Accueil > Au Royaume-Uni, la faim s’installe

Au Royaume-Uni, la faim s’installe

Publie le lundi 4 mai 2015 par Open-Publishing

A la rencontre de ces Britanniques qui travaillent mais qui ont faim.

Alors que des élections générales ont lieu en Grande-Bretagne le 7 mai, retour sur le « miracle économique » claironné. Des emplois ultraflexibles, des travailleurs appauvris et des banques alimentaires plus sollicitées que jamais : voilà la recette et quelques-unes des conséquences de la politique ultralibérale des conservateurs au pouvoir.

Correspondance particulière. Abbie travaille depuis plusieurs mois dans une chaîne de magasins de vêtements d’Oxford Street, la plus célèbre des avenues commerciales de Londres. Avant de débuter, ses employeurs lui ont fait signer un contrat zéro heure. Elle ne savait pas trop ce qu’il contenait de particulier et eux l’ont vendu « comme une liberté pour moi de travailler quand je veux. Ils ont évidemment omis de me préciser qu’ils ne me donneraient pas assez d’heures de travail pour vivre ». Ces contrats lient en effet l’employé à son employeur sans lui assurer la moindre heure de travail et donc le moindre revenu.

SECOUSSES DE 2008

« Pour nous empêcher de nous plaindre, ils nous font miroiter un contrat de 8 ou 12 heures minimum », témoigne la presque trentenaire. « Nous ne recevons en effet notre planning qu’au dernier moment alors qu’il est réalisé longtemps à l’avance. Ils veulent juste nous garder sous la main en cas de nécessité de dernière minute, par exemple pour couvrir l’un de nous tombé malade. » Les employés qui ont fait savoir leur mécontentement ou qui ont exprimé leur désir de cumuler un second travail en parallèle ne se sont plus vu offrir d’heures. Mais, officiellement sous contrat, ils n’ont pas pu percevoir d’allocation de chercheur d’emploi.

Selon le Bureau de la statistique nationale britannique, 1,8 million de salariés sont concernés par ce contrat zéro heure (soit 5,5 % de la population active), qui sévit en particulier dans la grande distribution et la restauration rapide. Ils travaillent en moyenne 23 heures par semaine et 58 % d’entre eux sont rémunérés par leur actuel employeur depuis plus d’un an.

2,2 MILLIONS DE BRITANNIQUES SONT PAYÉS MOINS DE 6,63 EUROS L’HEURE.

Voilà l’une des réalités du miracle économique britannique vanté par le premier ministre conservateur David Cameron et son responsable des finances George Osborne.

Certes, les statistiques macroéconomiques semblent donner raison à leur politique ultralibérale : une croissance de 2,8 % du produit intérieur brut en 2014, soit la meilleure des membres du G7, un chômage tombé à 5,6 % après avoir atteint 8,4 % fin 2011, et une inflation à 0 %, loin de son sommet de 5,2 % enregistré en septembre 2011.

La hausse de l’emploi s’est pourtant avant tout appuyée sur la précarisation des travailleurs, un iceberg dont les contrats zéro heure ne représentent que la partie émergée. Plus d’un million et demi d’emplois ont été créés depuis les premières secousses engendrées par la crise économique en avril 2008. Ils concernent 381 000 salariés à temps plein, dont 200 000 employés temporaires, 430 000 salariés à temps partiel et 692 000 autoentrepreneurs, dont 423 000 à temps partiel.
De plus, 1,2 million de Britanniques possèdent au moins un second emploi, soit 100 000 de plus qu’il y a 7 ans.

http://www.humanite.fr/en-grande-bretagne-le-travail-cest-la-misere-572984

http://www.humanrightsagency.com/?p=1232

http://www.lavie.fr/actualite/monde/au-royaume-uni-la-faim-s-installe-29-04-2015-62599_5.php

Portfolio