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Louis Viannet : Thierry Lepaon doit « remettre son mandat »

par Michel Noblecourt

Publie le lundi 5 janvier 2015 par Michel Noblecourt - Open-Publishing
4 commentaires

Ancien secrétaire général de la CGT, de 1992 à 1999, Louis Viannet, 81 ans, est une autorité morale dont la parole a beaucoup de poids dans la centrale. C’est lui qui a amorcé un aggiornamento de la CGT – notamment en démissionnant, en décembre 1996, du bureau politique du Parti communiste – que Bernard Thibault (1999-2013) a poursuivi.

A la veille de la réunion de la commission exécutive qui doit se pencher sur le sort de Thierry Lepaon, mis en cause dans plusieurs affaires (travaux dans son logement de fonction et dans son bureau au siège de la CGT, prime de départ quand il a quitté les fonctions syndicales qu’il exerçait dans la région Basse-Normandie pour diriger, en mars 2013, la confédération), M. Viannet a choisi de sortir du silence. Il invite M. Lepaon à « remettre son mandat ».

Comment analysez-vous la crise qui traverse aujourd’hui la CGT ?

Louis Viannet : Par sa durée, par les principes et les valeurs qu’elle malmène, la crise qui secoue actuellement la CGT dans ses profondeurs est sans précédent. Les traces qu’elle va laisser peuvent générer des situations difficilement maîtrisables, des meurtrissures durables, mettant à mal les difficiles progrès réalisés dans le « vivre-ensemble » et rendant difficiles les rapports entre les militants, entre différentes organisations ou structures de la CGT, affaiblissant ainsi ses capacités d’actions. Toutes les pistes permettant d’éviter ou de limiter déchirements, divisions, affrontements, dans les débats qu’il va falloir conduire dans la commission exécutive, le comité confédéral national [CCN], et à tous les niveaux de l’organisation, doivent être explorées. Cela suppose une volonté commune d’avancer vers une situation apaisée.

Le malaise que vous évoquez n’est-il pas antérieur à l’élection de Thierry Lepaon ?

Loin de moi l’idée de penser que les problèmes sont arrivés avec Thierry Lepaon. A plusieurs reprises, et récemment lors du départ de Bernard Thibault, il est bien apparu des signes qu’un mal-être était déjà présent, dû sans doute au retard pris dans l’évolution de la CGT. C’est donc aux dirigeants d’aujourd’hui qu’incombe la responsabilité d’impulser un véritable aggiornamento de la CGT, à partir de l’inventaire des dysfonctionnements – qui reste à faire. Les travailleurs ont besoin d’une confédération en pleine possession de ses moyens.

Le contexte actuel n’est, hélas, pas le meilleur souhaitable. La crédibilité perdue du secrétaire général à l’intérieur comme à l’extérieur est, en soi, un lourd handicap de départ.

Dans ce contexte, que doit faire Thierry Lepaon ?

C’est au CCN d’assumer ses responsabilités et de prendre les décisions qu’il considère les meilleures ou les moins mauvaises quant au devenir de la CGT en ayant en permanence en ligne de mire l’unité de l’organisation, le rassemblement de toutes ses forces et la mobilisation de l’ensemble des valeurs qui nous rassemblent.

En clamant sa volonté de rester coûte que coûte dans sa responsabilité, Thierry Lepaon tend à confondre détermination et entêtement. Ce faisant, il rajoute encore de la tension dans le débat qui en a déjà suffisamment, alors que sa fonction lui commande le contraire.

Un tel climat, une telle tension peuvent, à tout moment, donner lieu à des affrontements, à des déchirures, lourdes de conséquences pour la CGT, à un affaiblissement dangereux au moment même où la mission historique qui est la sienne, nécessite renforcement, dynamisme, confiance et unité.

Tout doit donc être tenté pour garder une CGT unie et des rapports humains pacifiés. Pour sa part, et dans le cadre des efforts communs, le secrétaire général se grandirait, en cette année de 120e anniversaire de la création de la CGT, en annonçant publiquement, et avant même la réunion du comité confédéral national, sa décision de remettre son mandat à la disposition du CCN. C’est, pour lui, la seule façon de participer positivement à l’écriture des pages à venir de l’histoire de la CGT.

http://www.lemonde.fr/politique/article/2015/01/05/louis-viannet-thierry-lepaon-doit-remettre-son-mandat_4549219_823448.html

Messages

  • Viannet ne remet absolument pas en cause la dérive anti lutte de classe et le syndicalisme rassemblé avec la cfdt.
    Rien n ’est dit sur le renoncement face au medef et au gouvernement .Ce qui est logique de la part de celui qui a initié cette politique de destruction des principes révolutionnaire de la CGT.

    cette phrase: :"" C’est donc aux dirigeants d’aujourd’hui qu’incombe la responsabilité d’impulser un véritable aggiornamento de la CGT, en dit long sur le refus d’une démocratie et de la reconquéte de la CGT par la base,pour Viannet il est impensable que la direction soit débarquée ,que les militants se réapproprient la CGT sans soumission à fédéraux !!!
    un coup d’épée dans l’eau ...

    • D’ accord avec le post précédent , VIANNET ne remet nullement en cause la dérive réformiste qu’il a lui-même iniitiée , visiblement son intervention dans le débat s’inscrit dans la lutte des places entre réformistes pour succéder à LE PAON , rien d’étonnant , ne nous laissons pas prendre par ces basses manoeuvres , et défendons les positions de l’appel national :

      démission de TOUS ceux qui ont participé de près ou de loin à une politique fiancière dispendieuse et à la violation des valeurs et des statuts de la CGT qui indique que celle-ci est un syndicat de CLASSE ET DE MASSE

      Organisation dès que possible d’un congrès avancé pour élire une nouvelle direction qui aura pour mission de remettre la CGT sur ses pieds , à retrouver une ligne de classe en rupture totale celle actuelle qui privilégie le syndicalisme d’accompagnement au syndicalisme de lutte et ou chaque syndiqué comptera pour un ...

      VIANNET PROFITE DE TA RETRAITE ET FERME LA ....

    • La déclaration de Vianney est à comparer avec celle de Philippe Cordat. Vianney craint une remise en cause des orientations.

    • Viannet, c’est le grand piège et le dernier calcul des réformistes qui entendent s’accrocher à leur poste. Viannet est à la CGT ce que Hue fût au PCF...