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A quoi servent les média aternatifs ?

Publie le lundi 19 mai 2003 par Open-Publishing

Les manifs de 1995, ou celles contre Vilvordes, Michelin, les guerres,
le front nationale, outre parfois leurs caractères festifs, et quelques
coupures de presse, n’ont pu ni freiner les licenciements, ni modifier
les politiques libérales. En 50 ans, et ces dernières années, des pans
entiers de la santé, de la justice, de l’éducation, de la culture…, ont
été privatisés, marchandisés, vidés de tous liens sociaux pour en faire
des produits rentables. Et les prochaines négociations de l’OMC vont
accélérer ce mouvement de privatisation/paupérisation pour l’étendre
sur plus d’un millier de secteurs qui étaient jusqu’à maintenant liés
au service public.

Les profits ont augmenté pour quelques uns, la qualité de la vie a
chuté pour tous les autres. Et pour maintenir le tout, la justice, la
police et l’armée retrouvent de nouvelles missions de répressions
sociales. Ce sont d’ailleurs les seuls budgets, en Frances et en Europe
en fortes croissances.

"Pour contester le monde, contestons la contestation."

Alors que le libéralisme triomphe avec cynisme, la contestation
s’essouffle et s’obstine dans l’échec. En préservant des modèles
d’organisations archaïques, désuets, dépassés et surtout démotivants.
Avec des mouvements organisés pyramidalement, étanche à la société,
plus préoccupé par les rapports de forces internes qu’à faire émerger
des alternatives viables.

Faits marquants, les taux d’abstention, démesurés, aux élections
nationales, aux prud’hommes, ou dans les élections internes des partis
et mouvements de gauche sont révélateurs de systèmes qui tournent en
boucles. Qui ne cherchent plus à convaincre, qui ne se préoccupent plus
de changer de logiques économiques et sociales.

L’exemple de la préparation du FSE est démonstratif de ces structures
qui fonctionnent en vase clos, découragent et mettent à l’écart tous
ceux et celles qui pourraient s’investir pour ouvrir la contestation à
l’élaboration de nouvelles pratiques. Et qui de fait remettraient en
cause ces mécaniques huilés.

Le FSE ce sont des réunions préparés en petits groupes, sans ordre du
jour communiqués, sans compte rendus, parfois sans même annoncer les
lieux de réunions.

Des réunions parisiennes sans jamais consulter ni débattre avec les
groupes régionaux.

Des décisions importantes prises de façon unilatérales, sans
consultations, sans appel d’offres (banque, embauches de salariés,
prestataires, priorités budgétaires…).

Un site internet vide, des listes de diffusion controlées. Aucunes
archives des débats. Pas de transparence. Pas de mise en commun
d’informations.

Il n’y a pas d’espaces collectifs de préparations, de discussions,
d’élaborations, d’expérimentations, d’élargissements, de participations.

Et pour quels résultats ? Que reste t’il aujourd’hui du FSE de
Florence, quels documents, quelles réflexions, quelle mémoire
collective ? Quelles pratiques innovantes nous viennent de Porto
Allegre ?

C’est là que réside l’enjeu des média alternatifs et de la
popularisation des nouvelles technologies de l’information. Et c’est ce
tournant qu’il ne faut pas louper. Malgré les répressions policières
d’une part et l’incapacité des structures organisées à se renouveler et
à s’ouvrir d’autre part.

A ce titre le FSE, pour les médias alternatifs, doit être l’occasion :

 mettre en avant, donner la parole à ceux qui luttent pour une société
plus juste ; mettre en lumière des contestations dont aucun autre
support ne parle, monter la diversité et la créativité des luttes
quotidiennes ; éditer, traduire, filmer, diffuser des témoignages, des
expériences, des expérimentations qui s’opposent au libéralisme et qui
cherchent d’autres bases sociales. Parler de la société telle que nous
la vivons, pas celles que transmet les médias liés aux groupes de
presse ou d’éditions ultralibérales. Car si on partage les mêmes
territoires, notre réalité n’est pas la leur.

 de nous coordonner entre média européens pour lutter contre les
répression économiques et politiques.

 Mettre en commun des médiatèque multilangues d’informations,
participer à archiver et diffuser la mémoire des pratiques du mouvement
pour que l’on ne reparte pas toujours de zéro.

 réfléchir aux formats de nos supports, par exemple : quel type
d’actualité doit on mettre en valeur qui ne soit pas une reproduction
involontaire mais réelle de celles diffusées par les médias
commerciaux ?

 former, mettre à disposition de chaques personnes, volontaires,
militants, des outils participatifs et d’aide à la décision pour briser
les tours d’ivoire et casser les stratégies d’enfermement des
structures établies qui mènent à l’échec des mouvements sociaux.
Permettre à chacun de prendre part aux décisions en ayant connaissance
de toutes les informations nécessaires. Pour ainsi faire émerger des
propositions innovantes et réalisables. Pour enrichir le mouvement en
augmentant les formes, les moyens et les rythmes de participations et
d’implications.

 expérimenter des nouveaux outils de communication, de diffusion
d’informations pour multiplier les sources, simplifier la technologies
et pour être plus autonomes.

 ouvrir des espaces de confrontations d’idées et de coordinations en
amont des 3 jours du FSE.

 s’organiser pour s’opposer à l’échelle européen aux limitations du
droit d’expression (concentrations des supports, répressions,
associations…).

Les enjeux d’un ou de plusieurs centres des médias indépendants
résident dans notre capacité à avancer dans ce sens. Et non au simple
fait de mettre à dispositions des connections internet, des salles
d’enregistrements audio ou vidéo et des ordinateurs. Ni à recevoir la
presse commerciale pour quelques minutes d’antennes ou quelques lignes
dans un quotidien.

On ne pourra pas lutter pour une société plus juste, si nous nous
organisons pas dans des structures plus ouvertes, plus fluides, plus
transparentes.

Gilles