Accueil > A PROPOS DU VOYAGE DE MARINE LEPEN EN MARTINIQUE

A PROPOS DU VOYAGE DE MARINE LEPEN EN MARTINIQUE

par Robert SAE

Publie le lundi 4 mai 2015 par Robert SAE - Open-Publishing

Les médias s’agitent déjà, y compris en France. « Marine LEPEN connaitra-t-elle le même sort que son père Jean-Marie à l’occasion de sa venue en Martinique prévue fin juin ? »

Les défenseurs de la « libre circulation » montent déjà au créneau ! Si silencieux quand des frères et sœurs caribéens tout à fait solvables, souhaitant venir chez nous, se voient refuser le visa par les autorités françaises, si silencieux devant la politique xénophobe menée par les Gouvernements européens contre les immigrés, oubliant que, pour les masses privées de moyens économiques par les classes dominantes, la liberté de circuler n’est qu’une vaste fumisterie, ils s’indignent qu’on puisse mettre en cause le droit de la dirigeante du Front National à réaliser sa visite*.

Empêcher un fasciste de venir faire sa propagande loin d’être contraire à la démocratie, fait partie du devoir de résistance contre tout germe de dictature ! Il est significatif que les deux mobilisations des 6 décembre 1987 et 22 décembre 1997, par lesquelles le peuple Martiniquais interdisait à Jean Marie LEPEN de fouler le sol de son pays ont été applaudies sur toute la surface de la planète. A cette époque, la cible représentée par Jean Marie LEPEN et le FN était claire. Ils étaient porteurs d’un langage ouvertement raciste et xénophobe.

Leurs sympathisants n’hésitaient pas à assassiner des noirs en France. Le peuple Martiniquais faisait alors dignement son devoir en chassant le fasciste.

Ceci dit, la configuration est très différente aujourd’hui.

 L’idéologie du Front National a gangrené une grande partie de la classe dirigeante française. Les partis « républicains » et les médias aux ordres du système rivalisent dans la propagande anti-immigrée et islamophobe, dans la désignation de boucs émissaires et dans le chauvinisme patriotard. Dans le même temps, le gouvernement français met en place un arsenal de lois liberticides et totalitaristes. Croire que le danger viendrait seulement du FN, ce serait se leurrer.

 D’autre part, depuis 1997, le FN s’est structuré dans notre pays !
Des groupes de Français nostalgiques de la coloniale s’organisent dans certains quartiers en tant que colons pour consolider leur implantation et ils affichent de plus en plus des comportements racistes et arrogants à l’encontre des « indigènes ». Certains ont même fait irruption sur la scène électorale.

Dès lors, la question qui se pose à nous est d’ordre stratégique. Si certains estiment nécessaire de protester contre la venue de la présidente du FN, personne ne peut leur contester ce droit légitime.

Cependant, il ne saurait être question de se mobiliser uniquement au rythme des événements suscités par l’autre. Ce qui est déterminant c’est que nous soyons à l’initiative notre propre agenda dans la lutte contre l’exploitation et la domination coloniale.

*Signalons au passage que le nom donné à son opération - « sous les cocotiers » - pue le mépris colonialiste.