Accueil > Crise à la CGT santé... Symptôme de la désidéologisation ?

Crise à la CGT santé... Symptôme de la désidéologisation ?

par Front Syndical de Classe

Publie le mardi 31 mars 2015 par Front Syndical de Classe - Open-Publishing
5 commentaires

La fédération santé de la CGT a tenu son 11ème congrès à Reims, du 23 au 27 mars dernier, où les congressistes ont eu à faire face à un débat houleux opposant les tenants de la direction fédérale à ses contradicteurs lui reprochant des entraves au fonctionnement démocratique de l’organisation.

Un congrès sous tension sous l’œil égrillard des Echos

Une semaine de travaux qui a cependant permis aux délégués de s’exprimer, d’entrée, sur les dysfonctionnements et les erreurs "stratégiques" de l’équipe sortante, singulièrement sur le non respect du mandat fédéral donné à la secrétaire générale sortante, Nathalie GAMIOCHIPI, lors du CCN Confédéral qui devait destituer Thierry LEPAON.

Dans cette affaire les médias ne se sont pas privés de broder avec une certaine jouissance qui relève du voyeurisme sur les liens supposés entre Nathalie GAMIOCHIPI et Philippe MARTINEZ.

Liens qui auraient motivés la violation du mandat fédéral en vue du comité national fédéral (CNF) afin de rejeter les propositions initiales de T. Lepaon à propos de la nouvelle composition du Bureau confédéral. Propositions dont était porteur P. Martinez et qui ont été finalement effectivement rejetées par le Comité confédéral national (CCN) du 13 janvier.

Si la presse a judicieusement été informée (par qui ?) de l’ambiance du congrès, la principale réprimande adressée à l’équipe sortante était le déni de démocratie. La secrétaire générale sortante et son équipe dirigeante auraient fait fi, un nombre de fois trop important, des remarques - avertissements - orientations de la CNF... Trop, c’était trop !

Au cours du congrès, ce que d’aucun pourrait considérer comme chaotique mais qui somme toute pourrait appartenir à la vie démocratique, a vu à plusieurs reprises les protestataires envahir la tribune pour faire valoir leurs demandes.

Ce congrès certes éprouvant pour tous les congressistes, et sans doute davantage les primo-congressistes, a fini par accoucher d’un événement inédit à la CGT : la révocation pure et simple de la secrétaire générale sortante et du bureau fédéral en entier au profit d’une nouvelle équipe autour de Mireille STIVALA (aide-soignant au Centre Hospitalier de Sarreguemines) élue nouvelle secrétaire générale.

Mais pour être inhabituel cela constitue-t-il un crime ? Une direction syndicale a été récusée et congédiée par une base en colère, au fond n’est-ce pas là la forte expression de la souveraineté des militants ?

Un congrès qui laissera des traces

Aux différents commentaires, témoignages et prises de position qui ont suivi le congrès on voit bien que ce qui s’est passé au cours du congrès va connaître des prolongements.

Ceux qui soutenaient l’ancienne direction et l’ancienne secrétaire générale font valoir que d’une part la nouvelle secrétaire qui faisait partie de l’ancienne commission exécutive ne s’est pratiquement pas exprimée durant le congrès (Marc Auray de Vinatier) et que d’autre part ses résultats électoraux dans son propre hôpital comme le nombre de syndiqués font partie des plus mauvais résultats de la fédération.

Pour les soutiens du « coup de balai » il s’agit à la fois d’une expression démocratique et d’un positionnement de classe sanctionnant une équipe qui a soutenu T. Lepaon jusqu’au bout.

Quel avenir pour la CGT santé … et pour la CGT ?

Il nous semble trop tôt pour un avis définitif et seul l’avenir tranchera.

Car ce qu’on peut regretter c’est que les affrontements aient pris la forme de confrontations de personnes ou de clans se déchirant pour parvenir à la direction !

Quid du débat de fonds, du débat d’orientation ?

Dans sa lettre d’après congrès , Marc Auray (USD du Rhône, Région Rhône Alpes, EX membre de la CEF) indique en effet :

"A remarquer que le congrès n’a eu que très peu de débat sur l’orientation et que l’on ne me fasse pourtant pas croire qu’il n’y a pas de divergence"

Car il semble en effet qu’il y ait bel et bien eu occultation de tout débat de fond au cours de ce congrès, le document d’orientation reprenant d’ailleurs le document élaboré par l’ancienne direction. Et le votant.

Et cette occultation est devenue récurrente dans la CGT.

Depuis de nombreuses années les divergences fondamentales qui depuis longtemps existent sont niées ou contournées.

Pourtant il y a incontestablement un courant réformiste partisan d’une adaptation du syndicalisme à la société, au salariat … sous couvert de modernité, partisan du "dialogue social" et de l’insertion dans une "Europe sociale". Installé confortablement dans la CES. Un courant qui inspire l’orientation confédérale et ses directions notamment depuis le début des années 90.

Et à l’opposé un courant de lutte de classe partisan de la lutte pour les revendications sans compromission, recherchant la convergence des luttes et la construction du « TOUS ENSEMBLE ». Visant à combiner l’action immédiate à l’objectif de la transformation de la société. Fortement présent dans les bases syndicales et les équipes de terrain et qui s’est vigoureusement manifesté durant la récente crise « Lepaon ».

Faute donc de se confronter à cette réalité ce sont les affrontements de personnes, de chapelles et de clans qui tiennent le devant de la scène !

Dans l’incompréhension des militants et du sens à donner aux confrontations qui ont lieu.

C’est pourquoi le FSC prône, haut et fort, le retour aux références de classe, véritable colonne vertébrale du syndicalisme de lutte pour faire face à la destruction des conquis sociaux.

Depuis le ralliement au "syndicalisme rassemblé" et l’adhésion à la CES, le syndicalisme Français dérive vers un fonctionnement technocratique, une coupure mortelle entre les bases combatives et des directions contaminées par les méthodes managériales, un syndicalisme de sommet coupé des préoccupations des travailleurs et le clinquant de la "com" (On a recruté un directeur de la communication à la direction confédérale !) !

Le travail de terrain, la formation idéologique des militants, l’éducation à la résistance aux idées dominantes et aux campagnes médiatiques de l’adversaire étant largement abandonnés.

L’appartenance de trop de responsables à divers "cercles de réflexion" extérieurs à l’organisation comme par exemple , "Confrontations", à des officines diverses, ou des institutions comme le Conseil Economique Social et Environnemental, véritable lieu de collaboration avec le patronat et certains politiques, en même temps que lieu de reclassement pour les dirigeants constitue le signe d’une situation alarmante avec laquelle il est nécessaire de rompre !

Lutte des places ou lutte des classes, là est la question !

Et par ailleurs, La collaboration de classe désarme les travailleurs et les rend plus sensible à une extrême droite se parant de vertus sociales pour mieux défendre férocement le système

Le remaniement d’une direction est-il l’augure d’une véritable renouveau syndical ? L’avenir tranchera !

Mais sans un débat critique sur le bilan et les orientations prises ces 20 dernières années le risque est grand de rester dans l’ornière !

Après celles des banques-assurances et du commerce, c’est la troisième fédération en un an qui porte à sa tête une équipe non adoubée par la direction sortante, ni par la confédération. Et à chaque fois pour la même raison : des problèmes de démocratie interne, confisquée par ce qu’un militant de la santé a appelé la «  CGT d’en haut ».

Au-delà donc des incertitudes qui demeurent quant aux orientations des nouvelles directions issues de ces renouvellements, cette situation constitue un avertissement pour la direction confédérale.

La préparation du 51e congrès en 2016 doit effectivement lever tous les obstacles à un véritable renouveau de la CGT qui ne se réduit ni à des combats de chefs ni à des variations sur les mêmes orientations.

Et c’est donc à la mise en œuvre d’un congrès préparé et se déroulant de manière réellement extraordinaire que toute la CGT doit s’atteler !

Le Front Syndical de Classe

Sur la base de témoignages et de commentaires

de participants au congrès

Messages

  • MERCI au FSC pour cette analyse de classe de ce qui c est passé au congrès de la fédération CGT de la santé , mais qui en réalité touche tout l’appareil de direction de la CGT : confédé , fédé et parfois UD ...

    D’ou l’exigence de préparer avec les plus grandes attentions mais aussi la plus grande vigilence , le 51 ème congrès afin que celui-ci ne se limite pas à une lutte des places mais au contraire remette la CGT sur les bons rails , ceux des luttes mais également du respect de la démocratie syndicale par tous , du respect de nos statuts qui indiquent que la CGT est un syndicat anticapitaliste de masse et de classe .

    RICHARD PALAO

  • voila une bonne information et porteuse des pistes qu’il faut suivre pour le prochain congres. il est impossible de faire l’impasse sur un debat de fond sur les orientations de classe du syndicat. Il faut elaborer des positions de classes contre le gouvernement contre le medef et contre les politiques des grands monopoles. Tout cela est possible chacun dans son secteur et nous devons arriver à une autre orientation au risque d’un eclatement du syndicat . La cgt appartient aux travailleurs et non aux bureaucrates aux specialistes de la communication et des cadres bien au chaud dans leurs bureaux . Pour que vive un syndicalisme de classe !!

    • S’il te plait essayons d’éviter les confusions ; La CGT n’appartient qu’aux syndiqué-es- CGT et non aux travailleurs en général.
      Ce basisme est dangereux cultivant un anti direction - responsable - de l’organisation CGT. Bref, un certain populisme !!!!
      Ce qui doit nous importer c’est de réfléchir aux évolutions de nos pratiques démocratiques, comment prenons les décisions à La CGT le 9 avril est ce une bonne décision si j’en écoute certain peut être pas, car les syndiqués n’auraient pas été consultés !!!!Autre exemple, le mandat impératif dont certaine évoque comme l’alpha et l’Oméga de la démocratie CGT est tout simplement anti démocratique car consistant en la cristallisation des positions et mettant le mandaté CGT en posture de simple porte voix de "l’organisation dont il dépend sans être en mesure d’évaluer les évolutions du débat dans l’instance ou il siège. Ce qui c’est passé au CCN de Janvier 2015 en est la bonne illustration votre CNF avait donné un mandat "impératif" à votre délégation, c’est tout simplement anti démocratique à la CGT.

    • SOLIDARITE EN LUTTE avec qui ? LA CGT APPARTIENT BIEN A SES SYNDIQUES QUELQUE SOIT LEUR PLACE DANS LA HIERARCHIE DE L ORGANISATION OU CHACUN DOIT COMPTER POUR UN ....les directions ne sont donc pas dévalorisées , elles ont simplement à jouer leur rôle sous le controle des syndiqués ... cela ne veut pas dire que l ensemble des travailleurs ne doit pas être concerné par les décisons et le fonctionnement de la CGT tu dois te tromper d’époque et d’organisation , la CGT ne fonctionne pas selon le système du centralisme démocratique

      aucun populisme là dedans , c est tout simplement le respect de nos satuts , voir les articles consacrés à la démocratie syndicale qui ne concernent que les syndiqués et ceux consacrés à la démocratie ouvrière qui concernent l ensemble des travailleurs

      des syndiqués n’ont pas été consultés pour la journée du 9 avril,dis-tu mais se sont-ils adressés à leurs responsabbles syndicaux pour donner leur avis ?,

      la CGT fonctionne encore trop souvent en application de la délégation de pouvoir , et les directions ne sont pas toujours responsables de cela , beaucoup de syndiqués marchent encore trop souvent " à la confiance " , dans mon UL nous avons bien sûr décidé d ’appeler à la grève mais par contre nous n’irons pas à la manif de PARIS comme le demande la confédé nous préférons organiser des manifs avec les grèvistes dans les plus grandes villes du département , nous pensons que des manifs décentralisées mobilisent davantage de monde qu une seule grande manif , fusse t-elle réussie .

      A la CGT personne n ’est obligé d’obeir au garde à vous à la confédé , aussi je trouve que ta description des prises de décisions est un peu caricaturale , même si il ya des progrès à faire , mais nous trainons plusieurs décennies de réformisme qui génère le culte des chefs et nous n’ en sommes pas encore totalement débarassé ... A CHACUN DE FAIRE SON BOULOT POUR QUE LA CGT APPARTIENNE VRAIMENT A SES SYNDIQUES

      RICHARD PALAO

  • salut

    désolé de contredire cet article mais ce n’est pas la première fois qu’une direction fédérale est débarquée en entier.

    Sans chercher bien loin dans ma fédération celle de lEquipement Environnement
    Au début des années 90 la direction fédérale fut battue lors du congrès de Combrit et une nouvelle direction élue
    dans un tout autre contexte que l’affaire Le paon mais sur une lutte d’orientation politique et organisationnelle
    un peu d’histoire ne nuit jamais....