org/fr/index.php/les-grands-ths-mainmenu-27/femmes-mainmenu-39/1025-feminicides-et-impunite-une-crise-humanitaire-en-amerique-centrale-et-un-probleme-mondial-croissant

autre info via campesina sur le capitalisme vert :
http://viacampesina.org/fr/index.php/actions-et-nements-mainmenu-26/changements-climatiques-et-agrocarburants-mainmenu-71/1024-document-de-position-de-la-via-campesina-justice-environmentale-et-climatique-maintenant