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La vente de Rafale au Qatar, coup dur pour Air France

par Dominique Gallois

Publie le mardi 5 mai 2015 par Dominique Gallois - Open-Publishing

François Hollande est arrivé, lundi 4 mai, à Doha, au Qatar, accompagné des ministres des affaires étrangères et de la défense, Laurent Fabius et Jean-Yves Le Drian, pour assister à la signature officielle de deux contrats de vente de 24 avions de combat Rafale à l’émirat.

Le Qatar avait mis une condition à l’achat de ces 24 avions : obtenir des droits de trafic supplémentaires vers la France pour sa compagnie aérienne, Qatar Airways. L’émirat a eu gain de cause. Les avions de Qatar Airways, qui desservent déjà Paris, pourront désormais atterrir à Lyon et à Nice, vraisemblablement trois fois par semaine.

M. Hollande a toutefois affirmé devant la presse à Doha qu’il ne s’agissait pas de « contreparties », mais de discussions parallèles :

« Il y a des discussions qui sont engagées dans d’autres domaines avec le Qatar, avec d’autres pays pour l’attribution de lignes aériennes, mais ce contrat n’a pas fait l’objet de négociations sur d’autres sujets que l’avion Rafale et des matériels qui doivent l’équiper ».

« Il est assez légitime qu’il y ait des discussions et des négociations pour qu’un certain nombre de lignes aériennes puissent être ouvertes en faveur de pays qui permettent aussi d’acheminer un grand nombre de touristes et nul doute que les villes de Nice et de Lyon sont particulièrement demandeuses de ce type d’attribution ».

Un avion long courrier en moins, ce sont 300 emplois en moins

Le coup est dur pour Air France. La compagnie française, en difficulté, a déjà du mal à résister à la concurrence des compagnies du Golfe. Cette fois, ce sera encore plus difficile. Car en s’installant dans des aéroports régionaux français, les avions qataris risquent de détourner le trafic vers le hub de Doha, au détriment de Paris.

Cette décision pénalise la compagnie française au moment même où elle tente de se redresser. Elle pourrait même aggraver la situation, car Air France sera peut-être contrainte de revoir ses vols. Or, quand un avion long courrier est retiré de la flotte, ce sont 300 emplois directs en moins.

La décision apparaît d’autant plus incompréhensible qu’elle est prise par l’Etat, qui est actionnaire de la compagnie aérienne (16 %). Le risque est désormais d’avoir créé une jurisprudence. Les Émirats arabes unis, qui sont, eux aussi, intéressés par des avions de combat, pourraient faire la même demande auprès des autorités françaises pour leur compagnie aérienne Etihad.

Menace de grève des pilotes

Dans un communiqué, le syndicat national de pilotes de ligne d’Air France (SNPL) s’inquiète de la « mort à terme » de l’ensemble du secteur si de nouvelles lignes aériennes sont attribuées à Qatar Airways.

Le syndicat dénonce « la concurrence déloyale des compagnies du Golfe, qui touchent de la part de leur gouvernement des subventions colossales, estimées à plus de 40 milliards de dollars ces dernières années. »

« Le seul élément qui protège encore les compagnies aériennes européennes au sein d’une compétition absolument faussée, c’est la non délivrance d’autorisations de desserte supplémentaire des aéroports européens aux compagnies non respectueuses des règles de concurrence », souligne le SNPL.

Brandissant la menace d’une grève, le syndicat met en garde le gouvernement contre l’abandon de « créneaux, vitaux pour notre industrie qui induit 100 000 emplois dans le seul bassin d’Ile-de-France, dans le seul but d’emporter un marché d’armement. »

http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/05/04/la-vente-de-rafale-profite-a-qatar-airways_4626755_3234.html