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CGT : sortir de l’ornière pour de bon !

par front syndical de classe

Publie le samedi 3 janvier 2015 par front syndical de classe - Open-Publishing
4 commentaires

CGT : en finir avec les dérives !

aller vers un congrès extraordinaire et vers l’indispensable renouveau !

La crise que traverse la CGT exige pour sa résolution le départ du secrétaire général et de ceux qui portent avec lui la responsabilité des actuelles dérives, en particulier le bureau confédéral et la Commission exécutive.

MAIS CELA SERA LOIN DE SUFFIRE !

Parce que ces dérives loin de résulter de faiblesses récentes, de fautes de gestion, de la succession de B. Thibault.., plongent leurs racines dans les orientations décidées il y a plus de 20 ans au plan national comme au plan européen.

Avec les graves distorsions qui en sont la conséquence et qui ne datent pas d’hier :

- coupure entre dirigeants de premier plan et bases syndicales !

- bureaucratisation,intégration dans les institutions type Conseil Économique Social et Environnemental, débouchant sur des "diagnostics partagés" avec les forces réactionnaires et social-démocrates comme on a pu le voir concernant l’ouverture des TER à la concurrence et le rapport co-signé par T. Lepaon et J.-M. Geveaux, alors Président UMP du Conseil général de la Sarthe

- fourvoiement dans les structures et clubs type "Le Siècle" , "le Quadrilatère", "Confrontations" où se rencontrent hommes d’affaires, intellectuels, journalistes et syndicalistes sans mandat ce qui n’est pas tout nouveau.N’est-ce pas Monsieur Jean-Christophe Le Duigou ?

- formation "d’élites syndicales" par l’institut de formation de la Confédération Européenne des Syndicats (CES) conformément à l’ " idéologie syndicale européenne" c’est-à-dire conformément à ce qu’en attend l’oligarchie européenne et la Commission européenne, le bailleur financier (45 000 euros environ en 2008 pour un stage de trois jours qui réunit une vingtaine de participants) !
Au fait, qui dans la CGT a participé à ce type de formation ?

Quand Nicole Notat dictait ses conditions à la CGT pour adhérer à la CES

Au niveau européen, pratiquement, dès la constitution de la CES en 1973 la CGT demande à y adhérer en essuyant plusieurs refus catégoriques, la CGT d’alors ne remplissant pas aux yeux de ses dirigeants les conditions exigées.

Mais dans la période 1992-1999 tout change. Sous la houlette de Louis Viannet et de Joël Decaillon, la CGT est rendue euro-compatible.

Pourquoi et comment ?

La réunification allemande et la chute de l’URSS placent les forces et les militants qui situaient leur action dans la perspective d’une solution anti-capitaliste dans une situation d’échec et de désarroi.

Le syndicalisme dominant européen et les forces social démocrates sont dans le camp des vainqueurs avec le sentiment arrogant et l’opportunité de pouvoir dès lors imposer leur conception du syndicalisme.

A la direction de la CES, la CFDT et Nicole Notat en particulier avaient en fait seuls la possibilité de donner le feu vert à l’adhésion de la CGT.

Et c’est dans ces conditions, "par effraction " comme le dit lui-même Jean-Louis Moynot, que les dirigeants de la CGT consentiront :

- au "dialogue social" entre "partenaires sociaux", au "syndicalisme rassemblé" comportant un partenariat privilégié avec la CFDT, sorte d’anti-chambre d’un syndicalisme français réunifié sous l’égide de la CES et de la Confédération Syndicale Internationale (CSI).

- à accepter de s’adapter aux réalités de la société et du monde du travail comme les réformistes le réclament au nom de la modernité, c’est-à-dire à consentir aux reculs sociaux parce-que la crise, parce-que la dette, parce-que la compétitivité, parce-que les mutations du monde du travail … et bla-bla-bla et bla-bla-bla !

- à quitter la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) considérée comme moribonde, la CES et la CSI exigeant de toute manière l’appartenance exclusive et le syndicalisme unique sous couvert d’indépendance.

- à accepter dans les faits et dans les principes (réforme statutaire du 45e congrès) le caractère indépassable de la société capitaliste sortie victorieuse de la guerre froide et semblant faussement installée dans une domination sans partage et sans alternative.

En rupture avec l’histoire et les principes fondateurs de la CGT, dans les circonstances donc, d’une défaite historique du mouvement ouvrier international, ces orientations ont constitué le socle commun du 44e au 50e congrès.

Sans que ce véritable tournant ne fasse l’objet d’un véritable débat de fond, ouvert et franc ni à l’époque, ni plus tard !

Cette période coïncidant au-delà de succès ponctuels avec les plus formidables reculs que le monde du travail ait à subir !

Revenir au 50e congrès c’est donc rester dans l’ornière !

Les difficultés rencontrées, l’échec d’une syndicalisation de masse ne résultent pas d’abord du manque de prise en compte des aspirations des couches salariales dites "nouvelles" ou d’une culture syndicale inadaptée à la modernité, à la précarisation du travail, d’une vision dépassée du capitalisme.

Mais principalement d’une difficulté et d’une incapacité à organiser une contre-offensive du monde du travail à la vague sans précédent des remises en cause de toutes les conquêtes des 60 dernières années, dans une période de contre-révolution généralisée du capital !

Et cette incapacité a beaucoup à voir avec l’orientation et la stratégie syndicale elle-même parce c’est elle qui pilote, coordonne et donne un sens aux initiatives concrètes de terrain et aux résistances locales.

La réorientation de la CGT a été opérée à un moment où le capitalisme apparaissait comme vainqueur et acteur exclusif sur la scène mondiale, imposant ses pratiques et son idéologie à l’ensemble de la planète.

A l’opposé, le XXIe siècle est celui de l’entrée du capitalisme dans sa plus grave crise depuis les années 30.

Avec son cortège de calamités : incroyable creusement des inégalités, aggravation des contradictions de classe, montée de l’extrême droite et du nazisme en Europe même comme on peut le constater en Ukraine.

Dans ce contexte où les négociations n’aboutissent qu’à de graves reculs sociaux et où la classe dominante a entrepris de reprendre tous les « avantages sociaux » qu’elles avaient été contrainte par les luttes de céder aux travailleurs, les principes de classe qui ont historiquement inspiré la CGT ne sont non seulement pas dépassés mais constituent au contraire, dans des conditions nouvelles, une référence incontournable.

Si les conditions d’exploitation, de domination ont changé, ce qui n’a pas changé ce sont l’exploitation et la domination elles-mêmes, constitutives du capitalisme porteuses de misère, de division et de guerres.

C’est d’abord dans la capacité de résistance comme dans les luttes quotidiennes que réside l’efficacité et donc la crédibilité du mouvement syndical et de la CGT dont les responsabilités compte-tenu de son histoire sont particulières.

L’actuelle crise de la CGT doit donc déboucher sur un vaste débat d’orientation, un débat non truqué, un bilan des 20 dernières années et aboutir de manière anticipée sur un congrès extraordinaire afin de repositionner «  la Grande Dame » sur ses fondamentaux de classe !

Pour un nouveau départ, un nouveau souffle et enfin de nouvelles conquêtes

Le Front Syndical de Classe

début janvier 2015

Messages

  • Le site http://ouvalacgt.over-blog.com met en partage l’ensemble des contributions qu’il a reçu 83 déclarations (150 pages) et souligne que « c’est plus qu’instructif et tout à fait inédit à la CGT » :

    http://serveur2.archive-host.com/membres/up/1451077023/2015/Compilation_declas_150103.pdf

    Ouvalacgt relève que « parmi les critiques et exigences, on peut les distinguer de deux ordres. »

     Celles qui en appellent à la démission globale du Bureau Confédéral, et qui appellent le CCN à reprendre la main sur les affaires de la CGT.
    Il y a là un malentendu intéressé : en appeler au CCN, c’est imaginer qu’il peut mettre en œuvre une rectification, c’est défendre le CCN. Ce n’est pas notre cas ; nous voulons juste rappeler vite fait ici une petite liste des casseroles qui trainent dans la CGT, pour les organisations du CCN : le Commerce et ses turpitudes, les Ports et Docks et les pratiques mafieuses dans le nettoyage, la FERC et les embrouilles dans l’enseignement privé, la Santé avec les manœuvres de Prigent, l’Energie avec le CCAS EdF, les Cheminots avec les CER SNCF, les Territoriaux avec le CG59 et autres, l’intégration des militants CFDT aux Banques et Assurances, les embrouilles à la CGT Pôle Emploi (organismes sociaux) après la fusion ANPE ASSEDIC, la Construction avec les affaires Dalkia, Forclum, Cegelec il y a quelques années, les contradictions dans la Métallurgie (Nord Pas de Calais), la tentative de suppression de la CGT Chômeurs, les conflits à la NVO et au siège de Montreuil, etc. la liste est loin d’être close. Pour les départements, on les voit s’aligner sans sourciller sur les fédérations au moindre conflit, voir le Nord à propos du CG59, le Gard (avec ses propres histoires), le Bas Rhin avec le Commerce, les contradictions dans le 94 et ainsi de suite.
    Imaginer donc que le CCN va pouvoir faire le ménage et la grande lessive est un doux rêve, et comme nous avons eu l’occasion de l’écrire, « ils se tiennent tous par la barbichette ». Ce qui explique d’ailleurs que Thierry Lepaon soit toujours là…
    Par ailleurs, l’appel à la démission de la totalité du Bureau Confédéral apparaît comme radical, mais c’est un moyen d’escamoter le problème Lepaon d’une part, ainsi que l’appel à un congrès extraordinaire d’autre part : c’est ramener l’affaire à un « dysfonctionnement » collectif, c’est d’abord un contre-feu pour éviter que la contestation ne se répande, et qui en plus limite la discussion au sommet. Il est plus que probable que cette proposition vienne en soutien indirect à Thierry Lepaon, en le dédouanant de toute faute personnelle…

     Ceux qui appellent à la démission immédiate de Thierry Lepaon et à convoquer un Congrès confédéral extraordinaire. C’est la position la plus correcte et nous l’appuyons.
    Non pas que nous ayons quelques illusions sur une supposée démocratie retrouvée dans la CGT et sur les résultats d’un tel congrès extraordinaire, mais c’est la position qui met les pieds dans le plat sans botter en touche et sans diluer les responsabilités (Lepaon démission, tout de suite !) et qui ouvre une nouvelle phase de débat général dans l’organisation sur la base de la catastrophe actuelle. C’est la position la plus favorable au débat de fond dans la CGT.
    Nous invitons tous les syndicats et structures de base (les UL en particulier) à s’emparer du débat, à prendre position, à transmettre leur avis. Certains l’ont déjà fait (voir la compilation), mais il faut généraliser la protestation, et ne pas se contenter de la laisser entre les mains des responsables fédéraux ou départementaux. On notera avec intérêt que certaines de ces structures (comme l’UD 31) poussent dans le même sens.

    Car ce qui se passe dans la confédération n’est pas d’abord une affaire de démocratie, comme le mettent en avant bon nombre de critiques, comme s’il suffisait de changer quelques responsables, quelques règles de fonctionnement, comme si l’orientation était bonne, mais pervertie par quelques éléments dévoyés… On voit poindre ici ou là quelques critiques, en particulier sur les positions récentes de la Confédération (dont les dernières prises de position sur la représentation du personnel – voir la déclaration du secrétaire de l’UD du Cher), mais cela reste conjoncturel et marginal.

    Nous le répétons, et nous constatons que nous sommes bien seuls à oser aborder frontalement la question : il y a des centaines de Thierry Lepaon à débarquer à la CGT (voir l’article de ce blog http://ouvalacgt.over-blog.com/2014/12/des-thierry-lepaon-il-y-en-a-des-centaines-a-debarquer-l-exemple-d-eurodisney.html), et plus largement, c’est tout le système de cogestion du capitalisme qui est en cause. Gestion de la Sécu, des Mutuelles et Complémentaires santé, de l’UNEDIC, de la Formation Professionnelle, participation aux Conseils Economiques et Sociaux à tous les niveaux (national, régional…), aux multiples agences paritaires, gestion des Comités d’Entreprises (CCAS EdF, CER SNCF, Eurodisney ou partout ailleurs), on ne compte plus les responsables CGT investis, au sens propre, dans des structures de gestion, à gérer des dizaines de milliers, des centaines de milliers, des millions d’euros.
    Que croyez-vous qu’il se passe ? Quand on a abandonné, depuis belle lurette, une perspective anti-capitaliste (rappelons-nous la CGT en mai 1968…), et bien l’habit fait le moine. C’est le même phénomène chez les hommes politiques, pareil : ils en croquent. Pas tous bien sûr, mais beaucoup, surtout quand on est investis dans ces structures.

    « Rendre la CGT à ses syndicats » ?, bien sûr, mais sur quelle orientation ? Faut-il rappeler comment les positions réformistes se sont répandues à tous les niveaux depuis bien longtemps, sur tous les sujets, la défense du nucléaire et la méfiance envers l’écologie, la défense de l’emploi industriel capitaliste (voir encore le colloque organisé récemment par la CGT dans le Nord sur le sujet), du paritarisme, la régularisation des sans-papiers au cas par cas et le refus de défendre la régularisation sans condition, l’abandon dans les faits du combat contre la pénibilité et la sous-traitance à quelques rares secteurs prêts, la défense d’un service public hors de tout contenu de classe etc. etc. ce sont tous les articles de ce blog qu’il faudrait ici citer…
    Derrière la crise de direction pointée un peu partout se cache une crise d’orientation, dont la première manifestation – limitée – est l’attitude à avoir relativement au gouvernement Hollande/Macron/Valls. La question est donc bien celle d’une orientation syndicale de classe, et de la rupture nécessaire pour y parvenir. Et ça ne va pas se faire dans la soie, et on voit bien tous celles et ceux qui vont s’accrocher, becs et ongles à leurs fauteuils… Imaginer le changement de la CGT par en haut est un rêve sans issue, dont font régulièrement les frais des générations de militants combatifs, purement et simplement éliminés parce que devenus gênants. Les derniers en date, les camarades du Conseil Général du Nord, débarqués à la veille des élections, provoquant la perte de 5 sièges sur 9 pour la CGT au CG…

    La rupture, le retour au syndicalisme de classe passent par le débat, la bataille politique, l’affrontement sur l’orientation fondamentale, sur la séparation nette des intérêts des travailleurs et des intérêts du capital, sur la délimitation des camps, de qui sont nos amis et qui sont nos ennemis, et de ce que nous ne voulons plus dans cette société barbare… C’est à partir de là qu’on va pouvoir définir ce que nous voulons, et comment y arriver.
    Et parmi les choses que nous ne voulons plus, c’est la collaboration de classe avec nos exploiteurs, c’est en finir avec une cogestion qui brouille les cartes et entretient la confusion…

  • Continuer La CGT (site http://www.cl-cgt.fr/, actuellement en carafe) déclare :

    Le déferlement médiatique concernant Lepaon n’est pas anodin. Il est surtout destiné à affaiblir la CGT. Les médias s’emparent du prétexte et amplifient son impact. Mais Continuer La CGT (CL-CGT) précise qu’il s’agit d’une situation qui relève avant tout de la faillite d’une orientation qui a détruit tous les repères syndicaux de classe dans la CGT, et qui développe l’idée, que le Tous Pourris est aussi dans le syndicat. Mais c’est principalement, les conséquences des dérives réformistes de la CGT, qui dès le 45ème Congrès CGT en 1995, proclamait un syndicalisme rassemblé, pluriel, ouvert au débat démocratique. C’est au contraire l’intolérance, les pressions voire la chasse aux sorcières qui apparaissent. Alors que 1995 aurait dû être une année exceptionnelle pour la CGT qui fêtait son 100ème anniversaire. Le 45ème Congrès adoptait de nouveaux statuts et surtout abandonnait la référence à la classe ouvrière, abandonnant aussi la transformation de la société par la socialisation des moyens de production et d’échange. Ne nous laissons pas influencer, le cas Lepaon sera débattu à l’intérieur de la CGT, mais CL-CGT sera de ceux qui demanderont sa démission, en précisant que non seulement Lepaon doit sortir mais aussi tout le secrétariat et bureau confédéral. CL-CGT dénonce les dérives réformistes de la CGT et sa défense du syndicalisme rassemblé et du dialogue social (cogestion, partenaires sociaux...) et que l’affaire Lepaon n’est qu’une conséquence de ces dérives (emplois fictifs, financement par les grands groupes, etc.). Reprendre les travaux par un congrès extraordinaire à partir du 44ème congrès confédéral en abolissant le syndicalisme rassemblé et réintroduire la négociation par le rapport des forces de la masse des travailleurs. Anéantir le dialogue social et le syndicalisme de collaboration par la grève générale et le renversement de la bourgeoisie et du Capital. Réappropriation de la démocratie dans les syndicats et des décisions au sujet des orientations prisent par ces derniers. Et très important, conscientiser la classe ouvrière qu’une autre société est possible, mais que cela ne pourra s’envisager sans une lutte acharnée débouchant à l’édification d’une société socialiste et cela ne pourra se faire que par la voie révolutionnaire.

    • Je vois une contradiction dans ce que tu dis. Tu dis d’un côté : "ce qui se passe dans la confédération n’est pas d’abord une affaire de démocratie, comme le mettent en avant bon nombre de critiques, comme s’il suffisait de changer quelques responsables, quelques règles de fonctionnement, comme si l’orientation était bonne, mais pervertie par quelques éléments dévoyés…"
      Excuse-moi, camarade, mais la question démocratique ne se limite pas à remplacer Pierre par Paul et Bidule par Tartempion.
      Et d’un autre côté tu dis : "nous constatons que nous sommes bien seuls à oser aborder frontalement la question : il y a des centaines de Thierry Lepaon à débarquer à la CGT (voir l’article de ce blog http://ouvalacgt.over-blog.com/2014...), et plus largement, c’est tout le système de cogestion du capitalisme qui est en cause".
      Autrement dit, il faudrait changer l’orientation avant tout le reste. Mais qui la définit, l’orientation, si ce n’est la base, par un processus démocratique ? C’est d’ailleurs ce que tu dis quand tu demandes aux syndicats de s’emparer de l’orientation, quand tu dis qu’une orientation de classe ne peut venir que des syndicats. C’est donc bien la question démocratique qui est le préalable à tout le reste. Sinon, c’est un petit comité, issu d’on ne sait où, qui va définir l’orientation.

  • De Jean Lévy, adhérent de la CGT depuis septembre 1944, ancien Délégué Syndical National CGT au Crédit du Nord, ancien membre du Bureau de la FD CGT des Employés (Groupant alors Banques-Assurances-Sécurité Sociale- Commerce)

    Refaire de la CGT un instrument de lutte et de contre-offensive sociale

    Dans un récent article nous écrivions :

    La polémique ouverte à partir des travaux exécutés par la CGT au bénéfice de son secrétaire-général - et en particulier le montant exorbitant des sommes impliquées - est massivement utilisée pour porter des coups à la Centrale syndicale

    La richesse et le rayonnement de la CGT, n’en doutons pas, existent intactes au sein des organisations et des entreprises, grâce à ces innombrables militants, qui chaque jour, se battent dans des conditions souvent héroïques, toujours difficiles, contre les patrons, contre le capital, qui eux, n’ont pas abandonné la lutte de classe.

    C’est que l’oligarchie avec ses fondés de pouvoir politiques et médiatiques, voudraient briser à travers la CGT.

    Faisons de telle sorte que celle-ci se redonne les moyens - et la direction - qui la propulse à nouveau au premier rang de la bataille de classe !

    Aujourd’hui, nous développons ce que nous croyons nécessaire ... du CAPITALISME

    Dans cette perspective, tous les militants, tous les responsables de la CGT, fidèles à ce que fut la grande CGT qui faisait si peur au patronat, doivent dire tout haut que l’orientation actuelle de notre centrale syndicale - un syndicalisme réformiste d’accompagnement social - est contraire aux intérêts des salariés, subissant depuis trente ans, de recul en recul, la dure loi du capital.
    Celui-ci a pu ainsi effacer, par pan entier, les acquis des luttes depuis un siècle. Le repos dominical, les Prud’hommes, la médecine du travail, les élus dans l’entreprise sont directement menacés.

    Va-t-on accepter tout bonnement de retourner à l’esclavage ?

    La direction de la CGT n’a organisé aucune riposte de masse face à cette dégradation continue de la condition ouvrière, qui se poursuit depuis trente ans. Les seules actions menées ont visé à limiter les effets néfastes des prétentions patronales, soutenues par les différents gouvernements de droite ou dits "de gauche", qui se sont succédés.

    Certes, la grève générale ne se décrète pas. Mais elle se prépare, dans les esprits comme dans les actes. Or, à l’inverse, les directions confédérales, qui se sont succédées depuis Louis Viannet, se sont opposées aux initiatives de lutte décidées à la base, comme les coordinations interprofessionnelles de luttes sur le plan local et régional, les barrages de routes, les occupations offensives de site !...

    La stratégie confédérale a priorisé au contraire la participation, "entre partenaires sociaux", aux négociations avec le Médef et le gouvernement du moment, à partir des prétentions patronales. Ce qui suppose d’emblée une négociation de recul social et une défaite ouvrière.

    Pour calmer l’impatience des salariés, la CGT s’est contenté d’appeler à des manifestations rituelles, trimestrielles ou semestrielles, sans contenu et sans objectif, rassemblant, selon les saisons, plus ou moins de participants. Grande messe sans lendemain, qui ne pouvait pas être "de masse" du fait que pour y participer, les salariés devaient obligatoirement se mettre en grève.
    Or, celle-ci, ni préparée dans les esprits, ni organisée sur des mots d’ordres mobilisateurs, n’entrainait au mieux que des délégations restreintes d’entreprises, voire seulement les délégués sur leurs heures de délégation.

    Rien qui puisse faire infléchir les patrons et l’Élysée.

    Quand nous évoquons l’absence de "mots d’ordre mobilisateur", porteur de colère et de riposte, nous visons l’absence totale, lors de ces manifestations, de la moindre référence à la soumission de la France aux "directives de Bruxelles" (qui finalisent nos lois de régression et de démantèlement de notre législation sociale), le refus confédéral de mettre en cause l’appartenance de la France à l’Union européenne, qui consacre l’abandon de sa souveraineté, l’abandon de sa monnaie, le Franc, gage d’indépendance nationale.

    Or, cette volonté affichée de la direction de la CGT de s’inscrire dans cette perspective européenne, mâtinée d’affichage "social", se vérifie dans son appartenance à la CES, machine de guerre de collaboration avec le capital contre les travailleurs.

    Dans ces conditions, comment mobiliser salariés, privés d’emplois, retraités pour défendre leurs conditions de vie, dans le cadre d’organisations justement crées pour les mettre en cause ?

    Il ne s’agit donc pas "d’insuffisance" de la part de la direction confédérale, mais d’un choix délibéré d’intégration à l’ordre capitaliste. Ce choix est mortifère pour la classe ouvrière, pour l’ensemble des couches populaires. Sa contestation doit être publique.

    Mais celle-ci ne peut prendre l’essor de masse nécessaire que si les militants et les responsables de la CGT, qui partagent ce point, de vue le crient haut et fort, et ne se contentant pas "d’opposition interne" au CCN, sans écho dans et hors de la centrale.

    Le changement d’orientation de la CGT ne sera possible qu’avec le concours direct de ses syndicats, de ses UD, de ses FD et de la masse de ses adhérents.

    Encore faut-il que ces derniers soient impliqués, donc au courant des discussions internes, pour en discuter, prendre position et publiquement le faire savoir.

    L’objectif, c’est de provoquer un congrès extraordinaire de la CGT, de le préparer dans toute ses instances, pour imposer un tournant à 180° de son orientation, pour un syndicalisme de masse et de classe, dotée d’une nouvelle direction.

    Ainsi, se constituerait en France, la force décisive de la contre offensive sociale, nécessaire à notre pays, indispensable pour son peuple.

    C’est le seul moyen de réduire l’influence du Front national sur les couches populaires.

    C’est le seul moyen de vaincre l’oligarchie et son pouvoir politique, qu’il soit de droite ou qu’il se dise de gauche.

    La CGT serait alors le fer de lance de l’union du peuple de France... "Ma France...", comme chantait Ferrat.